lundi 11 janvier 2010 - par Voris : compte fermé

Prix Nobel de la paix pour Catherine de Médicis ?

L’historien Jean-François Solon l’affirme : Catherine de Médicis, dont la sulfureuse réputation fait encore frémir les mémoires, aurait usé de tout son pouvoir pour établir une paix impossible entre catholiques et protestants. Le massacre de la Saint-Barthélémy marqua l’effroyable échec de ses efforts. Et elle entra dans l’Histoire avec cet épisode sanglant sur les mains. Plus de quatre siècles après sa mort, des études historiographiques conduites sur deux décennies tendent à la réhabiliter.

 
Le Nouvel Obs du 24 décembre 2009 reprend une thèse publiée en 2003 par de Jean-François Solon dans une biographie sur Catherine de Médicis. L’historien déclare que cette femme de pouvoir que l’on dit machiavélique et empoisonneuse, aurait été digne du prix Nobel de la paix. Effet d’annonce pour doper les ventes de son livre ? Il semble que non, les conclusions de vingt années d’études iraient dans le même sens. 
 
Il nous faut d’abord nous remémorer ce que fut Catherine de Médicis au regard de l’Histoire pour les générations passées et présentes. 
 
Mariée à Henri II, fils de François Ier, son royal époux la négligea et lui préféra sa favorite Diane de Poitier (voir mon article "Diane et la beauté éternelle").
 
Elle donna néanmoins dix enfants à son époux dont trois rois de France (François II qui ne régna qu’un an et fort jeune, Charles IX sous le règne duquel se perpétra le massacre de la Saint-Barthélémy, et Henri III qui fit assassiner le Duc de Guise et qui nous laissa son souvenir grotesque avec ses mignons et son bilboquet). 
 
Catherine de Médicis enfanta aussi une reine, Marguerite, épouse du roi de Navarre qui sera roi de France sous le nom de Henri IV. Marguerite entra dans la légende sous le nom de la Reine Margot qu’incarna à l’écran Isabelle Adjani.
 
Fille du florentin Laurent de médicis, surnommé Le Magnifique, Catherine de Médicis naquit en 1519 à Florence. Mariée à Henri II, son pouvoir sera quasi inexistant sous le règne de ce dernier et de son fils aîné François II. Mais elle prend sa revanche par la suite. Régente de son second fils régnant, elle gardera une emprise permanente sur ce dernier durant toute la durée de son règne. C’est elle qui sera l’instigatrice de l’assassinat du chef des protestant, Gaspard de Coligny, et du massacre de la Saint-Barthélémy qui suivit. 

 Mais - et le "mais" se fait de plus en plus audible aujourd’hui - elle n’aurait pas ménagé ses efforts pour tenter de sauver la paix en soutenant tantôt un bord tantôt l’autre, à savoir le clan catholique et le clan protestant. A son actif : En 1560, elle arrange le mariage de sa fille Elisabeth de Valois avec le roi catholique d’Espagne, Philippe II. Mais en 1572, elle marie son autre fille, marguerite de Valois (future reine Margot) au jeune prince protestant Henri de Navarre, qui deviendra Henri IV. Soucieuse de maintenir un certain équilibre entre les factions en présence pour éviter la guerre religieuse, elle commence à s’inquiéter de l’emprise des huguenots sur son fils Charles. Par raison d’Etat en quelque sorte, elle fomente l’assassinat de Coligny et le massacre de la Saint-Barthélémy. Et la voici cataloguée dans l’Histoire avec les sinistres figures de Louis XI, de Richelieu, de Talleyrand. Entre autres.
 
Pour l’historien Jean-François Solon, c’est à tort que l’on prêta à Catherine de Médicis l’empoisonnement du fils aîné de François Ier même si ce décès opportun ouvrit la voie à son époux Henri d’Orléans - le futur Henri II - et que ce fut un comte italien de son entourage qui tendit la coup au dauphin. L’historien s’efforce de redorer le blason de cette reine en rappelant que le roi lui imposa de faire ménage à trois avec Diane de Poitiers, la favorite. Il souligne les traits humains du personnage qui aimait faire bonne chère et goûtait la plaisanterie graveleuse. 
 
Mais le débat est-il clos ? D’autant plus que le Nouvel Obs n’est pas toujours sans parti pris. Ainsi, l’hebdomadaire publia-t-il un numéro spécial grandes dames de France où il oublia Anne de Bretagne qui fut pourtant aussi reine de France à deux reprises alors que la revue consacra un bon chapitre à ...Carla Bruni ! (lire mon article "Le Nouvel Obs ne connaît pas Anne de Bretagne")


Bibliographie :
 
JeanFrançois Solon : "Catherine de Médicis" ’(édition Perrin - 2006)
 

 


9 réactions


  • Fergus Fergus 11 janvier 2010 11:54

    Bonjour, Voris.

    Intéressant article sur une reine de France au fort caractère et dont le rôle fut sans doute beaucoup plus nuancé que la caricature qui en faite. De là à lui attribuer un « Nobel de la Paix » posthume, il y a une sacrée marge car plusieurs de ses initiatives ont contribué à l’émergence des guerres de religion, même si elles n’en ont pas été les seuls déclencheurs.

