Après la bataille de Soissons en 487, la ville fut pillée et les trésors rassemblés afin de partager le butin. Parmi les trophées, figurait le fameux vase de Soissons. Clovis, nouveau roi des Francs, voulut alors se l’approprier. Mais un de ses soldats ne l’entendit pas de cette façon, et détruisit le vase sous les yeux médusés de son nouveau patron. Ce dernier fou de rage, ravala sa colère et ne répondit pas à l’offense… sur le moment. Car l’année d’après, lors d’un passage en revue de ses troupes, Clovis reconnut le soldat, et lui fendit le crâne, en lui disant « Souviens-toi du vase de Soissons ! ».
Cette métaphore, censée représenter le fait que l’on oublie pas offense qui nous a été proférée, trouve un écho retentissant dans la situation à laquelle nous sommes confrontée.
Dans le rôle du vase, quoi de mieux que notre belle France, dont la consistance actuelle sonne aussi creux que l’antique mobilier de Soissons.
Empêtré dans le bourbier euro-atlantique, notre pays n’est plus que l’ombre de lui-même. Brisée par l’édifice financiaro-européen, par la perte de ses pouvoirs régaliens, par l’extinction de son rayonnement international, la France est aujourd’hui en mille morceaux. Le premier coup porté, fut l’abandon de la capacité de l’Etat à emprunter à un taux d’intérêt quasi-nul. La loi scélérate Pompidou-Giscard de 1973 votée en catimini à l’Hémicycle, véritable coup d’état bancaire, marqua le début de la fin de l’Etat providence. La suite fut la consécration de l’argent dette, avec le résultat que nous connaissons actuellement pour nos finances publiques. Le remboursement de l’intérêt de la dette s’élèvera en 2012 à 48,8 milliards d’euro, soit environ 17 milliards de plus que le budget de la défense pour la même année. Une loi suffirait pour abroger cette hérésie et libérer la France du goulag bancaire qui l’étreint. Pas un expert, habilité à débattre, ne viendra vous rapporter cet état de fait.
Silence…
Parallèlement, la France s’enfonce jour après jour dans une construction européenne félonne. Le tout récent Fond Européen de Stabilité Financière, va nous enfermer encore un peu plus profondément dans les cachots de cette prison euro-atlantiste, où les matons Barroso, Van Rompuy et consorts vont rationner davantage les oranges, et surcharger encore notre cellule, avec les futurs condamnés serbes et croates, candidats (les pauvres) à l’entrée dans l’Union Européenne.
Alors que bon nombre de commentateurs prévoyaient l’avènement de cette dictature financière, nos dirigeants actuels font mine de ne pas écouter. Pire, ils ont l’audace d’affirmer que la finance doit être régulée. Mais pas un ne dénonce la future nomination de Mario Draghi à la tête de la Banque Centrale Européenne, dont le curriculum vitae a davantage des airs de casier judiciaire[1]. Pas un n’expose aux yeux des français le fonctionnement despotique du FESF, nouvelle trouvaille de nos tyrans européens[2].
Silence…
Le silence règne en effet car, parmi les débris du vase français, figure l’Esprit critique. Il a été sacrifié sur l’autel de la pensée unique. Le moindre commentaire empreint de sagesse et de recul, sur ce qui est en train de se dérouler, et sur ce qui va s’abattre sur notre pays, est tout de suite marginalisé et mis au ban de nos médias de masse. Les bonnes intentions existent, mais se retrouvent contraintes d’exercer dans les confins d’Internet, à l’abri des regards indiscrets. En attendant, les pseudos experts et intellectuels de tout bords viennent nous conter la chanson, et nous buvons le calice jusqu’à la lie. L’incompétence et la malhonnêteté intellectuelle sont désormais synonymes de plan de carrière et célébrité. L’intégrité est quand à elle reléguée à la clandestinité.
