jeudi 12 juillet 2012 - par Henry Moreigne

PS : grandes manœuvres et cadenassage

Jaurès réveille toi ils sont devenus fous. Quelle mouche a donc piqué Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry pour vouloir aux forceps mettre le PS en coupe réglée ? Les deux responsables socialistes sont réputés par leur main de fer mais, en tentant d'étouffer tout débat pour le congrès de l'automne, ils confondent autorité et autoritarisme. Ils oublient surtout la maxime de Jaurès encensée par des générations de socialistes : "du débat jaillit la lumière".

Le sentiment de caporalisation évoqué dans la presse n'est pas une invention de journaliste. Le trouble s'est répandu dans les troupes socialistes à la suite du communiqué publié mardi par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault. L'unité oui, mais à quel prix ? Pas celui du silence et de la soumission estiment de nombreux militants qui mettent en avant la culture interne du débat et pointent la brutalité de la méthode.

Le congrès passe par deux temps forts. Le dépôt de contributions, générales ou thématiques dans lesquelles les sensibilités s'expriment puis, le dépôt de motions, souvent issues de la fusion de plusieurs contributions, qui sont soumises au vote des militants au Congrès.

Or en l'espèce Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry proposent de passer directement à la deuxième phase avec une seule et unique motion, en suggérant très fortement aux membres du gouvernement de respecter ce schéma. La situation est quelque peu cocasse. "Maintenant qu'on est au pouvoir, on ne peut pas dire aux gens qu'on veut être dans le dialogue social, et refuser au sein du parti le dialogue politique. Le congrès mérite que tous les points de vue s'expriment, et à la fin l'unité sera au rendez-vous", relève Pouria Amirshahi, député des français de l'étranger.

Ce cadenassage est d'autant plus incompréhensible que l'état des forces est connu et que l'attelage, improbable au départ, Ayrault-Aubry est ultra-dominant. Mais ce mariage est fragile car les antagonismes entre Aubrystes et Hollandais est réel. Laisser le parti aux amis de la maire de Lille est incompréhensible pour les fidèles de François Hollande qui voient dans ce partage un accord de Munich, dont ils font les frais, générateur de beaucoup de frustrations.

Le risque en outre pour Solferino c'est de s'enfermer dans une logique de parti gestionnaire au détriment d'un laboratoire d'idées en vue de transformer la société. La disparition tragique d'Olivier Ferrand, fondateur et dirigeant de Terra Nova, la fondation progressiste (très) proche du PS, est à cet égard de bien mauvais augure. Cet agitateur d'idées consacré par le suffrage universel était très attendu sur la scène parlementaire pour justement bousculer la galaxie socialiste de sa torpeur idéologique.

Les députés socialistes pourront dormir tranquilles, le think tank d'Olivier Ferrand est aujourd'hui menacé du sort de son fondateur, n'être qu'une étoile filante, s'il ne retrouve très vite à sa tête une personnalité d'envergure. Fort d'à peine 130 000 adhérents, le PS est aujourd'hui une formation politique à la traîne, coupée de la société civile. Son succès électoral des législatives est incontestable au plan institutionnel mais son plus grand défi est de retrouver une base populaire à une période ou, en situation de responsabilité il sera amené à prendre des décisions souvent … impopulaires.

Efficace sur le plan parlementaire, la caporalisation porte en elle le risque de transformer un peu plus le PS en un club d'élus, de salariés ou d'obligés d'élus, simples vassaux du pouvoir exécutif. Une gestion efficace à court terme certes mais désastreuse à moyenne échéance.

Reste le cas de la patronne actuelle de Solférino. Si on connaît le nombre de divisions sur lesquelles elle peut s'appuyer, sa stratégie reste un mystère.

Depuis plusieurs mois elle cultive le doute sur ses intentions de se représenter ou pas. Martine Aubry a ainsi déclaré qu'elle sera la première signataire de la motion commune avec Jean-Marc Ayrault. Or ce positionnement la place de facto en situation pour se succéder à elle même à la tête du PS, en totale contradiction avec ses affirmations de passer la main.

On a retenu des primaires le conseil de la grand-mère de Martine Aubry : "quand c'est flou, il y a un loup". Celui-ci pourrait s'appeler Eric Darques et expliquer les hésitations de la maire de Lille. Ce cofondateur d’Anticor, une association anti-corruption, avait déposé deux recours dans le dossier de l'attribution des marchés du grand stade de Lille. Après avoir vu ceux-ci rejetés par le juge administratif en 2010 et 2011, l'élu nordiste persiste à voir se dissiper les zones d'ombre sur le choix d'un prestataire qui n'était pas le moins disant... En mai dernier, il déposait plainte, avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction de Lille. Affaire à suivre donc.



