Du prêcheur pacifique au chef de guerre, Mahomet n’a jamais dit ou pensé que les musulmans devaient islamiser le monde...
Conséquence logique de la démission des philosophes, des errements des historiens, de l'aveuglement des médias, de l'irresponsabilité et de la connivence des politiques, l'islamisme radical fait son chemin.
Démission des philosophes.
Dans leur ouvrage intitulé "La sagesse des Modernes" publié en 1998, Luc Ferry et André Comte-Sponville nous promettaient pourtant de sortir de "l'enfance de l'humanité" (1). Hélas ! Le premier s'est contenté d'un bref dialogue avec un cardinal concernant un christianisme en perte de vitesse (2) et le second d'un petit traité des grandes vertus (3). Luc Ferry ne sait que penser de mes écrits tandis qu'André Comte-Sponvile estime qu'il n'est pas compétent pour en juger (4). Marcel Gauchet, après un départ foudroyant, s'est mis en retrait. Régis Debray se pose en ancien combattant. Alain Finkielkraut n'a toujours pas coupé le cordon ombilical de son judaïsme natif. Bernard-Henri Levy veut rabaisser le caquet du coq gaulois. Michel Serres n'arrête pas de répéter que c'est à la jeunesse d'inventer et Michel Onfray me répond qu'il n'a pas le temps de lire les livres que je lui ai envoyés (5). L'erreur du philosophe - que je dénonce - est de ne pas vouloir entrer dans le débat concernant la fiabilité des textes fondateurs, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, sous le faux prétexte que la philosophie est un domaine qui n'a pas à interférer avec celui du religieux. Un non-engagement qui est la négation de la philosophie (5). On en voit aujourd'hui les conséquences.
Errements des historiens.
Bien que sachant par avance qu'on n'allait pas me répondre - il est difficile de se faire entendre quand on ne fait pas partie de la communauté dite scientifique - je me suis tourné vers la Sorbonne. Mme Françoise Micheau y est professeure ; elle est l'auteure d'un ouvrage intitulé : "Les débuts de l'islam, jalons pour une nouvelle histoire" (6). Pour les spécialistes, écrit-elle, la Sira, cette vie "idéalisée" de Mahomet, aurait été écrite pour la première fois par Ibn Ishâq (mort en 767). En grande partie perdue, elle aurait été reprise par Ibn Hishâm à la demande du calife al-Mansûr, plus de cinquante ans plus tard (p. 77), puis par Tabari. Mon approche est tout autre. Le 10 août 2013, je lui ai adressé un article provocateur et contestataire intitulé : Islam, les errements de la Sorbonne et la démission des philosophes (4). Ce sont Ibn Ishâq et Ibn Hishâm qui se sont inspirés de Tabari en y corrigeant ce qui leur semblait irréaliste et non le contraire. Pour moi, la Sira de Tabari est celle qu'Abou Becker, premier disciple, prêchait, autrement dit, nous avons dans ce texte le récit de la vie authentique du Prophète, mais à condition de l'interpréter dans ses allégories et dans sa lecture cachée à l'image des textes chrétiens et bibliques qui l'ont précédée.
Aveuglement des médias.
Dans les récents débats télévisés, évoque-t-on la question des sources ? Une seule voix s'est élevée dans ce sens : celle de M. Pascal Bruckner, et son propos était très clair : le mal se trouve dans l'esprit des islamistes, dans l'interprétation des textes musulmans qu'en fait DAECH, interprétation, ni vraiment démentie, ni clairement condamnée, faute d'argumentateurs avertis.
L'évidence voudrait que l'on revisite l'Histoire, notamment la nôtre, surtout depuis qu'ont été découvertes les étonnantes fresques de Gourdon où un messie essénien fait l'offrande des prépuces et des clitoris, ce qui pose question... et qu'on remette Bibracte, sur la hauteur voisine, à Mont-Saint-Vincent. Hélas ! je cite : Vous comprendrez dans ces conditions que nous ne souhaitons pas nous lancer dans un tel débat incompréhensible pour la majorité de nos lecteurs, d'autant qu'il risque de ne jamais être véritablement tranché (le directeur départemental du journal de Saône-et-Loire, 29.9.2016). Le seul journaliste qui m'ait compris est Jean-Philippe Mestre, journaliste au Progrès de Lyon, mais après la publication de quelques articles qui m'étaient favorables, il a bien fallu se rendre compte que l'ensemble des médias ne suivait pas.
