samedi 1er août 2009 - par Christian Delarue

Mécréant contre les fétiches : Qui sème le sacré récolte le blasphème

La dimension émancipatrice du blasphème.

Réaction à « Le singe sur la croix et l’archevêque d’Avignon ». F Serra

mais aussi à

Quand le voile ou la kippa affiche « Allah (ou Yahvé) est grand ! » le mécréant répond « Je pisse sur ton Dieu » (et sur tout les Dieux) "Dieu, j’ai marché dessus par erreur".

Quand le voile dit « je suis respectable » j’ai écrit jadis "Nous sommes tous et toutes des putes !" (je suis contre la prostitution et ce n’est pas d’elles qu’il s’agit en fait)

Siffler le drapeau ou la Marseillaise peut relever du même refus des symboles fétiches plus dominateurs (1) qu’émancipateurs.

* POURQUOI UNE TELLE REACTION ?
 
Au fond, il y a un refus de l’éternelle tendance des religions de se croire, comme Dieu, au-dessus des humains, il y a un refus de la tendance des religions à diffuser partout les préceptes et impératifs de la religion contre les autres religions et surtout contre les agnostiques et les athées. Sur la forme, ces individus peuvent le plus souvent ne pas dire le moindre terme grossier le reste du temps mais se sente devoir adopter le mode blasphématoire car la critique rationnelle ne semble pas suffire, à leur yeux, à faire tomber le fétiche. De ce fait, il y a de plus en plus une pente de type critique satirique contre les individus ou les symboles du sacré, de la respectabilité surfaite. Ces mécréants-là sont-ils des individus sans principe, sans morale ? Que non !

* AIMER LES HUMAINS, HAIR CE QUI LES OPPRIME
 

Voici le commentaire de J Ziegler à propos de la formule de Jean-Paul Sartre. Quand Sartre disait "Pour aimer les hommes, il faut haïr ce qui les opprime", tout est dans ce "ce". La réaction n’est pas dirigé contre un groupe d’hommes ou des individus mais contre les mécanismes de l’oppression.

Hors du strict respect des êtres humains, il a sans doute des valeurs à respecter, mais ce sont d’abord les humains qui doivent être respectés. Placer la dignité humaine en premier est essentiel . Il ne s’agit pas pour autant de valoriser un humanisme béat. L’humanisme véritable est de combat. Car il n’ignore pas que tout humain est pris dans des rapports sociaux de domination (de classe, de genre, de racisation). Cela conduit nécessairement à ne pas tout accepter des pratiques humaines. Mais les modalités de résistances et de changement sont aussi importantes que le but.

Une première distinction essentielle à constamment répéter pour ne pas l’oublier est la critique des actes des humains mais la valorisation de leur dignité humaine radicale . En ce sens on peut parfaitement critiquer la kippa ou le voile et même la religion - par exemple son discours qui survalorise la respectabilité de la musulmane voilée - mais néanmoins respecter les personnes qui portent ces pratiques. Donc ne pas les injurier, les frapper ou même refuser de les saluer. A la loi de déterminer dans quel lieu telle ou telle pratique n’est pas tolérable. Les juristes disent que tout principe à des assouplissements et des exceptions. La tolérance n’est pas unilatéralement demandée par les religions aux laïcs.

* QUID DU CARRE DES QUATRE VALEURS REPUBLICAINES ?

Par ailleurs, les valeurs à respecter sont celles qui accroissent la liberté, l’égalité, l’adelphité et la laïcité et donc la paix des communautés humaines. Mais dès que l’on approfondit l’équilibre à respecter entre ces valeurs républicaines on se trouve face à des conflits théoriques et pratiques dans la vie réelle et donc face à des positions de pouvoir. Il convient alors de procéder à de nouvelles distinctions . Il y a comme première distinction repère celle des conflits entre humains seulement - avec la subdivision des simples conflits de relations humaines et celles des conflits issus des divers rapports sociaux, de classes, de genre, de racisation - et comme seconde distinction celle des conflits entre les humains et tous les dispositifs abstraits qui les surplombent.Cette dernière distinction est essentielle à notre propos.

