mercredi 26 février 2020 - par Sylvain Rakotoarison

Les millions de DSK et le Brexit…

« Ce que je vois aujourd’hui me désespère un peu, moi qui ai consacré beaucoup de ma vie à ce travail. Je crains que l’Europe aujourd’hui ne soit en train de passer en seconde division. » (Dominique Strauss-Kahn, JDD le 12 octobre 2019).



Le procès de François Fillon, prévu le 24 février 2020 et reporté ce mercredi 26 février 2020 pour cause de grève des avocats, fait penser à un autre candidat à l’élection présidentielle, soi-disant favori lui aussi, qui a été empêché de se présenter. C’était le 14 mai 2011 : Dominique Strauss-Kahn, homme le plus populaire de France, imposant Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), devait gagner l’Élysée l’année suivante sur un plateau d’argent (comme Édouard Balladur en 1995 et Alain Juppé en 2017). Il était tellement sûr de lui que cela ne le gênait pas d’être vu à Paris en compagnie de son épouse au volant de la Porsche Panamera d’un ami (son conseiller en communication), alors qu’on reprochait déjà à Nicolas Sarkozy de fréquenter un peu trop les "riches". DSK, lui, fréquentait surtout les chefs d’État et les patrons de grandes multinationales et allait déclarer sa candidature présidentielle le 28 juin 2011 (selon une indiscrétion de BFM-TV).

L’affaire du Sofitel (qui fit le bonheur de François Hollande) a définitivement discrédité Dominique Strauss-Kahn et même si aujourd’hui, il en est ressorti sans condamnation (comme après d’autres affaires dont celle, sordide, du Carlton de Lille), sa capacité à rebondir dans la vie politique française est complètement nulle. Qu’importe, puisque DSK a choisi une autre vie.

Il est devenu un homme d’affaires et un financier. Certes, il a parfois mal choisi ses associés, son alliance avec l’un d’eux a terminé par le suicide d’un escroc qui a volatilisé 100 millions d’euros de plus de 150 créanciers, dont 1 million de la propre poche de l’ancien ministre. Cependant, ses relations internationales lui ont permis de proposer ses services dans différents pays, notamment en Chine, en Serbie, en Russie, au Soudan du Sud, au Togo, à la République du Congo, etc.

L’hebdomadaire "L’Obs" a sorti ce mardi 25 février 2020 une enquête sur ce qu’est devenu Dominique Strauss-Kahn et il en a déduit qu’il était actuellement millionnaire. En effet, dans ses recherches, celui qui habite désormais à quelques kilomètres de Marrakech, serait "heureux", "libre" et "riche". Il n’aurait jamais été aussi riche. Les journalistes du magazine ont ainsi pu vérifier dans les registres du commerce de Casablanca que l’entreprise de Dominique Strass-Kahn, l’unique actionnaire, affichait un bénéfice cumulé de plus de 20 millions d’euros entre 2013 et 2018 et que lui-même avait une rémunération d’un patron du CAC40, à savoir plus e 5 millions d‘euros annuels.

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Faut-il le fustiger pour cela ? J’imagine qu’en France, on serait tellement jaloux qu’on voudrait le mettre au pilori pour cause de trop grande réussite pécuniaire. Pourtant, qu’un éminent spécialiste de l’économie internationale, dont les compétences n’ont jamais été réfutées par personne (ce qui fait que son affaire de mœurs est un grand gâchis pour le personnage mais aussi pour beaucoup d’institutions), puisse gagner très largement sa vie en créant et dirigeant une entreprise est plutôt rassurant. En effet, les économistes sont souvent des "praticiens non pratiquants" de l’économie et en plus, ils se trompent souvent. Là, au moins, il est capable de faire gagner une entreprise, et cela malgré quelques choix hasardeux (comme un mauvais associé, déjà écrit plus haut).

En revanche, même s’il est très discret sur le plan politique, Dominique Strauss-Kahn, le symbole de la mondialisation et un chaud partisan de la construction européenne, considérant que l’Union Européenne a pour but d’être un interlocuteur économique fort dans la planète qui s’organise, a laissé entendre qu’il était heureux du Brexit. Au point que le Huffingtonpost a titré le 13 octobre 2019 : « Dominique Strauss-Kahn se définit comme un "brexiter" ». Serait-il bojolien ?

Dans une interview accordée au "Journal du dimanche" le 12 octobre 2019, DSK a effectivement précisé sa pensée sur le Royaume-Uni : « C’est très bien que les Anglais fassent leur chemin de leur côté (…). Une bonne partie de la difficulté de construction de l’Europe depuis quarante ans est liée à la présence de nos amis britanniques, qui n’ont jamais voulu jouer le jeu. ». Au moins, c’est dit avec grande franchise, mais ce n’est pas sûr que ce discours débridé aurait été le même s’il était resté dans la vie politique.

Mais peut-on encore entendre DSK ? Certainement pas. Il est inaudible. Sa parole est définitivement dévaluée et la seule chose qui peut lui rester, c’est de rester discret et de se fondre dans l’anonymat national, même si je ne doute pas que la raison des bénéfices et des millions qu’il accumule aujourd’hui est liée à sa notoriété dans le domaine de l’expertise économique (dont il est, rappelons-le quand même, un docteur et un agrégé).

