jeudi 18 mai 2017 - par olivier cabanel

Libéral ! ça veut dire quoi ?

 Libéral, le mot sonne bien, il semble parler de liberté, mais il s’agit d’une liberté à sens unique, comme l’expliquait le grand historien Henri Guillemin.

C’est aussi peut-être pour cette raison que les partisans de l’école privée l’avait appelée à tort « école libre », laissant sous entendre que l’école républicaine ne l’était pas...

Mais revenons au sens du mot libéral expliqué par Henri Guillemin.

Pour bien comprendre, il faut remonter aux premiers jours de la révolution française, et particulièrement à ceux des Girondins.

Ils étaient les premiers libéraux, et ne voulaient pas que l’État, la collectivité, interviennent dans les affaires privées, surtout dans les affaires commerciales.

En 1791, le ministre de l’intérieur et girondin Rolland (Jean Marie Roland de la Platière, de son vrai nom), s’était trouvé aux prises avec le problème du « maximum ».

À l’époque, les plus pauvres réclamaient l’intervention de l’État afin qu’il fixe un prix maximum pour le pain.

Ça ne faisait pas les affaires du girondin lequel avait fait une déclaration capitale, toujours d’actualité : « tout ce que le pouvoir, tout ce que l’État peut décider en matière économique, c’est qu’il n’interviendra jamais ».

D’un coté, du coté des profits, de la vente et des commerçants, l’État à les mains liées, et de l’autre ces mêmes industriels, ces mêmes commerçants, n’hésitent pas à se tourner du côté de l’État pour lui demander des avantages.

Par exemple, des concessions de mines, des concessions de chemin de fer, des primes à l’exportation...

Et Guillemin de conclure : « ce sont ces libéraux qui vont être au pouvoir pendant des décennies, costumés en républicains et qui ne pensent en réalité qu’à la protection des grands intérêts. Leur république, c’est la république des riches, dirigés par les riches, et au bénéfice des riches ». lien (curseur à 8 minutes)

C’est gagnant/gagnant pour les libéraux, puisque d’un coté l’État ne doit pas se mêler des affaires, mais de l’autre, ce même État fait l’objet de sollicitations permanentes afin d’avoir de l’argent.

Lamartine avait donné, dans son « histoire des girondins » une définition de la liberté économique : « la liberté économique c’est la liberté pour le commerçant et le riche de s’enrichir indéfiniment, et c’est la liberté pour le pauvre de mourir de faim, s’il ne peut faire autrement  ». lien

Voilà qui nous ramène dans notre bon 21ème siècle, ou ces paroles lucides et cyniques sont plus que jamais d’actualité, alors qu’en 2017 les 500 français les plus riches ont vu leur magot augmenter de 25% en 1 an. lien

L’expression « social-libéral » serait donc une incongruité, le mot « social » n’étant qu’une façade populiste destinée à masquer le mot « libéral », ce qui explique la politique ouvertement libérale qu’a mené l’ex-président, dont le relais est assuré aujourd’hui par le « ni gauche, ni droite » du nouveau président.

Il suffit de regarder de plus près la liste des 511 candidats de LREM, afin de constater qu’elle est constituée en majorité de personnes issues de la grande bourgeoisie, et autre classe moyenne privilégiée, liste dans laquelle on aura du mal à trouver le moindre ouvrier, même si quelques « employés » y sont maigrement parsemés, comme l’a constaté dans un article récent « Médiapart ».

Avocats, docteurs, lobbyistes, patrons, cadres, ils sont du « dessus du panier », la crème de cette « société civile », des gens « qui vont bien », et sont bien à l’image du nouveau président, même si le secrétaire général d’En Marche affirme que « nos candidats signent le retour définitif des citoyens au cœur de la vie politique  ». lien

Une république de privilégiés donc...

Pour ceux qui en douteraient encore, un détour par le Festival de Cannes s’impose afin de constater à quel point les privilèges perdurent, ne serait-ce qu’en remarquant que les invités arborent des badges de couleurs différentes, selon que l’on est « de l'intelligentsia », ou pas.

