samedi 4 août 2018 - par Clark Kent

La malléabilité des dogmes : le Vatican et la peine mort

Depuis l’apparition au premier siècle de la monarchie épiscopale, l'Église catholique est la plus ancienne administration bureaucratique de la planète, et fonctionne sans discontinuer depuis 2000 ans en traversant des turbulences internes et externes et en maintenant le cap, vaille que vaille pour guider ses ouailles sur le chemin triomphant qui mène au paradis.

Le secret de sa longévité est simple : si les théologiens du Vatican veillent à ce que la doctrine ne change jamais, ils ont acquis une longue expérience pour transformer son contenu si nécessaire. Leur capacité à définir ce qui est "immuable" et ce qui est simplement un "développement" permet de donner aux institutions apparemment inébranlables la malléabilité dont elles ont besoin pour évoluer et survivre. A la vitesse de la petite aiguille d’une horloge, le vaisseau amiral vire de bord pour maintenir le cap !

La bible a été écrite par des partisans de la peine capitale. La loi mosaïque liste trente-six crimes passibles de la peine de mort pour exécution par lapidation, incinération, décapitation ou étranglement. Dans l’énumération des sacrilèges donnant lieu à cette sanction définitive sont inclus l'idolâtrie, la magie, le blasphème, la violation du sabbat, le meurtre, l'adultère, la bestialité, la pédérastie et l'inceste. Pourtant, aujourd’hui, aucun pays historiquement chrétien n’applique plus la peine de mort pour ces « crimes » et la plupart ont renoncé à la peine capitale comme ultime marque de la justice, qu’elle fût divine ou humaine.

L’église catholique s’inscrit dans cette évolution. Le pape Jean-Paul II, qui n’avait pas une réputation de révolutionnaire, considérait déjà que la peine de mort n’avait aucune justification pratique dans le monde moderne, même si elle était théoriquement admissible. Le pape François, qui est pourtant un jésuite a décidé de ne plus ménager la chèvre et le chou et modifié le catéchisme en expliquant que "la peine de mort est inadmissible parce qu’elle porte atteinte à l’inviolabilité et à la dignité de la personne". Il ne s’agit donc plus de son opinion personnelle, mais de quelque chose que les catholiques doivent croire. Il a même ajouté que l'église devrait œuvrer partout pour l'abolition de la peine de mort.

Il faut dire qu’il s’agit bien d’un sujet de préoccupation pour les catholiques dans plusieurs pays où l’église est une force politique importante. Aux États-Unis, la décision du pape a exaspéré la droite catholique et contribué à durcir leur position, même si elle contribuera à stimuler les militants contre la peine de mort dont certains des plus importants sont également catholiques. Par ailleurs, si la tendance mondiale est à l'abolition, certains pays ont réintroduit la peine capitale ou en ont repris l'usage. Aux Philippines à majorité catholique, Rodrigo Duterte a anticipé sa promesse de rétablir cette peine à travers une série de meurtres extrajudiciaires, encouragée par le gouvernement, faisant 4000 victimes (trois fois plus pour certaines sources) soupçonnées de participer à un trafic de drogue ou simplement dénoncées comme telles.

La tendance institutionnelle un peu partout dans le monde est de rayer la peine de mort de l’arsenal juridique des états, mais les opinions, postures et comportements spontanés montrent la difficulté à la mise en application et constituent une des lignes de clivage les plus importantes du monde contemporain. C'est même un révélateurs pertinent du conservatisme social, comme la couleur du papier tournesol permet de déterminer si une solution est acide ou basique. La peine de mort est l'affirmation ultime de la primauté des intérêts d’un groupe dominant sur l'individu. Et dans la plupart des pays européens, les églises au service des familles dominantes en ont été pendant plusieurs siècles parmi les partisans les plus forts, culminant en France pendant les guerres de religion. L’initiative du pape peut donc être saluée comme une volonté de progrès, le dogme dût-il en souffrir.



