Mais qui est Wauquiez ?
Nos élus seront toujours pour les électeurs une source d’étonnement... soit quand ils font le contraire de ce qu’ils promettaient, soit surtout parce qu’ils sont décidés à tout faire pour séduire le plus grand nombre.
Tel Laurent Wauquiez, par exemple, dont on a appris que sa coiffure argentée n’était pas due aux soucis que sa carrière politique pourrait provoquer, mais seulement à sa volonté de paraitre plus vieux, plus sage.
Il a bien trompé son monde, comme par exemple Frédéric Mitterrand qui racontait dans son livre « la récréation » : « cet allumeur de Laurent Wauquiez me fait passer un petit papier au conseil des ministre. Il est assis en face de moi. Il a écrit : « pourquoi tu me regardes avec cet air langoureux ? » (...) ses cheveux poivre et sel et son sourire de premier communiant font merveille ». lien
En effet, s’il faut en croire un article paru dans « le Monde » : « avant d’arborer une chevelure grise naturelle, il se teint en poivre et sel pour apparaitre plus expérimenté que certains jeunes loups sarkozystes ».
Mais aujourd’hui, il va plus loin, il s’est adjoint les services d’un coach vocal afin de retrouver son accent de Haute-Loire. lien
Il est vrai que l’accent, quel qu’il soit est de nature à séduire un grand nombre de français...
Comment imaginer un Jean-Claude Gaudin sans l’accent marseillais ?...
Dans cette courte vidéo, un aperçu de l’accent du côté de St Etienne, et dans celle-ci, du côté de Lyon.
Quant à sa fameuse parka rouge, il assure qu’il ne la porte pas pour se faire remarquer, mais parce que sa femme adore cette couleur.
On ne demande qu’à le croire.
Ne lui jetons pas la pierre, il n’est pas le seul dans son cas à tout faire pour séduire : François Hollande, lorsqu’il était candidat à la présidentielle, ne s’est-il pas imposé un sévère régime pour perdre son embonpoint et plaire ainsi au plus grand nombre ?... embonpoint qu’il n’a pas mis longtemps à regagner une fois élu. lien
Il s’était mis au régime Dukan afin de perdre une quinzaine de kilos. lien
Et puis, on se souvient de la facture démesurée encaissée par le coiffeur de l’ex-président.
Avec un salaire de 9895 euros brut par mois, et ceci depuis 2012, la facture était salée. lien
Mais l’art de séduire passe aussi par le discours.
Pour réaliser le pouvoir des mots, il est instructif de découvrir l’essai de Jean Paul Laurent « quand dire c’est plaire », lequel a fait l’analyse de plusieurs discours, dont celui que Nicolas Sàrközy avait donné au Bourget.
Dans son approche analytique, il démontre toutes les techniques utilisées pour séduire. Page 59
Il faut aussi ouvrir le livre de Patrick Buisson « la cause du peuple » pour comprendre ce qu’a été le règne de Sàrközy et comprendre les techniques utilisées pour séduire le petit peuple si facilement manipulable. lien
On peut bien sûr être tenté de minorer les propos de l’ex-conseiller, depuis ses enregistrements clandestins, mais ça n’enlève, sur le fond, pas grand-chose aux révélations qu’il fait dans son livre, d’autant que l’intéressé n’a pas contesté les faits relatés.
On y apprend que Sàrközy se définissait comme un « mauvais garçon », que ces transgressions langagières étaient tout sauf des dérapages. C’était, écrit Buisson : « le fruit, sinon d’une analyse politique et sociologique sur la coupure entre le peuple et les élites, à tout le moins la volonté de retrouver un langage commun avec les catégories les plus exposées à la prédation »...on découvre donc que l’utilisation des mots : « nettoyage au Karcher... des racailles » étaient largement prémédités.
On y apprend aussi que l’ex président avait pris « la décision de laisser les bandes de blacks et de beurs agresser les jeunes blancs aux Invalides, tout en informant les photographes de Paris-Match qu’il y avait la probabilité de sérieux incidents »...c’était, affirme Buisson, « l’Austerlitz de Sàrközy » qui discréditait ainsi un Dominique de Villepin devenu gênant pour la suite du programme. lien
A la suite de ses émeutes, lors de la manifestation suivante, « il avait été décidé au niveau présidentiel de laisser les casseurs « faire leurs courses chez Darty et à Go Sport » pour faire apparaitre par la suite à la télévision un président maitrisant la situation face à un premier ministre englué dans un affrontement mortifère avec la jeunesse ».
Il serait dommage d’oublier dans la liste de nos manipulateurs décidés à séduire, François Fillon, dont on sait l’importance qu’il donnait à l’apparence, et aux costumes de luxe, choix hélas improductif puisqu’il lui a couté son échec électoral.
Mais sur le fond, rien de nouveau sous le soleil.
Comme le rappelle dans son essai Christian Delporte, « une histoire de la séduction politique », Napoléon avait une idée précise de son statut : « je n’ai qu’une passion, qu’une maitresse, la France. La France je couche avec elle ». lien
De là à affirmer vulgairement qu’elle sera de toute façon baisée... il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésiteront pas à franchir...
Oublions ce triste sire et intéressons-nous à notre nouveau président...
Finalement, ce n’est qu’au bout de 7 jours qu’il s’est décidé à se rendre à St Barth et St Martin, pour tenter de calmer les populations oubliées.
Pour séduire, il faut, évidemment, se rapprocher du peuple.
Alors il a mis au point un scénario : « je dors sur un lit de camp et je me lave au seau »...
« Je vais faire comme les habitants ici puisque je serai avec eux ce soir », a-t-il déclaré...c’était le mardi 12 septembre...lien
Hélas pour le président, il semble que les populations n’aient pas été dupes de ce qu’il faut bien appeler une opération de communication, vu le clash qui s’est produit par la suite. lien
Car c’est bien le 5 septembre qu’Irma, pas si douce que ça, a semé la désolation, détruisant, s’il faut en croire certains médias, les 95% des habitations de ces îles. lien
Sauf que les parties qui échappaient à la juridiction française ont mobilisé les autorités néerlandaises dès le lendemain du passage de l’ouragan. Lien
Précisons que dès le 5 septembre, Météo France annonçait « un ouragan d’une intensité sans précédent sur l’Atlantique », menaçant St Barthélémy et St Martin. lien
Finissons par les conseils de Laurent Wauquiez, lequel a dû suivre des cours chez Lapalisse, au sujet de l’ouragan Irma : « on ne peut pas anticiper ce qui n’est pas anticipable, mais on peut prévoir ce qui est prévisible »...ajoutant, à tort : « l’ouragan, il n’était pas anticipable... ». lien
Il aurait peut-être dû écouter le fameux sketch de Raymond Devos, lequel épiloguait sur le thème : « parler pour ne rien dire »... on peut l’écouter ici.
Comme disait mon vieil ami africain : « bouche de miel, cœur de fiel »...
L’image illustrant l’article vient de scoopnest.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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