Vous l’aurez bien compris, dans le rôle du soldat briseur de vase, j’appelle les collaborateurs politiques français UMPS, chefs anesthésistes de l’opinion publique, les dirigeants financiers et autres adeptes de l’argent facile, les technocrates apatrides bruxellois, les faucons de Washington, et toutes les renégats qui gravitent à leurs côtés. Ceux qui pensent pour nous, contre nous. Ceux qui nous prennent pour des ignorants, incapables de comprendre la « marche irrésistible » de la mondialisation, et les problèmes qu’elle engendre. Ceux qui ont bâti une finance de marché virtuelle totalement déconnectée de la sphère réelle, et qui ont contribué à la diaboliser, alors que à sa juste place, la finance est une activité ô combien nécessaire et profitable pour le développement économique. Ceux qui outrepassent leur pouvoir, en ne prenant pas en compte les décisions adoptées démocratiquement par les peuples[3]. Ceux qui ont parfaitement intégré le fait que « la propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures [4] ».
Dans le rôle de Clovis, j’appelle toutes les personnes qui subissent de façon illégale, et non démocratique les pérégrinations foldingues de cette élite mondialisée. Par notre indifférence, et notre silence, nous contribuons au développement du chômage de masse, et d’une inflation considérable. Nous nivelons les salaires par le bas. Nous détruisons nos services publics. Dans l’état actuel de notre « représentation politique », pensez-vous sincèrement qu’en déposant un papier dans les urnes tous les cinq ans, nous allons faire avancer les choses ? Ce papier représente-t-il encore quelque chose ? Avons-nous besoin d’attendre de nous retrouvez dans le chaos le plus total, façon grecque, pour nous manifester ? Pour manifester ? Avons nous besoin d’avoir faim, pour réclamer justice, impartialité, rectitude, et honnêteté ? J’ai malheureusement tendance à penser que oui. Nous sommes trop désorganisés, et désolidarisés pour influer de façon collective. Nous appréhendons localement des décisions qui se fixent mondialement. Néanmoins la réalité nous rattrapera. Un jour les gens se rendront compte que choisir entre Martine et François, et équivalent à préférer la peste ou le choléra. Un jour ils se rendront compte que nos gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, ne sont que les exécutants d’une politique qui se décide à Bruxelles[5]. Un jour ils se rendront compte que UMP et PS, ainsi que leurs satellites, mangent dans la main des lobbys européens, alors qu’ils nous font miroiter une « nouvelle Europe ». Un jour ils se rendront compte que nous, peuples français, sommes sur le même radeau. Ce jour-là nous cesserons de nous opposer sur des sujets futiles. Ce jour là nous comprendrons la signification du proverbe « Diviser pour mieux régner ». Ceux jour là, nous serons à nouveau ami. Et lorsque le moment sera venu, n’oubliez pas mes amis de dire aux soldats : « Souvenez-vous du vase de Soissons ! ».
Quelques liens utiles :
- http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/mario-draghi-itineraire-d-un-101494
- http://www.youtube.com/watch?v=hudu8SBNLWQ
- http://www.youtube.com/watch?v=mC9rpRa8zlw&feature=related
- http://www.u-p-r.fr/videos/conferences-en-ligne/qui-gouverne-la-france
- http://www.cheminade2012.fr/Face-au-massacre-financier-degainons-le-Glass-Steagall
- http://www.dailymotion.com/video/xljw7y_nicolas-dupont-aignan-invite-de-michel-filed-sur-lci_news
- http://livre.fnac.com/a2712010/Pierre-Noel-Giraud-Le-commerce-des-promesses
- http://www.amazon.fr/intellectuels-faussaires-triomphe-médiatique-mensonge/dp/2350132773
- http://livre.fnac.com/a3470465/Collectif-20-ans-d-aveuglement
[3] Pour la France et les Pays-Bas : le NON au référendum européen de 2005, contourné par voie parlementaire
Pour la Slovaquie : l’élargissement du FESF refusé, puis adopté en force en Octobre 2011.
[5] A ce sujet, il est intéressant de voir que la Belgique fonctionne parfaitement sans gouvernement depuis des mois !