35 réactions


  • Christian Labrune Christian Labrune 4 août 2018 15:23
    Le secret de sa longévité est simple : si les théologiens du Vatican veillent à ce que la doctrine ne change jamais, ils ont acquis une longue expérience pour transformer son contenu si nécessaire.
    -------------------------------------------------------------
    @Clark Kent

    Etant un catholique devenu athée, je n’ai pas la moindre sympathie pour ce qui fut une religion quelquefois assez fanatique et n’est plus désormais qu’un simple folklore, mais comme tel, relativement tolérable.

    Il n’y a rien dans cette espèce de judaïsme dévoyé et perverti que constitue le catholicisme, qui puisse rappeler la vieille tradition herméneutique du Talmud, mais le dogme n’a quand même jamais été vraiment figé. Si le symbole de Nicée-Constantinople (le crédo catholique) perdure, inchangé depuis l’antiquité tardive, il y a bien longtemps que le chrétien le répète sans y rien comprendre - et cela vaut mieux-  ; mais chaque concile a quand même un peu modifié le dogme : l’infaillibilité pontificale, l’Immaculée Conception, c’est le XIXe siècle, et l’aggiornamento de Vatican II aura su mettre en valeur bien des promotions, comme on fait dans les supermarchés, sur des articles de foi propres à attirer et retenir la clientèle.

    Le christianisme, actuel, avec ses tuyaux partout, pourra se maintenir encore un certain temps en réanimation. Dans trente ou quarante ans peut-être, il sera encore là, quoique plus moribond que jamais.

    L’islam, en revanche, qui est plus jeune de plusieurs siècles et a conservé toutes les caractéristiques d’une religion du haut moyen-âge, va disparaître rapidement. Un coup fatal lui sera porté quand, dans quelques mois, le régime iranien va s’effondrer, et quand il ne sera plus possible de dire qu’on ne savait pas ce qu’on sait depuis fort longtemps sur cet ultime avatar du nazisme. Ce sont les femmes, traitées comme du fumier au verset 38 de la quatrième sourate, qui auront partout la peau de cette religion infecte.

    • Clark Kent Clark Kent 4 août 2018 16:00

      @Christian Labrune

      Vouloir à tout prix caser certaines remarques n’entretenant qu’un lointain rapport avec le sujet traité relève de l’obsession phobique dans laquelle le patient est comme envahi par la crainte d’une situation ou d’un objet qu’il redoute. Ce n’est pas le fait d’être réellement confronté à la situation ou à l’objet redouté qui suscite l’angoisse, comme dans la phobie. Dans l’obsession phobique, la crainte surgit continuellement entraînant des ruminations et parfois des compulsions. Certains termes se terminant par le suffixe -phobie désignent ainsi des obsessions et pas des phobies.

    • njama njama 4 août 2018 16:06

      @Christian Labrune

      Il n’y a rien dans cette espèce de judaïsme dévoyé et perverti que constitue le catholicisme,

      MDR, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Le lien avec le judaïsme est fort ténu, si pas inexistant. Les arguties rabbiniques du Talmud qui les compile comme des hâdiths n’intéressent plus grand monde hormis quelques adeptes. Le judaïsme est certainement la religion la plus compliquée qui soit, elle ne risque pas d’attirer les foules, hormis quelques manants désœuvrés, en mal d’exotisme religieux ou d’ésotérisme kabbalistique. Une religion à en voie de disparition, en passe de redevenir une micro secte.

