lundi 18 décembre 2017 - par

L’ascenseur social en panne aussi dans l’Eglise

 Je suis parti en tant que volontaire civil à Jérusalem pendant deux ans grâce à la Délégation Catholique à la Coopération sur un poste financé en grande partie par l’œuvre d' Orient. Cela a été un séjour inoubliable. Il m'a laissé une empreinte comme au fer rouge. J'y ai rencontré des personnes extraordinaires et je n'oublierai jamais ce que j'ai vécu là-bas et leurs visages. Je n'ai de cesse depuis d'essayer de faire connaître entre autres choses qui m'ont marqué la spiritualité des chrétiens d'Orient et leur sort tragique qui laisse indifférent la majeure partie des occidentaux.

 

Cependant, je n'y étais pas parti pour la seule beauté du geste...

 J'étais en effet convaincu que ce genre de séjour à l'étranger permettait de nouer des contacts, se construire un réseau actif en montrant ses compétences pour plus tard lors du retour se donner les moyens de mes ambitions. Il nous était souvent dit également que partir en volontariat était un excellent point sur un CV ce qui est vrai à condition de faire déjà partie du milieu social qui convient. Cela n'était pas mon cas et je n'étais pas le seul.

 On le voit j'étais encore très naïf.

Une fois rentré en France j'ai dû apprendre à ne compter que sur moi-même. Chaque proposition enthousiaste reçue avant mon départ du Proche Orient aboutissait à un cul-de-sac. Quand j'abordais cette question à Jérusalem ceux qui savaient ce qu'il en était réellement me regardaient avec un sourire un peu triste. Eux savaient ce qu'il fallait attendre de cette grande fraternité de croyants que nous croyions pour la plupart être une réalité là-bas. C'était juste que nous étions bien obligés de compter les uns sur les autres, ne serait-ce que pour avoir une vie sociale.

J'étais invité ponctuellement à de grands rassemblements comme les communautés nouvelles les affectionnent maintenant, très affectifs. On se tenait par la main, on serait tous frères et sœurs encore, et dés la célébration terminée on oubliait jusqu'au prénom du voisin ou au mieux on lui promettait de l'appeler...

En Église comme partout ailleurs dans notre société, on ne réussit pas sans réseaux pré-existants. Il y a bien par ci par là des célibataires voire des couples qui travaillent dur et qui sont en dehors. On dit alors qu'ils sont très dynamiques, « teeellement sympââs ». Peut-être s'ils sont bien sages, bien dociles auront-ils un jour la possibilité d'intégrer le milieu très fermé et très favorisé qui chapeaute en ce moment le catholicisme en France ? De temps à autres est choisi un de ces croyants considéré comme « méritant ». Ils animent des messes, ils se dévouent souvent sans compter et c'est pour une vieille fille méprisée ou un vieux gars dédaigné le moyen d'avoir quand même malgré tout son heure de gloire...

Je songe particulièrement à l'une d'entre elles s'obstinant depuis une douzaine d'années que je la connais à vouloir travailler, et être payée, en Église. Elle s'étonne encore qu'on ne lui propose pour cela que des salaires en noyaux de cerise en somme. Elle n'a pas compris que l’Église est malheureusement devenue en France un conservatoire social. Les bons milieux s'y protègent des influences pernicieuses, en protègent leur progéniture. Les réflexions sur la Foi sont la plupart du temps un genre de « coaching » sur la famille et le couple, et rien d'autres.

Est-ce pour autant qu'il ne demeure pas dans l’Église des poches de résistance contre ces comportements qui sont autant de repoussoirs de la Foi ? Il existe des paroisses où tous les milieux se mélangent, où il n'y a pas de préséance selon son appartenance ou non au Rotary. Il en est à Paris mais elles sont de plus en plus rares. Ce sont pourtant des endroits d'évangélisation autrement plus puissants, négligés par tous ceux qui ne font que de l'entrisme dans cette vénérable institution pour assouvir leurs propres ambitions et parfois leur complexe du gourou...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration empruntée ici




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