Témoignage d’un Gilet Jaune de Bordeaux - acte 24
Je souhaite ici témoigner de mon vécu, du déroulement de la manifestation acte 24 des GJ à Bordeaux le samedi 27 avril 2019.
Malgré le fiasco du grand blabla et l’absence de changement de cap politique d’Emmanuel Macron, malgré tous les obstacles que Macron et Castaner mettent sur sa route (violences policières, abus d’autorité de toutes sortes, nombreux contrôles, fouilles, périmètres de manifestation interdits, fichage systématique, ....
... insultes dans les médias aux ordres, assimilation de ce mouvement de protestation pacifique à des casseurs, amendes injustifiées, etc.), le mouvement des Gilets Jaunes est toujours présent, un peu moins nombreux sur le terrain à cause de toutes ces pressions, mais largement soutenu dans les cœurs et dans les têtes par les citoyens, comme le prouvent les concerts de klaxons et les encouragements oraux quand des voitures passent à proximité de la manifestation.
Nous étions environ 1500 Gilets Jaunes au départ de la manifestation place de la Bourse, beaucoup de GJ ayant été empêchés par la police de rallier le point de rendez-vous.
https://france-police.org/2019/04/27/acte-24-des-gilets-jaunes-estimation-de-la-participation/
Plus tard, dans le courant de l'après-midi, le nombre a augmenté, je dirais le double.
Macron défend farouchement les intérêts des milliardaires, leurs abus, par exemple l’évasion fiscale de 100 milliards d’euros, le CICE, la flat taxe dont ils bénéficient. Ils font des profits records qu’ils distribuent à leurs actionnaires, ce qui ne les empêche pas de mettre beaucoup de gens au chômage en restructurant ou fermant leurs entreprises, sans recruter une personne, ce pourquoi ils reçoivent des aides de l’Etat.
Non, les Gilets Jaunes ne sont pas dupes des annonces creuses faites jeudi dernier par Macron qui garde le cap tout en ignorant les revendications principales des GJ.
Où Macron va-t-il chercher l'argent pour financer ses mesures qui ressemblent à un cautère sur une jambe de bois ?
Il souhaite imposer une nouvelle taxe sur les entreprises ! Ce n’est pas le moment pour les petites et moyennes entreprises qui croulent déjà sous les charges et il les appelle à participer à l'effort collectif pour relancer le pouvoir d’achat !
Il faut bien comprendre quel type d'entreprises il prend pour cibles !
Il s'adresse principalement aux PME et pas aux grosses entreprises qui brillent par l'optimisation fiscale.
Jusqu'au bout, Macron défend les intérêts et privilèges particuliers de sa caste dont bénéficient les multinationales, le monde de la finance ainsi que les GAFA.
Non, E. Macron ne touche pas aux grosses fortunes qui ont financé sa campagne
présidentielle !
L'article suivant évoque l’origine de son financement par "la France d'en haut » !
Les mesures annoncées jeudi dernier par Macron ne sont que des effets d’annonces sans intérêt pour l’ensemble du peuple, bref ce qu'il a promis est très loin des attentes des Gilets Jaunes.
Non, Macron ne va pas augmenter la TTF, la taxe sur les transactions financières, qui est de 0,3% depuis le premier janvier 2017...
https://www.abcbourse.com/apprendre/4_taxe_sur_les_transactions_financieres.html
Non, Macron refuse de combattre l'évasion fiscale qui s'élève à 100 milliards d'euros / an .
Non, Macron ne veut pas arrêter l'escroquerie de la dette publique qui nous coûte (par nos impôts) 315 milliards € /an !
Non, Macron ne veut pas accorder le véritable RIC aux Français !
Le véritable RIC est composé de 4 types de référendums
1. Le référendum constituant
2. Le référendum pour proposer une loi
3. Le référendum pour abroger une loi
4. Le référendum révocatoire
Bien attendu, le référendum doit être inscrit dans la Constitution pour être validé officiellement.
En bref, Macron protège farouchement les intérêts du monde de la finance, place l'intérêt privé largement au-dessus de l'intérêt général.