Le badge blanc est le top avec lequel tout vous est ouvert, des cocktails aux soirées privées, alors que le rose, moins valorisant, est destiné aux journalistes les plus réputés, ce qui leur permet d’éviter de poireauter des heures pour assister aux projections.

Quant au badge bleu, c’est un peu moins bien, au point que certains préfèrent ne pas le montrer ouvertement, tandis que le badge orange est destiné à ces professionnels qui font le pied de grue, avec leurs caméras, leurs appareils photos, au pied des marches.

Ne parlons pas du badge jaune qui ne sert quasi à rien, a part aux férus de la collection, fiers de l’ajouter à celui obtenu l’année précédente. lien

Bel exemple de libéralisme avancé...

C’est le moment de faire un tour du coté de Jean-Jacques Rousseau, plus que jamais d’actualité, lui qui écrivait : « le luxe nourrit cent pauvres dans nos villes, et en fait périr cent mille dans nos campagnes. L’argent qui circule entre les mains des riches et des artistes pour fournir à leur superfluité, et perdu pour la subsistance du laboureur ; et celui-ci n’a point d’habit, précisément parce qu’il faut du galon aux autres. Le gaspillage des matières qui servent à la nourriture des hommes, suffit seul pour rendre le luxe odieux à l’humanité. Il faut du jus dans nos cuisines ; voilà pourquoi tant de malades manquent de bouillon. Il faut des liqueurs sur nos tables ; voilà pourquoi le paysan ne boit que de l’eau. Il faut de la poudre à nos perruques ; voilà pourquoi tant de pauvres n’ont pas de pain ». lien

Des lignes qui n’ont pas pris une ride...

comme le disait récemment sur l’antenne de France Culture, Adèle Van Reeth, dans son émission « les chemins de la philosophie », citant le philosophe : « sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des Citoyens, et qu’ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l’État est déjà près de sa ruine (...) c’est le tracas du commerce et des arts, c’est l’avide intérêt du gain, c’est la mollesse et l’amour des commodités, qui changent les services personnels en argent ».

« Dès lors que votre intérêt privé passe avant l’intérêt public, l’État​​​​​​​ court à sa perte ». concluait l’animatrice de France Culture. lien

Des mots qui ne plairaient pas aux libéraux girondins d’alors, et encore moins à nos libéraux d’aujourd’hui, prêts avec le duo Macron/Philippe à mettre le pays en coupe réglée, pour le plus grand profit des nantis, banques, entrepreneurs, et autres élites.

L’occasion de féliciter les éditions Slatkine qui remettent au devant de la scène le grand philosophe du 18ème siècle, en publiant un ouvrage essentiel « Les pensées de Jean-Jacques Rousseau, analyse matérielle textuelle », livre signé par Michel Termolle.

Cette production de 553 pages est essentielle, et bizarrement n’avait jamais été imaginée sous cette forme, car elle permet de décrypter la pensée Rousseauiste, présentant entre autre une mise en parallèle des maximes choisies par Jean-Jacques Rousseau et leur présence dans l’édition des Pensées, mais aussi des détails passionnant sur la vie du grand humaniste. lien

Un ouvrage qui pourrait être très utile aux candidats du prochain BAC littéraire.

Mais revenons aux libéraux...et aux législatives pour relever quelques situations qui promettent d’être gratinées.

En effet, Valls, humilié par le refus de son ex-ministre alors qu’il voulait se mettre à la Marche, se présente dans son fief d’Evry comme candidat, et va se retrouver face à 3 candidats des plus singuliers : Dieudonné, qu’on ne présente plus, (lien) le célèbre chanteur aux bottes de 7 lieues, Francis Lalanne en l’occurrence, pour le compte de son mouvement « écologiste et citoyen », (lien) mais aussi face à celui qui l’avait giflé lors d’un passage en Bretagne.

Celui-ci n’a manifestement pas digéré la punition que lui offert l’ex premier ministre, 3 mois de prison.

