mardi 20 janvier 2009 - par Emile Mourey

Apocalypse : hier, aujourd’hui, demain ? (Suite 2 et fin)

Eh bien, voilà ! Par acquit de conscience, je termine ici mon décryptage du texte de l’Apocalypse de Jean. Je dis bien, par acquit de conscience, parce que je n’ai pas l’impression que mes compatriotes se rendent compte de l’importance du problème. Les uns veulent toujours comprendre les textes bibliques "en surface", c’est-à-dire dans une lecture littérale, ou presque, tandis que les autres ont décrété, une bonne fois pour toutes, qu’il s’agissait de textes inventés. Enfin, il y a ceux qui voient dans ce dernier texte qu’est l’Apocalypse de Jean des signes annoncés de la fin des temps ou la promesse du paradis. Dans un monde de spiritualités diverses qui, désormais, nous regarde et nous juge sur notre culture, nous n’avons qu’une porte de sortie honorable : cette nouvelle interprétation que j’ai proposée depuis déjà un certain nombre d’années, malheureusement sans succès, et qui ne me vaut que des sarcasmes.

L’Apocalypse de Jean est un texte essénien. Les évangiles sont des textes esséniens, l’épître aux Hébreux est un texte essénien, les épîtres de Paul sont des textes chrétiens ; c’est plus qu’une thèse et c’est une autre façon de comprendre.

Les passages en italiques que je cite sont extraits, sans aucune modification de ma part, de la traduction du professeur Claude Tresmontant, la seule traduction que je considère comme fiable car au plus près du texte d’origine (cf. Apocalypse de Jean, Edition F.-X. de Guibert). Les interprétations sont miennes et, comme d’habitude, à l’opposé de celles qui ont cours.

9/1. et le cinquième messager a sonné du schôphar et j’ai vu une étoile qui des cieux était tombée sur la terre et on lui a donné la clef du puits de l’abîme...

Dans mon article précédent, j’ai fait l’hypothèse qu’il s’agissait du gouffre insondable de Paneas où Flavius Josèphe voit la source du Jourdain. Abîme, fumée, fournaise ? aucune hésitation ! Il n’y a rien à attendre de bon de ce qui va sortir de là. Et en effet, c’est une multitude de sauterelles à visage d’homme qui sortent du puits de l’abîme en escadrons serrés. A ces sauterelles, il est donné de tourmenter les habitants qui ne sont pas marqués du sceau de Dieu. Leur roi, messager de l’abîme, c’est le mal et le péché. Flavius Josèphe semble confirmer ce désordre et cette folie qui ont déferlé sur la région. Il faut dire que les gouverneurs romains ont été loin d’être à la hauteur et qu’ils ont une grande part de responsabilités. Les riches étaient dépouillés de leurs biens. Des hommes étaient poignardés sans raison les jours de fête et les assassins s’éclipsaient dans la foule.

9/13 à 16 . et le sixième messager a sonné du schôphar... les quatre messagers qui ont été enchaînés sur le grand fleuve l’euphrate... ils ont été déliés... le nombre des armées de la cavalerie de vingt mille de multitude...

Bien différents des affreuses sauterelles échevelées et à la piqûre de scorpion, les terribles cavaliers qui viennent de l’Euphrate ont des cuirasses couleur de feu. 9/17. les têtes des chevaux sont comme des têtes de lions...Et il est donné à ces cavaliers de tuer ceux qui, malgré les tourments précédents, ne se sont toujours pas repentis en continuant à... 9/20 à 21. se prosterner devant les divinités païennes et les idoles en or... en argent...en bronze... en pierre... en bois qui ne peuvent pas voir ni entendre ni marcher... pas repentis de leurs meurtres... sortilèges... prostitution...viol.

Qui sont ces cavaliers qui viennent de l’Euphrate, ou d’au-delà de l’Euphrate ? Ce ne peut être que des alliés que les responsables esséniens ont appelés en renfort (l’exil de Babylone avait probablement laissé par là un certain nombre de chromosomes). Quels alliés ? La réponse est facile vu qu’il n’y eut qu’une nation qui vint au secours des Juifs : le royaume d’Adiabène, l’ennemi des Parthes, l’actuel Kurdistan. Dans les combats que relate Flavius Josèphe de 66 à 70, on y voit à l’oeuvre les héros et les combattants de ce pays côtoyant un chef essénien du nom de Jean tandis que le texte de l’Apocalypse célèbre le courage et la foi des martyrs face au "satan" romain.

14/8. elle est tombée elle est tombée babel la grande elle qui du vin de la fureur de sa prostitution a fait boire à toutes les nations païennes...La plupart des commentateurs pensent que c’est Rome qui est désignée sous le nom de Babylone. Bien que l’on puisse hésiter, je pense qu’il s’agit plutôt de la ville de Jérusalem que les Esséniens avaient prise en aversion, d’une part parce qu’ils en étaient exclus, d’autre part parce qu’ils lui reprochaient de se prostituer (politiquement bien entendu) avec les Romains.

Et Jean menace de la fureur de dieu quiconque se prosternera devant la face de l’être vivant (l’empereur), devant la face de sa statue ou qui acceptera l’inscription sur son front ou sa main (d’être recensé).

