samedi 1er septembre 2018 - par
Merci Nicolas Hulot
La démission du ministre de l’écologie cette semaine est venue complétée un été calamiteux pour Macron, avec l’affaire Benalla, les nouvelles coupes pour les retraités ou ses nouvelles déclarations effarantes au Danemark. Mais l’interview de Hulot dépasse de loin ce cadre. Elle en dit long sur ce que sont devenus nos politiques, mais aussi sur notre modèle économique actuel.
Un autre modèle de société
Deux choses frappent en écoutant l’interview de Nicolas Hulot, que je recommande vivement à tous ceux qui ne l’auraient pas encore fait. La première, c’est tout ce qui touche à sa personne. L’ancien ministre ne parle pas comme les autres hommes et femmes politiques. Ce qui était criant avec lui mardi matin, c’étaient ses convictions, sa sincérité et son refus absolu de critiquer frontalement ceux qui l’avaient placé là, répétant plusieurs fois tout le bien qu’il pense de certains, sans pour autant oublier les angles morts des politiques menées depuis 15 mois, ces pas bien trop petits et guidés par des intérêts bien compris et trop présents. Il a aussi fait preuve d’humilité et d’auto-critique, chose rare.
Quel contraste avec les coqs et les poules de notre basse-cour politicienne pour qui il faut toujours répondre, prendre position et défendre jusqu’à l’absurde des positions en pensant ne pas perdre la face. Entendre Griveaux 24 heures après offrait un contraste saisissant : trop sûr de lui, récitant des postures en toc, certes relativement bien exprimées, mais jamais rattachées à la moindre quête de bien commun, la politique façon surgelé bourré d’OGM et additifs. L’authenticité de Hulot était d’autant plus forte que les propos de l’ancien ministre étaient forts, et bien construits. Un vrai cri pour réveiller les consciences de sociétés où certains intérêts font que nous oublions des enjeux bien plus importants.
Son plaidoyer ouvre la porte à beaucoup de choses. Comment ne pas penser aux analyses de Nicolas Meilhan, qui montre à quel point, en délocalisant nos industries, nous ne faisons que délocaliser une partie de notre pollution, à la limite près que déplacer les émissions de gaz à effet de serre est illusoire, étant donné que leur effet reste ? Comment ne pas questionner ces chaines d’approvisionnement globalisées qui font faire plusieurs fois le tour du globe aux composants d’un même produit ? Comment ne pas questionner les différentiels de taxation des hydrocarbures : beaucoup et de plus en plus pour les particuliers, pas grand chose pour le transport aérien ou le transport maritime ?
La question qu’amène les réflexions de Hulot, c’est comment changer les choses ? Le moins que l’on puisse dire, et qui est transparent dans les analyses de Nicolas Meilhan, c’est que le modèle internationaliste et sans frontière ne produit rien de bon. Rien de sérieux ou presque n’est fait car tous les pays sont engagés dans une compétition sans pitié où trop d’intérêts sont en jeu pour permettre d’avancer. Dans le monde actuel, où l’égoïsme est présenté comme une vertu par les ultralibéraux et où le libre-échange est devenu une religion, la coopération se fait sur le plus petit dénominateur commun et sans jamais remettre en cause tout ce qui remettrait en cause l’anarchie commerciale.
Jamais le marché seul ne s’auto-régulera. Il faudra une intervention volontariste des Etats, ces mêmes Etats que toutes les traités ne cessent d’affaiblir et de jeter dans l’eau froide de la concurrence égoïste, ne leur laissant guère la volonté de penser au bien commun à long terme. Le capitalisme anarchique, oligarchique et sans frontière devra être transformé pour véritablement changer les choses.