Présidentielles : la valse à trois temps
Les parrainages arrivent et le paysage s’éclaircit avec toutefois quelques surprises possibles
Première surprise : le nombre de candidats souverainistes
Tous n’ont pas encore leur 500 signatures mais il n’est pas exclu que l’on retrouve 4 candidats prônant le retrait de l’Europe. Dans l’ordre, Il y a bien sûr Dupont Aignan, puis Le Pen et Asselineau, la surprise du chef pour cette présidentielle, et enfin Cheminade.
La possible qualification d’Asselineau surprend. Pour ses fans, elle est à mettre sur le compte d’une campagne très active des militants de l’UPR. D’autres observateurs font remarquer que le même candidat en 2012 n’avait recueilli que 17 parrainages et se posent des questions sur l’arrivée dans le paysage politique de ce candidat controversé.
Il est de notoriété publique que les grands partis pèsent fortement et exercent même un chantage sur les communes pour donner ou non leur signature. Sans aller plus loin dans cette hypothèse, on remarquera la forte proportion de Maires-délégués (17 %), aux pouvoirs limités, dans la liste des signataires du candidat Asselineau.
Cet émiettement de candidatures souverainistes aura certainement le même effet que la diversité des candidatures de gauche en 2002 qui avait vu Jospin éliminé dès le premier tour, avec cette fois ci une possible élimination dès le premier tour de Marine Le Pen dans une configuration de gauche qui n’est pas celle d’aujourd’hui.
Cerise sur le gâteau : le maintien de Fillon
Contre toute attente, Fillon a réussi son coup d’Etat à droite. Les portes ont claqué à LR et à l’UDI, mais mollement surtout chez les centristes qui, comme d’habitude, pour préserver leur petit fonds de commerce sont rentrés quasiment tous au bercail.
Fillon, le gagnant surprise de la primaire a tout verrouillé et les inimitiés entre les différents courants LR ont fait le reste. J’y suis, j’y reste, même mis en examen.
Il faut se rappeler, et cela n’a pas été suffisamment souligné par les commentateurs que l’électorat de la primaire pour Fillon était constitué entre-autres d’un fort contingent d’opposants au mariage pour tous, transfuges pour certains de l’extrême droite, qui se sont retrouvés au Trocadéro pour soutenir Fillon.
Prêts à tout, y compris à s’asseoir sur la morale (ce qui surprend), ils constituent une partie du noyau dur des soutiens au candidat LR, mais ils n’empêcheront pas une hémorragie d’électeurs habituels pour qui la morale est essentielle lorsqu’on veut représenter le peuple.
Résultat de cette recomposition, le candidat Fillon ne perce pas et sera selon toute vraisemblance, absent du second tour. Second effet, les ultra droitiers de « Sens commun » feront défaut à M. Le Pen. C’est pour cela (et aussi en raison des affaires) qu’elle n’est plus placée en tête des sondages au premier tour.
Et la gauche dans tout cela ?
Si les deux premiers temps de la valse sont désormais établis, le troisième reste inconnu.
En effet, comme pour les candidats souverainistes, il y a un émiettement, peut-être cependant plus limité puisque Poutou, le candidat NPA n’est pas certain d’arriver à se qualifier.
Il reste donc deux candidats, Hamon et Mélenchon, aux programmes très voisins qui vont se neutraliser et favoriser l’émiettement des voix de gauche (la clarification étant en route pour l’aile droite du PS qui rejoint jour après jour, Macron).
Voilà le paysage actuel, qui pourrait cependant nous valoir encore quelque surprises, par exemple en cas de ralliement trop importants de « socialistes » à Macron, un désistement de Hamon, se considérant de fait empêché et trahi par son parti, en faveur de Mélenchon.
L’hypothèse d’un duel Macron/Mélenchon, autrement dit droite/gauche, ne serait plus exclu, Le Pen et Fillon, n’étant pas qualifié pour le second tour.
A suivre…