jeudi 12 novembre 2009 - par Emile Mourey

La basilique du bienheureux saint Martin et son mystère

Merci aux commentateurs qui me soutiennent et qui n’hésitent pas, quand il le faut, à me signaler les points qui ne leur semblent pas clairs dans mes démonstrations. Bien loin du débat actuel sur l’identité nationale, nous avançons dans la recherche passionnante d’une civilisation disparue, la civilisation gauloise. Etonnante civilisation qu’illustra et enterra le prestigieux poète arverne que fut Sidoïne Apollinaire. Civilisation aux facettes controversées certes, mais où le cours d’un ruisseau couvrait la voix des discoureurs politiques, où les servantes papotaient et où les bergers bucoliques jouaient de la flûte de Pan en gardant leurs troupeaux ! Etonnante civilisation où les artistes, architectes, sculpteurs et peintres faisaient éclore dans les basiliques et les églises une culture gauloise merveilleuse de pureté et de naïveté !

 
Pour moi, Notre-Dame du Port est une basilique gauloise antique et elle ne doit rien au Moyen-Age.
 
Et je dis cela tout en sachant que les médias disent le contraire... qu’elle aurait été construite tout au long du XI ème et XII ème siècle, sur les ruines d’une ancienne église disparue dans les flammes des invasions normandes. Disparue, envolée, comme cela, sans laisser de traces, pschitt ! Une erreur de datation, selon moi, de six siècles, le fait est incroyable ! http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=61085.
 
"Ecclesia" et "basilica", ce n’est pas la même chose.
 
Fait tellement incroyable qu’il en est même difficilement crédible. Suite à un commentaire d’Antenor, je lui avais promis, pour étayer davantage mes thèses, de me replonger dans la traduction et l’interprétation de l’ouvrage de Grégoire de Tours intitulé "Historia Francorum" (il s’agit plutôt d’une histoire des évêques gaulois). Promesse tenue !
 
Grégoire de Tours nous décrit le début de la christianisation de la Gaule, les premières "ecclesia" et les premières "basilica". De toute évidence, ces premières ecclesia chrétiennes étaient tout simplement des assemblées de convertis qui naissaient ici ou là, à l’initiative d’un catéchumène ou d’un évêque lequel voyait ainsi augmenter son troupeau. Or, à une assemblée, il faut un local pour s’abriter. C’est ainsi que les fidèles se sont construit des bâtiments, plutôt sommaires au début, mais qui cèderont progressivement la place à des édifices de plus en plus importants. Et voilà bien la première difficulté que le traducteur rencontre pour traduire le texte latin. Que veut dire en effet Grégoire de Tours quand il évoque ses premières ecclesia ? Des fondations de simples communautés ou les premières constructions dans lesquelles elles se rassemblaient ? Probablement les deux. Mais, bien que le premier sens soit toujours possible, c’est bien le deuxième qu’il faudra privilégier par la suite, des bâtiments où l’on prie.
 
Bizarres les premières "basilica" qu’évoque également Grégoire de Tours ! Et d’autant plus bizarres qu’elles précèdent parfois l’apparition des premières ecclesia. Attention ! Nous ne sommes pas encore au temps des grandes basiliques. Ce sont des "domus", de grandes maisons spacieuses, que des notables romains mettent à la disposition de la communauté, des lieux où, probablement, l’on débat. Ce n’est qu’ensuite que des bâtiments/églises seront distingués des autres par ce qualificatif prestigieux de basilica.
 
Bien traduire et bien interpréter Grégoire de Tours.
 
Lorsqu’il devint évêque de Tours en 573, il avait déjà écrit sa chronique en Auvergne, à Brioude, là où il résidait. C’était un Arverne. Des environs de l’an 450, date où je vois s’élever Notre-Dame du Port, jusqu’à l’an 573, cela fait 123 ans. En outre, son texte ne nous est parvenu que par des copies du Moyen-Age. Des erreurs sont donc possibles.
 
