lundi 14 novembre 2011 - par Aimé FAY

Sommes-nous mal gouvernés ?

Energique ! Energique ! Voilà la grande qualité physique que Barack Obama a reconnue chez Nicolas Sarkozy, au G20 de Cannes. Il n'avait que ce mot à la bouche. Pas surprenant, car même en France personne ne peut reprocher à Sarkozy de manquer d'énergie physique. Mais, est-ce sur le volume d'air brassé que l'on reconnaît un bon gouvernant ?
 
Evidement non ! Des millions de personnes sont capables en France d'une telle performance. Gouverner, c'est bien autre chose que de montrer son énergie physique en parcourant villes et campagnes, aéroports…
 
Gouverner, c'est notamment :
 
prévoir ! Et, au niveau de l'Etat, on doit pouvoir prévoir d'autant mieux qu'on dispose d'une ribambelle de conseillers hautement diplômés et, souvent parfois, compétents ;
avoir une vision, fixer un cap, une direction. On fait cela, quand on sait d'où l'on part − après avoir analysé la situation antérieure, celle présente et supposé celle à venir − et surtout savoir où l'on veut aller, et comment ;
corriger les choses défaillantes et non les creuser. L'endettement bien sûr, mais aussi toutes les formes de népotisme, de connivence, de clientélisme et de corruption ;
renforcer nos points forts et remédier si possible à ceux qui le sont moins ;
- organiser... les politiques publiques afin que le pays s'enrichisse et non se paupérise et s'endette ;
- etc.
 
Bref, gouverner c'est accumuler des verbes positifs d'action… qui donnent confiance !
 
Gouverner, ce n'est pas creuser des trous dans la coque du bateau dont on vient d'être élu capitaine, alors que la tempête est annoncée, comme cela a été le cas de la France dès l'été 2007. Ce n'est pas non plus, de continuer ensuite à creuser encore des trous dans la coque déjà fragilisée du bateau France, alors que la tempête fait rage, comme cela a été fait durant presque 5 ans ! Alors effectivement, gouverner dans une situation qu'on a rendue soi-même catastrophique, demande beaucoup, beaucoup d'énergie physique. Evidemment ! Et là, Sarkozy n'en manque pas... comme l'a très bien remarqué Obama. Comme si le Président américain voulait ne reconnaître chez le capitaine du bateau France que son énergie physique, associée à celle de son look robuste et dure à la tâche !
 
Gouverner, ce n'est pas non plus se lever un matin et dire :
 
que la France n'est pas en faillite − contrairement aux dires du 1er ministre depuis 2007 −, et qu'il convient donc de creuser les déficits en faisant la loi TEPA. Fameuse loi dite aussi "des cadeaux fiscaux" à laquelle il a été ajouté, comme pour faire un compte rond, les 4 milliards de la baisse de TVA des restaurateurs ;
- que, puisque les caisses du pays sont vides, il va falloir, sans plus tarder acheter 1 A330 et 2 Falcons pour quelque 350 millions d'euros, et aussi dépenser quelque 600 millions d'euros en communication et en sondages, comme l'a révélé récemment la Cour des comptes ;
- qu'il faut donner accès aux Français/es au crédit hypothécaire, alors que la bulle des subprimes vient d'éclater aux USA, comme en août 2007. Evénement qui obligea la Banque centrale européenne à mettre 100 milliards d'euros sur le marché interbancaire, afin que les banques trouvent de la liquidité pour ne pas fermer leurs portes. Eh oui, c'était en août 2007, en tout début de mandat ! Le bateau commençait à prendre l'eau. Et pourtant, le capitaine plein d'énergie continua à faire des trous… fiscaux. En 5 ans notre dette s'est creusée de 500 milliards d'euros ! Une telle performance n'est pas sûre d'être battue un jour ;
- qu'il faut désormais supprimer la publicité sur les chaînes de la télévision d'Etat… et dire que pour combler le déficit ainsi créé, il suffira de ponctionner 500 millions d'euros dans les caisses déjà vides de l'Etat ;
- et décréter que désormais les patrons de l'audiovisuelle publique seront nommés par la personne qui a été élue pour "gouverner" le pays ;
- qu'il faut absolument supprimer le juge d'instruction afin de confier ses missions à un fonctionnaire du siège, nommé en conseil des ministres, dirigé par celui élu pour gouverner ;
- que le bon modèle pour le bateau France, c'est celui américain de George W. Bush. Puis, 4 ans après, dire que finalement c'est sûrement celui de l'Allemagne d'Angela Merkel. Lequel demain matin ? Celui du chinois Hu Jintao ?
- que nuitamment "on" a pensé que la prévision budgétaire de la veille, établie pour 2012, n'était plus de 1,75 % mais seulement de 1 %. Incroyable ! N'importe quel patron d'une entreprise lambda aurait été viré sur-le-champ ! Se tromper de presque 50 % en quelques jours !
 
