samedi 19 juillet 2008 - par Caleb Irri

Les techniques gouvernementales enfin dévoilées

Chaque lundi les médias se font forts de relayer une information de la plus haute importance émise par un membre éminent du gouvernement. Les journalistes se précipitent alors pour en savoir plus, jusqu’à ce qu’ils attrapent à la mi-journée un démenti formel provenant du sommet de l’Etat, qui remet en cause les premières déclarations. On parle alors d’un couac, mais déjà le « débat » est lancé.

Comme un appât jeté au petit bonheur, le gouvernement teste ainsi, l’espace d’une journée (parfois plus) les réactions publiques en direct et sans prendre aucun risque. Ouf ! on ne démantèlera pas les trente cinq heures cette semaine ! mais pourtant le ver est dans la pomme, car un simulacre de débat public remplacera vite les promesses électorales de n’y pas toucher (aux trente cinq heures). Et puis ce sont les médias qui font tout le travail : ils cherchent des chiffres, prennent le pouls à gauche, à droite et dans la rue. Un pas en avant, deux en arrière, tout le monde y va de son avis, de ses propositions. Finalement, un peu comme pour le droit de grève ou la sécurité sociale, il est entendu que rien ne change en théorie.

Le trouble jeté par ces annonces de début de semaine a ensuite beaucoup de mal à décanter et permet ainsi, derrière ce rideau de fumée-et alors que les médias sont surchargées de commentaires contradictoires- de faire passer presque incognito d’autres réformes majeures dont on prendra connaissance une fois votées. Les médias se réveilleront alors de leur sieste provoquée et tout le monde criera au scandale, mais il sera trop tard.

Regardez la loi sur les OGM : elle ne retournera dans les médias qu’une fois votée, sans que les remous provoqués n’y aient changé quoi que ce soit.

Après cette deuxième vague de réformes hebdomadaires (réformes votées pendant qu’on s’acharnait à comprendre la première vague), nous aurons lundi prochain un nouvelle proposition polémique de la part du gouvernement, qui profitera alors sans doute pour faire voter la réforme des trente cinq heures, ou une autre de la semaine d’avant.

Face à ce tsunami médiatique, on s’aperçoit d’une part que l’opposition reste muette (quand elle n’est pas servile), et d’une autre que les journalistes (qui se doivent de décrypter l’information) n’arrivent pas à suivre, submergés par une cadence infernale et des mesures toujours plus complexes, plus polémiques et de moins en moins compréhensibles. Ils finissent par s’y noyer.

Le gouvernement lui, ne s’arrêtera qu’après avoir tout épuisé son programme, mais ne pourra pas réduire la cadence. Peu importe qu’il n’ait pas bien conscience lui-même des conséquences induites par son comportement, car ralentir voudrait dire laisser du temps pour réfléchir et pour comprendre. Et aux médias le temps d’expliquer.



6 réactions


  • HELIOS HELIOS 19 juillet 2008 18:20

    J’peux m’exprimer ?

    Je pense que vous faites erreur, car le gouvernemet, c’est a dire le ministere de l’interieur possede tous les moyens imaginables pour tester les idées sans passer par le procedé que vous evoquez dans votre article. Ce procedé a d’ailleurs un inconvenient decoulant de votre analyse : il met la puce a l’oreille.

    Par contre je suis d’accord avec vous sur l’attitude des media en général qui sont devenus serviles et sans dire inintelligents, seulement incompetents. qu’est-ce que c’est cette incompetence dont je parle ? c’est le nivellement généralisé par le bas, l’uniformité, la rentabilité, la standardisation des esprits.

    Comme dans une banque vous ne trouvez plus de banquier, mais que des employés (le système informatique est le meilleurs banquier) dans les organes de presse vous ne troiuvez plus de journaliste mais vous trouvez des employés dont le travail va consister a faire sortir des "informations". La hierachie faisant, on ne vous parlera plus, sauf par accident de choses qui fachent, sauf quand cela sert les interêts de ceux qui ont un peu plus d’influence.

    A l’autre bout de la chaine, et hélas sur certains sujets je m’inclu parfaitement dedans, vous ne trouverez plus de vrais citoyens, prets a defendre leur pays pour des idées, un modèle etc mais de simples occupants des lieux qui tireront du système une aide pour la rentrée solaire comme l’employé de banque a tiré de sa boite la gomme, les crayons et 2 cd pour emporter chez lui. Le flic lui tire de son metier le droit a stationner en infraction et se payer quelques exces de vitesse a l"oeil... chacun son avantage.

    Le buzz mediatique aidant, tout le monde a l’impression de vivre, entre le petit matin en quittant la salle de bain (la gueule de bois le dimance) et le soir apres une journée de boulot (ou 2 heures de queue au péage, toujours le dimanche). Un jour, ceux qui ont survecus ou traversés la vie sans plus de problème, se retrouvent vieux et essaient alors de se mettre au vert, dans la maison de famille si elle existe encore ou dans un clapier construit a leur effet pâs loin de leur ancien village. ils y retrouverront le reste de leurs copains d’ecole et s’en iront apres avoir, enfin, voté Le Pen, non pas pour ses idées a la con, mais pour sa volonté de mettre en avant,, comme le faisait georges Marchais, la collusion de la bande des 4 actuellement reduite a 2.

    Ps : cette dernière ligne est politique, rien de plus.

    Merci pour votre article.