M. Guizot traduit ainsi le passage qui nous intéresse particulièrement : Saint Namatius, après la mort de l’évêque Rustic, devint en ce temps-là le huitième évêque de Clermont. Par ses soins fut bâtie l’église qui existe à présent, et qui est la plus ancienne de l’intérieur de la ville. Elle a 150 pieds de long, 60 de large, et 50 pieds de haut dans l’intérieur de la nef jusqu’à la voûte ; par-devant, elle a une abside de forme ronde, de chaque côté des ailes d’une élégante structure, et l’édifice est disposé en forme de croix. Il a 42 fenêtres, 70 colonnes et 8 portes.
 
Pour moi, cette église, c’est l’actuelle basilique Notre-Dame du Port. Rien à voir avec la "basilica" que l’épouse de l’évêque édifia ensuite sous les murs de la ville et qu’elle aurait consacrée à saint Etienne.
 
Première observation : Alors qu’un document désigne l’empereur Avitus comme le fondateur de l’église (cf. mon article cité en lien ci-dessus), pourquoi Grégoire de Tours ne désigne-t-il que l’évêque. La réponse saute aux yeux. Grégoire de Tours n’aime pas Avitus auquel on reprochait d’avoir puisé dans le trésor religieux de Brioude. Il n’honore que l’évêque.
 
Deuxième observation : Les experts situent cette église de Namatius sur la hauteur de Clermont, là où se dresse actuellement la cathédrale. Grave erreur ! Les traces archéologiques mises au jour ne correspondent pas à cette description, ni ce qu’on peut retrouver dans la cathédrale actuelle.
 
Troisième observation : Les mesures données par Grégoire de Tours concordent à condition d’intervertir la hauteur et la largeur. Les premiers chiffres que je rappelle ci-après sont ceux de Grégoire de Tours, conversion en mètres et interversion hauteur/largeur faites : 44 m 4 en longueur contre 45 mètres actuellement ; 14 m 8 en largeur contre 13 m 30 ; 17 m 76 en hauteur contre 18 mètres. Tout cela concorde, la différence concernant la largeur devrait pouvoir s’expliquer.
 
Merci à l’internaute qui voudra bien se rendre sur place pour compter les fenêtres, les colonnes et les portes. Je continue.
 
La fameuse basilique de saint Martin dont on cherche en vain les vestiges archéologiques dans le sol de la ville de Tours ou à proximité, c’était, en réalité, Orcival, et elle est là, en Auvergne, et toujours debout (deuxième thèse de mon présent article).
 
M. Guizot traduit ainsi le passage qui nous intéresse : (L’évêque) Perpetue, voyant qu’il s’opérait de continuels miracles au tombeau du saint (saint Martin), et qu’on n’y avait bâti cependant qu’une chapelle, la jugea indigne de miracles si fréquents. Il la supprima et éleva à sa place la grande basilique qui existe encore aujourd’hui et qui est située à 500 pas de la ville. Elle a 160 pieds de longs et soixante de large ; sa hauteur jusqu’à la voûte est de 45 pieds. Il y a 32 fenêtres dans la partie qui entoure l’autel, 20 dans la nef, et 41 colonnes. Dans tout l’édifice on compte 52 fenêtres, 120 colonnes et huit portes, dont 3 autour de l’autel et 5 dans la nef.
 
Première erreur : "à 500 pas de la ville de Tours" est une traduction manifestement erronée. Le texte latin dit ceci "basilicam... quae habetur a civitate passus 550". Il ne faut pas traduire civitas/civitate par ville mais par cité (la ville est l’agglomération enserrée dans ses murs, la cité, c’est le territoire sur lequel Tours exerce son autorité et c’est aussi l’ensemble des citoyens). La bonne traduction est la suivante : "une basilique que possède la cité". Quant à "passus 550", c’est une définition de la possession. Je récapitule : une basilique, qui est possession de la cité, 550 pas.
 
Interprétation : 550 pas, cela ne peut indiquer que la circonférence du terrain plus ou moins circulaire qui entoure le monument, une enclave, une concession qui se trouve en dehors du territoire de la cité de Tours et donc sur le territoire d’une autre cité. Compte tenu des liens qui existaient alors entre la cité arverne et celle de Tours, voici un premier indice en faveur d’une localisation de la basilique sur le territoire de la cité auvergnate, à Orcival.
 