Gouverner ce n'est pas non plus donner la danse de saint-guy, c'est-à-dire le tournis, aux agents économiques en matière fiscale et juridique, notamment. Idem pour les retraités… c'est quoi la réforme ? Bonne ou mauvaise, il faut un jour décider celle qui cessera d'être modifiée tous les 6 mois !
 
L'agent économique − celui qui consomme, qui produit, qui investit… qui exporte − est celui qui fait ou ne fait pas la croissance d'un pays.
 
L'agent économique a besoin de repères stables à court, moyen et long termes, pour pouvoir prévoir ! De sa prévision naîtra ou ne naîtra pas son gagne pain… comme aussi celui des comptes publics. S'il se plante, il n'a pas la chance lui, de rester en place nourri et logé dans un Palais, aux frais du contribuable… Il sait, lui, que gouverner c'est du sérieux ! En cas de mauvaise gouvernance, ce sont des salariés licenciés et lui, souvent petit chef d'entreprise, sa mise de fonds perdue…
 
Gouverner ce n'est donc vraiment pas un jeu d'enfant capricieux, même bourré d'énergie physique. Gouverner c'est comme la confiance et la crédibilité, cela se mérite ! Et, qu'on soit élu ou pas, ne change rien. On sait ou on ne sait pas. Savoir gouverner, ça ne s'invente pas !
 
Par ailleurs, on ne peut pas, sous prétexte qu'on a été élu pour toute la durée d'un mandat, faire n'importe quoi !
 
Prenons un exemple dans un autre pays, l'Italie au hasard. Impossible pour cette grande démocratie de se débarrasser de l'oiseau rare Berlusconi ! Il a été élu. Pourtant la risée du monde entier mais, élu, et n'ayant pas trahi son pays, il pouvait rester jusqu'à la fin, sauf à partir de lui-même… comme il vient de le faire… Eh oui ! La Constitution italienne est comme celle française, elle déclare : "Le président du Conseil ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat [...]". Donc, selon la Constitution de l'Italie, Berlusconi n'a commis aucun manquement… C'est absurde. Les démocraties doivent rapidement réfléchir sur cela… en occurrence de péril économique.
 
Pour conclure, et sans assimilé le cas de notre pays à celui de l'Italie, la France est malheureusement et manifestement mal gouvernée. Pourquoi ?
 
Naturellement pour tout ce qui a été dit ci-dessus, et c'est loin d'être exhaustif. Nous n'avons pas parlé de Jean Sarkozy et de tous les amis du capitaine poursuivis par la justice…
 
Mal gouvernée, car aujourd'hui, la politique d'austérité choisie par Sarkozy va prendre quelque 8 milliards d'euros dans les poches de celles et ceux qui n'ont pas bénéficié de ses largesses fiscales − 75 à 80 milliards selon les estimations − distribuées de manière invraisemblable depuis juillet 2007. Cette austérité n'est pas juste, ni équitable ! Tout le contraire d'une bonne politique économique, sociale et naturellement financière. Malheureux cet avis semble de plus en plus partagé par les nouveaux censeurs mondiaux que sont les 3 sœurs : Standard & Poor's, Fitch Ratings et Moody's.
 