    • Christian Labrune Christian Labrune 4 août 2018 20:38
      @Oncle Archibald

      Je n’ai absolument rien contre les religions qui, quoique monothéistes, ont renoncé aux grands massacres et commencent à ressembler à celles de l’antiquité qui impliquaient un type de croyance fort différent, excluant toute forme de fanatisme. Quand les Romains étendaient leur empire, découvrant des civilisations nouvelles et exotiques, ils ne forçaient pas les indigènes à se convertir aux dieux de Rome ; a contrario, ils revenaient à Rome en apportant de nouveaux dieux. C’est ainsi que le culte égyptien d’Isis s’est peut à peu développé dans Rome, dont on retrouvera plus tard des traces évidentes dans le christianisme. Des dizaines de sculptures, au Louvre, figurent Isis allaitant Horus, qui ressemblent fortement, dans un style évidemment tout différent, aux madones de la peinture italienne du XVe siècle. Si les chrétiens des premiers siècles (Gervais et Protais par exemple, sous Néron) avaient consenti à sacrifier aussi, comme tout le monde, aux dieux de la Cité, on ne les aurait évidemment jamais persécutés. On ne peut guère comparer l’empereur-philosophe Julien, tentant avec beaucoup d’intelligence de restaurer le paganisme, à Constantin le converti qui l’avait mis à mal d’une façon si barbare. Dans un petit bouquin très intéressant, Paul Veyne se demande si les anciens croyaient vraiment à leurs dieux. Ils n’y croyaient assurément pas comme y croiront les monothéistes. Il y avait probablement un attachement très superstitieux du petit peuple aux cultes institués, mais les gens cultivés étaient déjà Voltairiens, très conscients de ce que Spinoza appelle le théologico-politique, et considéraient donc les dieux comme des créations humaines fort utiles pour donner un sens à l’organisation de la Cité. Rien de plus. Si je vivais au Japon, je me convertirais sans difficulté au shintoïsme ; ce serait une manière agréable et commode de m’initier à l’esprit de la poésie japonaise.

      Je n’ai aucune envie de combattre le christianisme, ce serait tirer sur une ambulance, et à chaque fois que je l’ai pu, j’ai pris la défense des chrétiens d’Orient. Je passe rarement devant une église à Paris sans y entrer pour en faire le tour, mais je ne peux évidemment pas croire un seul instant aux dogmes que le catholicisme continue à essayer de propager, auxquels les chrétiens eux-mêmes, dieu merci, ont cessé de croire. Franchement, croyez-vous que le Christ soit réellement présent dans l’eucharistie sous les espèces du pain et du vin ? Si vous n’y croyez pas, si vous me dites comme la plupart des catholiques que j’ai interrogés, qu’il s’agit d’un « symbole », vous n’êtes qu’un protestant, c’est-à-dire un hérétique. Si vous ne croyez pas que Jésus soit le fils de Dieu, selon le credo de Nicée qui décide cela très tardivement en 325, vous êtes un abominable arianiste. La plupart des catholiques ne croient évidemment pas que Marie, dont l’existence n’est pas plus attestée historiquement que celle de son fils, ait été conçue sans péché (Immaculée Conception) ni qu’elle ait pu être engrossée par le Saint-Esprit. Je passe sur d’autres croyances, comme celle du purgatoire fabriqué par l’Eglise au XIe siècle, celle de la résurrection des morts, de la vie éternelle et du paradis où, selon Tertullien, le bonheur des élus se trouve augmenté de la vision qu’ils ont des damnés perpétuellement torturés par les démons à l’étage en-dessous !

      Le catholicisme au XVe siècle, avec son culte marial, ses ribambelles de saints à tout faire, était déjà redevenu un polythéisme. Sans la réforme protestante qui recommence à prendre au sérieux ce qui n’aurait jamais dû l’être, on en serait resté là. Les guerres de religion du XVIe siècle n’auraient jamais eu lieu, le courant janséniste n’aurait jamais existé, ni les dragonnades après la révocation de l’Edit de Nantes. Assurément, on ne s’en porterait pas plus mal.

    • Christian Labrune Christian Labrune 4 août 2018 21:00

      @Clark Kent


      Dites tout de suite que ça vous dérange qu’on parle de l’islam ! Or, si votre article n’en parle pas, on y pense immédiatement puisque la question centrale de bien des débats depuis les premiers attentats, c’est de savoir si l’islam est une religion réformable ou bien si elle imposera de toute éternité, par soumission au Coran, de massacrer à tour de bras les koufar. (voir Coran, IX,5)

      Vous nous montrez que le catholicisme, bien qu’il insiste sur le caractère intangible de ses dogmes, peut changer. Tant mieux, mais on le savait. On ne va quand même pas lui reprocher d’avoir mis, depuis l’époque des lumières, beaucoup d’eau dans son pinard ! De fait, vous ne lui reprochez pas d’avoir renoncé au fanatisme et de manquer de cohérence, et c’est heureux : seul un intégriste pourrait le faire, mais ceux-là n’y songent même pas. Vous n’espériez quand même pas que le catholicisme en revienne à cette injonction qu’on prête au moine Amaury lors du siège de Béziers : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Tout cela était fort logique selon la théologie de l’époque, mais c’est bien fini. Tant mieux.

