mercredi 19 juillet 2017 - par Laurent Herblay

Macron : les territoires comme des filiales à (mal) restructurer

Décidément, dans le rôle d’apprenti-sorciers de la globalisation pour les nuls appliquée aux collectivités territoriales, Emmanuel Macron semble vouloir mettre ses pas dans ceux de son mentor, François Hollande, qui avait déjà charcuté notre carte régionale. Non seulement il propose une mal conçue suppression de la taxe d’habitation, mais voilà qu’il veut réduire le nombre d’élus.

 

Les territoires façon gribouille
 
Adepte des mesures gadgets s’inscrivant dans la doxa ultralibérale dominante, le président annonce une réduction du nombre d’élus locaux, une mesure qui ne devrait pas déplaire à grand monde, si ce n’est les élus. Mais ce faisant, même s’il y a sans doute des choses à rationnaliser dans les collectivités territoriales, il commet les mêmes erreurs que son prédécesseur. D’abord, il poursuit cette logique comptable du rabotage permanent des budgets publics, qui produit récession, déshabillage de territoires en difficulté, s’inspirant des pratiques des coupeurs de coûts du privé, dans une sphère qui ne peut, ni ne doit fonctionner comme une entreprise, car elle n’a pas du toutla même finalité.
 
Bien plus grave, conjugué à la suppression de la taxe d’habitation, Macron complexifie encore l’organisation publique en coupant plus encore le lien entre les ressources de ces collectivités et leurs budgets, ce qui a pour effet de déresponsabiliser les élus, qui deviennent de simples demandeurs et récipiendaires de fonds publics, cassant de plus en plus le lien possible entre les choix proposés par le responsable d’un territoire et validés par les électeurs et ce qu’il fait. Avant, le lien était bien plus direct, permettant une responsabilité claire des élus devant leurs électeurs. Demain, ce lien sera encore plus distant, ramenant des élus du suffrage universel au rang de simples fonctionnaires.
 
Et s’il y a des simplifications à faire, comme je le soutenais il y a trois ans et demi, c’était plus dans la réduction du nombre d’échelons. Ce qui est incroyable, c’est que ceux qui nous dirigent ont créé deux nouveaux échelons (la région et l’agglomération), complexifiant la gestion de notre territoire, et réclament ensuite une réduction des moyens qu’ils ont eux-même dispersés. Et dans la grande usine à gaz construite depuis plus de trois décennies, l’Etat assure une part croissante des moyens des collectivités territoriales, lui donnant les moyens de les réduire à son bon vouloir. La suppression de la taxe d’habitation parachèverait la désorganisation de l’administration de nos territoires.
 

 

Bien sûr, il y a sans doute des choses à améliorer. Mais je crois que ce serait plutôt la suppression des régions et des agglomérations pour revenir au couple département – commune, qui a fait ses preuvres, et le retour à des ressources directes, pour que les élus locaux assument directement leurs choix et que les électeurs puissent juger de manière pleine et entière.
 


8 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 19 juillet 2017 10:02

    Macron a décidé de remplacer la « gouvernance » (mot horrible) par le « management » (autre mot horrible.


    Autrement dit, il veut appliquer au gouvernement d’un état les méthodes de direction générale d’une entreprise supposées « efficientes » alors que le parlementarisme est supposé « parasitaire ». Il s’est entouré de DRH, organise des séminaires et pond des notes de service...

    Or, un pays (état, nation...) n’est pas un groupe financier ou industriel comme le suggère avec pertinence le titre de l’article.

    Macron a été mis en place par un groupe d’actionnaires minoritaires mais influents par leur entregent. Quand les petits porteurs (ceux qui ne sont rien, ceux qui se sont abstenus) se réveilleront, il cherchera sans doute un repreneur (l’UE ?)... s’l a le temps avant de fuir en carrosse en passant par Varennes.

