Irak : Le mariage (vraiment) pour tou(te)s ! (l’occasion d’acheter du 9)
Un projet de loi sur la famille, déposé par l’un des partis chiites d’Irak, a été approuvé début mars par le conseil des ministres irakien : il vise à rendre légal le mariage des fillettes de 9 ans. Même s’il a peu de chance d’aboutir, le seul fait qu’on en ait eu l’idée est plus qu’inquiétant et met en évidence les tensions qui existent au sein de l’islam.
Le Mariage pour Tous ratifié sous François Hollande est un abus de langage. Peut mieux faire : ce n’était pas vraiment pour tous. Car il se pourrait qu’en Irak, le mariage s’étende aux petites filles et aux amateurs de leur chair et de leur âme tendres. Ainsi, le ministre de la Justice irakien a déposé un projet de loi qui rendrait possible le mariage (et le divorce) des filles de 9 ans, et qui prévoit qu’une femme ne peut se refuser à son mari. Donc, une fillette de 9 ans que l’on marie à un homme ne pourra pas refuser d’être consommée sexuellement par lui.
Il ne fait pas de doute que l’islam est une religion au fonctionnement légaliste, où la part de l’interprétation est bien moindre que dans le judaïsme, par exemple. Là où le Coran est présenté comme la parole incréée de Dieu, la Bible est une collection de livres certes inspirés de Dieu mais écrits par des auteurs humains divers, d’où une approche beaucoup plus souple et moins craintive des Écritures. Si, donc, on peut ainsi, dans un pays musulman, émettre une proposition si révoltante qu’elle choque une partie de l’islam, c’est parce qu’elle s’appuie sur un substrat scripturaire.
Aïcha
Précisons que ce substrat n’est pas le Coran, mais une série de Hadiths (au moins sept) tout à fait concordants, et dont on trouvera le texte et les références sur plusieurs sites musulmans.(1) Les Hadiths sont un peu à l’islam ce que la Tradition est au catholicisme : ils ne sont pas le cœur de la révélation, mais ils ont une forte autorité dans la doctrine musulmane. Pour faire un parallèle, des « protestants » musulmans ne se référeraient qu’au Coran pour asseoir leur foi (comme les protestants le font avec la Bible) : à ma connaissance, un tel courant n’existe pas, et de toutes façons, ce n’est pas le cas dans l’épisode qui nous occupe.
Parmi les onze ou treize épouses du prophète Mohammed, figure Aïcha. Ainsi, un Hadith de Bukhari rapporte : « Urwa Ibn az-Zubayr a dit : ‘Khadija mourut trois ans avant le départ du Prophète pour Médine. Après être resté veuf deux ans, ou un espace de temps approchant, le Prophète épousa Aïcha qui avait alors six ans, puis il consomma son union avec elle quand elle eut neuf ans’. » D’autres Hadiths énoncent les mêmes faits, si ce n’est qu’Al-Tabari dit que la consommation du mariage n’eut lieu que lorsqu’Aïcha eut 10 ans (un an de sursis, c’est toujours bon à prendre).
Très gênés aux entournures, certains intellectuels islamiques contemporains récusent les sources qui établissent l’âge du mariage et de sa consommation ; ainsi le chef Ahmadiyya Maulana Muhammad Ali écrivit ceci, dans la première moitié du xxe siècle : « Il n’y a pas le moindre doute qu’Aïcha avait au moins 9 ou 10 ans lors de ses fiançailles, et 14 ou 15 ans à l’époque du mariage. » On se demande d’où cet érudit tient cette information invérifiable et d’autant plus suspecte qu’elle est extrêmement tardive et incompatible avec les sources plus anciennes qui sont concordantes.
Une religion de poids
On connaît la réplique d’Audiard : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent. » On ne peut pas censurer une religion qui compte presque deux milliards de fidèles comme on pourrait confortablement le faire, par exemple, contre une secte américaine. C’est ainsi qu’on critiquera plus aisément la polygamie des Mormons que celle des musulmans, et il est certain qu’un Mormon qui épouserait une fillette de 9 ans serait immédiatement inculpé et condamné : même à Salt Lake City, ce genre de pratique ne serait jamais légalisé. Par respect pour les musulmans que nous côtoyons, et aussi parce qu’on ne peut pas dire grand-chose de négatif sur l’islam sans se faire tomber dessus autant par les islamistes que par la gauche « Médiapart », nous parierons sur l’intelligence et sur la moralité des musulmans et sympathisants, et nous les laisserons tirer eux-mêmes leurs conclusions. Mais sans doute faudrait-il que l’islam se rende compte que son prophète ne s’est jamais présenté comme Dieu, ni même comme Fils de Dieu, ni même comme modèle insurpassable ; et qu’il se demande comment il en est arrivé à ne pas supporter à l’encontre de son prophète les critiques, sarcasmes, caricatures et insultes dont le Christ des chrétiens, réputé pleinement participant de la divinité du Père, est régulièrement couvert sans que ses disciples aillent poser des bombes.
Il n’empêche que ceux d’entre nous qui ne sont pas musulmans ne sont pas liés par les Hadiths et peuvent donc exprimer une récusation absolue de ce projet de loi qui est –un site musulman a osé le mot– une légalisation de la pédophilie, laquelle est une violence psychologique et physique épouvantable.
Pour faire un parallèle, s’il fallait refuser de reléguer dans les coutumes de leur temps tous les textes bibliques, sans considérer que certains (comme les Dix Commandements) ont une valeur universelle mais pas d’autres, alors Donald Trump pourrait rapporter aux États-Unis deux cents prépuces de Nord-Coréens en imitant David qui rapporta au roi Saül deux cents prépuces de Philistins (1 Samuel 18.25-27). Ce serait amusant. Mais bon, ce n’est pas parce qu’on est croyant qu’on est dispensé de réfléchir : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ton intelligence. » (Matthieu 22.37)
1- http://islametoccident.fr/?p=531 ; http://islam.faq.free.fr/islam/pedophilie.htm ; https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pouses_de_Mahomet#A.C3.AFcha_bint_Abu_Bakr (ce dernier site n’est pas musulman à proprement parler, mais il ne fait guère de doute que son ou ses rédacteurs sont musulmans).