Sondage et erreur d’opinion
Un sondage particulièrement appuyé de la population française (des moyens et des échantillons inédits en taille) vient d’être réalisé par le CEVIPOF *
Les résultats montrent, en particulier, comme l’indique le titre du commentaire cité, une population gagnée par la « déclinologie », et peu encline à l’enthousiasme.
- gauche
- Droite
Une des données intéressantes de cette étude se situe au niveau de la perception des différences entre la gauche et la droite. 69% des Français ne perçoivent pas de différence fondamentale entre ce qui est censé définir les deux pôles de (et donc orienter ) la vie politique de la France.
La réaction du patron du Cevipof, invité hier des « Matins de France culture » a été celle d’un technocrate type.
De son point de vue, il s’agit ni plus ni moins, dès lors, que de tenter de comprendre la nature de ce « défaut de perception » des Nombreux.
Incapable de remettre en cause son modèle de la réalité, et la terminologie qui le sous-tend, la seule hypothèse qu’il envisage est une erreur de jugement du peuple. Hypothèse qui va tellement de soi qu’elle n’est même pas formulée, mais conduit immédiatement à ses conclusions. Il s’agit de retravailler au corps - comme aux lendemains d’un fameux référendum - ces représentations altérées qui empêchent la majorité des citoyens français de percevoir le sens de la distinction fondamentale « gauche - droite ».
En un régime, la démocratie, qui s’appuie sur le nombre et l’élection, qu’une telle majorité de Français (69%) nie la façon dont les publicistes et les commentateurs de la réalité à distance orientent la vie politique de notre pays (cette polarisation de surface gauche - droite) devrait pourtant avoir une signification autre que virtuelle (ou pathologique).
Ainsi, et si cette distinction était effectivement devenue factice ?
A étudier de près l’électorat des deux grands leaders prétendument de droite (Sarkozy) et de gauche (Ségolène Royale) tous deux en délicatesse avec les forces vives de leur parti - au-delà des ralliements dictés par la nécessité ** - il semble qu’effectivement ceux qui caractérisent cet ancien clivage soient condamnés à la trappe de l’histoire.
Suivre la carrière de François Mitterrand permet d’étayer cette hypothèse.
A lire son parcours, il semble être celui qui a le mieux joué de cette mystification.
Les multiples contradictions de ses choix (inexplicables dès lors qu’on le considère comme « un homme de gauche ») y trouvent un éclairage qui fait sens.
* (voir un commentaire L’enquête qui mesure le blues des Français et les éléments de l’enquête elle-même )
** Beaucoup de millitants de l’UMP ou du PS n’apprécient pas particulièrement le phare actuel de leur parti, (cet état d’âme fluctuant au gré des sondages), mais se résignent plus ou moins consciemment à ce choix parce qu’il leur apparaît clairement qu’il incarne, en dehors de tout partage de valeurs, programme, objectifs, leur meilleure chance de réussite.
Luc Comeau-Montasse
du fagot des Nombreux