Deuxième grave erreur de M. Guizot : Il ne fait pas de différences entre les termes ecclesia et basilica comme je l’ai expliqué au début de cet article. Il ne pouvait donc pas comprendre que lorsque Grégoire de Tours parle de la basilique de saint Martin, c’est Orcival, en Auvergne. Quand il parle de l’église de saint Martin, c’est l’église de Tours, à Tours.
 
Interprétation, suite. Là aussi, les mesures données par Grégoire de Tours présentent des concordances très convaincantes à condition toutefois d’intervertir la hauteur et la largeur. Les premiers chiffres que je donne sont ceux de Grégoire de Tours, interversion faite. En longueur 47 m, 36 contre 41 m 35 actuellement. En largeur 13 m 32 contre 14 m 15. En hauteur 17 m 7 contre 17 m 40. Merci à l’internaute qui voudra bien compter les fenêtres, les colonnes et les portes, mais d’après les photos que j’ai consultées et les plans, cela devrait concorder.
 
 
Une nouvelle et étonnante page d’Histoire (traduction résumée du texte de Grégoire de Tours par M. Guizot. En italiques, ma traduction et mon interprétation).
 
Saint Martin fut le troisième évêque de Tours. Il mourut à Candes. Transporté à Tours par eau, le Tourangeau fut enterré dans le tombeau où il est maintenant adoré (à Orcival)... Le quatrième évêque Brice bâtit sur le corps du bienheureux Martin, une très petite basilique dans laquelle lui-même a été enseveli (Sidoïne Apollinaire la qualifie d’édifice de style commun). Le cinquième évêque fut Eustoche. Il bâtit une église à l’intérieur des murs de la cité (à Tours). Il fut enterré dans la basilique qu’avait élevée l’évêque Brice sur le tombeau de saint Martin (à Orcival). Le sixième évêque fut Perpetuus. Il abattit la basilique que l’évêque Brice avait élevée sur le tombeau de saint Martin et en fit construire une autre plus grande et d’un travail merveilleux (vers 470), dans l’abside de laquelle il transporta le corps bienheureux du vénérable saint (Sidoïne Apollinaire dit que l’ouvrage pouvait rivaliser avec le temple de Salomon, la septième merveille du monde))... Il fut enseveli dans la basilique de saint Martin (à Orcival). Puis, pratiquement, tous ses successeurs suivirent jusqu’à l’avènement de Grégoire de Tours.
 
Etonnant va-et-vient de l’évêque Grégoire de Tours entre l’église de Tours et la basilique de saint Martin (Orcival) (ma traduction en résumé).
 
En arrivant à Tours, le nouvel évêque trouva l’église de la ville de Tours brûlée et détruite suite aux exactions des Normands. Il la rebâtit. C’est là qu’il apprit de la bouche de vieux prêtres qu’on y avait rassemblé anciennement les reliques d’Agaune (saint Maurice et ses compagnons de la légion thébaine). Pensant que la châsse devait se trouver dans le trésor de la basilique de saint Martin (donc à Orcival), il s’y rendit pour la visiter. Le gardien du trésor lui ayant montré un sarcophage fermé, on l’ouvrit et l’évêque y trouva une châsse en argent contenant non seulement les reliques de la légion thébaine, mais celles de nombreux autres saints et martyrs, y compris des apôtres. Plein d’admiration et rendant grâces à Dieu, il les ramena dans l’église de Tours dans l’intention d’en distribuer une partie aux églises de son diocèse.
 
Ayant remarqué, à cette occasion, que les murs de la basilique (Orcival) avaient été salis par les flammes d’un incendie, il ordonna de les repeindre et de les parer comme ils étaient auparavant. (La basilique avait été en effet endommagé par un incendie allumé par Wiliacharium lors d’un conflit familial entre Clotaire et son fils. C’est à la suite de cet incendie que Clotaire fit recouvrir d’étain le toit de la basilique).
 