Quant à s’investir personnellement dans le monde des affaires après la fin de leurs illusions élyséennes, Dominique Strauss-Kahn n’est pas le seul puisque Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy et François Fillon, parmi d’autres, l’ont imité…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 février 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les millions de DSK et le Brexit…
DSK le retour.
DSK, un immense gâchis.
Où vont les strauss-kahniens ?
Les rendez-vous manqués de DSK.

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12 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 26 février 2020 11:24

    C’était marrant l’histoire du bankor  !


  • Captain Marlo Captain Marlo 26 février 2020 13:01

    DSK fait partie de fait, du Gouvernement Macron, puisque ses poulains sont Ministres ou Députés.... « Les DSK boys » et Macron.

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    « Ismaël Emelien, Stanislas Guerini, Cédric O ne sont alors que des  »petites mains« de la campagne de Dominique Strauss-Kahn (...) De même que Benjamin Griveaux et Sibeth Ndiaye ! »

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    Quant à l’UE qui aurait été « gênée par la GB », quelle rigolade !

    La GB a a fait comme l’Allemagne, elle s’est occupée de ses propres intérêts.
    Ce qui est profondément choquant pour les politiques français, toujours prêts à trahir les intérêts de leur pays pour jouer « les cacous »**...
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    Sarkozy, n’a pas été gêné du tout par la GB, il s’est empressé de signer avec Cameron les accords de Lancaster House, pour envahir le Libye. Hollande/ Fabius ont suivi le même chemin en Syrie !

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    La France, cette grosse nouille, qui ne s’occupe jamais de ses intérêts, a payé pendant des années des rabais à des pays plus riches qu’elle, dont la GB, mais pas seulement, afin de minorer leurs participations financières au budget européen...

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    "(...) Ce fut le Royaume-Uni qui inaugura ce genre de demandes il y a 30 ans, et l’on se rappelle encore l’inflexibilité de Margaret Thatcher qui exigeait de retrouver une partie de l’argent versé avec pour formule choc : « I want my money back  »

    C’est ainsi que le Royaume-Uni obtint, en 1984, ce qu’il est convenu d’appeler le « chèque britannique » et qui est versé annuellement chaque année depuis lors.

    Ce que l’on sait moins, c’est que l’Allemagne a également obtenu un « chèque » annuel pour minorer sa contribution nette à partir de 1985. Que les Pays-Bas, l’Autriche et la Suède ont aussi obtenu leurs « chèques » annuels à partir de 2002. Et que c’est désormais le Danemark qui bénéficie aussi d’une telle correction.

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    Qui a compensé le manque à gagner des rabais ? Nous, les contribuables français ! DSK a été Ministre des Finances, il est atteint d’Alzheimer ? Il ne se souvient de rien ?? La GB sortie, la concorde, l’unité & la solidarité règnent maintenant dans l’ UE ? Nada, wallou, rien du tout ! C’est le boxon, encore pire qu’avant !

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    La dernière réunion sur le budget européen, dont la PAC, a été un 2CHEC total !

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    " (...) Le Danemark, l’Autriche, la Suède et les Pays-Bas - surnommés le « quatuor frugal » - étaient arrivés jeudi au premier jour de ce conseil européen extraordinaire avec une ligne rouge : pas question d’accepter un budget européen qui dépasserait 1% du revenu national brut (RNB) européen.

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    (...) Viktor Orban, Premier ministre hongrois, a débarqué vendredi dans le centre de presse où il a insisté : les pays bénéficiaires des « fonds de cohésion » du budget communautaire veulent que le cadre financier pluriannuel soit fixé à 1,3% du RNB.

    ( Evidemment les pays de l’ Est sont ceux qui payent le moins et qui reçoivent le plus, ils ont tout intérêt a ce que les autres payent plus !)

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    L’UPR ne cesse d’expliquer les raisons de ces divisions. Les pays européens sont majoritairement de vieux pays, ils sont tous différents. Ils ont chacun leur culture, leurs valeurs, leurs systèmes économiques, leurs intérêts économiques et géopolitiques, et les divisions ne font que s’amplifier au fil du temps... Ils ne sont d’accord sur rien ! Et comme les décisions se prennent à l’unanimité, c’est le blocage assuré.

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    Comme disait de Gaulle : « On ne fait pas d’omelette avec des oeufs durs  ! ».

    Mais DSK millionnaire doit manger du homard, alors, les oeufs durs...

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    « Cacous »**, c’est du marseillais, ça veut dire quelqu’un qui roule les mécaniques, une personne qui en fait trop, snobinard, petit malin qui se fait remarquer


    • Captain Marlo Captain Marlo 26 février 2020 20:35

      @dimitrius
      La grosse nouille , c’est ton gourou , un vrai pansement.


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      Votre commentaire serait convaincant, si vous étiez capable de fournir des preuves ! Mais hélas....
      Vous préférez sans doute Macron, non ? 