Irresponsabilité et connivence des politiques.
Concernant les récents ministres de la Culture, voyez leurs réponses "langue de bois" publiées au Journal Officiel (7). Je n'en dirai pas plus. De même, mes différents courriers adressés à des responsables politiques, même s'ils ont fait l'objet d'encouragements, n'ont pas été suivis d'effets significatifs.
La véritable histoire de Mahomet (je reprends le texte de mon article du 21 mars 2016)
I. En 610, Mahomet, appelé aussi Muḥammad, n'était qu'un prêcheur pacifique qui, à La Mecque, prêchait la bonne parole, ce qui est tout à fait honorable.
Bien que le calife Othman ait bouleversé l'ordre chronologique des sourates, Il n'est pas difficile de retrouver dans le Coran les sourates mecquoises de prédication.
Sourate 74, versets 1 et 2. Ô toi qui est couvert d'un manteau ! Lève-toi et prêche...
Sourate 36, versets 4, 5 et 6. Celui qui est puissant et miséricordieux t'a envoyé le Coran afin que tu leur prêches une religion qui n'a point été enseignée à leurs pères ; mais ils vivent dans l'insousciance.
Sourate 6, verset 92. Nous l'avons fait descendre du ciel, ce livre béni, pour confirmer les anciennes Écritures, pour que tu les prêches à la Mecque et dans les villes voisines...
Ces sourates résument l'essentiel : il s'agissait, à défaut de lois établies, de persuader des femmes et des hommes insouciants ou pécheurs qu'il y avait, après la mort, un tribunal de Dieu qui les jugerait. Il s'agissait de les amener à une conduite morale dans le cadre d'une société rénovée ayant une seule et unique religion pour guide. Instruit par les troubles religieux qui déchiraient la société de son époque, il est clair que Mahomet a lutté pour faire l'unité politique de ses concitoyens par la pratique d'une seule religion. Vue la concurrence chrétienne depuis Byzance et le Yémen et la concurrence juive depuis les colonies juives implantées, il lui a semblé que la solution raisonnable était de les rapprocher dans un islamisme après avoir corrigé les points inconciliables des uns et des autres.
Enfin, pour ne pas être taxé de laxisme, c'est une rigueur tout ce qu'il y a de plus judaïque qu'il a imposée à ses disciples (obligation de la prière, jeûne, nourritures interdites...).
Quel est ce "nous" qui s'adresse au Prophète et qui lui dicte ce qu'il doit enseigner ? Seraient-ce les moines de Bahira, aux portes de Bosra ? Est-ce Dieu qui s'exprimerait par leur intermédiaire ? Serait-ce l'ange Gabriel ? Encore aujourd'hui, on peut voir sur un mur du monastère en ruines des fresques le représendant dans une annonce à Marie.
Le monastère de Bahira était détenteur de livres saints (Tabari page 34). De toute évidence, il est l'un de ces monastères qui se sont opposés aux décisions du concile de Nicée qui fit Jésus, homme et vrai Dieu. De toute évidence, Mahomet est le nouvel apôtre que ces moines ont choisi pour relancer, en Arabie, la religion issue d'Abraham, d'une part avec des chrétiens qui auraient accepté que Jésus ne soit qu'un prophète, d'autre part avec des juifs qui auraient accepté d'ajouter à leurs prophètes, Jésus et Muhammad.
La prédication de la Mecque s'inscrit, avec quelques corrections, dans le rappel de l'histoire sainte et héroïque du peuple élu d'Israël prolongée par les évangiles. Abraham, Moïse, Aaron, David, Salomon, Jésus, y sont présentés comme des modèles de sagesse. Quant aux questions de société, il a bien fallu que le prêcheur cherche à y mettre un peu d'ordre, en particulier au sujet des femmes, éternel sujet de chicayas, première ébauche d'une charia.