Il faut essayer de mieux comprendre notre patrimoine car c’est une grande richesse pour notre pays.
 
Puisque, selon moi, Orcival est bien la basilique de saint Martin, ce que confirme par ailleurs une localité voisine qui porte le nom de l’apôtre, ne s’y trouverait-il pas une évocation du glorieux saint ? Est-ce lui qui est représenté sur ce chapiteau, dans son harnachement de légionnaire ? http://www.romanes.com/Orcival//Notre_Dame_d_Orcival_0058.html ; se dévêtant de son manteau, laissant son corps nu (on lui voit les côtes) ? http://www.romanes.com/Orcival//Notre_Dame_d_Orcival_0061.html, tenant en laisse deux pécheurs ? http://www.romanes.com/Orcival//Notre_Dame_d_Orcival_0075.html ; perché sur son âne légendaire ? Le bestiaire animal ne semble-t-il pas ici plus épuré qu’ailleurs ? Enfin, n’est-ce pas la célèbre croix de saint Martin qui orne le haut de la façade ? http://www.romanes.com/Orcival//Notre_Dame_d_Orcival_0012.html.
 
 
 
J’ai fini d’écrire cet article ce mercredi 11 novembre. Puis je me suis aperçu que c’était le jour de la fête de saint Martin... bizarre... bizarre !
 


22 réactions


  • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2009 13:06

    Je confirme mon interprétation du chapiteau aux légionnaires. A gauche est représenté saint Martin en tenue de légionnaire avec la lance, debout. Au centre, le Christ lui apparait (les plis de son vêtement sont soignés). Il a le fouet dans la main droite car de même qu’il a chassé les impies du temple, il faut détruire les temples paIens et détruire leurs idoles. Nous sommes encore, en effet, dans une époque où les soit disant hérésies (cf Grégoire de Tours) proliféraient. De sa main gauche, il saisit (?) les cheveux de saint Martin qui tombe à genoux. A droite du chapiteau, nous voyons l’apôtre sur son âne commencer son ministère. Il se dépouille de son manteau comme le dit la légende populaire, mais de la totalité et pas seulement de la moitié.

    Je n’ai pas retrouvé de légendes pouvant se rapprocher du chapiteau où l’on voit deux pécheurs (ou symboles de péchés) que le personnage central tient en laisse. Mais il ne fait pas de doute, selon moi, que nous avons dans ce personnage central la représentation, probablement la plus authentique, du visage de l’apôtre des Gaules, avec sa barbe.


    • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2009 13:43

      Derrière le visage du personnage où je vois le Christ, n’y aurait-il pas une ébauche d’auréole ?


    • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2009 15:49

      550 pas d’enclave. Si je fais l’hypothèse d’un cercle, cela nous donne, sauf erreur de ma part, le rayon d’environ 65 mètres d’un cercle dont le centre est à placer dans l’abside, ce qui nous conduit aux premières maisons disposées, en effet, en arc de cercle.


  • Antenor Antenor 12 novembre 2009 16:25

    Le grand personnage dont on voit les côtes ne serait-il pas plutôt une incarnation de la famine et de la pauvreté de la même façon que le grand personnage de Notre-Dame du Port est celle de la folie ? L’animal sur lequel il est juché ressemble plus à un mouton qu’à un âne.

    http://www.romanes.com/Clermont/ND_Port//Notre_Dame_du_Port_de_Clermont_004 9.html

    On retrouve le personnage à barbe à Brioude :
    http://www.romanes.com/Brioude//Saint_Julien_de_Brioude_0048.html

    L’absence à Orcival de personnages auréolés en dehors de ceux qui semblent être le soleil et la lune pose quand même question.


    • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2009 18:37

      @ Antenor

      En effet, l’animal ressemble davantage à un mouton qu’à un âne. Ce serait d’ailleurs mieux dans l’iconographie classique de l’espérance d’aller au ciel. D’autre part, je ne suis pas sûr que le sculpteur ait voulu représenter les côtes de celui qui chevauche. Je pense maintenant que son intention était plutôt d’indiquer par un vêtement harmonieux la sainteté du personnage comme il l’a fait pour celui en qui je vois une représentation du Christ, le fouet à la main. Quant au reste, notamment la représentation - assez malhabile il est vrai - du manteau, je ne vois pas d’autres explications.

