samedi 6 décembre 2008 - par Henri Diacono

Un de plus et une de moins

En fin d’année la coutume veut que bons et quelquefois mauvais points soient distribués. Le monde politique "politicard" si bien ancré en France, n’échappe pas à cette règle, avec ses coups tordus et ses cadeaux empoisonnés.

Au delà des rumeurs et confidences, des décisions importantes viennent d’être prises dans les deux camps de cette corporation. Deux condamnations à mort. 

La droite a ouvert le bal des condamnés à sa façon. En couvrant d’oripeaux assassins celui dont elle veut se débarrasser. Et pour arriver à ses fins elle a innové. Au sein même du Pouvoir Suprême. Pour la première fois dans l’histoire de la V° République, son Président a en effet crée de toutes pièces un nouveau placard doré au titre ronflant : le Ministère de la Relance Economique. Il s’est empressé d’y engouffrer un trublion, Patrick Devedjian, l’un de ses fidèles lieutenants d’antan qui commençait à ruer dans les brancards.

Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien là d’un « placard » provisoire et inutile. D’ailleurs il fallait voir vendredi soir à la télé le nouveau récipiendaire ergoter le contenu de ses soi-disant pouvoirs sous l’œil attentif et froid de l’instituteur- garde chiourme, pardon, du Premier Ministre, pour comprendre que celui qui était hier encore l’un des principaux rouages du parti du Président, n’aurait rien d’autre à faire dans ses nouvelles attributions que d’occuper un bureau (luxueux de préférence) entouré d’une petite armée de collaborateurs serviles et paresseux, et d’y faire des cocottes en papier à longueur de journée.

 On voit mal en effet comment les différents ministères concernés par les chapitres de ce plan de relance – qui n’aura qu’une existence brève, répétons-le – se débarrasseront de leurs prérogatives au bénéfice du nouveau-venu.

La condamnation en forme de récompense (le salaire et les avantages, voyons !!!) a été longue à venir. Le nouveau ministre avait commencé à sentir la brise de la disgrâce lorsque, Secrétaire Général de l’UMP depuis un an, à la suite de quelques mouvements d’humeur à l’égard du Pouvoir Central, il avait été flanqué récemment d’adjoints de poids, très proches de Sa Majesté.

Le Ministre de la Relance Economique gardera-t-il pour autant son mandat de député d’Antony et surtout celui de la présidence du Conseil Général des Hauts de Seine, justement là où s’est niché le fils aux dents longues de qui vous savez en tant que jeune président du groupe UMP/Nouveau centre ?

Peu importe. La France depuis samedi a un ministre de plus... et en face, une opposante de poids en moins.

En effet le soir même où Patrick Devedjian était honoré, rue Solferino le tocsin s’apprêtait à annoncer la « disgrâce socialiste » pour Ségolène Royal. L’un des lieutenants de celle-ci déclarait en effet « …que les conditions d’un rassemblement au Parti Socialiste n’étaient pas là et que Martine Aubry en était la seule responsable. » Le Nouveau PS, bâti sans nul doute sur une recette ancienne, sera donc dirigé par un gouvernement interne sans aucun des tenants du courant incarné par Ségolène Royal.

D’un côté comme de l’autre des deux incarnations féminines qui se partagent à 50/50 les militants du parti, ont dit haut et fort « continuer à essayer de trouver un accord de direction ». Ils ne trompent personne. La bande aux éléphants est arrivée à ses fins, en écartant somme toute définitivement (et peut-être maladroitement) de la gouvernance, celle qui les a empêchés de ronronner depuis plus de deux ans.

Reste à savoir si Ségolène Royal dont on connait la pugnacité, acceptera de disparaître. Du beau spectacle en perspective. 



12 réactions


  • non666 non666 6 décembre 2008 14:45

    Ce qui encore plus drole dans le débarquement de devedjan et la nomination des siccesseurs , c’est que cela se fait (une fois de plus) en violation de ce que devait etre la "rupture" sarkoziste.