Les actes de violence, ce sont Mahomet et ses disciples qui en étaient alors victimes, actes de violence savamment mis en exergue dans le Coran. Cela donnait en effet au mouvement une auréole de martyr tout en justifiant par la suite la légitimité d'une révolte. Le Mahomet de la Mecque s'élève, certes, contre les pratiques idolâtres (sourate 6) mais, dans ce premier temps, il ne condamne ses adversaires qu'à l'enfer.
II. Le Mahomet de La Mecque est-il mort... est-il ressuscité ?
Après la mort d'Abou Thalib, les persécutions redoublèrent contre le Messager de Dieu. On lui lançait des pierres ; on lui recouvrait la tête de boue. Un jour, alors qu'il faisait sa prière dans la mosquée, les persécuteurs lui versèrent sur la tête une grande quantité de terre. Ses longs cheveux, sa tête, ses joues, ses épaules furent entièrement recouverts (Tabari page 96).... Que doit comprendre le lecteur ? Qu'en réalité, Mahomet est mort, lapidé et enterré ? De retour à sa maison, une de ses filles, en lui nettoyant la tête (toilette funéraire ?) pleura (des pleureuses accompagnant la levée du corps ?). Le Prophète (?) lui dit : ne pleure pas. Ces choses-là arrivent quand on perd ses parents et ses oncles (Tabari, page 96).
Accablé d'injures, d'outrages et de misères pendant encore deux ans, Mahomet partit pour Taïf. Il y a entre Taïf et La Mecque, trois journées de marche (Tabari, page 97). Trois jours, n'est-ce pas le temps qu'il faut pour une résurrection ? N'est-il pas écrit qu'ils tueront le Fils de l'Homme, mais qu'une fois tué, trois jours après, il ressusciterait ? (évangile de Marc 9, 31). Mahomet se présenta aux portes de Taïf pour y demander l'hospitalité, comme un pauvre. Mais les habitants de Taïf le chassèrent, lui lançant des pierres. Jésus avait prophétisé trois fois qu'il ne resterait pas pierre sur pierre de l'infidèle Jérusalem. Craignant qu'un châtiment ne fondit de même sur les habitants de Taïf, et ne voulant pas les voir périr parce qu'ils n'avaient pas cru en lui et qu'ils l'avait accablé de mépris, Muhammad tourna sa face contre le ciel et s'écria : « Ô Seigneur, ne les punis pas, car ils ne savent pas que je suis ton Prophète ! » (Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font - Luc 23, 34). Il y avait non loin de là une vigne (Tabari, page 98). Un esclave s'approcha de Mahomet, un plat de raisins à la main... Le Prophète en détacha un grain et, le mettant dans sa bouche, il dit : « Au nom de Dieu ! »... L'esclave s'exclama : « Quel est le mot que tu viens de prononcer ? Il y a longtemps que je ne l'ai pas entendu… depuis que j'ai quitté ma patrie de Ninive. » Mahomet lui répondit : « Ninive est la ville de mon frère Jonas ; Jonas était un prophète et tous les prophètes sont frères. » Symbole de la résurrection, Jonas est le prophète qui, après avoir été avalé par la baleine, fut recraché trois jours après.
— Qui es-tu ? interrogea l'esclave. Mahomet répondit : Je suis Mohamed et Ahmed (c'est-à-dire le Mahomet qui est venu et le Mahomet qui vient, l'Homme qui est venu et l'Homme qui vient). — Es-tu celui dont parle l'Évangile ? Il y est dit que Dieu t'enverra aux habitants de La Mecque, que ceux-ci te chasseront, que tu reviendras pour les soumettre et pour établir sur eux ta religion (Tabari, page 97 à 99).
III. La sourate de la vache, sourate 2, marque le passage du Mahomet pacifique de la Mecque au Mahomet guerrier de Médine.