  • tvargentine.com lerma 19 juillet 2008 20:14

    Le problème c’est que le PS est vérouillé de l’intérieur par l’ex couple HOLLANDE et ROYAL qui empêche tout débat et propositions crédibles et donc audibles aupres des citoyens

    La force du gouvernement d’ouverture de Nicolas Sarkozy c’est qu’il est à la fois la majorité et l’opposition et que le débat existe ,chose qui n’existait sous Chirac après son élection à la "soviétique"

    La presse d’information existe t-elle encore ajourd’hui ?? car cela coûte de l’argent,des contrats publicitaires et parfois cela des emmerdements

    Cela durera aussi longtemps qu’une révolution n’aura pas été faite pour chasser HOLLANDE et ROYAL comme représentant légitime de la gauche


    • Botsu 20 juillet 2008 09:56

      J’observe surtout que Royal fait partie des seules personnalités du parti "socialiste" à s’insurger à demi-mot contre la transformation de la France en régime fasciste (pour ma part je parle plus de transformation je pense qu’on est dedans jusqu’au nombril). Je considère que ce n’est donc pas un hasard si son domicile a été cambriolé. Notez bien d’ailleurs le rôle des médias dans cette affaire, qui l’ont présentée comme une paranoïaque (la fameuse photo dans la pénombre on l’a vue et revue), à tel point qu’en bout de course il reste une tarée, et disparu l’acte en lui même, du beau boulot. Je n’ai jamais été un soutien à cette femme mais je trouve que c’est elle qui a le plus de cran dans la famille PS et de très loin.

      Le débat existe ? Tu les entends les voix qui s’insurgent contre la propagande et le contrôle des médias ? Maintenant c’est la radio dont on parle et pour la presse papier ça fait longtemps que c’est réglé. Moi je dois avoir les oreilles fatiguées je les entends pas. Le PS se fait collaborateur des fous dangereux et des lavettes de l’UMP par sa passivité. Et c’est vers un Delanoe que ce parti va s’orienter, soit un type qui a moins de verve encore que Hollande et sa clique, c’est dire. Ca va faire 15 ans qu’on le répète (depuis Jospin), si vous êtes socialiste faut pas voter un candidat du PS mais ça a du mal à rentrer dans le tête des gens, on a encore la nostalgie du PS d’il y a 30 ans peut être, allez savoir.

      Alors là non j’ai du mal à comprendre, tu nous dis que le débat existe et qu’il n’y a plus de presse d’information d’un seul coup, t’as du oublier ton bol d’ovomaltine ce matin. Le rapprochement avec Hollande et Royal, d’autant que je vois aucun point commun entre ces deux là tu m’excuseras, je ne comprends pas. Il faut que tu me dises où tu vois un débat dans la majorité parce que moi je vois le doigt qui ordonne et les marionnettes en marche. J’aimerais bien savoir aussi qui tu vois pour rendre au PS son rôle de l’opposition, parce que pour moi Hollande a au moins l’avantage de représenter ce parti pour ce qu’il est, une bande de lâches qui n’ont de socialistes que le nom. Change l’étiquette pour ce que tu veux, les gens à l’intérieur eux ne bougeront pas.


  • Alpo47 Alpo47 20 juillet 2008 10:34

    "..."... La force du gouvernement d’ouverture de Nicolas Sarkozy c’est qu’il est à la fois la majorité et l’opposition et que le débat existe..."

    Alors, là ...Chapeau bas ... Lerma, vous vous surpassez... Ce sera difficile de faire mieux, En co....ie, bien entendu.


  • patroc 20 juillet 2008 10:43

      Bien vu. C’est en effet une des nombreuses techniques de propagande. La presse institutionnelle, au service du pouvoir à 99%, trouve là un nouveau moyen d’expression et d’utilisation par le pouvoir en place en servant un "menu" à l’esprit populaire. De relais entre le peuple et le pouvoir, elle devient relais du pouvoir au peuple, profitant des avantages et inconvénients inhérents à ce nouveau statut dont la servilité (auto-censure) politique... La main mise sur les médias (télé et journaux) est l’une des priorités de Sarko0 qui lui garantit à la fois une forme d’immunité économique et politique (je suis le "guide", dormez tranquille, tout va bien) et l’assurance de sa reélection en 2012 (qui peut se passer du "guide" ?)... 


  • alceste 21 juillet 2008 09:39

    @ Caleb,

    Vous analysez très bien l’état d’ébullition permanente de l’actualité, qui ne nous laisse guère le temps de prendre toute la mesure des diverses informations issues du gouvernement actuel ; il y a aussi beaucoup de médias qui considèrent qu’il s’agit du style personnel de celui que la presse a baptisé l’ "hyper-président", et d’autres encore mettent ce jaillissement au crédit de ses six cerveaux. Cette personnalisation ridicule contribue à brouiller les cartes.
    Ces mêmes médias, qui ont tout intérêt à ce régime de "coups" permanents, remuent aussi le bouillon de l’opinion publique par une cascade de sujets polémiques auxquels à propos desquels on se sent une obligation de réagir.
    Il faut souligner aussi que l’opposition taraudée par ses crises intestines semble avoir perdu de vue la notion d’intérêt public et ne joue pas le rôle qu’elle devrait jouer. 
    La technique est au point, bon nombre de mesures très discutables passent finalement fort bien, mais le réveil sera pénible.


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