      Il y a bien actuellement un problème touchant au fanatisme et à la relation de la religion à la question du meurtre, et vous n’avez donc pas tort de poser la question, mais en attirant l’attention sur le catholicisme et son évolution, on voit bien qu’il n’y a aucun problème de ce côté-là. Le problème est ailleurs, mais où ? Votre devise paraît être : Glissez, mortels, n’appuyez pas ! Il est donc parfaitement légitime de considérer que vous parlez pour ne rien dire. Je n’aurais pas insisté sur ce déni si vous ne m’y forciez par votre endurcissement dans la cécité volontaire. Perseverare diabolicum  !



    • Clark Kent Clark Kent 4 août 2018 21:53

      @Christian Labrune

      Ce n’est pas moi qui ai obligé le pape à inscrire le jeudi 2 août 2018 dans le Catéchisme de l’Église catholique une opposition catégorique à la peine de mort, jugée « inadmissible », et s’il a demandé que l’Église s’engage « de façon déterminée » à l’abolir partout dans le monde.



      Ce n’est pas le grand mufti ni le rabin Jacob qui s’est fait remarquer cette semaine, mais le pape !

      « Cogito ergo sum », « Fluctua nec mergitur », « Tu quoque fili », « Veni, vidi, vici » …

    • Pierre Régnier Pierre Régnier 5 août 2018 10:04

      @Clark Kent

      Le plus important c’est que le pape a dit clairement que le catéchisme n’est pas figé.

      On peut donc espérer que des catholiques exigent qu’y soit enfin fermement rejetée la croyance en « une bonne violence voulue par Dieu pour de bonnes raisons à l’époque de l’Ancien Testament ».

      La dernière édition du Nouveau Catéchisme - 1998, « le guide spirituel pour le XXIe siècle » selon Jean-Paul 2 ! - confirmait au contraire que les appels à massacrer attribués à Dieu dans l’AT l’étaient avec raison.

      Ce très mauvais Nouveau Catéchisme est pour beaucoup dans la complicité de l’Église dans l’actuelle islamisation de la France et de l’Europe.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 août 2018 15:26

    Le problème avec la peine de mort, c’est que quelqu’un ou une société doit prendre la place de l’assassin qui applique la vengeance. Et c’est un cercle sans fin. 


    • Clark Kent Clark Kent 4 août 2018 16:02

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      vous confondez vendetta, code d’honneur et peine de mort, semble-t-il ! Vengeance et punition ne sont pas de même nature et ne répondent pas aux mêmes objectifs sociaux.

    • njama njama 4 août 2018 16:49
      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Le problème avec la peine de mort, c’est que quelqu’un ou une société doit prendre la place de l’assassin qui applique la vengeance. Et c’est un cercle sans fin.
      Non, on peut considérer que c’est une évolution positive, même si elle n’est pas idéale, car de la loi (tribale) du Talion, œil pour œil, dent pour dent, qui peut engendrer une vengeance sans fin..., on est passé un sorte d’arbitrage par la société qui fait office de justice.
      C’est loin d’être parfait, j’en conviens, et certainement insatisfaisant pour certains, mais ça permet de canaliser la violence, et d’adoucir les ressentiments car la société endosse d’en porter la charge en partie.

    • gardiole 4 août 2018 18:55

      @njama

      La loi du Talion vise, au contraire, à limiter les excès de la vengeance privée en exigeant une réponse équilibrée au dommage subi, alors que la vengeance, si on lui laisse libre cours, peut ne pas avoir de limite.
      Cette loi apparaît dans les sociétés sans État à même d’exercer la justice. La vengeance est le seul moyen qu’ont les gens pour lutter contre la délinquance.