Constatant l'échec de la prédication du Mahomet de la Mecque, le nouveau Mahomet de Médine dresse un long et sévère réquisitoire contre les idolâtres, les chrétiens et les juifs incrédules (verset 99). Ces incrédules ont refusé de croire au Coran, notamment les deux derniers, qualifiés plus précisément d'infidèles. Ils auraient dû l'accueillir puisqu'il confirmait leurs écritures (verset 83). S'ils vous attaquent, baignez-vous dans leur sang. Telle est la récompense due aux infidèles (verset 187). Mais s'ils quittent l'erreur, le Seigneur est indulgent et miséricordieux (verset 188). Nous sommes à l'époque où le Mahomet deux, devenu guerrier, lance depuis Médine ses expéditions contre les caravanes mecquoises tout en appelant au soulèvement ses partisans restés sur place (Tabari, page125).
Mahomet II exhorte ses partisans restés à la Mecque à le rejoindre dans son exil (sourate 4, verset 101). Il durcit sa position contre les juifs et la modère à l'égard des chrétiens (sourate 5, verset 85).
IV. La sourate 8, le butin, est un chant de victoire après la victoire musulmane de Beder sur les Koraïchites de La Mecque (Tabari, page 137).
Dieu avait dit à ses anges : encouragez les croyants, j'épouvanterai les impies... n'épargnez aucun d'eux (verset 12). Dieu vous montra en songe l'armée ennemie peu nombreuse. S'il vous l'eut fait paraître plus formidable, vous auriez perdu courage, et la discorde vous eût désunis... (verset 45)
Après cette victoire, Mahomet II s'est trouvé conforté dans sa nouvelle religion et dans son projet de réforme d'une société plus juste. Ô croyants ! obéissez à Dieu et à son apôtre ; ne vous écartez jamais de ce devoir ; écoutez sa parole ! (verset 20). Juste rétribution, toujours selon lui, les biens des impies vaincus sont donnés aux vainqueurs comme une aumône de purification et d'expiation à cause de leur désobéissance... ceci pour la paix de leur âme... si Dieu, l'indulgent et le miséricordieux, le veut bien (sourate 9, versets 102 à 105).
V. Mais après le désastre d'Ohod, où, de toute évidence, le deuxième Mahomet a trouvé la mort - Abou Sofyan l'a affirmé - le troisième Mahomet (ressuscité) se voit bien obligé de renouveler l'acte de foi. Il s'agit de la sourate 3.
Il y réaffirme l'origine divine du Coran dans le prolongement du Pentateuque et de l'Évangile mais tout en admettant qu'il s'y trouve des versets allégoriques prêtant à interprétation (verset 5 ou 7 dans d'autres versions). Pour ne pas perdre la face, il rappelle la prodigieuse victoire de Beder de un contre deux que les musulmans avaient remportée avec le secours de Dieu (versets 11 ou 13, 119 à 122 ou 121 à 124). Il réaffirme l'unicité de Dieu (verset 55 ou 62) mais il tend la main aux juifs et aux chrétiens de bonne foi. ... Dis aux juifs et aux chrétiens : terminons nos différends, n'adorons qu'un Dieu, ne lui donnons point d'égal ; qu'aucun de vous n'ait d'autre Seigeur que lui. S'ils refusent d'obéir, dis-leur : vous rendrez témoignage que nous sommes croyants (verset 57 ou 64), c'est-à-dire des hommes de foi, ni idolâtres, ni incrédules, ni infidèles.
Après avoir rappelé la victoire de Beder, ce troisième Mahomet aborde le sujet délicat de la tragique défaite d'Ohod. Tout naturellement, il en rejette la responsabilité non pas sur Dieu mais sur les musulmans qui, après un premier engagement victorieux, avaient couru au butin permettant ainsi à Abou Sofyan de lancer une contre-attaque victorieuse. Dieu avait réalisé ses promesses quand vous poursuiviez vos ennemis défaits ; mais, écoutant les conseils de la lâcheté, vous disputâtes sur les ordres du Prophète (verset 145). Tandis que vous preniez la fuite en désordre, vous n'écoutiez plus sa voix qui vous rappelait au combat (verset 147 et Tabari page 189).