      Quand j’ai rédigé mes ouvrages, je n’avais pas encore retraduit Grégoire de Tours. Est-ce par intuition que je mettais déjà la basilique de saint Martin à Orcival ? Je pense plutôt que je ne voyais que Notre-Dame du Port et Orcival qui pouvaient justifier l’importance en dimensions que l’évêque donnait aux deux basiliques qu’il évoquait. Ma reprise de la traduction du texte latin, non seulement me confirme que je ne me suis pas trompé, mais apporte de nombreux indices supplémentaires et même preuves.


    • Antenor Antenor 13 novembre 2009 09:57

      Ce personnage est peut-être un christ mais étant donné qu’il n’y a apparemment aucune référence aux Evangiles à Orcival, il ne s’agit probablement pas de Jésus de Nazareth. L’objet qu’il tient dans la main droite ressemble à un fléau. On dirait qu’il va l’abattre sur le soldat qu’il tient par les cheveux. Cette scène rappelle une plaque du chaudron de Gundestrup où on voit le dieu s’apprêter à plonger un soldat dans un tonneau. Ce dieu au fléau peut également être rapproché de l’Esus Emondant des piliers de Trêves et de Paris. On est manifestement dans un symbolisme prophètique proche de celui de Jean-Baptiste : « il va nettoyer son aire et recueillir son blé dans le grenier ».

      On peut faire deux hypothèses. Soit cette église date d’avant l’évangélisation. Soit elle est une réaction à l’évangélisation. Les umbos des boucliers des soldats sont différents. Celui du soldat de gauche est circulaire, celui du soldat tenu par les cheveux à la forme...d’une croix.


    • Emile Mourey Emile Mourey 13 novembre 2009 12:40

      @ Antenor

      Vous dites : Les umbos des boucliers des soldats sont différents. Celui du soldat de gauche est circulaire, celui du soldat tenu par les cheveux à la forme...d’une croix.

      Donc, cela veut bien dire que, à gauche, le légionnaire saint Martin debout et guerrier (la lance) est devenu, à droite, le légionnaire serviteur du Christ (à genou) non guerrier (pas de lance). Le fait d’être tenu par les cheveux est à la fois un signe de dépendance mais aussi d’amitié comme celui d’être tenu par la barbichette. Voyez cet autre chapiteau de N-Dame du Port où là, c’est Dieu qui tient Adam et Adam qui tient la femme. http://www.romanes.com/Clermont/ND_Port//Notre_Dame_du_Port_de_Clermont_007 9.html.

      Quant au fouet, il est bien dirigé vers l’ennemi de l’extérieur, c’est-à-dire les temples païens et les idoles que saint Martin s’acharnera à détruire (première grande destruction des oeuvres d’art de notre pays, bien avant les quelques excès de la Révolution).

      Plutôt qu’évangélisation, je préfère parler de christianisation, sachant que nous sommes dans une période particulièrement trouble où les anciennes croyances sont encore très fortes.


    • Emile Mourey Emile Mourey 13 novembre 2009 12:42

      notamment sur les différentes idées de Christ


    • Emile Mourey Emile Mourey 13 novembre 2009 12:46

      Rectification, c’est l’ange qui tient Adam


    • Antenor Antenor 13 novembre 2009 14:23

      @ Emile

      Je préfère le terme d’évangélisation parcequ’on sait à peu près de quoi on parle. Christianisation est un terme très flou qui inclut aussi bien l’espérance en Jésus de Nazareth que celle dans un autre messie. En Gaule, il semble que la christianisation ait précédé l’évangélisation. Cette église d’Orcival est « chrétienne » (religion celtique influencée par le messianisme judaïque) mais pas évangélique. Si Saint-Martin a intensément prêché dans cette région, c’est parcequ’elle constituait sûrement un foyer de résistance à la parole évangélique. Il est possible que Saint-Martin ait été enterré dans la basilique d’Orcival mais manifestement ce n’est pas Perpetus qui l’a élevée.