    • njama njama 4 août 2018 19:47

      @gardiole


      La loi du Talion est privée et s’affranchit du contexte social contrairement à notre justice publique fondée sur un Pacte social. La loi du Talion est archaïque, elle correspondait à une situation historique, tribale en grande partie. Elle a été probablement un stade nécessaire dans l’évolution de l’humanité, régressif peut-être (?), et la manifestation d’une justice expéditive dans laquelle la loi du plus fort était la règle.
      Résolvait-elle les injustices, les iniquités ? quels arbitrages et quels arbitres ?
      Le fait que les hommes s’en sont défaits démontre peut-être qu’elle était loin d’être idéale, car dans le cas contraire, ils l’auraient gardée.




  • baldis30 4 août 2018 16:06

    bonsoir

    « le dogme dût-il en souffrir »

     le dogme n’a pas à en souffrir en quoi que ce soit ....

    « Tu ne tueras point »

     l’Eglise s’est enfin mise en accord avec son dogme !


    • Clark Kent Clark Kent 4 août 2018 16:30

      @baldis30

      Dans la loi de Moïse, la peine de mort s’applique à de nombreuses infractions de la loi : meurtre, adultère, idolâtrie, fautes contre la famille, sodomie, rapt, faux témoignage, sacrifice humain, etc. […] La punition ne constitue pas une vengeance ; elle est la conséquence du péché contre Dieu.  

      Dans le Nouveau Testament,  le Christ n’abolit pas la loi, mais au contraire l’accomplit. Il accepte la peine de mort sur la croix en subissant le jugement de Dieu contre le péché de son peuple. Ainsi, il accomplit la purification par son sang versé pour les chrétiens. Le christianisme est, dans son sens profond, une religion fondée sur une peine de mort. Le Christ fut « frappé par Dieu et humilié… le Seigneur a fait retomber sur lui la perversité de nous tous » (Es 53.4-6).

       

      Est-ce que cette peine de mort abolit les autres ? Le Nouveau Testament ne donne pas une réponse directe à cette question. 


    • Samson Samson 4 août 2018 22:57

      @Clark Kent
      De fait !
      « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
       Car je vous le dis, en vérité : avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. »
      Matthieu V, 25-26


      "Est-ce que cette peine de mort abolit les autres ? Le Nouveau Testament ne donne pas une réponse directe à cette question. « 

      Il y a déjà celle-ci !
        »ils disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
      Or, dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ? »
       Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin d’avoir matière à l’accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol.
       Comme ils persistaient à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! »
       Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol.
       Mais eux, entendant cela, s’en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, avec la femme toujours là au milieu.
      Alors, se redressant, Jésus lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? »
      Elle dit : « Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. » Jean VIII, 4-11

      Le christianisme est, dans son sens profond, une religion fondée sur une peine de mort !

      Disons sur le meurtre !
      Comme l’éclaire l’ensemble de l’œuvre de René Girard, tout sacrifice est à l’origine humain. Le Dieu de la Torah n’agrée donc en toute bonne logique que le sang pour offrande, et c’est faute de pouvoir lui substituer un animal, que Caïn l’agriculteur se voit « contraint » au meurtre de son frère Abel !
      En se faisant crucifier sur le Golgotha, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (et pas des seuls chrétiens !) rachète par son unique sacrifice - humain ! - la malédiction de Caïn et - par le mystère de la transubstantiation de son corps en pain et de son sang en vin- substitue valablement - tant au sacrifice humain qu’aux sanglants holocaustes animaux qui en sont jusque là les seuls substituts agréés - les offrandes agricoles précitées.

      Si même il y a fallu à l’Église Catholique Romaine plus de deux mille ans d’Exégèse pour en convenir, envisagée comme acte de purification sociale et religieuse du péché,, la peine de mort n’est donc pas justifiable dans le Christianisme, car le péché est racheté dès l’origine par le sacrifice du Golgotha. smiley

      En vous présentant mes respectueuses salutations ! smiley

    • Pascal L 4 août 2018 23:54

      @Clark Kent

      Pas de réponse directe, mais « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » (Matthieu 5, 43-44). 

      Par ailleurs, le droit au pardon est permanent : « Alors Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » » (Matthieu 18, 21-22)

      et enfin lorsque Jésus annonce au criminel crucifié à côté de lui qu’il sera dès le soir au paradis, cela montre que chacun peut trouver la rédemption.