Pour répondre aux survivants qui, dans leurs folles pensées, prêtaient un mensonge à Dieu. Sont-ce là, disaient-ils, les promesses du Prophète ? Le Très-Haut serait-il l'auteur du désastre ? (verset 148), le verset suivant descendit du ciel : Dieu donne la vie et la mort. Il voit vos actions (verset 150). Puis : Dieu choisit les envoyés qu'il lui plaît (verset 174).
VI. C'est ce troisième Mahomet qui, finalement, l'a emporté.
Cela commence par une bavure (Tabari, page 211). Le musulman Amrou avait tué, par erreur, deux ambassadeurs d'une tribu qui voulait se rallier. La tribu envoya un message au Prophète : « Ces ambassadeurs ont été tués par ton serviteur Amrou. Paye-nous le prix du sang ou prépare-toi à la guerre ! » Le Prophète répondit : « Vous avez raison. Je payerai le prix du sang ». Puis il décida que les juifs des forteresses voisines payeraient en application d'un traité. Dans ce traité, il n'était pas prévu qu'un juif paye pour la bavure d'un musulman, mais il était écrit qu'en cas de contestation, il fallait s'en remettre au Prophète. Mahomet décida qu'on commencerait par faire payer les juifs Beni Nahdir.
Le Prophète sortit de Médine et il assiégea leur forteresse (Tabari, page 214). Il ordonna de couper les dattiers. Les juifs criaient du haut des remparts : « Couper des arbres est un crime et Dieu ne peut ordonner des crimes de ce genre. » Allah l'a permis leur répondit-on (Sourate 59 v. 5). Au bout de onze jours, les Beni Nahdir capitulèrent. Ils furent autorisés à partir avec leurs femmes et leurs enfants, mais sans leurs biens. Dieu les donna au Prophète. Ce que Dieu a enlevé aux juifs dans les faubourgs de Médine, vous ne le donnerez pas aux riches mais au Prophète, à ses proches, aux émigrés, aux pauvres et aux orphelins (Sourate 59, v. 7).
Les Benî-Qoraïzha résistèrent 25 jours. Ils étaient 800. Le Prophète leur fit couper la tête (Tabari page 230). Holocauste réel ou symbolique ? Je ne sais pas. Aucun texte extérieur à l'islam en a fait mention, ce qui est très étonnant. À Beder, le Prophète reprochait à Ali son interrogatoire musclé ; à Kaïbar, il donne l'ordre qu'on continue la question jusqu'à ce que l'interrogé parle ou qu'il meure (Tabari, page 256)... images de guerre.
Image de paix retrouvée, entouré de 700 de ses hommes habillés de blanc comme des pénitents, Mahomet se rendit à la Mecque pour accomplir le pélerinage. Les Mecquois se soumirent.
QUE CONCLURE ?
Que nous avons là l'histoire tout à fait classique pour l'époque, d'un pays, le Hedjaz, qui cherche à réaliser son unité politique et religieuse et qui la réalise. Honni soit qui mal y pense, même si elle s'est faite à coups d'épée.
Il est vrai que Mahomet a voulu étendre sa religion en Arabie.
Parmi les Bédouins qui demeuraient entre la Syrie et le Hedjâz, Adi était le plus illustre. Il était chrétien. Craignant que Mahomet ne vienne l'attaquer avec son armée, il avait prévu de s'enfuir en Syrie avec sa famille et ses biens pour s'y fixer au milieu des chrétiens. Ses chameaux étaient en alerte, prêts à faire mouvement... Il monta sur un chameau et partit pour Médine.