    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 19 juillet 2017 10:25

      @Jeussey de Sourcesûre


      Ce garçon semble avoir intégré le principe qui paraissait pourtant démodé de « centralisme démocratique », clé de voûte de l’organisation stalinienne.
      Pour éclairer ses interlocuteurs qui ne comprenaient pas le sens de ce principe, un vieux kolkhozien leur avait montré un exemple concret en les amenant devant le bâtiment d’habitation de kolkhoze et en leur demandant de rester dans la cour.
      Il était monté au premier étage avec un seau d’eau et l’avait vidé sur leurs têtes, puis il leur avait dit : « maintenant, renvoyez-moi l’eau ! ».

    • JBL1960 JBL1960 19 juillet 2017 11:51

      @Jeussey de Sourcesûre Vous dîtes : Quand les petits porteurs (ceux qui ne sont rien, ceux qui se sont abstenus) se réveilleront ; C’est un vrai raccourci qui ne veut pas dire grand chose mais bon.

      Je me permets de vous tirer l’œil sur la dernière publication de Rick Kearns sur Indian Country Today Media Network du 16 juillet, car il semblerait qu’une procédure d’enquête prenne forme pour rechercher le crime génocidaire contre les enfants autochtones des nations originelles aux États-Unis, enfants qui furent, comme au Canada, arrachés à leurs familles et incarcérés dans des pensionnats gérés par le gouvernement fédéral et les églises. Des dizaines de milliers d’entre eux ont « disparu » entre 1820 et les années 1980. Que j’ai complété avec mes billets et PDF ad hoc ICI.
      C’est en lien avec le Contre-rapport MEURTRE PAR DÉCRET pour le Canada, dont j’ai réalisé la version PDF que j’ai mise à jour récemment .
      Mais également le dernier article de Steven Newcomb, Juriste Indigène et Universaitre, chercheur, écrivain, qui est le plus abouti, à mon sens, et qui ne devrait pas manquer de vous intéresser car il explique que l’esprit de l’homme blanc est à l’origine de la Loi Fédérale Indienne (USA) et c’est bien pourquoi c’est le bordel !


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 19 juillet 2017 12:15

      @JBL1960

      éclaircissement : puisque l’auteur de l’article compare les régions à des filiales, je luis ai emboité le pas acr, en effet, la bande qui est au pouvoir en France actuellement est imprégnée de « l’idéologie de l’entreprise ». Alors, j’ai continué la métaphore et comparé les électeurs aux petits actionnaires des grandes sociétés qui peuvent voter aux assemblées générales, même si cela ne sert à rien, sauf s’ils se mettaient tous ensemble dans le cas où le total de leurs actions atteindrait plus de 50 % de l’ensemble. Dans les « démocraties parlementaires », il semblerait que l’union des électeurs contre un projet qui ne leur convient pas soit aussi difficile que la coalition des petits porteurs d’actions dans une multinationale.

      Merci pour les liens.



  • zygzornifle zygzornifle 19 juillet 2017 11:05

    Tien pas mal de ceux qui ont veautés Macron vont faire parti de ses victimes  Whouhahaha je me gondole Haaaa que cela me fait du bien .......


  • amiaplacidus amiaplacidus 19 juillet 2017 11:16

    France SA, oh, pardon, c’est plutôt France Inc !


  • Yvance77 Yvance77 19 juillet 2017 11:43

    Ses prédécesseurs ont timidement poser les jalons, Micron 1er lui la « dictature soft » il va vraiment la mettre en place.
    .
    Restera que le soulèvement populaire que j’espère de tous mes vœux


  • novo12 20 juillet 2017 08:07

    Il y a effectivement beaucoup d’élus en France. Environ 600 000 en France contre 90 000 en Allemagne.

    Le problème n’est pas tellement le nombre d’élus en lui même, mais le nombre de structures d’administration locales qui ont été créées depuis les années 70.
    Il y a eu les régions, les communautés de communes, les pays, les métropoles. 

    En ne gardant que les départements et les communes on simplifirait énormément le fonctionnement des administrations locales. Les départements pourrait alors servir de centre de service pour les petites communes qui n’ont pas les moyens d’avoir des spécialistes dans tous les domaines.

    Malheureusement je doute qu’il supprime les régions, car ces structures sont exigées par le nouvel ordre mondial.



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