12 réactions


  • Scual 12 juillet 2012 17:03

    De toute façon le PS n’est plus qu’une vaste supercherie : quoi qu’ils disent au final ils font comme l’UMP sauf pour de petits détails sans importance sur lesquels ils communiquent à mort afin de maintenir l’illusion.

    Donner la parole au militants ? Non mais vous plaisantez. Avant ils trichaient aux élections internes, ensuite après s’être fait attraper, ils ont décidé de laisser y voter les électeurs de droite en faisant des primaires... ils ne se sont pas donné tout ce mal pour laisser la parole à la bande de gauchos, vrais gogos, qui font la masse du Parti !

    Ceux qui en ont marre de se faire enfler n’ont qu’à faire comme tout les autres, rejoindre le PG ou une autre composante du FdG qui leur correspondrait mieux.

    J’arrive pas à croire qu’il y ait encore des surpris.


    • Martha 15 juillet 2012 08:02

       Ce que vous dites est très vrai. Malheureusement les jeux sont faits pour cinq ans, Vème nouvelle formule oblige. Comment « rejoindre » le PG, les élections passées ?
       Il faut donc revenir sur ce fichu « vote utile ». Celui-ci s’est imposé pour virer NS et sa clique. comment faire autrement ? F.H. même s’il demeure silencieux sur ce point là, en a pleinement conscience. C’est ce qui explique les manoeuvres « de rassemblement », décrites dans cet article : il fait la même erreur que NS : déconnecter le pouvoir de son peuple. Justement tout l’inverse de ce que les français veulent actuellement et qu’ils ont affirmé par leur vote massif à gauche.
       Si les français ont voté « pour le changement » ce n’est pas pour retomber dans la même dictature d’un parti mené par un Président sous influence.
       1° Notre Président doit affirmer son indépendance et sa liberté de choix.
       2° Le chambre des députés doit jouer son rôle de représentant du peuple. Dans sa diversité et sa complexité : On ne veut plus d’une chambre aux ordres des collabos et d’une dictature aussi invivable que celle dans laquelle nous avons vécu depuis 2007.

       * Cet article souligne très bien l’allure inquiétante que prend notre « démocratie »
       * Le discours de F.Hollande à propos de la politique française vis à vis de la Syrie est tragique : il se met dans la position gravement belliqueuse, très dangereuse, « Atlantiste ». Lire ce discours sur voltairenet. Peu de nos médias nous l’ont transmis, évidemment, il est parfaitement inacceptable pour ceux qui suivent de près cette affaire.
       j’insiste sur ce point car il est en train de prendre une place centrale et risque bien de nous engager dans un conflit qui nous dépasse totalement, une nouvelle guerre mondiale aux résultats désastreux et imprévisibles. Le mois d’août approche... Soit Mr Hollande croit ce que nos médias-menteurs lui racontent, soit c’est un benêt qui suit le sens du courant soit, et c’est cela qui apparaît le plus évident il est « Sioniste » et cela il s’est bien gardé de nous le dire avant les élections.
       Il y a donc eu une tromperie.
       Attention : Les français ont viré NS à cause de cette politique inacceptable. Il ferait bien d’y réfléchir. Serait-il lui aussi un collabo ?
       * Le premier signe tangible de l’affirmation de l’indépendance et de recherche de liberté d’action de la part de notre Président doit être un changement profond de nos médias, devenus menteurs en permanence. Le fait que rien ne soit changé de ce côté là, confirme le malaise qui est décrit dans cet article.


  • Roubachoff 12 juillet 2012 18:50

    Au-delà des réactions épidermiques, si légitimes soient-elles, une analyse politique s’impose : le PS est dépassé par la situation. En temps de paix, la social-démocratie mitonnée par Hollande et son gouvernement, gentillette, certes, mais quand même préférable au Sarkozysme, serait du pain béni. En temps de guerre - contre le monde de la finance, d’autant plus dangereux qu’il devient fou et contre les entreprises, dont les intérêts divergent radicalement du bien commun - c’est un poison mortel. C’est pour ça qu’on peut, plus que jamais, parler d’esprit de Munich. Chamberlain et Daladier étaient pétris de bonnes intentions, et ils ont précipité le monde dans le mur. Aujourd’hui, le sympathique M. Hollande est tout aussi bienveillant, mais il passe à côté de l’essentiel, car la question n’est plus de savoir si le monde doit changer, mais comment il va changer. Avec le moins de dégâts possible, ou au prix d’un cataclysme ? Tout l’enjeu est là, et j’ai bien peur que les carottes mijotées par l’Allemagne de Merkel soient déjà cuites.


