mardi 4 mai 2010 - par
Je ne sais pas qui soutient les nationalistes laïcs turcs et ce qu’ils valent. Mais les “démocrates musulmans” de Gülen sont soutenus ouvertement par “Evangelical Lutheran Church in America”, “Catholic Théological Union”, Le Vatican, l’Église Protestante Allemande, le mouvement “Freunde Abrahams”, les Missionnaires d’Afrique Pères Blancs, l’Université Ludwig Maximilliams de Munich, le mouvement “Pax Christi”, etc.
Pourquoi David Goohart estime que le plus important conflit en Europe se joue en Turquie ? Enlevez de sa phrase les mots “nationalistes” et “démocrates”, son raisonnement apparaîtra dans son horrible simplicité : le conflit est entre laïcs et musulmans, il se joue en Turquie qui fait partie de l’Europe.
Mais la Turquie n’est pas un pays européen, dirait Sarkozy et certains, et bien loin, diraient d’autres. Pourtant Eurostat (institut de statistiques européens) considère que la nationalité turque forme la plus nombreuse communauté étrangère en UE, sans compter les ex-ottomans comme les 1 million de Bulgares,150 milles grecs musulmans. Sans oublier non plus d’autres ex-ottomans comme les Bosniaques, les Kosovars etc. qui ne sont pas encore les européens de l’Union.
Je vous cite ces chiffres pour réaliser la zone d’influence islamique, sur laquelle peut exercer les gagnants du conflit entre laïques et musulmans, en Turquie. Donc ce conflit devrait intéresser vivement l’Europe.
Pas La France, bien sur. La base européenne du mouvement Gülen est l’Allemagne, mais Sarkozy décida que la Turquie n’est pas en Europe et suffisamment loin.
Pourtant ce pays est membre du Conseil Européen, mais pas de l’UE. La Turquie se fit la seule émule de la laïcité française et définit son “état laïc” de par sa constitution, en 1924. Il faut ajouter qu’elle réussit aussi à instaurer, certes avec des soubresauts, une certaine démocratie libérale qu’aucun autre pays musulman n’a pu entamer jusqu’à nos jours.
Rassembler ce qui reste d’un empire, chef lieu de l’Islam, et le transformer en une république laïque ne fut pas chose facile. Il y a eu beaucoup de sang versé, y compris pour la démocratie.
Si le peuple turc, pragmatique, avait goûté au plaisir du suffrage universel, la Republique fut “l’œuvre de Satan” pour les nostalgiques du Califat Ottoman et de la Charia islamique, et la laïcité “bête noire” des confréries religieuses qu’elle interdit, dès le départ.
Mais la véritable menace, l’implaccable ennemi de cette laïcité fragile était plutôt de type “transatlantique”. Qu’un grand pays - 2ème armée en effectifs - membre de l’Otan, situé à un carrefour si hautement stratégique, puisse complètement se désintéresser de son leaderchip historique auprès du monde musulman, et y sème ainsi la pagaille des chefs autoproclamés à des courants aussi prolifiques qu’incontrôlables, n’arrangeait pas du tout la géopolitique américaine.
Alors Washington décida de rendre à la Turquie, son rôle historique avec un Calife et une organisation islamiste “Made in USA”. Mais la laïcité était incompatible avec ce projet, donc il fallait l’abolir.
Avec un second mandat en 2007, le pouvoir AKP a eu une assise assez solide. Le déblayage du terrain débuta, par la neutralisation des laïcs influents.
Bref, la terreur règne sur une large moitié de la population qui est toujours attachée à cette laïcité turque. Toute la presse indépendante est censurée, par pression fiscale...
Pourtant La Turquie est candidate à l’Union, pourquoi l’Europe se tait ?
Les Européens s’arrangeraient d’une Turquie islamiste et totalitaire ? Ou bien le gouvernement AKP et la confrérie Gülen distribuent des “bakchichs” à certains ?
A suivre...
Islamiste public numéro 1
L’entreprise du mouvement Gülen est gigantesque, mais son envergure est aussi inconnue que ses moyens de financement. A part les responsables en vitrine, le fait d’être membre reste secret, comme tout le reste.
Le génie géopolitique américain a monté une machine autonome. Une fois en marche, elle génère sa propre énergie pour se développer. Je ne suis plus sûr que ses ingénieurs même, puissent définir les contours de cette nébuleuse, devenue globale avec plusieurs milliers d’écoles, des sociétés anonymes, des PME, chaînes de télé, de radios, presse écrite, maisons d’éditions dans le monde.
Et sa performance étonne parfois même les Américains ! C’est le cas des éditeurs du célèbre magazine Foreign Policy, quand ses lecteurs ont élu Fethullah Gülen, “intellectuel public n°1”, parmi les 100 meilleurs intellectuels du monde en 2009. Le Maître de la confrérie, un imam d’origine turc, avait recueilli 500.000 voix à travers le monde !
