jeudi 19 janvier 2017 - par Parrhesia

Paris n’est pas la France… Néanmoins …

Il y a sept siècles la fonction de maire de Paris, n’existait évidemment pas.

Son équivalent était le Prévôt des Marchands responsable, entre autre, des travaux publics, de l’approvisionnement et… de la fiscalité de la capitale. C’était une fonction dont l’importance et le prestige rejaillissait naturellement sur le fonctionnaire qui en avait la charge…

C’est à cette époque que se situe l’affaire d’Étienne Marcel.

Pour faire court, en 1358, le dit Marcel Étienne, prévôt de son état, et qui bricolait la gestion de la capitale depuis quelques temps déjà, joue à fond de l’influence que lui confèrent son importante fonction et ses bonnes relations avec les boutiquiers du coin pour tenter de mettre le trône en difficulté et d’organiser la levée de nouveaux impôts… Il faut bien vivre…

Un proche du dauphin est assassiné par le valet d’un changeur parisien et la chienlit qui s’en suit profite (Nous dirions : "comme d’habitude") au parti Anglais, lequel remet, dans la foulée, le pied sur un bon tiers du royaume de France.

Deux conséquences que personne n’avait alors vu venir :

1) la dite chienlit prétendument « révolutionnaire » va déboucher sur l’instauration de la Monarchie véritablement absolue, mal nécessaire sans lequel l’indépendance de la douce France s’apprêtait à sombrer irrémédiablement sous le poids et les effets conjugués du porridge, de la panse de brebis farcie, et du roastbeef à la confiture de fraise ! Remarquons en passant que rien de tout cela n’est anodin ! Depuis l'époque du roi de Navarre Charles-le-Mauvais et du roi d’Angleterre Jean-sans-Terre, entre autres, aucune personnalité de Maire de Paris, fussent-ils garçons de plage, ne laisse certaines puissances étrangères totalement indifférentes !!!

2) Les autorités de Douce France, dans toutes les générations suivantes, et ceci, jusqu’aux jours incertains de notre début de troisième millénaire, ont toujours tiré, plus ou moins officiellement, les conséquences de cette chienlit prévôtale parisienne en surveillant d’aussi près que possible la mise en place et les qualités de l’autorité gestionnaire de Paris. Depuis Etienne Marcel, il faut toujours prévoir que la fonction puisse redonner des idées de grandeur à quelques-uns. Ce ne serait pas nouveau !!!

Il est donc bien dommage que cette connaissance des causes politiques et de leurs effets, ainsi que cette pratique de prudence concernant l’administration de la capitale de la France, tant sous l’Ancien Régime que sous la République, se soient peu à peu perdues avec la culture historique de nos prétendues élites et de l’électorat populaire parisien qui, en ces temps troublés, les porte au pouvoir !

D’autant plus dommage car c’est cette même inculture historique qui, maintenant étendue à presque tous les rouages et à tous les niveaux de ce qui compte désormais dans la gouvernance de ce pays, a non seulement permis l’émergence des dernières municipalités Parisiennes que nous voyons à l’œuvre, mais également l’émergence de nos deux dernières « présidences nationales » !!!



7 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 19 janvier 2017 17:31

    « C’était une fonction dont l’importance et le prestige rejaillissait naturellement sur le fonctionnaire qui en avait la charge… »


    Dans le vieux droit français, le mot « prévôt » a plusieurs sens et désignait le plus souvent un régisseur, un agent du roi domanial, ce qui l’assimilerait effectivement à une sorte de « fonctionnaire ».

    Mais certaines grandes villes comme Lyon et Paris avaient un « prévôt » particulier qui était élu pour deux ans par ses pairs. Il s’agissait alors d’un « titre » qui accompagnait une « charge », et non pas d’une « fonction » comme c’était le cas pour le administrateurs nommés par le roi. Le terme de « fonctionnaire » ne convient donc pas dans ce cas.

    Antérieurement à l’apparition de l’administrateur civil, la fonction de prévôt était une dignité propre aux institutions d’Église, et le contenu de cette fonction variait selon les ordres religieux.

  • Parrhesia Parrhesia 19 janvier 2017 19:12

    Merci de nous avoir éclairés de vos lumières, l’importance de cette précision lexicale sur l’esprit de mon propos ne m’étant pas apparue a priori.


  • Abou Antoun Abou Antoun 19 janvier 2017 19:58

    Henti IV 25 juillet 1593 : « Paris vaut bien une messe ».
    Nowadays in globbish : « Paris is worth a mess »


    • Parrhesia Parrhesia 19 janvier 2017 20:16
      @Abou Antoun

      Beaucoup de choses en peu de mots...
      Disons même : «  résumé fulgurant ! »
      Bonne soirée à vous !

  • Ruut Ruut 20 janvier 2017 07:32

    Notons que dans les champs élysés les Films ne sont pas en Français....


    • Parrhesia Parrhesia 20 janvier 2017 09:39
      @Ruut
      Il y a si longtemps que je n’y suis plus allé ...
      Vous ajoutez à ma nostalgie, Ruut, mais bonne journée quand-même et merci d’être passé.


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