Autrement dit, ce que Macron met pour certains dans la poche de droite, il leur reprend dans la poche de gauche.
Au lieu de surtaxer les PME, il devrait baisser leurs taxes et fortement augmenter celles des grandes entreprises en combattant l’optimisation fiscale qui permet de déclarer leurs bénéfices dans les paradis off-shore !
Le gouvernement garde farouchement le cap pour protéger les intérêts des ultra-riches, il tente à tout prix d’étouffer le mouvement des Gilets Jaunes par la force et la contrainte, renforce les contrôles des manifestants, empêchant de nombreux manifestants pacifiques de rejoindre les points de ralliement, particulièrement à Bordeaux.
Au lieu de donner une réponse politique satisfaisante aux revendications des GJ, il a choisi l’affrontement, répondre par la fermeté, la répression policière, la violence sur des centaines de Gilets Jaunes.
Ce gouvernement n'est pas en phase avec son peuple, mais en phase avec la secte des mondialistes, en phase avec le néo-libéralisme et les néo-conservateurs, sans parler des petits arrivistes trentenaires qui l’entourent et le flattent pour avoir des salaires astronomiques (au ministère de l’économie, 600 personnes touchent plus de 15 000 euros/mois et 150 hauts-fonctionnaires touchent plus de 21 000 euros/mois, ce qui est ahurissant).
Déroulement de l'acte 24 à Bordeaux
On comptabilisait 60 000 manifestants Gilets Jaunes en France pour l'acte 24 malgré les obstacles dressés par gouvernement Macron / Castaner.
https://france-police.org/2019/04/27/acte-24-des-gilets-jaunes-estimation-de-la-participation/
Nombreux sont les manifestants à Bordeaux que la police avait empêchés ce samedi de rejoindre le lieu de départ de la manifestation.
Arrivé à la place Gambetta (Bdx) aux alentours de 13H45, je voulais comme les samedis précédents emprunter la rue Porte Dijeaux pour me rendre à la place de la Bourse.
Equipé de mon panneau de 1m x 0,7m et d'un mégaphone, je suis tombé sur un premier barrage de police !
Je n'avais à ce moment-là pas encore enfilé mon gilet jaune.
Les policiers m'ont arrêté et m'ont demandé ce que j’envisageais de faire. Je leur ai dit, ce qui était visible, que je souhaitais me rendre à la place de la Bourse pour rejoindre le cortège de GJ.
La réponse d'un des policiers, courtois celui-ci, il faut le préciser, fut claire et nette : "Si vous continuez, on va devoir vous verbaliser".
Je suis tombé des nues !
Cela fait 33 ans que j'habite à Bordeaux, que je paye mes impôts, et pas des moindres, surtout l'impôt sur le revenu et voilà qu'on m'interdit de traverser la ville, pourtant j'étais tout seul et sans gilet jaune !
J'ai donc dû faire un énorme détour qui m’a pris environ 20 minutes (au lieu de 5 minutes) pour finalement arriver sur les quais. Puis, en les longeant, je suis arrivé à environ 200m devant la place de la Bourse.
Je suis encore tombé sur un autre barrage de police. De nouveau, je me suis fait arrêter et en plus je me suis fait contrôler et inspecter mon équipement.
Un des policiers me dit : "Votre pièce d’identité !”. Le ton était cordial et respectueux, il faut le dire. J’ai alors déposé mon matériel sur le sol, le mégaphone et son alimentation externe (accu moto 12V) et ma pancarte, pour pouvoir sortir ma pièce d'identité de mon blouson. Je n'avais à ce moment-là toujours pas enfilé mon gilet jaune.
Le policier jette un court regard sur ma pièce et me la rend, puis alors que je m’apprêtais à reprendre ma route, on m’a demandé une deuxième fois de sortir ma pièce d'identité.
Un autre policier, je pense que c’était le commandant de cette petite unité, sort son téléphone portable et prend des photos de ma pièce d'identité ainsi que du recto de ma pancarte.