David Goohart, éditeur de Prospect, le pendant de Foreign Policy, voit dans cette sélection qui a surpris ses propres organisateurs, “une orientation politique claire pour La Turquie”. Et il ajoute : “La victoire de Fethullah Gülen attire l’attention sur le plus important conflit en Europe qui se joue en Turquie, entre les nationalistes laïcs et les démocrates musulmans.” (www.ActuaLitte.com)
Je ne sais pas qui soutient les nationalistes laïcs turcs et ce qu’ils valent. Mais les “démocrates musulmans” de Gülen sont soutenus ouvertement par “Evangelical Lutheran Church in America”, “Catholic Théological Union”, Le Vatican, l’Église Protestante Allemande, le mouvement “Freunde Abrahams”, les Missionnaires d’Afrique Pères Blancs, l’Université Ludwig Maximilliams de Munich, le mouvement “Pax Christi”, etc.
Aussi la CIA ne cache même pas ses émissaires George Fidas (Joint Military İntelligence), Graham Fuller (Rand Corporation), Morton Abramowitz (ancien ambassadeur EU en Turquie) et bien d’autres, auprès du Maître Gülen... Ça veut tout dire.
Pourquoi David Goohart estime que le plus important conflit en Europe se joue en Turquie ? Enlevez de sa phrase les mots “nationalistes” et “démocrates”, son raisonnement apparaîtra dans son horrible simplicité : le conflit est entre laïcs et musulmans, il se joue en Turquie qui fait partie de l’Europe.
Mais la Turquie n’est pas un pays européen, dirait Sarkozy et certains, et bien loin, diraient d’autres. Pourtant Eurostat (institut de statistiques européens) considère que la nationalité turque forme la plus nombreuse communauté étrangère en UE, sans compter les ex-ottomans comme les 1 million de Bulgares,150 milles grecs musulmans. Sans oublier non plus d’autres ex-ottomans comme les Bosniaques, les Kosovars etc. qui ne sont pas encore les européens de l’Union.
Je vous cite ces chiffres pour réaliser la zone d’influence islamique, sur laquelle peut exercer les gagnants du conflit entre laïques et musulmans, en Turquie. Donc ce conflit devrait intéresser vivement l’Europe.
Pas La France, bien sur. La base européenne du mouvement Gülen est l’Allemagne, mais Sarkozy décida que la Turquie n’est pas en Europe et suffisamment loin.
Pourtant ce pays est membre du Conseil Européen, mais pas de l’UE. La Turquie se fit la seule émule de la laïcité française et définit son “état laïc” de par sa constitution, en 1924. Il faut ajouter qu’elle réussit aussi à instaurer, certes avec des soubresauts, une certaine démocratie libérale qu’aucun autre pays musulman n’a pu entamer jusqu’à nos jours.
Rassembler ce qui reste d’un empire, chef lieu de l’Islam, et le transformer en une république laïque ne fut pas chose facile. Il y a eu beaucoup de sang versé, y compris pour la démocratie.
Si le peuple turc, pragmatique, avait goûté au plaisir du suffrage universel, la Republique fut “l’œuvre de Satan” pour les nostalgiques du Califat Ottoman et de la Charia islamique, et la laïcité “bête noire” des confréries religieuses qu’elle interdit, dès le départ.
Mais la véritable menace, l’implaccable ennemi de cette laïcité fragile était plutôt de type “transatlantique”. Qu’un grand pays - 2ème armée en effectifs - membre de l’Otan, situé à un carrefour si hautement stratégique, puisse complètement se désintéresser de son leaderchip historique auprès du monde musulman, et y sème ainsi la pagaille des chefs autoproclamés à des courants aussi prolifiques qu’incontrôlables, n’arrangeait pas du tout la géopolitique américaine.
Alors Washington décida de rendre à la Turquie, son rôle historique avec un Calife et une organisation islamiste “Made in USA”. Mais la laïcité était incompatible avec ce projet, donc il fallait l’abolir.
Avec un second mandat en 2007, le pouvoir AKP a eu une assise assez solide. Le déblayage du terrain débuta, par la neutralisation des laïcs influents.
Écoutes téléphoniques, harcèlement fiscal, calomnie, discréditation, arrestation arbitraire, emprisonnement sans chef d’accusation sont actuellement le lot des centaines de procureurs de la République, juges, avocats, journalistes, auteurs, pdg, universitaires, médecins, ingénieurs, chercheurs... Qui ne sont pas plus nationalistes que les autres ne soient démocrates.
Bref, la terreur règne sur une large moitié de la population qui est toujours attachée à cette laïcité turque. Toute la presse indépendante est censurée, par pression fiscale...
Pendant que des journalistes “démocrates musulmans”, à la solde de Fethullah Gülen, savourent leur heure de victoire et font l’apogée du gouvernement AKP qui serre les vis un peu plus chaque jour.
Pourtant La Turquie est candidate à l’Union, pourquoi l’Europe se tait ?
Les Européens s’arrangeraient d’une Turquie islamiste et totalitaire ? Ou bien le gouvernement AKP et la confrérie Gülen distribuent des “bakchichs” à certains ?
A suivre...
Crédit photo : diyalogcu