14/29. et il a été foulé aux pieds le pressoir en dehors de la ville et il est sorti le sang hors du pressoir... Les Romains investissent la Palestine. Le sang coule.

16/10. et le cinquième a versé son vase sur le trône de l’être vivant et il est devenu ténèbres son royaume... allusion possible à l’incendie de Rome de 64.

16/13. et j’ai vu (sortir) de la bouche du serpent de mer (Satan) et de la bouche de l’être vivant (l’empereur) et de la bouche du prophète de mensonge (saint Paul) trois esprits impurs comme des crapauds...

16/16. et il (lempereur) les a rassemblés (les rois de la terre habitée toute entière) dans le lieu qui est appelé en hébreu har magedôn (Césarée)... 16/14. pour la guerre du grand jour du dieu des armées...

16/19. et elle a été la grande ville (divisée) en trois parties... Cela correspond à la situation dans laquelle se trouvait la ville de Jérusalem avant le siège. Jean de Gischala occupait le parvis extérieur du temple, les Zélotes tenaient le temple, Simon tenait la ville haute et une partie de la ville basse (cf. Flavius Josèphe).

et les villes des nations païennes sont tombées... Les villes non juives ont été les premières à se rendre aux Romains.

16/21. et une grande grêle comme des talents est tombée des cieux sur les hommes... les pierres des catapultes pesaient chacune un talent.

17/4. et j’ai vu une femme... Jérusalem... qui était assise sur une bête rouge écarlate... (Rome, cf. la monnaie romaine à la louve)...

17/5... Jérusalem... la mère des prostituées...

17/7. le secret de la femme (Jérusalem) et de l’être vivant qui la porte (Rome) celle à qui sont les sept têtes et les dix cornes...

17/9. les sept têtes sont les sept montagnes là où la femme est assise sur elles... difficile de ne pas voir Rome assise sur ses sept collines (la bête est devenue femme).

17/10. Il y a sept rois les cinq sont tombés (César, Auguste, Claude, Tibère, Caligula) il y en a un qui est là (Néron)... Néron est mort le 9 juin 68.

17/12. et les dix cornes que tu as vues ce sont dix rois qui n’ont pas (tout à fait) reçu la royauté ... il s’agit probablement des gouverneurs romains.

17/14. ce sont eux qui vont faire la guerre avec l’agneau (le conseil essénien crucifié dont Mathieu a raconté l’histoire et qui, depuis le sanctuaire du ciel, dirige toutes les opérations) mais l’agneau va les vaincre...

19/11. et j’ai vu les cieux ouverts et voici un cheval blanc et celui qui est assis sur lui il est appelé certain et véritable et c’est dans la justice qu’il juge et qu’il fait la guerre... Nous sommes aux alentours de l’an 68. C’est l’année où le Gaulois Vindex soulève une partie de l’empire après avoir prononcé un véritable réquisitoire contre Néron, au centre de la Gaule... Vindex, le justicier.

Epilogue. Le soulèvement de Vindex fut un échec. Lui-même se suicida vers le mois de juin 68. Néron se suicida également le 9 juin 68. La ville de Jérusalem fut rasée en 70... et la nouvelle Jérusalem annoncée par Jean n’est pas descendue du ciel.

N.B. J’ai traité le sujet d’une façon plus détaillée dans mes ouvrages publiés en 1995 et 1996. Cet article complète mon étude.



12 réactions


  • eugène wermelinger eugène wermelinger 20 janvier 2009 13:06

    Cher M. Mourey,
    voilà donc la suite attendue.
    Ne vous tracassez pas pour les commentaires, parfois haineux même, venant de la part de gens qui ne valent pas la peine qu’on leur réponde. Qu’ils restent avec leurs aigreurs, rancoeurs et intolérance. 
    Votre point de vue est certes original - pour le moins - mais digne d’être connu.
    Cordialement. Eugène. 


    • Emile Mourey Emile Mourey 20 janvier 2009 13:27

      @ Eugène Wermelinger

      Merci pour vos encouragements car j’aurais été vraiment déçu que l’article soit refusé par la modération. Bien sûr que je connaissais le sujet mais il m’a fallu tout de même plusieurs jours de travail pour essayer d’interprêter au mieux les nombreux points qui prêtent encore à discussion et qui conditionnent pourtant la compréhension de l’ensemble du texte.

      Amicalement.


    • antitall antitall 25 janvier 2009 15:30

      Plusieurs jours de travail smiley....ça fait 2000 ans qu’on essaie de comprendre la signification et Mourey met "plusieurs jours" pour en traduire la complexité... smiley quel "castar" ce Mourey !!....c’est tout bonnement risible...


  • Antenor Antenor 20 janvier 2009 13:51
    La ville de Panéas-Césarée de Philippe semble avoir eu une importance particulière aux yeux des auteurs du nouveau testament. Dans Marc (8.27) et Matthieu (16.13), c’est sous ses murs que Jésus annonce sa passion et sa résurrection pour la première fois.
     