Quand il arriva dans la ville, on lui dit que Mahomet se trouvait à la mosquée. Il s'y rendit. Le Prophète était assis au milieu de ses compagnons. Voyant Adi, il lui demanda : « Qui es-tu ? » Il répondit : « Je suis Adi. » Mahomet se leva, chose qu'il ne faisait jamais pour un infidèle aussi important fut-il. Il le prit par la main et le conduisit à sa maison... Le Prophète avait dans sa maison un pouf rempli d'herbe. Il fit asseoir Adi sur le pouf et lui-même s'assit à même le sol. Adi se dit à lui-même : « Un roi n'agit pas ainsi. Cet homme est vraiment un prophète. » Mahomet lui dit : « Ô Adi, Dieu t'a donné le pouvoir au milieu de ton peuple, ainsi qu'un nom célèbre (symbole de tous les chrétiens venus de Syrie en Arabie). Tout ce que tu pouvais espérer en ce monde, tu l'as eu. Mais si Dieu te donnait aussi l'autre monde, le refuserais-tu ? Si je te propose d'entrer dans la grande assemblée des croyants, te déroberais-tu ? Dis-moi quel risque te ferait courir ma religion ? » Adi se fit musulman. Il rejoignit sa tribu et lui fit embrasser l'islamisme. (9)
En revanche, Mahomet n'a jamais voulu étendre sa religion à la terre entière.
Contrairement au Jésus chrétien, Mahomet n’est qu’un homme. Tabari est très clair sur ce point. Voici ce qu’il fait dire à Mahomet : "La mort est une nécessité et aucun homme ne peut y échapper... Si j’ai frappé quelqu’un, qu’il me frappe, si j’ai offensé quelqu’un, qu’il m’offense, si j’ai pris le bien de quelqu’un, qu’il me le reprenne" (page 342). Et Abou Becker conclut : "Musulmans, Mohammed a quitté ce monde. Que ceux qui l’aimaient sachent qu’il est mort et qu'il ne reviendra plus ; mais que ceux qui adorent Dieu sachent que Dieu est vivant et qu’Il ne meurt jamais. Dieu a dit que Mohammed n’est qu’un apôtre comme, avant lui, il y eut d’autres apôtres... (d’après page 349). Ces autres apôtres, ce sont ceux du christianisme. Ces autres prophètes sont ceux des Juifs.
En réalité, on ne trouvera nulle part dans la vie de Mahomet la moindre action ou pensée hostile à l’égard de l’Occident. Quand, au début de son ministère, ses disciples durent s’enfuir de La Mecque, c’est en allant vers l’ouest qu’il trouvèrent refuge, en Abyssinie, royaume chrétien. Ses véritables ennemis extérieurs, c’est à l’Est qu’il les a trouvés, chez les princes d’Oman et de Bahrein, et surtout en Perse (l’Irak et l’Iran). La seule ambition de Mahomet - il faut le dire une bonne fois pour toutes - fut de réaliser l’unité politique d’une Arabie qui aurait vécu en bonne intelligence et voisinage, notamment avec l’Empire romain d’Occident, mais avec son identité propre. Et c’est bien dans cette optique qu’il a donné à l’Arabie une religion et un prophète... une religion et un prophète à l’image de ce qui donnait un sens à la vie dans les autres grands pays civilisés de cette époque. De même que le monde chrétien avait son prophète, Jésus, de même que les Juifs avaient les leurs, de même l’Arabie se devait d’avoir le sien, Mahomet. Jamais Mahomet n’a prêché la guerre sainte contre l’Occident. Les infidèles, c’est dans les pays arabes qu’ils se trouvaient (10).
Château de Taisey, le 21 février 2020. D'après le livre de Tabari, Mohammed, sceau des prophètes, traduction Hermann Zotenberg, éditions Sindbad.
Renvois :
- La sagesse des Modernes, page 529
- Le cardinal et le philosophe, éditions Plon 2013
- Petit traité des grandes vertus, éditions Points, 2014
- Mon article du 10 août 2013 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/islam-les-errements-de-la-sorbonne-138939
- Extrait de mon article cité en référence ci-dessus.
- Éditions Téraèdre,15 septembre 2012.
- http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cette-plaisanterie-de-bibracte-au-189584
- https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/penser-l-islam-monsieur-michel-179040
- Extraits de mon ouvrage refusé par les maisons d'éditions "Le Prophète au visage voilé"
- https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/jamais-mahomet-n-a-preche-la-14287