vendredi 15 avril 2011 - par Aimé FAY

Sarkozy : Observatoire des promesses (6/15)

Nous poursuivons l’examen des 15 engagements pris par le candidat Sarkozy lors de sa campagne de 2007. Engagements publiés dans : "Ensemble tout devient possible !".
Quatre ans écoulés, où en sommes-nous ? Il ne reste qu'à peine 10 mois efficaces à Sarkozy pour tenir ses promesses.
 
Elu à 53 % des suffrages exprimés, Sarkozy a été propulsé le 6 mai 2007 "Super manager de l’entreprise France". Il est donc devenu, par la force des choses, le premier collaborateur des contribuables que nous sommes tous à divers degrés.
 
A ce titre, Sarkozy doit être évalué sur ses résultats. Comme tout manager lambda ! Etre jugé sur ses résultats, c'est d'ailleurs ce qu'il veut. Nous ne pouvons que l'en féliciter et ne doutons pas, qu'en homme d'honneur, il accepte notre jugement et en tire les conséquences le jour du bilan venu…
 
Promesses déjà examinées : N°1 : "Mettre fin à l’impuissance publique", note obtenue : 3,75 / 20 (voir ici) ; N°2 : "Une démocratie irréprochable", note obtenue : 3,25 / 20 (voir ici) ; N°3 : "Vaincre le chômage", note obtenue : 6 / 20 (voir ici) ; N°4 : "Réhabiliter le travail", note obtenue : 0 / 20 (voir ici) ; N°5 "Augmenter le pouvoir d'achat", note obtenue : 0 / 20 (voir ici).
 
Aujourd'hui, la promesse N° 6 : "L’Europe doit protéger dans la mondialisation" (p. 9 et 10 de son programme), in extenso :
 
"Je suis un Européen convaincu. Je sais jusque dans ma propre histoire ce qu’il en a coûté à l’Europe d’être divisée. Mais je n’ai pas dit oui à la construction européenne tout au long de ces années pour avoir l’Europe que nous avons aujourd’hui. L’Europe ne doit pas être le cheval de Troie d’une mondialisation réduite à la circulation des capitaux et des marchandises, mais doit au contraire protéger ses peuples dans la mondialisation.
 
L’Europe est d’abord une grande culture. Elle doit agir dans le monde pour que les valeurs de la civilisation ne cèdent pas sous la pression des seuls intérêts commerciaux et financiers. Elle doit défendre les droits de l’homme, la démocratie, la protection des plus faibles, la solidarité, la protection de la nature.
 
L’Europe doit ensuite préserver les intérêts de ses peuples. Je réhabiliterai la préférence communautaire, c’est-à-dire le droit pour l’Europe, lorsque c’est son intérêt, notamment à l’OMC, de préférer et donc de protéger ses produits, ses entreprises, ses marchés.
 
L’Europe ne doit pas se résigner aux délocalisations, mais au contraire tout faire pour que l’activité se localise en Europe. C’est ce que nous ont dit ceux qui ont voté non au référendum sur le projet de Constitution. C’est un fait politique. Je veux leur dire que je les ai entendus.
 
Enfin, l’Europe doit nous permettre de faire à plusieurs ce que seuls nous faisons moins bien : notamment la politique migratoire et le développement, la politique industrielle et la recherche, le développement durable.
 
Je soutiendrai la PAC car elle est la condition de l’indépendance alimentaire de toute l’Europe. Nous avons fait l’Europe pour agir, pas pour subir. Nous avons fait l’Europe pour exprimer une volonté commune, pas pour organiser notre renoncement collectif.
 
Pour toutes ces raisons, je veux que l’Europe ait des frontières et je m’opposerai à l’entrée de la Turquie. J’ai proposé à nos partenaires un traité simplifié, limité aux questions institutionnelles que nul n’a contestées pendant la campagne référendaire, afin que l’Europe se dote rapidement des moyens de fonctionner efficacement à 27 États membres. La question de la réécriture d’un texte plus global, scellant la dimension fondamentalement politique de l’Europe, se posera dans un second temps".
 
Notre jugement  ?
 
Préambule : l'Europe étant aujourd'hui comme hier en 2005, l'objet de nombreux débats, tout comme la mondialisation, nous nous en tiendrons ici à la seule promesse de Sarkozy dans les termes qu'il a lui-même énoncés ci-dessus. De plus, que l'on soit pour ou contre l'Europe ou bien pour ou contre la mondialisation, n'est ici présentement pas le sujet.
 
