lundi 10 décembre 2018 - par Fergus

Quand les Gilets jaunes volent au secours de LREM

Comme l’on pouvait le pressentir, en cas de présence d'une liste Gilets jaunes aux prochaines Élections européennes, celle-ci viendrait au secours de La République en Marche ! Et viendrait servir du même coup les intérêts de Macron...

JPEG - 232.1 ko
Gilets jaunes à Fougères (photo Ouest-France)

Si l’on en croît les conclusions de l’enquête conduite les 5 et 6 décembre par l’Institut Ipsos pour le Journal du dimanche (JDD), une éventuelle liste Gilets jaunes lors du scrutin européen du 26 mai 2019 donnerait 12 % de voix à ce mouvement. Un résultat spectaculaire qui mettrait les Gilets jaunes en concurrence directe avec les partis traditionnels, loin derrière la liste LREM-Modem qui – ce n’est pas le moindre paradoxe dans le climat semi-insurrectionnel actuel – maintiendrait grosso modo ses positions des dernières semaines en totalisant 21 % de suffrages.

Grandes victimes de cette candidature : le Rassemblement National (RN) et la France Insoumise (FI) dont une importante part des électeurs se détournerait pour soutenir les Gilets jaunes. Avec respectivement 14 % (en 2e position) et 9 % (en 5e position), ces deux partis populaires feraient les frais de l’émergence des Gilets jaunes dans le paysage politique français. Avec à la clé un message négatif venu des électeurs des classes populaires maltraités par le pouvoir néolibéral : « À nos yeux, vous n’êtes pas suffisamment porteurs de nos revendications pour la justice fiscale et l’émergence d’une société moins inégalitaire ».

Les autres données de cette enquête sont : D’une part, la stagnation du parti Les Républicains (LR) qui, avec 11 % (en 4e position du sondage), ne tire pas le moindre bénéfice, au détriment de la majorité présidentielle, de la séquence agitée que nous vivons en ce mois de décembre. D’autre part, l’excellent score d’Europe Écologie-Les Vert (EELV) dont les 13 % (en 3e position) confirment, dans un scrutin qui, il est vrai, leur est traditionnellement favorable, que les préoccupations environnementales en général, et la transition énergétique en particulier, occupent une place relativement importante dans l’opinion.

Il ressort de cette enquête que la parole des caciques de l’opposition populaire principalement représentée par le RN et la FI n’est, on l’a vu plus haut, pas considérée comme suffisamment forte et crédible aux yeux de nombreux électeurs. Malgré l’hétérogénéité des Gilets jaunes et la disparité de leurs revendications, ces électeurs-là préfèrent, si l’on se réfère à ce sondage, se ranger derrière l’improbable bannière de ces Gilets jaunes. Au risque d’affaiblir les partis traditionnels concernés, non seulement dans leurs ambitions de représentation au parlement de Strasbourg, mais également dans la préparation des futurs rendez-vous électoraux. Au risque également de contribuer à la balkanisation de l’opposition et de favoriser de facto l’exécutif en place.

Il y a là un réel et épineux problème qui, en cas d’émergence d’une liste Gilets jaunes dans le panorama politique français en vue des Européennes, ne manquerait pas de poser des questions cruciales. D’une part, à tous ceux qui ont soutenu le mouvement et contribueraient ainsi à l’affaiblissement des oppositions populaires. D’autre part, aux responsables du RN et de la FI dont la stratégie et la communication, voire le leadership, devraient sans nul doute être remis en cause. Ne rien faire pour ces partis serait en effet courir un double risque : 1) Voir durablement s’installer les Gilets jaunes dans la vie politique à leurs dépens. 2) Voir tout aussi durablement LREM et le Modem tirer les marrons du feu d’un jeu politique qui, dès lors, prendrait les allures d’une farce au goût amer !




Réagir