    Je me demande si Jésus ne cherche pas ainsi à faire comprendre à Hérode Philippe qu’il le tient pour responsable de la mort de Jean-Baptiste et de la sienne à venir. Il lui offre même une dernière chance de se racheter :
     
    « Si quelqu’un veut venir à ma suite ; qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive… »

    • Emile Mourey Emile Mourey 20 janvier 2009 15:10

      Paneas-Césarée était la ville de la toparchie dont avait hérité Hérode Philippe, cet Hérode dont l’histoire est, en effet, liée à la mort de Jean-Baptiste. A ne pas confondre avec la Césarée qu’Hérode le Grand a construite au bord de la mer, à l’emplacement de la tour de Straton, et où résidait le gouverneur romain.


  • Emile Mourey Emile Mourey 20 janvier 2009 16:14

    Quand le texte de l’Apocalypse a-t-il été écrit ? Je n’ai pas donné de date dans mon article. Mon impression est qu’il a été rédigé en plusieurs temps. La partie vraiment prophétique étant la descente de la Jérusalem céleste, descente que l’on peut comprendre textuellement ou plutôt spirituellement, les pierres étant des hommes et l’ensemble de ces hommes spirituels préfigurant la société idéale, ce qui n’est pas totalement idiot. Prophétie également que d’annoncer la défaite future des Romains vaincus par la puissance envoyée du ciel par l’agneau, ce qui ne s’est pas produit.

    Tout ce qui précède cette partie prophétique serait le récit "transposé ou sublimé" d’événements réels jusqu’en 70 ou un peu avant, au moment ou les auteurs du texte ont compris que Jérusalem serait détruite. Récit d’événements réels relatés comme s’ils étaient à venir alors qu’ils sont en train de se produire. L’Apocalypse ne fait que suivre l’exemple donné par Daniel dans ses prophéties babyloniennes. Bonne astuce, car la première partie donne au lecteur un gage de crédibilté pour la partie vraiment prophétique qui suit.

    18/4. Sortez mon peuple du milieu d’elle, correspond peut-être bien au moment où Jean a compris que la partie était perdue et qu’il fallait que ses "saints" s’échappent tant qu’il était encore temps. Jean a-t-il été entendu ? Certainement pas par tous, vu les dissensions que Josèphe met en évidence. Eusèbe de Césarée dit qu’en 66, la communauté chrétienne aurait quitté la ville. Chrétienne ? je ne sais pas.

    Il me semble que, pour Jean, la partie importante se soit jouée avant le siège de la ville lors de la bataille contre les légions de Cestius (victoire juive) et la bataille d’Ascalon (défaite juive mais glorieuse) qui connut une série d’engagements entre les Romains et des Juifs dont un chef était un Jean l’Essénien. Il faudrait essayer d’en savoir plus sur ce personnage et retrouver la chronologie des faits.



    • Emile Mourey Emile Mourey 20 janvier 2009 18:20

      Au lieu de "qu’en 66, la communauté chrétienne aurait quitté la ville", lire : De plus, le peuple de l’Église de Jérusalem reçut, grâce à une prophétie transmise par révélation aux notables de l’endroit, l’ordre de quitter la ville avant la guerre et d’habiter une ville de Pérée, nommée Pella.


  • Fauvage 21 janvier 2009 07:06

    La prophétie de Jesus sur les retour des Juifs en Palestine a -t-elle un lien avec l’apocalypse ?


  • Sinbuck Sinbuck 21 janvier 2009 12:37

    C’est vrai que cet un travail que d’interpréter "historiquement" l’Apocalypse de jean.

    Mais ce texte est symbolique et les correspondances historique que l’on peut trouver dans le texte ne sont que négligeables devant l’interprétation de cette révélation.

    Il y a dans le texte de nombreux passages qui relatent le "développement de la conscience" humaine, d’un point de vue psychologique et spirituel. Des sciences cognitives avant l’heure en somme.

    Et puis, le "nouvel ordre mondial" ou la "nouvelle Jérusalem" qui traite plus amplement du règne humain et de son développement au sein des autres règnes de la nature.

    Je trouve que les rapporchements historiques sont utiles d’un point de vue "universitaire", mais ils ne peuvent pas représenter une "interprétation de l’Apocalypse" qui doit s’appuyer sur l’explication du Symbole dans la tradition ésotérique.


  • antitall antitall 25 janvier 2009 15:25

    Par acquit de conscience, je termine ici mon décryptage du texte de l’Apocalypse de Jean.

    Rien que ça,colonel Mourey,vous êtes un imposteur qui prétend avoir "traduit" un texte aussi étrange et crypté,n’auriez-vous les chevilles un peu trop enflées ? il faut être sacrement un fiéfé menteur pour déclarer de pareils inepties,essayez donc les centuries de Nostradamus maintenant smiley
     Beaucoup s’y sont aventuré et tous ont fait chou-blanc...et heureusement ! ces textes protégent un savoir que vous n’imaginez même pas,il faudra avoir un autre état de conscience que celui d’un petit soldat aux ordres d’un empire dégénéré pour comprendre ces textes subtils,Mourey vous êtes un comique troupier de petite envergure....et je reste poli...


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