L'inventaire des réalisations de Sarkozy à propos de cette 6ème promesse. Quels sont ses résultats ?
 
Au-delà des incantations dont le manager national français est coutumier, et dont sa promesse est remplie… limitons-nous aux faits que nous pouvons vérifier, car l'Europe n'attend pas Sarkozy pour évoluer dans un sens comme dans un autre.
 
Deux éléments principaux apparaissent clairement dans cette 6ème promesse :
 
Celui du fameux Traité simplifié dont se vante continuellement Sarkozy ?
 
Ici, le tour de passe-passe atteint son apogée. Le Traité dit simplifié, aujourd'hui nommé dans toute l'Union sous le nom de "Traité sur l'Union européenne (2010/C83/01)" (ici, attendez, c'est peu long !) porte les mêmes idées, les mêmes concepts que ceux du Traité établissant une Constitution pour l'Europe en 2005. Et, quasiment le même nombre de pages quand on les reprend sur un support identique. 191 pages papier pour celui de 2005, 408 pages électroniques pour le nouveau.
 
Ayant lu l'un et l'autre, nous pouvons assurer que les deux traités sont rigoureusement identiques. Seul change l'endroit où sont écrites les idées fondamentales. Exemple, l'idée qui a fait débat lors du vote du 29 mai 2005 : la fameuse concurrence libre et non faussée. Dans le Traité de 2005, elle est proposée Partie I, titre I, article 1-3-2, p. 9 "[...] l'Union offre à ses citoyens [...] un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée". Dans le Traité de 2010 (op. cit.) la même phrase est coupée en deux. Article 119-1, p. 98 "[...], le marché intérieur et sur la définition d'objectifs communs, et conduite conformément au respect du principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre". Et, Protocole N°27, p. 311 : "[...] le marché intérieur tel qu'il est défini à l'article 3 du traité sur l'Union européenne comprend un système garantissant que la concurrence n'est pas faussée". CQFD !
 
Celui sur l'Europe face à l'immigration. Là encore l'inconséquence de Sarkozy apparaît. Il prêche pour une Europe de pays solidaires. C'est bien, mais nous voyons qu'aujourd'hui Sarkozy laisse l'Italie bien seule face à ses problèmes d'immigration à Lampedusa (ici). Et pourtant, Berlusconi est son ami ! Là encore, son intérêt personnel passe avant l'intérêt général. Et surtout, celui d'être réélu en 2012 prime sur toute autre chose…
 
Quid des délocalisations ?
 
L'Etat dont Sarkozy a la charge, est notamment actionnaire de Renault et d'EADS. Ces deux firmes ont depuis l'élection de 2007, largement délocalisé en Roumanie pour la première et en Chine et aux US pour la seconde.
 
Quid de la protection de la nature et du développement durable ?
 
Cela fait partie de sa promesse N° 7 que nous verrons le mois prochain.
 
Quid de recherche ?
 
Le Traité européen de Lisbonne prévoit que 3 % du PIB des pays membres soient consacrés aux emplois de demain via la recherche.
 
Le budget de la recherche (et de l'enseignement supérieur) en France était en 2010 de 29,172 milliards (ici), soit 1,3 % du PIB !
 
Quid du Sarkozy qui promet : "l'Europe doit protéger [...] doit défendre les droits de l’homme, la démocratie, la protection des plus faibles, la solidarité, la protection de la nature".
 
Pourquoi demander aux autres de faire ce qu'on ne fait pas dans son propre pays ?
 
En France, les droits de l'homme : à la trappe, exit Rama Yade, l'apprentie ministre ! Et la protection des plus faibles se transforme en "protection des plus riches" !
 
Etc., etc., c'est sur toutes les promesses de Sarkozy la même chose. Des mots, toujours des mots. Toujours les mêmes.
 
Sur la Turquie ? Bis repetita placent, le projet d'adhésion se poursuit conformément au planning européen de 2005. Que Sarkozy le veuille ou non ! Là encore, sa crédible internationale est proche de zéro. Les structures européennes se moquent de lui (donc de la France) et le laisse parler comme on doit laisser parler un enfant capricieux coutumier du fait.
 
Le diagnostic ?
 
Au terme de cette courte revue de la promesse N°6 "L’Europe doit protéger dans la mondialisation", il apparaît encore sans l'ombre du moindre doute, que Sarkozy ne mérite pas la France. Ni même l'Europe de Jean Monnet…
 
Pris en flagrant délit de mensonge, nous lui attribuons la note de 4,75 / 20.
 