Alors, pour demain en 2012, essayons de choisir notre prochain élu qui n'ait pas pour unique qualité : l'énergie physique. Une énergie purement intellectuelle devrait nous convenir !
 
****
**
 
 
Souvenons-nous aussi, car ce que va nous laisser Nicolas Sarkozy était largement prévisible :
 
Juillet 2007 : Nicolas notre le jardinier arrose alors qu'une extrême sécheresse est annoncée (ici).
Août 2007 : la France était en faillite et Christine "La Gaffe" (actuelle D.G du FMI) disait… (Ici).
Septembre 2007 : Fillon met la pression sur Sarkozy qui nie la faillite de la France (ici).
Septembre 2007 : le pari d'une croissance à 3 % (ici).
Septembre 2007 : déjà l'image de Sarkozy avait fragilisé le crédit de notre pays (ici).
Février 2009 : 18 mois seulement et dans quel état est la France ? (ici).
Août 2011 : la politique de l'UMP a détruit le pays (ici).


11 réactions


  • devphil30 devphil30 14 novembre 2011 10:57

    Un capitaine qui ne sait pas ou il va , qui ne sait pas tenir la barre mais qui ne pense qu’à une seule chose apporté la précieuse cargaison d’argent aux riches armateurs de la finance...

    Merci monsieur Sarkozy pour votre sens de la justice..

    Les métaphores sur la voile semble à la mode en ce moment ....

    A quand une loi pour réduire les salaires de ministres , vous avez su augmenter votre salaire monsieur Sarkozy , arriverez vous à le réduire pour montrer votre solidarité d’autant plus que votre mandat non renouvelable par décision du conseil d’administration des électeurs français se finit en mai 2012 donc cette réduction serait à votre honneur et toucherais votre successeur.

    Philippe

  • Daniel Roux Daniel Roux 14 novembre 2011 11:19

    On ne peut pas comprendre la politique de Sarkozy soutenue par les parlementaires UMP, si l’on accepte pas le fait qu’il suit le programme classique tel que l’on élaboré les idéologues ultra libéraux anglo saxons.

    Il s’agit d’endetter les états afin d’empêcher toute politique alternative à celle qui consiste à favoriser les riches actionnaires des multinationales en renforçant la puissance de ces dernières..

    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-piege-de-sarkozy-102861

    Sarkozy a trahi le peuple français en toute connaissance de causes et d’effets.

    Pour sa défense, 53% des électeurs ayant voté pour lui en 2007, l’ont fait alors qu’il était clair que ses promesses étaient contradictoires, mensongères et grossièrement démagogiques et que les médias et sondagiers manipulaient l’opinion.

    L’opposition et les médias n’ont pas su ou voulu dénoncer les excès et démontrer l’imposture..

    A chacun d’assumer ses responsabilités sur ce quinquennat catastrophique.

     


  • Traroth Traroth 14 novembre 2011 11:35

    Mais oui, Sarkozy est énergique. Qui songerait à le contester ?

    Il nous envoie énergiquement dans me mur...


  • thomthom 15 novembre 2011 14:19

    et pan, dans les dents ! mais qui pour le remplacer ?
    misère de misère...


  • titi titi 21 novembre 2011 01:06

    « Prenons un exemple dans un autre pays, l’Italie au hasard »
    Pourquoi ne pas avoir pris la Grèce ? ou l’Espagne ?

    « Il a été élu. Pourtant la risée du monde entier mais, élu, et n’ayant pas trahi son pays, il pouvait rester jusqu’à la fin, sauf à partir de lui-même… »
    il a été élu, mais aussi réélu... il a donc une légitimité démocratique

    Ouvrez la parenthèse... (
    Je vous rappelle également que si Berlu a été élu, c’est parce qu’il est arrivé à un moment de la vie politique italienne où les partis ont été quasiment dissous suite à « Mani pulite ». En clair le PSI et les autres partis étaient corrompus jusqu’à la moelle.
    Je vous rappelle également que Bettino Craxi a également quitter le pouvoir sous les sifflets après s’être fait amnistier par un parlement qui était tenu par son propre parti.
    Et qui va revenir aux affaires après le départ de Berlu ? Les pourritures de l’ex PSI.
    )
    Fin de la parenthèse.

