vendredi 17 mai 2013 - par Robert GIL

Reculade organisée sur le code du travail et la protection des salariés

Non, ça ne colle vraiment pas. Discuter cinq mois du mariage pour tous, peut-être. Mais passer en trois semaines, avec procédure d’urgence et vote bloqué, une loi essentielle très contestée sur le droit du travail, ça ne se justifie pas. Même pour ceux qui la défendent, ce n’est pas glorieux : silence médiatique généralisé sans aucun débat contradictoire, une obscurité organisée sur les 27 articles disparates de l’ANI péniblement transformés en loi, votes forcés, expéditifs, et à reculons, sous pression, des députés.

On en arrive à une des lois les plus mal votées de l’histoire de la Ve République. Elle ne créera aucun emploi, ne supprimera aucun précaire. Pourtant le Code du travail est le droit le plus intime, le plus décisif pour 18 millions de salariés du privé. Même pour ceux qui ne le connaissent pas, leur vie en dépend. Un bon Code du travail, ça produit de bons salaires. Un bon Code du travail, ça protège l’emploi. Un bon Code du travail, c’est la civilisation. Un mauvais Code du travail, c’est la précarité, la flexibilité, le mal contre ceux qui bossent.

Le droit du travail est fait de sueur et de sang, de luttes et de larmes. Il a fallu 170 ans pour le bâtir. Il a fallu 80 ans pour passer de la journée de 17 heures à celle de 10 heures. Et encore 70 ans pour passer de la semaine de 40 heures à celle de 35 heures. Le Code du travail c’est l’histoire du progrès, du respect, de l’humanité. C’est le droit le moins enseigné, le plus dénigré, le plus fraudé. C’est le droit qui établit, ou non, la dignité des salariés. Sans État de droit dans l’entreprise, la subordination liée au contrat de travail devient une soumission sans contrepartie.

La gauche a toujours fait progresser le droit du travail dans l’unité. Il y a eu des « ANI » célèbres, en juin 1936 à Matignon (40 heures et congés payés). Autre ANI célèbre en juin 1968 à Grenelle où le SMIG a augmenté de 33 % et le SMAG de 55 % pour constituer le SMIC ! Jospin avait eu le courage de convoquer un « sommet social » le 10 octobre 1997 pour imposer les 35 heures. La droite a passé à l’acide le Code du travail pendant dix ans. Elle a « recodifié » dans un silence général entre 2004 et 2008. On s’attendait à ce que la gauche reconstruise. C’était dans le programme de Hollande. Si c’était la droite qui avait fait ce forcing ANI-MEDEF on aurait tous été dans la rue, le 5 mars, le 9 avril et le 1er mai.

C’est la première fois dans l’histoire que la gauche décide de faire reculer, gravement, le Code du travail pour tenter d’amadouer le MEDEF, rassurer les marchés et leurs agences de notation. Michel Sapin a même évoqué « les lois Hartz 1, 2, 3 et 4 » votées de 2002 à 2004 par le SPD et la CDU, Schröder et Merkel. Le paradoxe, c’est que le SPD aujourd’hui s’en mord les doigts et les remet en cause pour affronter Merkel aux élections de 2013 (et Hartz, comme Cahuzac, a été inculpé et condamné pour corruption). Ainsi, au moment où ces lois Hartz qui ont fait tant de mal aux salariés allemands sont enfin dénoncées par les socialistes à Berlin, de façon incroyable, à contretemps, ce sont les socialistes français qui les font passer à Paris.

D'aprés un article de Gérard FILOCHE

http://2ccr.unblog.fr/2013/05/10/reculade-organisee/

Voir déja en 1907 : COMMENT ON VOLAIT LES MINEURS



13 réactions


  • Scual 17 mai 2013 08:08

    Il est temps de se débarrasser de la droite neo-libérale au pouvoir.