Aux États-Unis d'Amérique, pays tant aimé par Sarkozy du temps de Bush − encore un ami, clairement va-t-en-guerre −, notre manager aurait été destitué pour avoir menti sur des éléments vérifiables par les deux chambres. Chez nous, il peut encore faire et dire tout et son contraire en l'espace de quelques jours. Et, cela aussi longtemps que durera son mandat. En France, notre Constitution garantit au chef une impunité totale. Nous le savons tous !
 
Mentir : pourquoi se vanter d'un nouveau Traité alors que sur le fond c'est le même que le précédent, mais disposé différemment ? Peut-être Sarkozy savait-il, en "bon" politicien, que peu de personnes n'iraient lire et comparer les deux ?
 
Par ailleurs, si l'Europe nous a relativement protégés dans la crise financière mondiale, ce n'est pas grâce à Sarkozy qui, comme il le dit au début de cette promesse "ne voulait de cette Europe de 2007". En 2011, c'est la même ! Quant à notre protection relative dans cette crise, notamment en termes sociaux… c'est surtout grâce au modèle français, modèle que Sarkozy voulait pourtant détruire lors de sa campagne présidentielle où il appelait de ses vœux le modèle américain.
 
Décidément, le charisme et la crédibilité sont absents de chez notre manager. Il ne mérite plus la confiance que certains lui ont trop vite accordée le 6 mai 2007, l'espace d'un bulletin de vote. Aujourd'hui nous pensons notre jugement définitif. Les quelques mois efficaces qui restent n'y changeront rien. Bien au contraire, de nouvelles promesses vont être faites chaque semaine, chaque mois pour faire concurrence à la montée de Marine Le Pen qui entend bien cannibaliser une partie de l'électorat de l'UMP.
 
Alors, tout au plus, pouvons-nous espérer que lui et ses fidèles tels Guéant, Copé, Buisson (ici) et consorts, ne touchent plus à rien jusqu'à l'élection de 2012.
 
***
 
Notre mission qui est de juger les promesses faites par un politique, est raisonnable et essentielle. Personne ne doit s’en offusquer. Surtout pas l’intéressé !
 
C’est a priori comme cela qu’une démocratie moderne et participative doit fonctionner. Nous le ferons désormais pour chaque quinquennat.
 
Promesses encore à vérifier :
 
7. Répondre à l’urgence du développement durable ;
8. Permettre à tous les Français d’être propriétaires de leur logement ;
9. Transmettre les repères de l’autorité, du respect et du mérite ;
10. Une école qui garantit la réussite de tous les élèves ;
11. Mettre l’enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs mondiaux ;
12. Sortir les quartiers difficiles de l’engrenage de la violence et de la relégation ;
13. Maîtriser l’immigration ;
14. De grandes politiques de solidarité, fraternelles et responsables ;
15. Fiers d’être français.
 
A suivre : examen de la promesse N°7, vers le 15 mai 2011. Si vous le voulez bien et…si on nous en laisse la liberté.


5 réactions


  • PtitLudo PtitLudo 15 avril 2011 16:14

    Encore une fois un bon résumé, toutefois vous devriez parler un peu plus de musulmans, d’islam et de hallal, parce que visiblement, plus personne ne lit ce genre d’article qui ne font pas appels aux instincts les plus primaires mais à un peu de réflexion.

    En effet lire un traité c’est un peu plus compliqué que de dire qu’il y a trop d’arabes en france ...




    • ce PRESIDENT EST DE PLUS EN PLUS RIDICULE...maintenant il se prend pour un empereuR

      ....un vrai fim d’épuvante...de série B son quinquenna...la vie n’a jamais été aussi chère...et le gouffre s’établit entre trop riches et pauvres


      attention CA VA EXPLOSER AVANT 2012.......rR


  • LE CHAT LE CHAT 15 avril 2011 23:25

    Quand pourra t on saisir le BVP 
    ON NE LE DIT PAS ASSEZ QUE LES PERSONNES AGEES SE FONT EMBOBINER PAR DES CHARLATANS ET DES ESCROCS !!!!!  smiley


  • Kalevala 16 avril 2011 02:37

    Il est intéressant de voir dans quel carde est fait la photo officier du chef de l’État, il en dit plus l’on que les promesses. Je me souviens toujours du Général de Gaule le bras droit tendue avec le poing sur les deux volumes, il affirmait par là qui se conformait à la constitution, avec Sarkozy il se s’appuie sur rien , il soumet et par contre le détail c’est l’accolade des deux drapeaux qui préfigure sa trahison de la souveraineté de la France. voilà son programme tous est résumer dans la photo.


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