Montebourg : nouvelle épine dans le pied gauche du système ?
Il ne sera pas au second tour de la primaire socialiste mais il sera sans doute, lui et ses idées, au cœur du débat. Avec près de 17%, un score inespéré, Arnaud Montebourg a frappé fort.
Les deux qualifiés, François Hollande (environ 38%) et Martine Aubry (environ 30%) n’auront pas d’autre choix, s’ils veulent remporter le second tour et, à terme, l’élection présidentielle, que de faire des concessions énormes sur leur programme. Ainsi, la poussée de Montebourg, bien qu’insuffisante, permettra à la Gauche de prendre en compte ses points de vue en rupture avec l’idéologie à tendance mondialiste du PS.
Car la ligne du compagnon d’Audrey Pulvar, même si on peut trouver des convergences avec celle de Mélenchon, n’a pas son pareil au sein même du parti socialiste. Dans son discours, à l’issue du premier tour, Montebourg – qui est d’ailleurs l’instigateur de ces primaires citoyennes – a estimé que cet important engouement pour sa candidature « a réussit l’exploit de faire mentir les sondages, de mettre en minorité les deux candidats, et d’installer au cœur de la primaire et de l’élection présidentielle de l’année prochaine : la démondialisation, la VIème République, le capitalisme coopératif, la lutte contre la corruption, et bien d’autres des propositions et des solutions nouvelles que j’ai défendu pour la France ».
Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, n’a quant à lui pas tardé à descendre, du haut de son mépris élitiste, les idées de Montebourg. Selon lui, la démondialisation est « un concept fou qui fait hurler de rire le monde entier ». Aussi, le maire de Meaux a rappelé qu’il « ne connait qu’une seule personne qui est proche de ses idées, c’est Marine Le Pen. Il y a une proximité d’idées un peu troublante. » Et de souligner que « l’ UMP suivrait de près les marchandages » qui devraient avoir lieu entre Arnaud Montebourg, François Hollande et Martine Aubry (ces derniers ayant déjà commencé à faire de l’oeil à ces 17% d’électeurs).
Ce que JFC oublie, c’est que son parti souffre du même problème. Avec la montée de Marine Le Pen (ou encore la présence de Nicolas Dupont-Aignan dans le paysage politique) et de ses idées si « proches » de celles de Montebourg, l’UMP se voit imposer la nécessité de prendre en compte ces tendances de l’électorat, de plus en plus sensibles aux discours protectionnistes et patriotiques.
Ainsi, le président du conseil général de Saône-et-Loire, qui avait appelé à voter non au référendum de 2005 sur la constitution européenne, représente-t-il à gauche (bien qu’il ait également reçu des soutiens à droite) cette pensée nouvelle qui se répand à mesure que le système libre-échangiste s’effrite. Reste à savoir s’il va faire l’erreur, ce lundi soir, de soutenir ouvertement l’un des deux qualifiés, plutôt que d’utiliser plus habilement ce rôle d’arbitre. Quoi qu’il en soit, il semble représenter l’une de ses nombreuses épines qui viennent se ficher, jour après jour, dans le pied du système mondialiste. A défaut d’être assez aiguisées pour faire chuter le géant, elles contribuent déjà grandement à le faire boîter, à le faire s’adapter à cette colère montante.
Si la victoire est encore loin d’être acquise, la machine est en marche… et c’est déjà pas mal.
Christopher Lings ( Enquête & Débat )