  • Frédéric BOYER Frédéric BOYER 12 juillet 2012 20:46

    On s’en fout.


    Le PS est un parti néo-libéral et atlantiste.

    Point.

  • bernard29 bernard29 13 juillet 2012 10:51

    A’heure des primaires et en dehors de cette période de choix décisif, pourquoi avoir des motions qui ne servent qu’à donner des postes aux premiers signataires. Les chefs se départageront le moment venu. En attendant, ils n’ont qu’à faire des ateliers et mettre leurs réflexions en commun sur des sujets précis .

    ah oui c’est vrai !! « Il ne faut pas donner l’impression d’un congrès ficelé avant l’heure… »

    Bon je propose un atelier sur « le non cumul des mandats » .

    Pour qui ? Quand ? comment ?

    ma contribution est celle-ci .

    Un référendum à options pour le non cumul des mandats à la fin 2012. voir ; http://bellaciao.org/fr/spip.php?articl... , ou le blog Changer la République.



  • ALasverne ALasverne 13 juillet 2012 12:20

    Peu de chose dans cet article.
    Manque le pourquoi, que la perspective du Congrès ne résume pas. Il faut plutôt se pencher sur la volonté qu’aurait Hollande de faire adopter « la règle d’or » par loi organique.
    Soit exactement ce que voulait faire adopter Sarkozy, à la différence que ce dernier souhaitait une révision constitutionnelle. Moins gourmande en énergie démocratique, la loi organique nécessite cependant une majorité absolue...


  • non667 13 juillet 2012 13:00

    les français on voté front ripoublicain à 80% !

    y a plus qu’ a faire provision de vaseline  !

    comptez sur méchanlon pour initier un printemps arabe grec espagnol  ????????????????


  • les cafards les cafards 13 juillet 2012 13:20

    un cadenas ça saute toujours avec un peu de courage et de bonne volonté !


  • gloupitch 13 juillet 2012 14:08

    Désolé pour la mort de cet homme mais si TERRA NOVA disparait : BON DEBARRAS ! Ce centre de modernisation de la pensée soi disant « de gauche »...en fait un labo d’idées néolibéral pur t dur ! 

    Vous me faites marrer à vous émouvoir de ça. Cela démontre que vous n’avez rien compris à ce qui se joue actuellement, comme tous les ps qui pensent encore que l’on peut « changer le PS » de l’intérieur et que celui-ci demeure « de gauche ».
    Quel manque de lucidité. Ouvrez les yeux !

  • mortelune mortelune 15 juillet 2012 09:49

    Le PS est devenu Peu Sympathique, le FN Franchement Nul et l’UMP Unanimement Mal au Point. Les français ont boycotté le FDG, ils en paieront les conséquences au prix fort. Passez de bonnes vacances et profitez en bien, l’an prochain vous n’en aurez sans doute pas. 



  • maosaittout la plume de maosaittout 16 juillet 2012 03:18

    Ah ! Jaurès... Jaurès, quand tu nous tiens.

    Des ébats, jouit la fermière ! (Maxime de Mon Voisin) encensée par des générations de buralistes.

    Les partis politiques n’ont d’intérêt, que tant qu’on en fait pas partie.

    Quand au tandem Ayrault-Aubry, il faut dire, à sa décharge, que l’Élysée c’est quand même plus chic et plus attrayant que la rue de Solférino, même si on est socialiste. De la gaieté, mais du bon ton que diable ! Ce tandem, représente à eux deux, l’archétype du culte de la personnalité et la ligne dure d’un autoritarisme social, qui va , dans ces applications futures, surprendre plus d’un socialiste et plus d’un républicain. Seuls, des intérêts immédiats rattachés à leur personne et à leur carriérisme, pourront moduler, éventuellement, leur ego disproportionné.
    Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, sont des enfants de chœur à côté de ce tandem, même la diva de la tragédie politique, Ségolène Royal, dans la pièce « Il n’y a que moi pour vous sauver ! » N’a pas pu tenir la distance.
    François Hollande, notre bon Président, va-t-il devenir le père de la fraction ? Près de 130.000 adhérents, attendent ! Comment retrouver une base populaire, sans charisme et idéologie forte au sommet ?
    Il faut être porteur de quelque chose de très fort, pour enthousiasmer et entraîner les populations et franchement, de toute la force de mon envie de croire, je ne vois pas grand chose dans le comportement de notre Président, ni dans les soit-disant premières mesures de ce gouvernement, qui me fasse présager d’un avenir juste et joyeux.
    Seuls, ceux qui vont s’attendre à rien ou à pire, ne seront pas déçus. Mais, peut-être que je suis pessimiste ? Au fond, je suis comme tous les humains, je ne crois que ce que je vois.

    maosaittout


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