* LES AUTRES DISPOSITIFS ABSTRAITS QUI SURPLOMBENT LES HUMAINS

Ces dispositifs abstraits très variables peuvent être ambigus, à la fois aliénants et émancipateurs ou à tout le moins protecteurs. * Les religions apportent sans doute des consolations appréciables aux croyants ; elles mettent surtout Dieu au-dessus des hommes nécessairement de moindre dignité. Mais il n’y a pas que la religion à agenouiller les humains. * Les grands dispositifs technico-juridiques qui suivent et contrôlent les procès de travail dans les structures productives participent de la réïfication humaine au travail. A contrario, un code du travail sera perçu comme plutôt protecteur pour les travailleurs salariés même si certains éléments permettent de reproduire l’exploitation de classe et la domination globale. De la même façon, les symboles de la nation tel la Marseillaise, le drapeau (1) peuvent devenir en fonction de certaines circonstances des fétiches à abattre lorsqu’ils ne correspondent plus du tout au contenu révolutionnaire initial. Par contre la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité - le fameux carré républicain - peuvent avoir plus aisément une dimension émancipatrice car leur conjugaison à suivre Ernst Bloch implique une certaine dynamique d’émancipation humaine.

Christian Delarue

1)Siffler la Marseillaise en mémoire du 17 octobre 1961 !

http://lgvsite.canalblog.com/archives/2008/10/19/11009711.html

LES BLASPHEMES DU MECREANT
Blasphème, démocratie et émancipation : un sujet délicat
http://www.europe-solidaire.org/spip.php ?article6596



24 réactions


  • Christian Delarue Christian Delarue 1er août 2009 14:02

    Le même article a été repris sur amitie-entre-les-peuples.org avec une tonalité moins affirmative et plus compréhensive. Juste un détail de style mais qui facilite une entrée douce dans ce type de texte qui d’ordinaire provoque des réactions variées.

    Je dis : Question ouverte : Y-a-t-il une émancipation par le blasphème ?
    ainsi que : Comprendre : Pourquoi une telle réaction ?

    La réponse : « un tel mécréant respecte les humains pas les fétiches » (avec quelques pistes non exhaustives) Une gageure !

    CD


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 1er août 2009 16:08

    Bonjour CD,

    « La tolérance n’est pas unilatéralement demandée par les religions aux laïcs. » Quand vous allez, habillés, franchir la limite d’une plage devenue naturiste, au bout de quelques mètres, c’est vous qui allez vous sentir bête et con. Radical.

    La tolérance n’est perçue et respectée que par celui qui a fait son propre choix dans sa vie et qui accepte par là que les autres en fassent autant quelle que soit la direction choisie, sauf, quand le choix de l’autre n’est plus personnel. En effet, si vous faites comme on vous a dit de faire, vous obéissez à une autorité et pour cette raison, ne supportez pas celui qui n’obéit pas. C’est donc l’autorité qui participe à diviser l’ensemble des humains, et les obéissant qui fabriquent l’intolérance quotidienne. Regardez par exemple sur la route, 1OO % des automobilistes respectent cette règle universelle du partage de la voie entre la gauche et la droite par la médiane, et seuls un infime taux faute tous les jours entrainant près de trente morts. Il serait quand même malheureux de focaliser en permanence sur ce petit taux ridicule pour justifier des lois générales à contraindre tous les autres humains. La vraie liberté respectée devrait à terme repousser vers des espaces libres la petite quantité qui a du mal à s’intégrer sans avoir à plus encore légiférer contre eux et surtout, contre tous.

    Bien à vous.


