vendredi 23 mars 2018 - par

Mai 2018 a-t-il commencé ?

Cinquante ans après, "Mai 68" qui commence un 22 mars 1968 continue d'avoir son pouvoir de fascination sur les observateurs politiques et les citoyens. Ce fut pourtant tout au plus un monôme de petits bourgeois favorisés qui le provoqua et le fit durer surtout de par l'absence de réactions durant un temps. C'était le révélateur de nouvelles aspirations nées durant le "Baby Boom". Certes, ce n'était pas aussi creux que cela, il y avait une véritable recherche d'alternative à cette société consumériste naissante, une quête brouillonne d'idéaux et d'autre chose que le simple conformisme social :

Se marier, faire des enfants, acheter une maison, épargner, consommer etc...

A l'époque, le plein emploi était une évidence comme il semblait évident qu'il durerait toujours la prospérité ne devant pas s'arrêter. La précarité n'était pas encore d'une brûlante actualité. Les populations très défavorisées étaient conservées sous le tapis, pudiquement, on n'en parlait pas. On ne s'y intéressait pas. Ce qui était ironique était, est toujours, que la contestation de l'ordre bourgeois venait des enfants les plus favorisés, les plus aisés au moins matériellement, les plus bourgeois quoi.

C'était en somme un luxe qu'ils se permettaient tels leurs petits cousins de "Nuit Debout", des enfants gâtés ne voyant pas le problème à ce que d'autres beaucoup plus précaires nettoient le lendemain les restes de leurs petits chahuts sans gravité.

Cinquante ans après, leurs petits enfants ont voté Macron en masse persuadés de l'urgence d'une révolution à la fois conservatrice, pour leurs intérêts matériels, et progressiste, pour quelques changements et transformations de société d'inspiration vaguement libertaire. Ils ont voté pour lui convaincus de lutter contre la nostalgie du fââchiiisme, celle des ordres noirs, incarnée par Marine le Pen à les entendre. Celle-ci est pourtant une enfant de "Soissantuite" également ne serait-ce que pour ses choix de vie personnels et familiaux. Quand ils ont voté Macron il était bien clair pour eux que les réformes toucheraient d'abord et avant tout les autres, qu'ils n'étaient pas concernés. Et voilà que leur président s'attaque à leurs statuts particuliers, à leurs avantages z-acquis.

C'est pas de jeu !

Alors certes, on trouve beaucoup plus favorisé qu'eux, fonctionnaires, professeurs, cheminots. Mais dans une période où le chômage est structurel, que la précarisation est de plus en plus dure, cette exigence de conserver des statuts particuliers devient légèrement indécente. On ne voit pas en quoi les primes au mérite, à savoir à un travail réel, supplémentaire, serait un mal. Elles décourageraient ceux ne songeant qu'à pantoufler. Beaucoup ne se cachent même pas, ils sont prêts à ralentir l'économie non pour empêcher toute précarisation mais surtout pour eux, jusqu'à aller au sabotage.

Ils comptent sur la passivité effarante de ceux qui subiront encore le plus les arrêts de travail, à savoir ceux n'ayant pas les moyens de faire grève, ceux en CDD, ceux qui ne peuvent absolument prétendre au télétravail. Des romantiques, des bourgeois se sentant coupables de leur bedaine de notables, rêvent à la Révolution mais je doute que celle-ci advienne...

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

illustration prise ici




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