Puis il me demande mon adresse. Je lui dis mon adresse qui correspond toujours à celle qui est inscrite sur ma pièce d’identité !
On me rend, de nouveau, ma pièce d'identité et on m'annonce que je pouvais rejoindre la manifestation.
Ouf ! j'ai échappé à une garde à vue ... Quand je pense qu'il suffit d’avoir du sérum physiologique dans ses poches pour être mis illico en garde à vue !
J’ai 61 ans et un casier judiciaire vierge !
J’ai ressenti cette procédure comme une forme d’intimidation ! "Attention on t’a à l'oeil, tu vas être fiché" ! Evidemment, cela n’a pas été dit par la police mais pour moi cela revient au même.
Durant ce contrôle qui a duré quelques minutes, je leur ai dit que j'ai déjà été filmé à maintes reprises par la police aux événements précédents, parfois en gros plan ... A chaque manifestation il y a quelques policiers qui sont équipés de caméras HD professionnelles en haute définition !
Enfin, après avoir franchi ces deux premiers obstacles, j'ai pu me rendre à la place de la Bourse, notre point de départ depuis plus de 4 mois de manifestations !
Arrivé sur la place, j’ai discuté avec d'autres Gilets Jaunes qui m'ont dit que j'avais eu de la chance qu'ils m'aient laissé passer, c'est effectivement ce que j'ai ressenti, car d'autres personnes ayant des pancartes avec les trois lettre magiques "RIC" n'ont pas pu passer, bloquées par la police.
La manifestation démarre et on se dirige vers le Pont de Pierre ... Toutes les rues, voire ruelles, perpendiculaires au quai ont été bloquées par les forces de l'ordre, des policiers casqués et suréquipés avec des protections type "gladiateurs", prêts pour la guerre.
Bref on n'était plus libres de fixer notre parcours de manifestation et j'avais le pressentiment que nous allions avoir des problèmes malgré l’absence totale de Black blocs, aucun casseur n’était présent.
Arrivé à la hauteur de la porte de Bourgogne ou porte des Salinières, face au Pont de Pierre, un bon nombre de manifestants s’apprêtaient à tourner pour prendre le cours Victor-Hugo, qui n’était pas interdit, mais un cordon de policiers barrait l’entrée du cours Victor-Hugo !
Les premiers rangs de manifestants se firent copieusement arroser de gaz lacrymogène, pour la première et pas la seule fois dans la journée, comme on peut le voir dans la vidéo suivante.
Voici une vidéo de ce premier incident
Je tiens à signaler que parmi des Gilets Jaunes, il n'y avait aucun casseur ce samedi, les black blocs étaient absents. Tout le monde manifestait pacifiquement !
Donc on poursuit la route sur le quai vers la gare ...
Là aussi, la police nous bloque la route et pourtant on est loin du centre-ville !
Alors je me suis dit que ça sentait le piège car en allant tout droit, on arrivait à la voie rapide, très fréquentée par les automobilistes qui mène vers le pont François-Mitterrand et la rocade !
Certains Gilets Jaunes annoncent vouloir emprunter la rocade pour instaurer un blocage, blocage qui avait été sévèrement réprimé par le passé !
Je leur ai dit que c'était un mauvais plan, que ça s’est déjà mal terminé (emploi massif des gaz lacrymogènes) et que nous devions plutôt nous diriger vers le boulevard.
Arrivés au rond-point où commence le boulevard, on tombe de nouveau sur des policiers qui nous bloquent, et OUI, de nouveau un accès, celui du boulevard.
Je me pose les questions : “ Que mijotent les forces de l’ordre ?
Dans quel piège veulent-ils nous conduire ?”
Que je sache, le boulevard ne fait pas partie du centre-ville de Bordeaux !
Les lecteurs d’Agoravox devinent ce qui risque d’arriver par la suite….
On continue alors tout droit et on emprunte la voie rapide en marchant entre les voitures qui sont à l'arrêt.
Un merci aux automobilistes qui ont gardé leur calme, voire un grand merci à ceux qui ont manifesté leur soutien à notre combat.