     


  • Francis, agnotologue JL1 21 novembre 2011 09:02

    Ce matin sur France Culture,l’avocat du diable, j’ai nommé Brice Couturier, disait (*), je cite de mémoire, que si les Espagnols avaient voulu voter contre la rigueur, ils auraient voté pour l’équivalent de notre Front de gauche ; or cet équivalent disait-il, n’a fait que 11% !

    Je ne sais pas vous, mais moi je lui aurais volé dans les plumes ! Retenez bien ça : dans 6 mois, que ce soit Hollande, que ce soit Sarkozy l’élu, Brice Couturier qui, avec ses acolytes du PPA - le parti de la presse et de l’argent - fait tout pour maintenir le FDG la tête sous l’eau dans les médias, dans 6 mois dis-je, ces salopards là nous diront que si les Français avaient voulu voter contre la rigueur, ils auraient voté pour Mélenchon !

    Un tel niveau de connerie frise la provocation tant il est indécent !

    (*) en réponse à une remarque de Clémentine Autain qui disait que plus un pays est en difficulté, plus ses taux d’emprunts sont élevés, et plus on lui impose la rigueur ! on marche sur la tête disait-elle.


    • Francis, agnotologue JL1 21 novembre 2011 13:13

      gélone,

      vous savez bien que la même politique est appliquée dans tous les pays de l’euroland, quelle que soit l’équipe au pouvoir. Et vous savez bien aussi, que tous les éditocrates, tout ce qui grouille grenouille ou scribouille dans les médias dominants n’ont qu’un seul but : convaincre que si tout va mal, c’est à cause de l’équipe au pouvoir mais que si on vote pour l’autre bonnet, ça ira beaucoup mieux.

      Ne me dites pas que la droite espagnole avait annoncé la rigueur dans son programme !

      Sur Mélenchon, la seule chose que vous trouviez à lui reprocher ici c’est son discours sur l’immigration : Mélenchon porte sur les immigrés un regard humaniste et son discours est loyal, au contraire du Medef et du FN qui tiennet des discours xénophobes, haineux et menteurs, puisque l’immigration, ils en tirent le plus grand profit à plusieurs titres, notamment salaires bas et clientélisme électoral !
       


    • Francis, agnotologue JL1 21 novembre 2011 14:25

      gélone,

      une fois n’est pas coutume, je vais citer Catherine Ségurane :

      « Non, les Espagnols ne »plébiscitent" pas l’austérité et les banques.

      Mais, pris entre d’une part une gauche qui propose l’austérité et les banques, et d’autre part une droite qui propose les banques, et l’austérité, ils n’ont pas vraiment eu le choix.

      La démocratie, c’est fini ..."


    • Francis, agnotologue JL1 21 novembre 2011 18:00

      Gelone,

      Parce qu’on n’est pas raciste, on serait forcément ’xénolâtre’  ?!!!

      Et se l’autre coté, parce qu’on n’est pas sioniste on serait forcément antisémite ?

      L’une des caractéristiques commune des extrémiste, des intégristes, terroristes et fascistes de tous bord, c’est de pratiquer la pensée binaire ; le tiers exclus’ ; et c’est ce qui rend tout dialogue impossible : ceci explique cela, ou l’inverse.

      Désolé.


    • Francis, agnotologue JL1 21 novembre 2011 18:01

      Gelone, pour éviter de perdre notre temps, cette correction que je vous accorde :

      lire : Parce qu’on n’est pas xénophobe, on serait forcément ’xénolâtre’  ?!!


    • Francis, agnotologue JL1 22 novembre 2011 08:32

      gelone,

      "il faut effectivement avoir quelque chose de détraqué du côté de la sensiblerie, pour se rendre sans combattre à la formation et à la croissance de poches de sous-développement et d’islamisation qui apparaissent partout, les mêmes causes produisant les mêmes effets." (gelone)

      Ridicule ! Si vous ne supportez pas l’immigration, interpellez les seuls responsables : le medef !


Réagir