  • Christian Delarue Christian Delarue 1er août 2009 23:35

    Nudisme et tolérance mutuelle

    Vous avez raison de dire "Quand vous allez, habillés, franchir la limite d’une plage devenue naturiste, au bout de quelques mètres, c’est vous qui allez vous sentir bête et con. Radical". Je ne suis pas sûr que cela réponde à mon « La tolérance n’est pas unilatéralement demandée par les religions aux laïcs. »

    Trouver un exemple dans un autre champ social - les plages de nudisme - n’infirme pas ma position. Mais elle permet de réfléchir dessus. Peut-on dire que les naturistes ou nudistes demandent une tolérance unilatérale (à l’instar des musulmanes voilées par exemple) ? Certes il vaut mieux se déshabiller lorsque l’on entre sur une zone naturiste mais cela tient au fait qu’ils sont parqués comme des Indiens aux USA et au Canada (avant du moins). C’est un facteur explicatif lourd. De ce fait ils ont besoin d’un endroit pour eux.

    Au passage, la généralisation de la burka pourrait éventuellement en toute bonne thèse relativiste créer une demande de liberté du nudisme partout. Hum ! Pour l’instant, les nudistes sont au mieux « mis en réserve » dans les pays tolérants (ce qui montre la faible tolérance) et totalement interdit - tout comme l’homosexualité - dans les pays aux normes sociales rigides et strictement impératives du fait des punitions légales très dures. Ces pays sont souvent les plus imprégnés de religions mais aussi politiquement autoritaires ou dictatoriaux. Il ne faisait pas bon pratiquer le nudisme sous le Portugal de Salazar, l’Espagne de Franco, la Grèce des Colonels, la France de Pétain pour ne prendre que des exemples chrétiens et européens (pas trop ancien).

    En fait pour parler de tolérance mutuelle et de réciprocité il faudrait que les non croyants puissent sans avoir à parler, par un signe quelconque - discret ou non - dire le contraire de ce que dit le voile ou la kippa. Plus le voile que la kippa car le voile est porteur de plusieurs significations : respectabilité de la femme, étendard d’une religion ou de Dieu (au gré du regard porté) plus les significations subjectives de celles qui les portent. Ce serait une sorte de multiculturalisme à la française ! Impensable dans un pays qui souhaite généraliser les principes de laïcité sous deux formes la laïcité-séparation et la laïcité-neutralité. Cette dernière vaut pour les postes de la fonction publique de l’auxiliaire au plus haut gradé. Elle vaut aussi contre ce que l’on pourrait appeler l’emprise du religieux « par en-bas ».

    Un tel processus « par en-bas » semble contrecarré par la tendance à la sécularisation et laïcisation des croyant(e)s de toutes les religions en Europe, sauf peut-être en Grande-Bretagne. La mentalité laïque qui choisit l’affichage discret et pacifique augmente. Cela permet une meilleure intégration. En contrepartie des efforts sont à engager en terme d’insertion sociale. Cela suppose d’autres solutions à leur crise. C’est un autre sujet.

    CD


  • Deneb Deneb 2 août 2009 11:57

    La laicité doit evoluer ! Respect des croyances est une ineptie servile du siècle dernier.Respectons les personnes, les croyances c’est chacun les siennes - l’imposer aux autres est immoral, et le faire par la force est un crime.


  • Christian Delarue Christian Delarue 2 août 2009 12:20

    Message à Deneb,

    Ok avec vous pour respecter les personnes et pas les croyances. Surtout quand ces dernières quitte le privé pour investir le public.

    La laïcité évolue déjà car elle freine l’emprise du religieux « par-en-bas » dans certains champs de la société. On mobilise alors la laïcité-neutralité en plus de la laïcité-séparation qui visait elle l’emprise du religieux « par en-haut ».

    La Belgique vient de suivre la France en matière d’interdiction des signes religieux ostensibles. Ce qui signifie que les signes discrets sont autorisés. C’est la mentalité laïque et pacifique qui gagne du terrain.

    Et rien n’empêche de pratiquer sa religion chez soi ou ailleurs. Il manque de mosquées pour les musulmans. Je suis contre « l’islam des caves » mais je n’ai pas de solution à offrir pour autant.


