mercredi 30 octobre 2013 - par Sergueï Dabur

Prospective et Gouvernance d’Internet

Internet a connu des évolutions pharaoniques depuis sa création. Pourtant, nous n’en sommes encore qu’au balbutiement de ce que sera notre futur : « l’Internet des objets ».

Si ces avancées technologiques nous paraissent merveilleuses, leur gestion l’est nettement moins. Actuellement, un seul organisme gère l’ensemble du réseau mondial, par le biais de l’attribution des noms de domaines, ainsi que de l’émission et le contrôle l’ensemble des adresses IP. Il s’agit de l’ICANN, société de droit californien à but non lucratif, placée sous la tutelle du département américain du commerce, qui possède un droit de veto sur toutes ses décisions.

 Pour faire court, les Etats-Unis décident de qui peut ou non accéder à Internet (exemple des guerres pétrolifères d’Irak et d’Afghanistan). Cela pose un problème majeur de sécurité de l’accès, que ce soit en Europe mais aussi dans les BRICS. Qui plus est, de par l’avènement du web 3.0, cette « mono-gouvernance » pose de graves problèmes de confidentialité. Notamment à l’heure des scandales des écoutes américaines PRISM, où l’on apprend que l’ensemble de nos communications sont surveillées, qu’elles soient de nature informatiques ou vocales. Cela est bien entendu contraire au droit au respect de la vie privée, autant définies dans le droit français que dans le droit européen…

 Avec l’avènement de l’Internet des objets, nous discernons une vision du monde « à la big brother », où les Etats-Unis ne souhaitant partager la gouvernance de l’internet avec personne, règneront sans partage sur l’ensemble du réseau et contrôleront tous nos mouvements, pourront surveiller dans les moindres détails nos activités professionnelles, personnelles…

 

 Les instances créées dans le but d’assurer une certaine transparence (IGF, ISOC, etc), ne sont qu’un rideau de fumée qui ne trompe personne. Qui plus est, leur avis est purement consultatif. Les Etats-Unis décident pour tous dans le monde digital actuel. Et les protestations des membres de la commission européenne n’y change strictement rien.

 Seules « voies d’avenir » : la montée en puissance des BRICS, qui tendent à faire pencher la balance, notamment avec le « monstre chinois », qui a vu son nombre d’utilisateur littéralement exploser de façon exponentielle ces dernières années. D’autre part, la refonte actuelle d’Internet (avec entre autre Louis Pouzin) permet une gestion différente, par l’exemple du Native Language Internet Consortium, qui permet de s’attaquer au monolinguisme d’Internet, et donc de s’attaquer à l’hégémonie américaine. Cette prérogative auparavant exclusivement américaine, leur permettait d’espionner allégrement, en toute tranquillité, le réseau.

 Pourtant, la situation ne s’est toujours améliorée, et le web 3.0 pose de véritables questions. Si les Etats-Unis gardent la main sur cet Internet des Objets, ils auront une longueur d’avance sur tous les services futurs et les enjeux politiques et financiers sont énormes. « L'Object Name System pourra localiser des individus et plus seulement des biens, les enjeux dépasseront de loin les seules questions industrielles. » Il s’agit bien de gouvernance mondiale. Le problème étant que les acteurs de l’Internet feront (ou font déjà) irruption dans les domaines qui relèvent pourtant de la compétence des Etats.

 En définitive, il n’y a pas d’autres alternatives possibles que des instances de contrôle internationales. L’hégémonie américaine doit cesser. Pourtant aucune solution n’apparait, ce qui pose bien évidement la problématique de la gouvernance mondiale car sans gouvernement mondial il n’y aura pas de sécurité mondiale, voire de respect de la vie privée dans le monde. Pourtant, souhaitons-nous un gouvernement mondial ? A l’heure des tensions avec le Moyen-Orient, du traité tans-atlantique, il est temps que l’occident se réveille et que les nations récupèrent leur souveraineté (Cf devoir n°1) pour imposer des normes INTER-nationales.

DEMAIN, LA REVOLTE DES NATIONS OU LA GOUVERNANCE GLOBLALE ET L’HEGEMONIE DE L’EMPIRE ?

http://www.internetsociety.org/

http://www.icann.org/

http://www.intgovforum.org/cms/

http://www.afnic.fr/

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Prospective Internet
Prospective 2030


4 réactions


  • ecolittoral ecolittoral 30 octobre 2013 13:32

    Tout a un début et une fin. Pour prétendre à l’hégémonie, il faut en avoir les moyens économiques, financiers, militaires, politiques etc. Le big brother dont vous parlez me semble bien fragile et de moins en moins crédible.

    Ce n’est pas parce qu’on a des méga serveurs et des oreilles géantes qu’on peut tout maîtriser...et que les autres se laissent faire. Sans compter que le brouillage, la saturation, la désinformation existent aussi.

    Pour les serveurs nationaux ou BRICs, il s’agira simplement de multiplier le nombre de bigs brothers. Ceci dit, une large part de nos vies se fait sans « télé informatique ».

    Ce n’est peut être pas le cas des shootés du clavier ou du téléphone portable, privés et professionnels. Tant pis pour eux !

    Le jour ou ça ne fonctionnera plus....


  • Sergueï Dabur Sergueï Dabur 30 octobre 2013 14:27

    Je partage votre raisonnement, néanmoins, quand vous dîtes « Ceci dit, une large part de nos vies se fait sans « télé informatique ». » vous ommetez l’avènement de « l’Internet des objets » qui se prépare. A savoir, des puces avec numéros IP sur tous les produits de notre quotidien : pantalons, clef de voiture, tournevis, et même denrées alimentaires... Cela va donc concerner l’ensemble de nos activités au quotidien. Et ni l’UE, ni l’Etat Français ne paraissent mesurer l’étendue du pouvoir US et les incidences sur notre vie privée (ou tout du moins cela ne les dérange pas). 


  • vesjem vesjem 30 octobre 2013 21:35

    galileo , l’équivalent européen du gps va bientôt entrer en service ( vers 2015 ?... ) ;
    apparemment , la volonté politique européenne pour l’avènement de ce nouveau système n’est pas très dynamique ; comprenne qui pourra ;
     


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