Avec mon mégaphone, j'ai pu à plusieurs reprises passer des annonces aux automobilistes, leur expliquant que si on se retrouvait sur la voie rapide, c’était contre notre volonté !
Je n'aime pas qu'on m’embête et je n’aime pas embêter les autres non plus !
Puis soudainement les forces de l'ordre dressent un barrage devant nous en créant un mur d'environ 30 policiers gladiateurs.
On ne peut plus avancer !
J’ai voulu utiliser mon mégaphone ; j'ai alors constaté que celui-ci ne fonctionnait plus, le câble ayant été coupé sans que je m’en sois rendu compte auparavant.
J'ai commencé à dénuder les deux fils pour les assembler, quand soudainement je me suis fait légèrement bousculer par des policiers qui, entre-temps, avançaient vers nous, ce qui m'avait échappé car j'étais concentré sur la réparation des deux fils.
J'entends une voix : "Dégagez, avancez" et un des policiers m'enlève mon panneau.
Je fais face au policier en lui réclamant, poliment, de bien vouloir me rendre ma pancarte.
Un des policiers, sympa celui-ci aussi, me dit qu'ils allaient me rendre mon panneau, mais, qu’il fallait que j’avance, bref comme j'étais face aux policiers, j'ai dû reculer.
Puis un autre policier, moins sympa celui-ci, avec un regard méchant, prêt à sauter sur moi, prend mon panneau qui était dans la main de son collègue et me le jette dans la figure !
Il était très agacé, je pense qu'il voulait exprimer son ras le bol de devoir travailler tous les samedis, à cause de nous les GJ, un 24ème samedi !
Je souhaite ici adresser un message à ce policier :
“M. le policier, si on est toujours dans la rue, ce n’est pas pour notre plaisir, moi aussi j'aurais envie de faire d'autres activités durant mon temps de repos le week-end ! Si nous sommes là, c'est dû au fait que le gouvernement Macron nous prend pour des imbéciles et qu'il ne prend en considération aucune de nos revendications.
Certes il fait des effets d’annonces mais il n’agit pas pour l’intérêt général, il favorise constamment une caste de privilégiés au mépris de ce que le peuple veut instaurer, une vraie démocratie et une justice sociale.
Mr le policier, vous devez diriger votre colère contre le gouvernement français et pas contre nous. Nous ne chantons pas pour rien : "Ne vous suicidez pas, rejoignez-nous !"
Et oui, le nombre des suicides dans la police a fortement augmenté en ce début d'année 2019.
Cela ne nous laisse pas insensibles ni indifférents tout comme les 10 000 à 15 000 suicides des gens sans emploi chaque année.
Sachant aussi que quasiment tous les jours un agriculteur se suicide en France.
https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-suicide-des-agriculteurs-en-chiffres-1517491824
Mr le policier, tous ces problèmes parmi tous les autres, ont une source commune : c'est le résultat d'une politique néo-libérale soutenue par tous les gouvernements de ces vingt dernières années.
Je reviens à notre parcours de manifestation...
Après une courte réflexion avec d'autres GJ, on décide de faire demi-tour pour retourner à la place de la Bourse, même si cela semble un peu dérisoire.
A peine vient-on de faire demi-tour qu’on nous barre de nouveau la route !
On ne peut plus avancer ni reculer !
Et de plus, à droite et à gauche des deux voies rapides on est encerclés par des policiers, parmi eux beaucoup de motards, la grande majorité masque noir style GIGN. On nous a complètement encerclés.
Sommes-nous des terroristes ?
Non, nous les GJ ne sommes pas des terroristes. Sommes-nous bel et bien en France ? OUI, c'est en France que cela se passe, on ne rêve pas, ce n'est pas un film, c'est la réalité !
Et maintenant que fait ‘on ?
Que va-t-il nous arriver ?
Nous sommes piégés !
Depuis le début, je sais que je prends le risque de perdre ma santé en manifestant. Mais comme je le dis à mes amis, j'ai 61 ans, je n'ai pas peur de mourir. On n’a rien sans rien, il faut se battre pour reconquérir les droits qu'on avait obtenus grâce au CNR (Comité National de la Résistance) en 1945. OUI, nous les 60 000 GJ de ce samedi, sommes des résistants face au fascisme qui prend de l'ampleur en France.