    • Deneb Deneb 2 août 2009 15:03

      « Il manque de mosquées pour les musulmans.... »

      Il manque aussi de maisons closes pour les accros au sexe...


  • mcm 2 août 2009 12:28

    Encore une fois l’auteur sous couvert de critique DES religions, évite à tout prix d’en critiquer une précise.

    Evidemment représenté le Christ en singe évite d’avoir le risque d’une fatwa, c’est ça le courage intellectuel des pleutres.


    • adeline 2 août 2009 21:36

      Il ,faut toujours que « l’on me voie, je suis au centre du monde je suis la race élue.... »
      réponse à mcm bien sur


  • PhilVite PhilVite 2 août 2009 14:13

    Le mot blasphème pose un problème. Il est lui-même du domaine religieux.
    Si je ne crois pas en un dieu quel qu’il soit (pour moi, il n’y a donc pas de dieu), comment puis-je offenser ou outrager ce qui n’existe pas ?


  • Christian Delarue Christian Delarue 2 août 2009 20:57

    PhilVite.

    Je croyais avoir déjà répondu !

    Que le blasphème soit du domaine du religieux importe peu. D’ailleurs il est largement sorti de la sphère religieuse. Et puis il y a les agnostiques, les incertains, et tous sont qui ne veulent pas être importuné par l’affichage ostensible de la religion, etc...

    Certes, On ne peut offenser ce qui n’existe pas. Mais il y a Dieu et la religion et ses appareils créateurs de normes et de fétiches. Dés lors il peut parfois être salutaire de dénigrer et rabaisser des prétentions surhumaines trop souvent affichées ou répétées par les croyants humains qui évoquent Dieu ad nauseam . Le blasphème me semble posséder des vertus désacralisatrice, défétichisante . C’est bref et concis .

    CD

    Ceci dit, nul n’est obligé au blasphème.


    • PhilVite PhilVite 3 août 2009 00:18

      Je ne voyais pas du tout les choses sous cet angle : du blasphème comme outil de contention du religieux à l’usage des non croyants...
      J’étais dans la défensive, vous êtes dans l’offensive.
      Nous ne sommes pas dans le même wagon certes, mais dans le même train !


  • Christian Delarue Christian Delarue 2 août 2009 22:14

    Déneb,

    Les « accros » du sexe n’ont nul besoin de « maisons closes », les WC suffisent pour l’auto- soulagement et la prostitution doit être abolie. L’amour c’est si beau !

    nb : Bcp de religions s’en sont accommodés de la prostitution et continue...


    • Deneb Deneb 3 août 2009 05:59

      Les musulmans n’ont nullement besoin de mosquées, les chiottes suffisent pour prier. Et la burqa doit être abolie. Le sexe, c’est le pied !

      Beaucoup de laiques s’accomodent de la religion et tolerent les intolerants.

      Toutes les religions ont ceci en commun : l’absence du rire et la régulation de la sexualité. En somme, les deux plus grands plaisirs de la vie - de quoi déjà largement donner un sens à notre existence. Les religions sont le plus grand crime contre l’humanité.

      Que l’on venere le prophete pédophile, que l’on s’adonne à la nécrophilie en adorant un cadavre mutilé sur une croix, le but c’est de faire c*** les autres. Pour leur bien, evidemment.


    • Senatus populusque (Courouve) Courouve 3 août 2009 15:01

      Deneb : « Toutes les religions ont ceci en commun : l’absence du rire et la régulation de la sexualité. »

      En effet. C’est bien pourquoi les libertés d’expression et sexuelle sont les nécessaires contrepoids de la liberté religieuse.


  • Christian Delarue Christian Delarue 3 août 2009 11:28

    Le sexe c’est « le pied » lorsque l’on se rencontre librement et qu’il est réciproquement pris. Ok.