  • eric 17 mai 2013 08:20

    Vous devriez faire le raisonnement inverse. On a un gouvernement de gauche, tres sensible a ces questions, très lie aux syndicats, très fonctionnarise (70% au moins des ministres de plein exercice), très enclin a penser face a n’importe quelle question économique qu’il existe une solution simple élégante et sans douleur qui consiste a faire payer les riches. Sur ce dernier aspect, il a montre sa détermination pratique et ce n’est pas finit (baisse des allocs, remboursements lies au revenus etc...).
    Chaque fois qu’il peut éviter un vrai effort, le cas échéant en trichant un peu, il le fait. Ainsi, avec les emplois avenir, jusqu’à hier réservés a la dépense publique, il embauchait en masse des petites mains corvéables a merci pour le service public sans que cela se voit de l’extérieur.

    Si il prend les mesures dont vous parlez, c’est a l’évidence qu’il n’a pas le choix du tout. Il doit mettre en œuvre un effort de rétablissement de l’économie.
    En revanche et cela n’a pas l’air de vous frapper du tout, cet effort concerne exclusivement les travailleurs du secteur prive. En apparence.
    En pratique, les précaires de la dépense publique sont eux aussi mis a contribution ( salaries associatifs, para public, précaire du public, 17% de l’emploi quand même dans un secteur qui donne souvent des leçons au prive qui lui n’en est qu’a 11%).

    La seule vraie question que posent ces textes, qui traduisent un effort collectif inévitable, c’est celui de l’absence de solidarité totale de la fonction publique titulaire.

    Il y a 7 millions d’emplois finances par la dépense publique, dont a peu prêt 5 parfaitement a l’abri de tous efforts. La vraie bonne question, c’est que si il faisaient preuve d’un minimum de solidarité, l’effort des autres pourrait être diminue de 25% et ce n’est pas rien. Comme a travail égal ils sont payes 17% de plus que dans le prive, sans parler de avantages sociaux, des retraites, de la productivité etc... il serait grand temps que la gauche socialiste fonctionnarisée mette en pratique ses appels répétés a plus de solidarité que pour le moment, elle ne fait qu’imposer aux autres.


    • Robert GIL ROBERT GIL 17 mai 2013 08:35

      pour allez au dela des clichés classiques de droite populiste et d’extreme droite fasciste...

      voir : OU SONT LES IMPRODUCTIFS ?

      Si le probleme a nos difficulté actuelles etaient les fonctionnaires , la vie serait belle ! Mais plutot que faire je jeu de ceux qui sont la cause de notre situation, prenons conscience des realités, et reconnaitre nos adversaires...

      voir : LES DETROUSSEURS DES PEUPLES


  • LE CHAT LE CHAT 17 mai 2013 08:46

    Vous avez appelé à voter pour un socialiste néolibéral qui maintenant prend ses ordres directement auprès de la Troïka , ne vous étonnez pas !!!!!!


  • subliminette subliminette 17 mai 2013 09:32

    Ca s’appelle la gauche décomplexée. Ils ne font même plus semblant.

    Ils obéissent ouvertement à la Finance, aux banques, à l’Europe, aux lobbies.
    Ils obéissent à tout ce qui a pour but de nous transformer en esclaves décervelés, mondalisés, interchangeables.

    « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ». Le cochon a remplacé le fermier.

    Voilà tout, vraiment tout.


  • jaja jaja 17 mai 2013 11:35

    « Si c’était la droite qui avait fait ce forcing ANI-MEDEF on aurait tous été dans la rue, le 5 mars, le 9 avril et le 1er mai »

    D’où la nécessité de construire une opposition de gauche à ce gouvernement capable de mobiliser contre les mauvais coups à venir.

    Il est de plus en plus évident qu’on ne peut plus se réclamer de la « vraie gauche » et continuer à constituer des majorités de gestion avec le PS que ce soit dans les Conseils régionaux ou dans les municipalités.
    Ceux qui le font doivent régulièrement manger leur chapeau en votant des subventions aux capitalistes ou aux écoles privées.

    Pire des accords électoraux de premier tour sont déja annoncés dans certaines villes entre PCF et PS....


  • Akerios Akerios 17 mai 2013 13:40

     Oui Par jaja  !
    C’est un gouvernement qui se dit socialiste qui détruit le code du travail au profit du

    MEDEF  !