    Qui disait qu’il voulait etre en rupture avec une certaine façon de faire de la politique (en montrant du doigt ) les ficelles qui agitaient les marionettes de Chirac ) ?

    Qui pretendait que ce serait les militants qui decoderaient de leur leader (quand les sondages indiquaient que les militants allaient voté Sarkozy) ?


    Allez je serais strict, je ne vous influencerais pas : cherchez vous memes....


    • Gabriel Gabriel 8 décembre 2008 08:16

      Bonjour,

      J’aime bien la photo de ces deux hypocrites avec leurs sourires d’enc.... On s’en qui sont près du peuple.


  • geo63 6 décembre 2008 19:40

    Il est vrai que ce ministère de la relance est d’une cocasserie sans limite. C’est ce que l’on appelle un ministère à vocation transversale puisqu’il va devoir empiéter sur les prérogatives des plus importants  : finances, budget, travail...
    A chaque fois le Ministre Devedjian va se faire renvoyer dans les cordes.
    Encore une magouille de plus comme le souligne l’auteur, par le Naboléon qui ne pense qu’à la France, comme chacun sait.
    Quant au cirque du PS, attendons les prochaines élections, le verdict risque d’être sévère.


    • non666 non666 6 décembre 2008 20:13

      D’un autre coté, nous savons tous a qui sont dédié les postes "transversal" dans les entreprises.

      En général sous couvert de promotion, il s’agit de se debarasser d’un individu pour limiter son pouvoir de nuisance.

      Ah l’esprit "corporate", maintenant qu’il a atteint les hautres sphères de l’Etat, que de cocasses situations nous attendent pour ceux qui savent en decoder le vocabulaire....


  • morice morice 6 décembre 2008 23:14

     On devait pas les NOTER, ces nazes ??? C’est passé où cette idée ?? il y avait trop de notes négatives et Dati avoisinait le zéro absolu -273,15 ?


    • non666 non666 7 décembre 2008 12:49

      Mon pauvre morice, la carriere "au merite" c’est pour ceux d’en bas.

      Celui qui voulait noter les policiers, les prefets et les juges au résultat serait trop atteint si nous étions assez lucide pour lui appliquer SES critères sur SES promesses et si nous en tirions les conséquences.

      Il préfère désormais surfer sur le fil des sondages en soutenant à fond l’opinion du jour des élécteurs , quitte a se renier 10 fois par mois.

      Il donne l’image de l’engagement la ou il n’y a que le pire des suivisme : celui du "leader "qui suit la troupe pour savoir ou elle va : on est loin de Napoleon sur le point d’Arcole.

      La c’est plutot le leming qui suit la meute.


  • Daniel Roux Daniel R 7 décembre 2008 00:13

    Concernant Aubry et Royal,

    La première a remporté les élections et la seconde a perdu. Peu importe maintenant les états d’âme des uns et des autres, l’histoire commence aujourd’hui et l’adversaire est ailleurs. Il s’agite, il légifère, il abuse des pouvoirs qu’il accapare au mépris d’une Constitution et d’institutions ridiculisées.

    Les premières dispositions d’Aubry sont intéressantes et je souhaite qu’elle persévère. Ce n’est pas si facile de faire vivre et exister un gouvernement fantôme. Elle doit absoluement regarder devant elle sans se retourner sur les retardataires et les revanchards.

    Le but est d’apparaître comme une alternative crédible. Faire de la conférence de presse hebdomadaire un vrai rendez vous médiatique incontournable. Construire une critique sans langue de bois de la politique ringarde et archaïque de Sarkozy mais surtout dire ce qu’elle fera une fois au pouvoir, ce qu’elle défera, ce qui est abus de pouvoir et de droit, etc... Elle doit démasquer le vrai visage du Sarkozysme et il n’est pas beau à voir.

    Elle doit faire en sorte que Sarkozy ne dorme plus la veille de son intervention. Elle doit le marquer à la culotte, convaincre les Français qu’il est leur ennemi social, qu’il n’a fait qu’aggraver les inégalités en favorisant outrageusement les rentes de situation de ceux qui organisent et revendiquent pour les autres l’ insécurité sociale. Elle doit convaincre au moins 51% des électeurs qu’une autre politique est possible.