    Autre chose : accoler le mot « sinistre » à des personnages comme Louis XI, Richelieu et Talleyrand me semble un tantinet excessif et ne rend pas justice à des personnages qui, par leur action, ont rendu de réels et grands services à la nation française, même si certains aspects de leur personnalité peuvent sembler discutables. Laval a été un sinistre personnage, ces trois-là certainement pas, du moins au sens que je donne à ce mot.
     
    Bonne journée.


    • Voris 11 janvier 2010 11:58

      Oui, pardon : « les humanistes et joyeux drilles épicuriens Louis XI, Richelieu et Talleyrand » .

      Voilà, c’est rectifié. smiley


    • Fergus Fergus 11 janvier 2010 13:09

      Je crois que les mots « controversé » ou « ambigü » suffiraient.


    • Patisab 11 janvier 2010 19:20

      Bonsoir,

      Je suis assez d’accord avec Fergus. Porter un jugement sur des individus et/ou des évènements vieux de plusieurs décennies voire plusieurs siècles est un non sens. Vous ne tenez pas compte du contexte de l’époque (socio-économique, politique, psychologique, etc...).

      En fait, vous ne faites que l’étalage de quelques valeurs actuelles qui n’avaient pas cours à ce moment-là. Ne perdez pas de vue que, peut-être, dans 2 ou 3 siècles nos valeurs morales provoqueront l’hilarité générale.

      Alors, tout bien pesé, les Louis XI, Mazarin, César Borgia et autres n’étaient pas plus « sinistres », « odieux » ou « pourris » que les hommes de pouvoir actuels. Ils défendaient d’autres valeurs, au même titre que leurs concurrents. Ils ont un peu mieux réussis, c’est tout.

      Tirons-en les leçons : les méthodes n’ont pas forcément changées. Les valeurs, oui.

      Cordialement.


    • Yohan Yohan 12 janvier 2010 00:02

      En matière d’étalage, il étale sa crasse et son arrogance....surtout


  • Voris 11 janvier 2010 13:45

    « Chanson du dimanche » de Voris :

    Cela n’a rien à voir avec l’article mais c’est pour moins polluer les forums voisins :

    « Jamais la faute à Nicolas »

    Attention ! Après deux écoutes successives, ça reste dans la tête...


    • Arcane 11 janvier 2010 16:22


      Encore faut-il être capable de vous écouter deux fois de suite.

      C’est pas donné à tout le monde ...


  • ASINUS 11 janvier 2010 16:48

    sinistres figures louis XI Richelieu et Talleyrand , ces trois s ils noublierent jamais de faire leurs affaires firent surtout celle de la France.


  • eric 11 janvier 2010 19:31

    Tout a fait d’accord avec cet article Catherine est un exemple. Elle a essayé de calmer le bas clergé des deux factions avide de se monter du col sous des prétextes religieux on dirait aujourd’hui idéologiques. A mettre en parallèle avec le livre de Ropper

    Dans « de la réforme aux lumière » H.R. Trevor Ropper ; montre que les dirigeants suivent toujours les aspirations populaires, parfois à contre cœur. et sont ensuite considérés comme responsables par le même peuple revenu à la raison. Les revendications sociales du peuple espagnol contraignent rois et seigneurs à persécuter les juifs et les maures sans enthousiasme et même avec une certaine mauvaise volonté (les seigneurs chrétiens étaient satisfait de leur main d’œuvre morisque et prenait leur défense).  Les Français applaudissent et amplifient le simple règlement de compte politique de la Saint Barthélemy Mais c‘est le Roi et Guise qui sont coupables, les Allemands donnent à Hitler les moyens de détruire les juifs.

    « Les grands massacres sont ordonnés par les tyrans mais ils sont imposés par le peuple. Sans le soutien de la société, les dispositifs de ségrégation et d’expulsion ne sauraient être mis en œuvre.

    « Sans les tribuns populaires, la persécution ne saurait être organisée. Sans le peuple elle ne saurait être imaginée. »

    Dans la période étudiée par Ropper,  les tribuns sont des plus ou moins lettrés, au contact avec le populations, chargée de gérer la parole publique, les ordres réguliers., frères précheurs etc... Ils vivent des prélèvement sociaux que constitue la dime, réputée financer le modèle social en en temps ou les finances de l’état et de l’église ne sont pas très distinctes.

    Dans le cas des protestant, leur principale argument est que l’on va toucher aux« avantages acquis ». Les protestants, ultralibéraux, ne respectent pas les saints, donc on va supprimer les jours fériés qui étaient l’équivalent de plus de 5 semaines.....Chauffée à blanc la population se livre à un massacre....


    Il y a d’ailleurs de nombreux points commun avec notre actuel président. Comme lui, elle essaye d’organiser des débats pour oraliser les problèmes et les réduire,s comme lui elle est d’origine étrangère et à du mal à adhérer aux coteries gauloise. comme lui elle essaye de prendre du personnel dans les deux camps pour calmer les esprits. Comme elle, il a affaire à des bandes d’excités de la moyenne intelligentsia, intermittents du spectacle sous payés et désoeuvrés, facteurs à mi temps, et autres alter émargeant, mal, aux fonds publics,qui hurlent à la mort au fachisme, à la fin des temps, à la mort du modèle social et à la destruction du pays et appellent à une lutte des classes renouvelée contre les ennemis du peuple. Symboliquement, comme elle donne sa fille à un protestant, il épouse une femme de gauche.

    Souhaitons qu’il ait plus de succès qu’elle.... !



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