Il s’appelle Nolan Lapie, et nous donne rendez vous le 18 juin prochainlien

Un autre combat promet d’être passionnant, celui mené par François Ruffin, l’auteur du célèbre « merci Patron », co-initiateur des « nuits debout  », et rédacteur en chef de « Fakir  » lequel évoque la surdité sociale du nouveau président, (lien) face à l’« humoriste » frontiste, Franck Delapersonne, à l’humour discutable, comme l’a déclaré un certain Zohra Bitan, membre éminent des « Grandes Gueules ». lien 

Sur l’air de « ils ont l’argent, on a les gens », Ruffin a rassemblé récemment 2000 personnes à Amiens, porté par son mouvement « Debout Picardie  » et sera soutenu par les Insoumis, par les écologistes d’EELV, par « Ensemble » de Clémentine Autain, et par le PCF... lien

Il affirme qu’une fois élu, il se mettra au SMIC, et se dit révocable, et fera gérer sa réserve parlementaire par un jury populaire. lien

On pourra aussi regarder de plus près la rencontre choc entre le représentant de la cause animale Aymeric Caron, et l’ex-torera à cheval Marie Sara. lien

Comme disait Alphonse Allais, brulant la politesse pour une fois à mon vieil ami africain : « il faut prendre l’argent où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres... bon d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent mais il y a beaucoup de pauvres »...

L’image illustrant l’article vient de 2ccr.wordpress.com

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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108 réactions


    • Hector Hector 20 mai 2017 06:49

      @Armelle
      Votre discours pue la petite bourgeoise mal baisée et agressive et dont les fins de mois ne commencent pas le 10 ou le 15.
      Depuis les régionales, cette « montagne de lois » dont vous parlez a été radicalement remaniée, surtout les lois sociales qui augmentent la pauvreté chez les plus nécessiteux.
      Et quand vous dites "Il est clair (La formule des cons) que si nous ne montrons pas nos capacités à innover, inventer pour créer des richesses et restons dans ces carcans sclérosants,.." vous ne semblez pas comprendre que tant que nous ne seront pas sortis de l’UE et de l’EURO, en privilégiant les circuits courts, rien ne sera possible.
      Quant au chômage, il est un des plateau de la balance, l’autre étant l’inflation. Quand l’un monte, l’autre descend, ce qui explique que la variable d’ajustement sont les salaires des employés et donc les embauches.
      Alors fermez la, retournez dans votre cuisine et revoyez votre copie. Et si vous pouviez faire preuve d’un peu plus de respect pour Olivier Cabanel, vous en sortiriez grandie.
      .


    • Hector Hector 20 mai 2017 15:13

      @covadonga*722
      Vous êtes toujours contre tout et rien.
      Je suis de cette génération 68 tant décriée aujourd’hui et dés 16 ans j’étais dans la rue. Lycée Arago, place de la nation, 12eme.
      Sexiste ?!! mais quand vous écrivez ce mot, vous pensez sexué, ce qui ne semble pas être votre cas.
      Faites vérifier votre prostate, cher vieux plouc et avant de critiquer un monsieur comme Cabanel, pourquoi ne pas nous pondre un petit article plutôt que de vous limiter à la critique ?
      En êtes vous capable ?


    • olivier cabanel olivier cabanel 20 mai 2017 21:28

      @covadonga*722
      je voulais juste prendre des nouvelles de vos chevilles...

      pas trop gonflées ?
       smiley

  • François Vesin François Vesin 19 mai 2017 17:56

    Faire des girondins les apôtres de ce que 

    vous devriez nommer le néolibéralisme
    c’est juste oublier Condorcet et ses
    propositions révolutionnaires combattues
    par un certain Robespierre - une terreur -
    auquel se réfère JL Mélenchon qui les aime tant. 

    • babelouest babelouest 20 mai 2017 07:57

      @François Vesin
      Les Girondins étaient bien les ancêtres des néolibéraux ! Des bourgeois nantis, et bien résolus à l’être encore plus. Ce que n’était pas Robespierre, qui à la différence d’un Danton (lui aussi opportuniste), mais aussi d’un Hébert ou un Fouquier Tinville, détestait la violence et les exécutions.


    • olivier cabanel olivier cabanel 20 mai 2017 08:21

      @François Vesin
      Robesspièrre, une terreur ?