Retour à la manifestation : je prends l'initiative de m'adresser à un policier tout en cherchant le commandant.
Je lui dis qu'on ne peut plus aller nulle part ! Un policier, sympa et souriant celui-ci aussi, il faut le dire, cela peut surprendre mais il souriait, il avait bien compris dans quelle situation on se trouvait. Il m’a avoué qu'il ne savait pas lui-même ce qui se passait et que faire. Il était perdu, une situation comique qui le faisait sourire.
Bref il y avait gros "bug" dans le commandement de la police, c'est mon sentiment personnel. Mais on peut s’interroger sur le fait qu’il y avait une volonté de la part du commandement de nous (aussi bien les policiers que les manifestants) mettre dans cette situation. Nous sommes restés à peu près un quart d’heure face à face à nous demander ce que nous allions faire.
J'ai demandé au policier au sourire qu'il explique à ses supérieurs ce qui se passait et de bien vouloir nous ouvrir un passage, n'importe lequel, pour qu'on puisse poursuivre la manifestation.
Pour que cela ne soit pas mal compris, je ne suis pas un leader des GJ, simplement un GJ, qui agit, qui intervient quand il le faut, soucieux qu'on préserve notre santé et qu'on respecte la loi, dans la mesure du possible.
Soudain, un petit passage s'ouvre, je ne sais pas si c'est quelques Gilets Jaunes qui ont forcé le passage ou si cela a été une décision de la part des policiers de nous laisser passer !
J'ai trouve la vidéo suivante, prépositionné - 12m15s, qui montre ce que c'est passe entre temps, jugez vous même par les images : https://www.youtube.com/watch?v=GOaQv2Dpipw&t=12m46s
Voici la vidéo intégrale :
Equipé de tout mon lourd matériel, je tente de saisir cette chance de sortir de la prison à ciel ouvert. Tout à coup, je ressens une vive douleur, mes yeux commencent à brûler, brûler de plus en plus douloureusement, puis mes poumons commencent aussi à brûler. Aucun doute, les “forces de l'ordre” ont fait usage du gaz lacrymogène !
Je venais de perdre la vue, la douleur était tellement vive ...je ne pouvais plus ouvrir les yeux, j’étais HS !
Je souffre, mon visage commence à brûler, c'est comme du feu, j’ai une peau très sensible, je ne supporte pas tous les savons.
Je n’ai rien vu venir, car normalement on aperçoit une fumée blanche qui nous signale le nuage de gaz. On m’a dit plus tard qu'un policier nous avait aspergés avec une bombe lacrymogène...
Très rapidement, deux personnes me viennent en aide, je souffre et ne peux pas ouvrir les yeux. Une voix m'annonce qu'on va asperger mes yeux avec de l'eau, ouf un premier petit soulagement.
La personne qui tente de m’aider répète cette procédure plusieurs fois, la douleur persiste, rien n’y fait, je ne peux toujours pas ouvrir les yeux !
Quelqu'un me propose de me guider, car je suis momentanément aveugle pour poursuivre le parcours imposé par la police.
Après 10 minutes de calvaire environ je retrouve, enfin ma vue après avoir reçu du sérum physiologique.
Je tiens ici à rappeler que les Gilets Jaunes qui se font arrêter avec du sérum physiologique sur eux partent pour 24 à 48 heures en garde à vue, en tout cas à Bordeaux !
On nous interdit d’apporter du sérum physiologique sur les manifestations ! Est-ce que c'est dans le respect de la loi ... ???
J'ai pu dans une des manifestations précédentes récolter des témoignages de jeunes qui m'ont dit près de la place de la Bourse que leurs amis se sont fait arrêter pour ça, pour du sérum physiologique ... C’était le week-end où Castaner avait annoncé augmenter fortement le nombre d'arrestations de manifestants.
