jeudi 31 août 2017 - par
Travailleurs détachés : Macron entre Hollande et Sarkozy
Curieux spectacle pour cette rentrée politique que de voir le président traverser l’Europe et s’agiter pour dénoncer cette « trahison de l’esprit européen » que représente la fameuse directive sur les travailleurs détachés et réclamer sa réforme. Après le refus, temporaire, du rachat de STX par Fincantieri, on pourrait croire à une évolution souverainiste. Sauf qu’il ne s’agit que de communication.
Postures et compromis dérisoires
Sur STX, même s’il faut pour l’instant se réjouir de la décision prise de mettre son veto au rachat par des Italiens très liés à des Chinois, il convient de rester prudent. S’agit-il d’une commedia del’arte, comme nous avons eu le cas sur Alstom, où ceux qui nous gouvernent cherchent surtout à montrer qu’ils défendraient les intérêts de la France, tout en laissant faire en réalité grâce à des pseudo-compromis bancals. Il faut attendre quelques semaines pour juger pleinement ce que le gouvernement décidera de faire sur ce sujet. Comme nous l’avons bien vu avec Alstom et GE, le compromis était totalement déséquilibré, et rarement en faveur de nos intérêts, dont la défense semble tétaniser nos dirigeants.
Voilà qui amène à remettre en perspective le cinéma diplomatique de Macron. Bien sûr, entre des discours calibrés, et un tour d’Europe alimentant les média, le président semble prendre à bras le corps ce problème. Ici, on peut y voir l’enfant politique de Sarkozy : beaucoup d’agitation, de coups de mentons, pour pas grand chose au final (comme pour la délinquance et la finance alors). Car ce qui est frappant pour qui accorde la moindre attention aux propositions de l’Elysée, c’est leur très grande timidité. Ce n’est pas en limitant à un an des contrats, qui sont de toutes les façons bien plus courts en général, que cela limitera cette pratique, d’autant plus qu’il serait sans doute possible de les enchaîner.
Si cela était si choquant, il faudrait faire comme pour Schengen après les attentats : une suspension de cette pratique scandaleuse, qui introduit une concurrence totalement déloyale pour tous les travailleurs français qui, avec pourtant 15% de la population qui cherche un emploi, affrontent la concurrence de personnes qui viennent de pays où les cotisations sociales sont bien plus faibles et où les salaires sont bien plus bas. Mais, merci à Emmanuel Macron de montrer qu’il est si compliqué de changer quoique ce soit dans l’UE, montrant bien que la seule véritable solution est une sortie de ce monstre. Car nul doute que le compromis à venir ne changera pas plus les choses que celui obtenu par Hollande…
Bref, ici, Macron ne fait que de la communication, une forme de triangulation, où il reprend un argument du camp adverse pour essayer d’affaiblir son opposition. Mais, à juger par une courbe de sondage qui descend plus vite que pour tous les autres présidents, les manœuvres grossières du président ne parviennent pas à convaincre. Le maquillage est bien trop grossier. Et ce faisant, il est possible qu’il parvienne à la fois à décevoir ses soutiens sincères, déçus par les gouttes d’eau d’apparence souverainiste qu’il met dans son vin, sans pour autant convaincre ceux qui s’opposaient à lui, pas dupes de la réalité des mesures qu’il prend ou encore de l’agenda plus global qu’il a choisi de mettre en place.
Ce faisant, Macron montre qu’il n’est que l’enfant politique de Sarkozy et Hollande. Du premier, il reprend les postures aussi jupitériennes que désordonnées et superficielles, qui ne changeront pas grand-chose au final. Et du second, il reprend le goût des compromis et de la moraline venue de gauche. Et au final, il poursuit dans la même direction qui nous mène à l’échec depuis plus de 30 ans.