      Guillemin a tenté à plusieurs reprises de le réhabiliter, d’autres ont suivi, manifestement pour rien dans votre cas, 
      j’ai moi même tenté l’exercice, en m’appuyant sur ce qu’en disait Henri Guillemin, lequel fourni les preuves de ce qu’il dit.
      après avoir lu ça, on comprend l’attachement qu’à Mélenchon à ce grand révolutionnaire éclairé.
      Robespièrre appelait a « ’une nouvelle distribution de la richesse appelle une nouvelle distribution du pouvoir »
      çà ne vous rappelle rien ?

    • franc 22 mai 2017 03:35
      @olivier cabanel

       Pour Robespierre ,et uniquement pour Robespierre ,je suis d’accord avec vous

  • franc 22 mai 2017 05:12
    Un même mot en littérature peut avoir plusieurs sens et même opposés contrairement à la mathématique où le sens doit être communément unique .

    Ainsi du mot libéralisme ,il ya un sens négatif et un sens positif ,et chacun y choisit son sens selon son positionnement et ses intérêts 

    Le sens négatif du libéralisme le définit comme la loi de la jungle où les plus forts et les plus crapuleux et maffieux sévissent sans aucune limite et sans vergogne en écrasant éventuellement tous ceux qui les gênent dans l’accaparement du pouvoir et l’accumulation de s richesses pour la satisfaction d e leur désirs individualistes de toute sorte

    Tandis que le sens positif rattache le libéralisme à son sens étymologique de la liberté ,qui est une valeur intrinsèquement bonne à condition toutefois de bien la définir ,et en cela la libéralisme économique tout autant que le libéralisme moral ou social est bon en tant que l’expression de la liberté dans l’économie et dans la société humaine pour le développement et le progrès de la société et de l’épanouissement en bonheur des individus 


    A mon avis il est préférable d’employer le mot capitalisme comme Marx l’a employé à la place du mot libéralisme au sens négatif et d’autant plus pour le sens mauvais du libéralisme économique ,car à sa racine se trouve le mot capital équivalent à l’argent lequel est à l’origine et en rapport au sens négatif et à sa nature mauvaise lorsque l’argent ou le capital n’est pas ou plus considéré comme moyen mais comme fin.Le capitalisme au sens marxiste ou le libéralisme économique au mauvais sens du mot libéralisme ,est l’adoration de l’Argent pris comme fin au même titre qu’une valeur divine, nommé le Grand Capital par Marx , et donc assimilé à la divinité biblique Mammon .

    Et le mot liberté ou libéral est un beau mot ,intrinsèquement positif ,il ne faut pas le galvauder et l’employer dans un sens négatif. Le libéralisme au sens naturel et positif c’est l’idéologie qui promeut la liberté en tout domaine et fait confiance à la liberté
    en se basant sur la bonté naturelle de l’homme rousseauiste 

    Mais liberté ne veut pas dire faire ou dire n’importe quoi, ça c’est la licence et le nihilisme.

    La liberté pour être intrinsèquement et absolument positive ne peut se définir que comme l’obéissance à la raison ,raison universelle ,absolue et transcendante , et donc ordonnée au bien ,car il n’ ya que la raison qui puisse dicter le bien et affirmer la vérité universelle apte à être comprise par tous et juger en toute justice pour le bien et le bénéfice de tous sans contradiction . Agir de manière libre c’est agir suivant la raison qui ordonne au bien .

    C’est la raison qui dicte le bien et donc la liberté .

    il n’ya pas de liberté dans l’irrationalité ,dans la déraison ,pas de liberté dans l ’inconscience, ni non plus il n’ya de liberté à choisir le mal comme le préconise consciemment le nihilisme .La liberté se trouve dans l’obéissance et la soumission à la raison .Comme le disent les philosophes Platon et Spinoza ;
    Tout aussi bien le pape théologien Benoit XVI quand il dit lors du fameux discours de Ratisbonne : agir contre la raison c’est agir contre la nature de Dieu

    ou encore le pape Jean XXIII dans sa sublime encyclique Pacem in Terris :

    « la législation humaine ne revêt le caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison d’où il appert qu’elle tient sa vigueur de la loi éternelle ; mais dans la mesure où elle s’écarte de la raison ,on la déclare injuste ,elle ne vérifie pas la notion de loi ,mais est plutôt une forme d e la violence »

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