jeudi 3 août 2017 - par Aimé Mathurin Moussy

Afrique : Au nom de Dieu et du business, Ainsi soit-il !

La multiplicité à une vitesse exponentielle des Eglises charismatiques, qui mettent l’accent sur les conversions individuelles, la relation affable au succès personnel ou au fanatisme prosélyte, est une réalité, et notamment celle de la mouvance pentecôtiste, axée sur l’exaltation du Saint-Esprit et l’accomplissement de miracles.

Ces églises, qui prêchent la prospérité et les miracles, ont pris d’assaut les coins et recoins à la recherche d’âmes à délivrer. C’est dans une effervescente et fiévreuse ambiance que tous les dimanches, de 9h à 18h, toutes les rues des grandes villes de l’Afrique sub-saharienne, plongent dans un brouhaha indescriptible. Les nombreuses églises officient à l’aide d’instruments de sonorisation puissants, avec des orchestres diffusant des musiques endiablées.

Elles sont prolifiques, exubérantes tels des champignons. Leurs dénominations sont aussi originales que farfelues : Eglise de la foi des ressuscités, Eglise de l’évangile des vainqueurs ; Eglise du vrai paradis etc. Il va sans dire que les titres de leurs leaders très expressifs, sont inspirés et recherchés : Messie du Père ; Pape Patriarche, Apôtre Imperator… Leurs tenues vestimentaires varient en fonction de la mission et de la vision dont ils sont mandatés de Dieu ; Certains sont vêtus de turbans, de soutanes, d’autres de mantelets…

Pendant les offices, leurs arrivées revêtent une solennité particulière. Pour ceux qu’on qualifierait de normaux, c’est au son de la trompette et une milice qui se met au garde-à-vous ; ceux dits modestes se font annoncer par un imprésario, avec une ribambelle de jouvencelles qui chauffent la salle et agitent des drapeaux à l’effigie du maître de céans ; Enfin ceux qu’on qualifie de Fils du Père, se font porter sur un hamac, tout un folklore !

Ces hommes porteurs d’espoir, malgré leurs titres et leurs prêches ensorcelants, ne sont pas de premiers communiants. A leurs mines candides, on leur donnerait le bon Dieu sans confession. Erreur ! La plupart sont des ravisseurs et prédateurs sexuels. Dans ce domaine le péché ne fait pas de tri. De l’Apôtre aux pasteurs, en passant par les évangélistes, tous sont pointés du doigt pour des scandales sexuels : Fornication et d’adultère. 

Dernièrement, dans une Eglise, un pasteur a été pris pour cible par une dame, parce qu’il aurait prolongé sa main, lors d’une séance d’exorcisme, dans le jupon de sa fille de douze ans... Une fois aussi, j’ai entendu un Pasteur me dire que, s’il trouvait une femme nantie, il irait avec elle pour accroître les deniers de son église ; en me rappelant que David fut adultère. Ce week-end, sur les réseaux sociaux, un Evêque a été embastillé parce qu’il serait en train de commettre l’adultère avec une femme. Sous le coup de la colère, le mari est allé menotter l’Evêque devant ses fidèles, pour leur dévoiler la face cachée de leur berger. Il faut reconnaître que les religieux qu’on qualifiait de gardien de l’ordre moral, ont transformé ces lieux de recueillement en poudrière. En écoutant les témoignages de ceux qui ont été délestés par les hommes d’église, les qualificatifs ne sont pas les moindres : escrocs, magiciens, menteurs, en somme tous les noms d’oiseaux lugubres.

Hormis ces péchés véniels, il ya une énorme carence dans la formation théologique. Les prédications sont souvent mal maîtrisées, mais convergent dans la plupart des cas vers un seul but : La bourse ! Il ressort au final que, quand vous sortez de ces églises, vos poches, votre âme et votre esprit ont été dépouillés. Ces églises, installées dans les quartiers sombres, en périphérie, à l’entrée des villes ou à leur sortie, ont malgré tout le vent en poupe, des âmes en détresse sont toujours dans l’attente d’être sauvées.

Quand en finira-t-on avec ce cancer des nouvelles églises ? Une honte inscrite au fronton des institutions religieuses, dont la mission première est d’affaisser les vices et d’élever les vertus.

Nous constatons désemparés, un silence approbateur des pouvoirs publics avec ces nouvelles églises, qui représentent un grenier imparable de voix. On peut remarquer qu’au début des années 2000, s’observe une évolution de la relation de ces Eglises avec le pouvoir qu’il s’agit désormais de convertir. Une évangélisation du pouvoir se manifeste avec une intensité variable et selon des modalités propres à chaque pays. L’accession au pouvoir de chefs d’Etats appartenant ou se référant à cette mouvance religieuse, de la Côte-d’Ivoire de Laurent Gbagbo, Atta Mills du Ghana, à l’actuel Burundi de Pierre Nkurunziza, en passant par le ministre John Ebong Ngollé du Cameroun, en constitue la face la plus visible. C’est qu’au-delà des relations clientélistes entre acteurs chrétiens et politiques, dont a récemment témoigné le soutien de nombreux pasteurs à la révision constitutionnelle, permettant au président congolais Denis Sassou-Nguesso de briguer un nouveau mandat, ces évolutions traduisent surtout une osmose croissante entre politique et religieux, voire une saturation religieuse des espaces publics, selon Cedric Mayrargue, Libération.

Il n’est plus question de se faire avoir par ces prêcheurs de bonheur, qui dorment sous des lambris dorés, pendant que la grande majorité croupit sous la misère. L’Afrique a besoin d’hommes forts pour s’enrichir, et non de religions qui abaissent l’intelligence humaine. Car, si ces prophètes étaient de vrais et de bons, ça se saurait !

©Aimé Mathurin Moussy



3 réactions


  • Daniel Roux Daniel Roux 3 août 2017 11:40

    L’instruction est le moyen le plus efficace dans le temps, pour délivrer le peuple de l’aliénation religieuse et clanique.

    Les prêtres ciblent principalement ceux qui ont le moins d’instruction. Ce sont les plus faciles à entourlouper, à embrigader et à exploiter.

    Croire au paradis et en la vie éternelle, quand on est malheureux et sans instruction, permet de patienter et de subir les pires outrages sans se révolter. La religion est un formidable moyen de contrôler le peuple d’où le soutien des dictateurs aux prêtres complices et profiteurs.

    L’influence de la religion et des religieux est inversement proportionnelle au niveau et à la qualité de l’instruction.

    Lorsque l’instruction régresse, la religion prospère et l’influence des prêtres augmente, comme le montre le cas remarquable des États-Unis en déclin rapide.


  • zygzornifle zygzornifle 3 août 2017 12:36

    Afrique = a fric pour les multinationales ....


  • baleti baleti 6 août 2017 15:47

    donner a manger a quelqu’un qui a faim, vous pouver meme lui dire que vous etes dieu, il se prosternera.


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