    • Captain Marlo Captain Marlo 27 février 2020 08:44

      @CLOJAC
      En plus, la mémère upépère a encore un train de retard 


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      Tiens, voilà le troll FN « anti UPR », en plus de ceux de la FI, et de celui de Bruxelles ! Décidément, l’UPR commence sérieusement à déranger...
      Alors que l’ UPR ne représente rien du tout, n’est-ce pas ?
      Si l’ UPR dérange, c’est une très bonne nouvelle pour les Français !
      .
      Vive le Brexit, vive le Frexit et vive la liberté !


  • cétacose2 26 février 2020 13:49

    La plus belle prestation de cet infect individu a été , quand on l’a vu avec des petites menottes ..Quel plaisir !


    • Aimable 26 février 2020 21:35

      @cétacose2
      d’accord , mais pour lui , ces menottes faisaient du folklore Américain , le pays ou l’argent est roi et ou tout s’achète , même la justice , faut dire aussi que le peuple élu y règne en maitre .


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 26 février 2020 23:20

      @CLOJAC

      Voir sa gueule décrépite et ses menottes menottées fut quand même un grand moment de téloche...


  • Odin Odin 26 février 2020 19:40

    « sa notoriété dans le domaine de l’expertise économique (dont il est, rappelons-le quand même, un docteur et un agrégé) »

    Docteur proctologue ou gynécologue possiblement.

    « DSK plaide l’incompétence et l’inconséquence. Face à la juge, l’ancien patron du FMI a raconté qu’il ne savait rien de la société dont il était pourtant le président »

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/samedi-investigation/affaire-lsk-dsk-pas-glorieux-face-a-la-juge-dinstruction_3818209.html


    • Captain Marlo Captain Marlo 26 février 2020 20:46

      @Odin
      « sa notoriété dans le domaine de l’expertise économique (dont il est, rappelons-le quand même, un docteur et un agrégé) »

      .
      J’ai cherché ce que cet illustre économiste avait bien pu écrire comme livres.
      Je n’en n’ai trouvé qu’un seul, publié en 2004 : « Oui, lettre ouverte aux enfants d’Europe ».
      .

      "Un plaidoyer vigoureux et polémique pour le Oui au référendum sur la Constitution européenne par le premier homme politique français à s’être engagé pour la ratification du traité. Une première partie pédagogique explique de quoi l’on parle : ni simple Traité, ni réelle Constitution, ce texte marque un changement profond dans la nature de la construction communautaire. Que dit-il exactement ? Une deuxième partie démontre pourquoi le Oui est indispensable aux Français et comment le Non expulserait la France de l’Histoire en train de se faire. Une troisième partie va au coeur de la question : quelle Europe veut-on  ? Et traite sans se dérober des sujets qui fâchent : la Turquie, les Etats-Unis, etc.« 

      .

      Un plaidoyer pour le Traité de Lisbonne.

       »... pourquoi le Oui est indispensable aux Français et comment le Non expulserait la France de l’Histoire en train de se faire."

      No comment.




  • caillou14 rita 27 février 2020 08:26

    Il y eut les sans culottes voilà les le club des cent braguettes !

     smiley


    • Francis, agnotologue JL 27 février 2020 09:10

      @rita
       
       ’’Il y eut les sans culottes voilà les le club des cent braguettes !’’
       
       Ils ne font pas le poids devant le club des sans braguettes.
       


  • Jordi Grau Jordi Grau 27 février 2020 09:01

    Le FMI, durant des décennies, a mis en oeuvre des politiques d’« ajustement structurels » qui ont appauvri de nombreux pays et détruit leurs services publics. Cf. notamment La grande désillusion de Joseph Stiglitz à ce sujet. Avoir été un dirigeant du FMI, cela ne veut donc pas dire qu’on est quelqu’un de respectable, bien au contraire.

    Ensuite, j’en ai un peu assez de l’éternel discours de droite, qui consiste à faire passer tous ceux qui critiquent les inégalités pour des envieux : " J’imagine qu’en France, on serait tellement jaloux qu’on voudrait le mettre au pilori pour cause de trop grande réussite pécuniaire.« En ce qui me concerne, je n’envie nullement le »bonheur" de DSK. Je gagne bien ma vie, même si je ne suis pas millionnaire. Mais je suis révolté que les richesses soient si mal réparties. Je suis révolté aussi dont la manière dont sont produites les richesses : les capitalistes s’enrichissent cherchent le profit à court terme et poussent les entreprises à exploiter sans vergogne leurs salariés et à s’affranchir de toutes normes environnementales. Ce sont des millionnaires comme DSK qui organisent la concurrence fiscale, la destruction du droit du travail, l’agriculture productiviste, la spéculation à outrance (et les crises financières qui en résultent), etc. Si les millionnaires se contentaient de jouir tranquillement de leurs richesses sans emmerder les autres, ils ne seraient pas trop dérangeants. Mais ils en veulent toujours plus, et ils sont prêts à détruire toute l’humanité et toute la nature pour arriver à leurs fins délirantes.


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