Et oui ce samedi-là ils ont arrêté un grand nombre de gens n’ayant commis aucun délit, pour faire des chiffres, pour intimider les gens, pour faire passer le message que c'est dangereux de participer aux manifestations des GJ.
Ainsi le gouvernement peut mieux donner l’illusion que nous sommes une minorité de la population française tout en mentant systématiquement, à chaque manifestation, sur le nombre des participants !
Je poursuis avec notre parcours...
Après avoir recouvré ma vue, je découvre le visage des deux jeunes hommes qui m'ont aidé .... Vous devinez ... c’était des street medics de Bordeaux, des secouristes bénévoles qui sont apolitiques, en tout cas chez nous à Bordeaux, bien qu’ils soutiennent pour la plupart le mouvement des Gilets Jaunes.
Je les ai bien remerciés pour leur aide. Puis par un message que je fais passer par mon mégaphone à l'ensemble du cortège des GJ, j'ai remercié les street medics pour leur présence, pour leur soutien à notre cause.
J'ai pu durant cet après-midi discuter à deux reprises avec eux, tout en sachant que j’étais seulement une personne parmi les nombreux autres manifestants qu'ils ont soignés ce jour-là !
Je me souviens avoir vu, plus tard, une personne âgée qui était allongée par terre, elle souffrait selon les street medics d'une crampe, .... donc rien de méchant...
Je reviens plus tard dans cet article sur les Street Medics qui n'échappent pas, eux non plus, à la répression policière, instrument d'une répression politique.
« Merci » M. Castaner pour votre mépris envers des gens qui réclament plus de justice sociale !
Durant une des manifestations précédentes, tout le matériel des street medics de Bdx a été confisqué par les “forces de l'ordre”. Et ils veulent que les gens soient bienveillants à leur égard ?
Une fois que j'ai retrouvé la vue, une colère m'envahit, car nous avons manifesté pacifiquement, je répète pacifiquement, les policiers nous ont dirigés vers un guet-apens. J’avais envie d’exprimer ma frustration du comportement policier envers les manifestants en m'adressant aux forces de l'ordre avec mon mégaphone !
Ça été la quatrième fois que je me suis fait gazer comme un rat !
Pendant une demi-heure de marche après avoir pris ma dose de gaz lacrymogène, on n’a plus revu aucun policier, c’était complètement irréaliste. J’ai alors décidé ensuite de quitter la manifestation car le cortège se dirigeait de nouveau vers le centre-ville, place de la Victoire. Il était 16H45 ...
Je souhaite préserver ma santé pour la manifestation du 1er mai !
Je reviens vers les street médics et je tiens à les remercier de nouveau pour tout ce qu'ils font BENEVOLEMENT pour les GJ et souhaite ici rappeler quelques faits que je trouve inadmissibles.
Comme déjà évoqué je ne trouve pas normal qu'on empêche les manifestants de rejoindre les manifestations.
L'Etat viole un droit fondamental et constitutionnel qui est celui de pouvoir manifester en créant de plus en plus d’obstacles !
Par la répression ordonnée par le ministre de l’intérieur, Castaner, le gouvernement Macron emploie des moyens inacceptables, intolérables, ceci au nom d'un Etat qui se revendique, mensongèrement, être un état démocratique. En réalité nous glissons peu à peu d'une dictature soft vers une dictature de plus en plus sévère, vers une France, voire un monde, de plus en plus liberticide !
Je pense aussi à la censure, à la pensée unique des médias dominants, appartenant à 10 milliardaires !
A chaque manifestation je mets le microphone de mon mégaphone à disposition des autres manifestants qui souhaitent faire passer un message. Ainsi on s’est adressé à maintes reprises aux policiers en leur demandant de baisser leurs armes, les lanceurs de LBD 40 !
Maintes fois certains policiers, équipés de l'arme de guerre qu’est le lanceur de LBD 40, interdit dans tous les pays de l’UE sauf en France, pointaient directement leurs armes sur des manifestants pourtant pacifiques.