      En Egypte ce sont les ennemis qu’il s’apprête à frapper que le pharaon tient par les cheveux. L’allure de ce dieu n’a rien de sympathique avec ses traits marqués et ses dents. Le soldat évangélisé qu’il tient par les cheveux est à sa gauche comme le serpent que le « Cernunos » tente de repousser sur le chaudron de Gundestrup. L’autre soldat, chrétien mais non évangélisé, est protégé par son dieu comme par son bouclier.

      http://www.flickr.com/photos/24271543@N03/3278838420/

      http://www.dinosoria.com/pharaon.htm


    • Antenor Antenor 13 novembre 2009 14:32

      Autre possibilité. Le personnage souriant à cheval sur le mouton est Jésus de Nazareth. Le personnage à l’allure terrible avec le fouet/fléau est l’ancienne divinité, peut-être le sanglant Esus. Le sculpteur aura voulu montrer le contraste entre la violence de l’ancien dieu qui persécutait les chrétiens nazaréens et la douceur du nouveau qui arrive les bras grands ouverts. Dans ce cas, l’église est bien chrétienne nazaréenne.


  • blurpy 12 novembre 2009 19:40

    Citation du texte de M Mourey :« Bizarres les premières »basilica" qu’évoque également Grégoire de Tours ! Et d’autant plus bizarres qu’elles précèdent parfois l’apparition des premières ecclesia. Attention ! Nous ne sommes pas encore au temps des grandes basiliques. Ce sont des « domus », de grandes maisons spacieuses, que des notables romains mettent à la disposition de la communauté, des lieux où, probablement, l’on débat. Ce n’est qu’ensuite que des bâtiments/églises seront distingués des autres par ce qualificatif prestigieux de basilica."

    Pour les romains basilica signifiait :
    (Antiquité) édifice couvert, généralement de forme rectangulaire, divisé en plusieurs nefs par des colonnes et qui était affecté chez les romains à divers usages publics, justice, commerce, banque ou simple promenade.
    Du latin basilĭca et celui-ci du grec ancien βασιλική, basilikè (« royale », par ellipse de « salle royale ») forme féminine de βασιλικός basilikos (« royal ») apparenté à βασιλεύς basileus (« roi »). (source : http://fr.wiktionary.org/wiki/basilique )

    Donc pas étonnant que les premières basilica soient antérieures aux ecclesia chretiennes (textuellement : assemblée chrétienne)
    Cela ne signifie pas spécialement qu’il s’agit d’une basilique « religieuse » gauloise, les termes basilica et ecclesia n’ayant au début de l’époque gallo-romaine encore pas de connotation religieuse.


    • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2009 21:34

      @ blurpy

      Bien d’accord.

      « . Hic aedificavit ecclesiam primam infra urbem Turonicam primaque ab eo ex domo cuiusdam senatoris basilica facta est. »

      Il (l’évêque Litoire de Tours), fit de la maison (domus) d’un sénateur la première basilique... après avoir fondé la première église (communauté ?) en bas de la ville de Tours.


  • njama njama 12 novembre 2009 19:57

    Là vous me passionnez !
    il me semble que votre talent émerge mieux dans les chemins creux du Très-Bas, Bibracte, Alésia, Temple de Salomon, ... y inscrit l’indice incontournable ...et que vous y frayez mieux en tant qu’historien que dans les hautes altitudes générales, que vous captez mieux la lumière au ras du sol.
    Vos vastes études n’en demeurent pas moins intéressantes par la richesse des détails de votre argumentation.
    Merci pour vos contributions. J’ai plaisir à vous lire.


    • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2009 20:17

      @ Njama

      Merci. J’ai toujours pensé que l’esprit de synthèse ne servait à rien si on ne pratiquait pas auparavant l’esprit d’analyse jusque dans le moindre détail. J’avoue même que j’ai pris plaisir à me replonger dans Grégoire de Tours, surtout quand j’ai constaté qu’il confirmait ce que j’avais écrit dans mes ouvrages au sujet de l’identification de la basilique de saint Martin avec Orcival (alors que les traductions qu’on donnait de lui la situait à Tours). Il m’a fallu tout de même deux jours pour comprendre ce qu’il voulait dire avec son passus 550. Mais comme j’ai actuellement la grippe, cela m’a occupé et distrait.