    Le Président de la République François Hollande à fait voter en force , sans débat ces lois que Nicolas Sarcozy n’a pas osé faire passer !

    Ou bien c’est de la trahison et elle doit être sanctionnée en tant que telle. Ou bien c’est la preuve que le parti socialiste n’est pas politiquement capable de répondre aux attentes des électeurs de gauche !

    Le parlement européen libéral au service de la finance à remplacé en europe l’inflation par la dette.
    Les états empruntent aux banques en accroissant la dette au lieu de faire fonctionner la planche à billet. . 

    La dette des pays européens est contractée envers qui ?
    La dette est contractée  :

    Auprès de la centaine de paradis fiscaux qui regorgent de l’argent sale de la drogues, des pots de vins , des escrocs , des voleurs , nos politiciens , des gangsters , des dictateurs......... ........

    Rien que autour de la France  : la Suisse, Le Luxembourg , Le Liechtenstein, Monaco, Gibraltar , Andorre , Saint Main , Guernesey , Malte , Gersey , Ile de Man , Belgique , Autriche.

    Un très grand nombre de nos politiciens sont concernés et redoutent leur disparition !
    La dettes de la France aujourd’hui n’est plus remboursables et nous somment tous endettés à vie ainsi que nos enfants.

    Ce n’est plus François Hollande et le PS qui sont une alternative : ils collaborent avec le patronat et la finance , avec Parisot !

    Que faire ? Supprimer les paradis fiscaux ! Contrôler la finance !
    Avec la récupération des fonds il y a de quoi rembourser la dette de chaque pays !

    Il n’y a pas de dettes ! Cet argent à été volé aux peuples et se trouve chez ces recéleurs qui sont les paradis fiscaux.

    Les voleurs sont la grande finance et les dictateurs ! leurs complices sont aujourd’hui nos politiciens dont nous trouvons les noms dans la presse !


  • juluch juluch 17 mai 2013 13:59

    Oui en effet, ce gouvernement a mit toute ses forces sur le mariage pour tous dont personnes ne veut, mais passe pratiquement en catimini une loi (pas encore appliquée) qui risque de mettre en périls pas mal de salariés.


    La lois des homos (pour raccourcir) fut l’arbre qui cache la foret....

    Le projet pour le Code du Travail a été commencé par l’UMP et il sera surement appliqué par FH......et plus rapidement que le fameux mariage.

    Bonnet blanc, blanc bonnet.

  • colza 17 mai 2013 14:12

    Bonjour,

    « Mais passer en trois semaines, avec procédure d’urgence et vote bloqué, une loi essentielle très contestée sur le droit du travail, ça ne se justifie pas. »
    A quoi bon toutes ces parlotes, tout le monde est d’accord (ou presque) pour flinguer le droit du travail... je parle de presque tous les responsables politiques, car pour les intéressés, qui contestent, ils ne sont pas conviés.


  • Akerios Akerios 17 mai 2013 14:48

    Le comportement du gouvernement est significatif !
    Maintenant ce gouvernement est il représentatif des idéaux des membres du PS  ? Est il accepté par ses membres ?


  • hunter hunter 17 mai 2013 19:13

    Salut à tous,

    Robert vous avez raison, mais bon, c’est pour la COM-PE-TI-TI-VI-TE !!!!

    le nouveau crédo de Pépère l’offensif !!!

     smiley

    H /


  • TSS 17 mai 2013 20:00

    « Il faut contrôler les budgets publics,baisser le niveau des taxes,reformer le système de

     protection sociale,demanteler les rigidités sur le marché du travail(flexibilité)de sorte

     qu’une nouvelle phase de croissance ne sera atteinte que si nous faisons un effort. »

     partie d’un discours fait par mr Hans Tietmeyer, patron de la Bundesbank ,en 1996,cela

    fait 17 ans.

     le« si nous faisons un effort » ne concerne que les salariés.

    Après l’on pourra toujours dire que ce n’est pas l’Allemagne qui a dicté la marche à suivre

    de l’Europe... !!


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