La plupart des français n'osent pas nous rejoindre par peur de la police...Oui le lanceur de LBD 40 fait peur, cette peur qui est instrumentalisée par le gouvernement pour maintenir le nombre des manifestants le plus bas possible !
Les médias dominants font le reste en se focalisant sur les violences des black blocs.
Les Street Medics se sont fait confisquer leur matériel dans plusieurs villes en France notamment l'équipe de Bordeaux ceci à l'acte 21…. voire le témoignage suivant !
Les deux street medics qui m'ont aidé ce samedi m'ont confirmé que durant la manifestation de l'acte 21 ils se font fait confisquer leurs masques, et leur matériel de secours !
Deux des Street Medics ont été blessés ce jour-là par la police et ont fini au Tripode (le grand hôpital de Bordeaux).
Imaginez-vous qu'on tire sur les gens de la croix rouge ?
Il y a des humains qui n’ont aucune éthique, aucun respect !
Sachant en plus que les street medics de Bordeaux sont "politiquement neutres"... il faut savoir qu'ils viennent aussi en aide aux policiers si besoin est.
En résumé, les Gilets Jaunes subissent une répression politique terrible sans parler du mépris du gouvernement envers l'ensemble des GJ qui sont des gens du peuple, des Français...
Nous avons affaire à un gouvernement qui est aux abois, qui est obstiné, recroquevillé sur ses prébendes, voulant à tout prix garder son cap vers la mondialisation, le cap de l'ultra-libéralisme. Macron ne veut rien céder et il est complice des escroqueries commises par le monde de la finance qui a financé sa campagne présidentielle, monde de la finance qui contrôle les hommes politiques (parce qu’ils le veulent bien...en réalité, s’ils avaient du courage politique et le sens de l’intérêt général au lieu d’avoir les yeux fixés sur leur petite carrière et leurs privilèges) et les médias aux ordres, chiens de garde du système. Il faut beaucoup de courage et d’abnégation aux Gilets Jaunes pour se battre contre un système qui dispose d’énormes moyens financiers, policiers, médiatiques, mais ils le font tous les samedis en prenant des risques, au prix de leurs heures de repos, de leur temps passé en famille... Et ce sont des gens intéressants, au grand cœur, informés, HUMAINS, soutenus par beaucoup de Français et même d’étrangers qui les prennent en photo. Récemment, nous étions un groupe devant Utopia, un Norvégien nous a pris en photo et nous lui avons donné un Gilet Jaune, il était très content...En face d’eux, à la tête du pays, les installés, des petits bourgeois privilégiés qui ne savent rien de la vie, qui ont eu la chance de pouvoir poursuivre leurs études car ils viennent d’un milieu privilégié, préservés des mauvais coups du sort, préoccupés uniquement par leur réussite, la satisfaction de leur égo, la quête d’avantages toujours plus grands, pris sur une population qui en bave, qui se lève tôt, qui a du mal à s’en sortir...Comment ne pas se révolter contre eux, ne pas être scandalisé par l’injustice sociale flagrante, ne pas avoir envie de jeter ce système à la poubelle, qui transforme peu à peu les gens en esclaves à la merci de ces privilégiés arrogants et inhumains d’un autre monde...
Tous ensemble on ne lâche rien, donc RDV pour le 1er Mai 2019...
Allez voter le 26 mai 2019, même si l’on sait que ces élections ne servent à rien, que ces députés européens ne sont là que pour remplir les caisses de leur parti, que les décisions sont prises par la Commission européenne non élue, que l’U.E. est la porte grande ouverte sur la mondialisation, que cette U.E. n’est pas transformable de l’intérieur et qu’il n’y a qu’une seule issue, en sortir, qu’on nous a bien roulés en 2005 ... simplement, comme disait Coluche, « pour leur foutre au c… »...Le 26 mai, un seul tour, pas de vote blanc, pas d’abstention, tout ce que vous voudrez, sauf Macron...On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là...
Ps. :
A Bordeaux, des Gilets Jaunes ouvrent une permanence avec avocats et psychologues
Un grand MERCI à mon copain Gerard, pour son aide à la rédaction de cet article.