      Le Christ nous demande d’aimer mais ne nous dit pas comment. Il n’y a pas de décrets d’application et il est de notre responsabilité de les mettre en place.

      Le droit à la justice est du domaine de César et ne s’oppose pas au Christianisme, mais la manière de penser la justice a évolué en Europe avec l’interprétation que nous nous faisons des Evangiles. Cela ne peut venir d’un coup, il faut une évolution progressive des mentalités. Les Evangiles ne changent pas mais nous, nous changeons. Les tribunaux de l’inquisition ont été les premiers à mettre en place un droit à la défense en Europe. Parce qu’elle est devenu plus efficace, la justice a progressivement perdu sa vertu d’exemplarité pour permettre un compromis entre le droit à la protection des citoyens et le droit à la rédemption du prévenu. Cette rédemption n’est pas possible avec la peine de mort à cause de son aspect définitif. Pour un Chrétien d’aujourd’hui, l’abolition de la peine de mort va dans le sens de l’amour inconditionnel enseigné par Jésus. Nos ancêtres avaient choisis de garder la peine de mort, mais l’aspect exemplarité de la peine dominait une justice moins efficace que la nôtre. Il s’agissait alors prioritairement de décourager les criminels. Nous ne pouvons donc pas juger nos ancêtres sans nous placer dans leur contexte.

    • Clark Kent Clark Kent 5 août 2018 07:42

      @Pascal L

      Pourtant, l’ordalie a été légitimée par l’église catholique et utilisée à l’encontre des laïcs comme des clercs devant les tribunaux ecclésiastiques. Même si, dès le IXe siècle, quelques évêques se sont élevés contre un principe qu’ils jugeaient superstitieux, la papauté a toléré l’ordalie pendant plusieurs siècles.

      Cette procédure se substituait à toute rationalité quand aucune preuve ne pouvait être établie. Elle était considérée comme un arbitrage divin et se fondait sur une idée simpliste : "la divinité ne peut favoriser un coupable, Dieu étant supérieur aux hommes, il ne peut se tromper".

      Souvent, l’accusé préférait avouer la faute incriminée plutôt que de subir l’épreuve, ce qui fournissait un coupable providentiel. La mort était la sentence ultime. L’ordalie pouvait être appliquée à un seul individu ou de manière collective. L’ordalie de la croix opposait au minimum deux personnes. Chacun devait rester le plus longtemps possible les bras en croix. Le premier qui les baissait montrait sa culpabilité.


    • Pascal L 5 août 2018 14:35

      @Clark Kent
      L’ordalie est clairement interdite par les Evangiles « Tu ne mettra pas ton dieu à l’épreuve » (Luc 4, 12) et condamnée par le concile de Valence dès 855. Cela n’empêcha pas les tribunaux civils de continuer cette pratique venue de la préhistoire. Elle sera définitivement interdite dans les tribunaux civils par Louis IX (Saint Louis) quatre siècles plus tard en 1258. Encore une fois, les tribunaux Chrétiens ont montré l’exemple aux tribunaux civils... Si les papes ont laissé les rois continuer cette pratique barbare, c’est au nom de la séparation des pouvoirs ; ils n’ont jamais soutenu cette pratique. L’ordalie de la croix que vos décrivez n’a pas vécue longtemps. Instituée par Charlemagne, elle a été interdite par Louis le Pieux en 819 avec l’accusation de de parodier la passion du Christ. L’Eglise y est vraiment pour rien.


    • baldis30 6 août 2018 12:14

      @Clark Kent
      bonjour,

      « Dans le Nouveau Testament, le Christ n’abolit pas la loi, mais au contraire l’accomplit. »

       raisonnement purement jésuitique ......... désolé je préfère les franciscains


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 août 2018 16:12

    Ce n’est pas par hasard que les catholiques sont opposés VIOLEMMENT à l’avortement. Leur culpabilité par rapport à la pulsion de meurtre se déplace sur celui-ci.


    • njama njama 4 août 2018 16:41

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.


