jeudi 7 février 2019 - par Fergus

Présidentielle anticipée : on reprend les mêmes, et le vote blanc explose !

À la demande de l’hebdomadaire Marianne, l’institut IFOP vient de réaliser auprès des Français un sondage sur les intentions de vote des électeurs dans le cas d’un scrutin présidentiel anticipé. Les résultats en sont édifiants. Et de nature à faire grincer bien des dents dans les rangs de l’opposition non frontiste malgré une défiance accrue à l’égard du pouvoir en place… 

Disons-le tout net : sauf à voir se profiler dans les semaines à venir une présidentielle anticipée – dont chacun sait qu’elle n’a pas l’ombre d’une chance de voir le jour –, mesurer les forces en présence trois ans et demi avant la prochaine échéance ne permet en aucune façon de se projeter sur ce que sera le panorama politique français en 2022, a fortiori sans connaître l’identité des candidats officiels.

Le sondage réalisé par l’IFOP les 1er et 2 février auprès d’un échantillon représentatif de la population française en âge de voter n’en est pas moins intéressant à plus d’un titre car il nous offre des enseignements spectaculaires sur la vérité politique du moment que nous vivons. Et cela en pleine « crise des Gilets jaunes » et en totale ignorance des mesures qui seront annoncées par l’exécutif après synthèse des retours du Grand débat national officiel ainsi que des revendications collectées sur le territoire dans les cahiers mis à disposition par les mairies et les associations.

Dans le détail, ce sondage donne les résultats suivants : Macron, 30 % ; Le Pen, 27 % ; Mélenchon, 12 % ; Wauquiez, 8 % ; Hamon et Dupont-Aignan, 6 % ; Faure, 3 % ; Jadot, Lagarde et Lassalle, 2 % ; Poutou et Asselineau, 1 % ; Arthaud et Cheminade, moins de 0,5 %. 

À l’évidence, rien n’a été foncièrement modifié par la crise des Gilets jaunes dans les rapports de force politique entre les deux partis dominants : La République en Marche et le Rassemblement National. Tous deux sont même en net progrès – respectivement 6 et 5,5 points de plus – relativement au scrutin de 2017. Cerise sur le gâteau pour les caciques de LREM et du RN, leurs « champions » se détachent très nettement de leurs concurrents, manifestement en difficulté.

C’est notamment vrai pour les candidats Les Républicains et La France Insoumise qui régressent de manière très significative – respectivement de 12 et de 8 points – au point d’apparaître comme dangereusement distancés pour une hypothétique qualification de 2e tour en 2022. Des données qui pourraient clairement remettre en cause le leadership de ces formations pour peu que les résultats des Européennes du 26 mai et les projections sondagières nationales à venir confirment cet inquiétant étiage. 

Quant aux autres partis d’opposition, ils ne parviennent pas à améliorer leurs scores du printemps 2017 et n’ont, en l’état, pas d’autre perspective que d’être des forces d’appoint de 2e tour.

Les enseignements de l’IFOP ne s’arrêtent toutefois pas là. 9 % des personnes sondées se sont en effet prononcées pour un vote blanc, ce qui place de facto ce vote de défiance en 4e position du sondage, entre Mélenchon et Wauquiez. En étant multiplié par 5 – le vote blanc s’était élevé à 1,8 % en 2017 –, ce score démontre de manière éclatante l’ampleur croissante du rejet de la politique néolibérale conduite par l’exécutif. Un rejet dont les partis d’opposition, RN excepté, ne profitent pas, loin s’en faut.

Si le vote blanc était reconnu, les résultats du sondage de l’IFOP s’en trouveraient impactés comme suit : Macron, 27 % ; Le Pen, 24,5 % ; Mélenchon, 11 % ; Wauquiez, 7 % ; Hamon et Dupont-Aignan, 5,5 % ; Faure, 2,5 % ; Jadot, Lagarde et Lassalle, 2 % ; Poutou et Asselineau, 1 % ; Arthaud et Cheminade, moins de 0,5 %. 

Entre une Le Pen contenue et les autres candidats d’opposition lestés de semelles de plomb, Macron peut-il se réjouir des résultats de cette enquête de l’IFOP ? Certainement pas car ce sondage montre qu’en l’état actuel des choses, le vote blanc s’envolerait à… 19 % au 2e tour en cas de nouveau duel Macron-Le Pen. Du jamais vu sous la Ve République ! Et une redoutable donnée qui, pour l’IFOP, se traduirait, si le vote blanc était reconnu dans les suffrages exprimés, par une victoire à la Pyrrhus de Macron sur Le Pen par… 45,5 % contre 35,5 % !

De quoi sérieusement doucher la tentation du président de soumettre par référendum aux Français la reconnaissance de ce vote blanc comme cela est envisagé ici et là par les éditorialistes dans un possible package référendaire de sortie de crise.

Nul doute qu’à la lecture des résultats de cette édifiante enquête, il y aura tempête sous les crânes de plusieurs caciques, et notamment ceux de Macron, Mélenchon et Wauquiez ! 




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