    Le premier secrétaire doit être dès maintenant le candidat officiel du parti socialiste aux élections présidentielles et présenter une équipe dont chaque élément sera choisi en fonction de ses mérites et non pas en fonction de sa souplesse d’échine. Tout le contraire de ce qui se fait en face.


    • Henri François 7 décembre 2008 08:34

      Entièrement d’accord avec vous, mais, hélas, trois fois hélas, privée de Ségolène Royal, ses lieutenants et le courant qu’elle représente, Aubry ne pourra jamais convaincre et encore moins s’inscrire dans une lignée "présidentielle".


    • non666 non666 7 décembre 2008 12:56

      Oui "l’histoire commence aujourd’hui " .

      Depuis 80 ans c’etait "nous sommes dans le sens de l’histoire qui mene au socialisme...."

      Bon pour que l’histoire s’intéresse a vous, il faudrait d’abord que vos petites histoires soient cohérentes.
      QUI croit encore au socialisme dans le parti socialiste ?
      A quoi cela sert d’afficher cette etiquette si plus personne n’y croit ?

      Serieusement, a part garder les privilèges liés à la fonction de deuxieme parti du bipartisme de fait, qu’est ce que le PS sinon une ecurie présidentielle "comme les autres".
      Ah non, vous avez raison, dans les autres , après s’etre moqué de lepen , ils font comme lui : CE parti est à MOI. Au PS on en est encore aux enchères...

      Pour les idées, cela fait longtemps que de l’UMp au PS, plus personne ne leurs est fidèle.


    • Daniel Roux Daniel R 7 décembre 2008 14:24

      Il y a l’idéal et il y a la réalité. Exiger l’idéal, c’est renoncer à la réalité.

      Qu’est-ce que le Socialisme ? Une utopie proche du Communisme. Nous sommes là dans le monde des idées peuplé d’homme parfait. Le problème est que l’homme réel n’est pas l’Homme parfait. L’homme réel est majoritairement plus ou moins cupide, avide, égoïste. Il existe des saints paraît-il, mais ils ne font pas de politique.

      Dans le monde réel, si vous n’êtes pas capable d’accéder au pouvoir, vous ne pouvez pas agir sur la réalité. Vous pouvez protester, manifester, parfois faire reculer le gouvernement sur un abus, mais vous n’avez pas la légitimité de modifier la politique décidée par celui qui est élu au suffrage universel même s’il abuse du pouvoir.

      Il est urgent de dénoncer la politique de classe de Sarkozy qui conduit le peuple vers la misère. Il est temps que la Gauche même imparfaite, accède au pouvoir afin de rééquilibrer la politique sociale. Le PS est actuellement le seul en position de gouverner. Les autres partis de gauche se cherchent encore et 2012, c’est demain, ils ne seront pas prêts.

      Bien sur que Aubry ne va pas mettre en place le collectivisme. Ce que la majorité des Français souhaitent, c’est une politique du type de celle menée par Jospin ( insuffisamment expliquée en 2002). Une politique pragmatique qui ré-équilbre le capital et le social tout en mettant fin à l’incroyable gabegie d’argent publique que sont les subventions (100 milliards par an, 2 fois le déficit budgétaire) et que personne ne maîtrise plus.


    • Traroth Traroth 8 décembre 2008 17:02

      Mais si c’est pour mener la même politique que l’UMP, pourquoi est-ce qu’il faudrait soutenir le PS ? Les gens veulent une alternative, pas une deuxième fois la même chose !


  • Barth 8 décembre 2008 16:21

    Et si ce sourire était celui, non pas d’un président, mais celui d’un père ravi de préparer son cadeau de Noël à son grand fiston (comment il s’appelle déjà celui que Schreck a niqué) en forme de présidence du conseil général des Hauts de Seine.
    Je vous dis qu’ils en sont capables.
    Il va oser le faire, il ne pourra pas se retenir.


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