      Oui c’est vrai que c’est bizarre de bénir d’une main les canons, les armées, le glaive, (d’avoir encouragé les croisades, et à brûler les hérétiques, ...), et de l’autre de s’opposer bec et ongle à l’avortement. Sujet très contemporain il est vrai, quoique les faiseuses d’anges c’est aussi archaïque que la prostitution.
      Il y a là une forme de paradoxe. L’Église n’en est pas un près.

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 août 2018 16:54

      @njama

      La société ira bien mieux quand elle cessera de nier une évidence : les pulsions de meurtres sont tout aussi importantes que les pulsions sexuelles. Elles sont inhérentes à l’humain. Au lieu de les éviter, il est préférable de les canaliser. Mais la peine de mort ne réglera jamais rien. il suffit d’observer les statistiques de délinquance dans le monde. https://fr.wikipedia.org/wiki/Classement_des_pays_par_taux_d%27homicide_volontaire. Les Amériques tiennent le haut du pavé ;

    • gardiole 4 août 2018 19:09

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Pas pour défendre la peine de mort ni m’opposer l’IVG, mais il ne faut pas les mettre sur le même plan.
      Dans le second cas, on met fin à la vie d’un innocent. Dans le premier, on punit quelqu’un qui a rompu le pacte social, on veut l’empêcher de récidiver, et on veut dissuader ses imitateurs potentiels. Pas besoin de pulsion de meurtre.


    • njama njama 4 août 2018 19:25

      @gardiole

      La peine de mort n’est pas dissuasive, c’est prouvé. La solution est donc ailleurs que dans cette répression. Ce qui est vrai pour la prostitution par exemple, aucune loi ne l’a encore résolue.
      Si une incarcération met fin au danger potentiel, quoique chaque cas criminel est différent, comme Mélusine je trouve que la peine de mort ne réglera jamais rien. Et qu’avec elle, la société s’absout à bon compte en se débarrassant d’un de ses congénères. Personne ne naît criminel il me semble.

    • jako jako 8 août 2018 12:21

      @gardiole
      Bonjour, vous dites : « quelqu’un qui a rompu le pacte social », il faudrait plutôt dire « quelqu’un qui aurait rompu le pacte social » et c’est là tout le problème d’une acte définitif contre une action dont l’enquête peut évoluer dans le temps, donc tout acte définitif doit être opposé aux aléas


  • njama njama 4 août 2018 19:14
    Le Vatican est-il sincère ?
    On aurait aimé que dans la foulée, puisque « la confesse » (sacrement de réconciliation) fait partie de ses arsenaux canoniques, qu’il fasse amende honorable de son passé en matière judiciaire pénale qui ôta la vie à bien des âmes.

    Ou se dérobe-t-il habilement et subrepticement par populisme en écornant au passage, involontairement peut-être (?) d’autres intégrismes du moment qui guerroient en terre sainte et pays voisins ?

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 août 2018 21:08

    D’accord avec tous les commentaires de Njama. Mais ne rêvons pas, la planète est une pétaudière. Et la mort sera la peine pour tous.


    • njama njama 4 août 2018 22:11
      Merci Mélusine
      et bien d’accord, le monde actuel est une pétaudière, en plus que nous sommes avec le progrès scientifique assis sur un baril de poudre capable de mettre fin à une bonne partie de l’humanité.


  • zygzornifle zygzornifle 5 août 2018 08:14

    A une certaine époque ils pratiquaient la peine de mort a la chaîne .....


  • cathy cathy 6 août 2018 11:08

    Le pape privilégie ses intérêts, il n’y a presque plus de catholique en occident, ils sont à l’Est ou au Sud. 



    • microf 6 août 2018 12:32
      @cathy

      Il a bien raison ma chère @cathy le Saint Père de privilégier ses interêts, car comme on dit « qui est fou ».
      Cependant, c´est beaucoup plus au Sud qu´il faut aller chercher les Catholiques aujourd´hui, ceux de l´Est ont aussi intégrés la notion du dieu « Mamon ».

      Durant le Pontificat du Jean-Paul II le nombre de Catholiques dans le monde a augmenté de 391 millions et, rien qu´en Afrique de 191 millions, c´est plus de la moitié et, aujourd´hui, la tendance est á la hausse au point oú même les musulmans se convertissent en masse, information bien sûr cachée en Occident.

Réagir