    • njama njama 12 novembre 2009 21:01

      J’ai toujours pensé que l’esprit de synthèse ne servait à rien si on ne pratiquait pas auparavant l’esprit d’analyse jusque dans le moindre détail.
      Je retiens la leçon. Continuez de nous étonner.
      Bien à vous.


    • Deadlikeme Deadlikeme 13 novembre 2009 10:54

      Absolument d’accord. Merci pour toutes ces informations précieuses.


  • brieli67 13 novembre 2009 03:12

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Normands


    « En arrivant à Tours, le nouvel évêque trouva l’église de la ville de Tours brûlée et détruite suite aux exactions des Normands. Il la rebâtit »

    des Nord _ men déjà ? 

    avec Greg de Tours souvent la seule source, rarement contredite
    Fiabilité proche de zéro chez cet inventeur du mythe du vase de Soisson
    Faussaire lui ou ses « copistes »

  • brieli67 13 novembre 2009 03:49

    le jour de la Saint MARTIN son oie !


    Dernière grosse bouffe avant le petit jeûne de 4o jours. qui nous mêne à la Galette des rois
    les pères Noels et tutti quanti c’est Luther ET SA SECTE ... depuis 5oo ans. 
    lE Pépé et toute son imagerie et son folklore est né de la crise de 1929

    Les cathos ne fêtaient que la Saint Nicolas jusqu’à l’entre deux guerres, pas cadeaux à Noël

    à la Martini.... des coutumes dans notre monde agricole ;
    _ on peut tout glaner ramasser sur le ban de la commune
    _ faut être à jour du bail terres, maisons...
    _ on accepte de payer en natures... par grosse volaille ’ chapon, oie, poularde, par fruit, par vin, par céréales... 

    De nombreux baux ruraux sont encore établis en date du 11 novembre.

  • Emile Mourey Emile Mourey 13 novembre 2009 12:02

    @ Pasou

    Moi aussi, je suis très sensible aux civilisations qui s’élèvent dans l’Art.


  • samosatensis 6 février 2010 01:24

    IMPOSTURE...
    Le lecteur qui aurait eu la faiblesse de croire le début d’un seul mot de cet article doit savoir que Monsieur Mourey est un affabulateur sans compétence, qu’il truque et tronque les textes, qu’il falsifie systématiquement les textes latins, qu’il refuse toute la réalité archéologique et tout la méthode historique scientifique. Je l’ai amplement prouvé dans plusieurs de ses articles situant l’atlantide en auvergne et la capitale gauloise bibracte dans le prieuré clunisien du mont-saint-vincent, des erreurs de 10 siècles et des mensonges aussi gros ne lui font pas peur.


  • samosatensis 6 février 2010 01:40

    "

    Pour moi, Notre-Dame du Port est une basilique gauloise antique et elle ne doit rien au Moyen-Age.
     
    Et je dis cela tout en sachant que les médias disent le contraire... qu’elle aurait été construite tout au long du XI ème et XII ème siècle, sur les ruines d’une ancienne église disparue dans les flammes des invasions normandes. Disparue, envolée, comme cela, sans laisser de traces, pschitt ! Une erreur de datation, selon moi, de six siècles, le fait est incroyable !"

    Et bien oui c’est incroyable, car tout est FAUX :

    La dotation de l’église du Port (Notre-Dame-Principale) par l’évêque Étienne II est connue par 3 documents originaux : AD 63, 3 G, arm. 11, sac Q, c. aux sceaux (959), 3 G, arm. 18, sac A, c. 33 et 3 G, arm. 18, sac B, c. 1 (s. d., v. 950-960).

    On a les documents originaux sur la naissance de cette église qui la place vers 959 sans contestation possible. MOUREY MENT, MOUREY IGNORE TOUT

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