    Votre propos est méprisant pour les musulmans. Est-ce de la religiophobie ou de l’islamophobie ? Pensez-vous que les chrétiens n’ont nul besoin d’églises, les protestants de temples, les juifs de synagogues, et les autres religions de lieux collectifs de prières ? Voulez-vous voulez éradiquer les religions au nom de la laïcité trop tolérante ! Vous tordez le bâton dans l’autre sens ! Ce n’est plus de la laïcité.

    Je suis pour un « équilibre des tolérances », autrement dit un régime juridique nommé laïcité qui laisse un espace de liberté aux uns et aux autres. Un espace qui freine l’emprise du religieux « par en-haut » et « par en-bas » d’un côté mais aussi qui autorise la liberté de vivre sa religion en privé, en privé au foyer mais aussi collectivement. Car, la religion implique des rencontres, un partage sur les croyances, les questionnements, les lectures des textes sacrés, bref une certaine communauté. Interdire cela c’est, à mon humble avis, faire montre d’intolérance.

    Cela ouvre aussi à une grave répression contre les pratiquants. Cela a existé et les religions ont survécu. Elles se sont même développées en catimini notamment dans l’URSS stalinienne. Aujourd’hui elles défendent à l’ONU « l’interdiction de l’injure à la religion ».

    On ne saurait, à mon avis, injurier une religion. Mais le risque est grand du passage de l’injure à la religion à l’injure aux croyants de cette religion. Il faut savoir éviter ce basculement. Une gageure car des individus notoirement compétents ont basculé dans le piège et parfois ce sont retrouvé devant les tribunaux.

    Les pratiquants de toutes les religions ont droit au respect. Pour autant toutes les pratiques sociales ou individuelles des croyants ne sont pas tolérables. Dans ce cas il importe de les spécifier, d’être précis.

    J’en termine avec cette discussion.

    CD


    • Deneb Deneb 3 août 2009 14:48

      auteur : « Votre propos est méprisant pour les musulmans »

      J’espère bien...Je n’ai que du mépris pour les croyances. Je respecte les gens, leurs actes s’ils oeuvrent pour le bien de l’humanité, leurs sentiments nobles .... Les croyances sont par contre nuisibles à la société puisqu’elles tournent toutes autour de l’apocalypse, et certains, surtout les musulmans comme Achmerdinejad aimeraient bien la provoquer, l’apocalypse nucléaire en occurence, pour avoir ses 72 vierges.

      J’aspire à une société où la religion serait traité comme le sexe aujourd’hui et vice versa. La religion serait alors quelque chose de profondement intime, que l’on n’étale pas et dont on a vaguement honte. La sexualité ferait par contre objet de rites initiatiques et le Kamasutra remplacerait les cours de catechisme. Ca vous donne pas envie ?


    • Senatus populusque (Courouve) Courouve 3 août 2009 14:57

      « La croyance d’un Dieu fait et doit faire presque autant de fanatiques que de croyants. Partout où l’on admet un Dieu, il y a un culte ; partout où il y a un culte, l’ordre naturel des devoirs moraux est renversé, et la morale corrompue. Tôt ou tard, il vient un moment où la notion qui a empêché de voler un écu fait égorger cent mille hommes. Belle compensation ! »
      Denis Diderot, lettre à Sophie Volland, 6 octobre 1765.


    • Senatus populusque (Courouve) Courouve 3 août 2009 14:58

  • Christian Delarue Christian Delarue 3 août 2009 14:18

    A propos du « string exsudant d’une putain de Hollywood » (de CLM).


    Les fétiches ne concernent pas que les figures sacralisées de la religion. D’autres demi-dieux s’imposent aux humains notamment à ceux moins bien « positionnés » dans les divers rapports sociaux qui clivent les sociétés capitalistes. Les fétiches, ce sont aussi les entitées englobantes fétichisées comme la Nation, l’Entreprise, la Famille. Mais l’individu en perte de sens pris dans le tourbillon de la marchandisation du monde peut s’ériger lui même en icône. On connait la critique sévère d’Eric Fromm puis celle de Christopher Lasch sur le narcissisme de notre époque. On ne saurait cependant aller trop loin dans la vindicte. La stigmatisation doit porter sur les processus d’en-haut non sur les individus eux-mêmes tout comme la critique de la religion est libre mais le respect du aux croyants de droit (sauf à incriminer des pratiques bien particulières).

    CLM pointe à raison d’autres icônes survalorisées par définition : l’icône politique, l’icône du spectacle, icône de la fortune… Sa liste n’est pas limitative. Son tord me semble d’y incriminer la laïcité et la sécularisation au lieu de la marchandisation du monde. Contre « la société comme un temple païen » il rêve à bas bruit de rétablir un judéo-christianisme historique "marqué par le désaveu de l’idolâtrie".

    Ce faisant, il en vient à incriminer l’objet de rejet de tous les intégristes du monde, à savoir le string. L’un des artifices les plus excitants portés surtout par les femmes mais inventés par les hommes pour les hommes. Mais ce n’est pas sur le mode féministe que la critique est portée. D’autant que les féministes peuvent en porter ainsi d’ailleurs que les altermondialistes masculins. En fait, ici, une fois de plus, le string est rapportée à la putain comme ailleurs le voile islamique à la bonne musulmane et le dévoilement à l’occidentale dépravée. Toujours la même rengaine pudibonde. Au lieu de s’en prendre à la publicité sexiste on attaque les personnes saines qui aiment la séduction sans apprécier les insultes. Faut-il répéter qu’une péripatéticienne, une prostituée, une putain donne son corps pour de l’argent à des hommes. Que la prostitution n’est pas un métier comme les autres. Que le proxénète est un exploiteur odieux et que le client porte une grosse responsabilité dans la reproduction du système. Par ailleurs les grandes religions se sont toutes accommodées peu ou prou de la prostitution. Critiquer le système iconomaniaque doit porter sur ses outrances mais s’accompagner du respect des adeptes des porteurs d’icônes. Comme la critique de la religion doit s’accompagner du respect des croyants à l’exception de certaines pratiques.

    Christian Delarue


    • Christian Delarue Christian Delarue 3 août 2009 19:24

      Je me dois de donner la réponse de Camille Loty MALEBRANCHE

      http://www.legrandsoir.info/A-bas-les-icones-et-vive-l-iconoclastie.html

      Salut et merci cher Christian de votre pertinente problématisation du texte.

      1) Je dois vous dire que je ne pointe pas du doigt le string en soi que j’aime bien voir sur ma bien-aimée, mais sa production en relique par le multimédia qui finit par en faire un instrument de réification du corps féminin.

      2) Je ne rêve pas non plus d’instaurer un judéochristianisme bien que chrétien sans église ni curie. Je crois néanmoins qu’un Christianisme authentique, désoccidentalisé, décléricalisé peut aider à une revalorisation d’un monde perdu et métaphysiquement aliéné. Je suis totalement d’accord avec vous sur la marchandisation, et quoique je n’aie point utiliser le terme, en évoquant la consommation dans l’article, je crois l’avoir quand même pleinement abordé...

      Votre intervention intelligente prouve encore une fois que l’on peut débattre avec civilité et brillamment sur des sujets traités afin d’aller jusqu’au substratum des choses étudiées.



  • Senatus populusque (Courouve) Courouve 3 août 2009 14:55

    « Dieu le père encule Marie,
    Le Saint-Esprit fout Zacharie,
    Ils ne foutent tous qu’à l’envers ;
    Et c’est sur un trône de fesses,
    Qu’avec ses superbes promesses,
    Dieu se moque de l’univers. »
    Marquis de Sade, Histoire de Juliette [1801], 4ème partie [parodie de l’Ode à Priape de Piron], in Œuvres, Paris : Gallimard, 1998, édition Michel Delon.

    Que voilà un beau blasphème !!!


  • Christian Delarue Christian Delarue 3 août 2009 21:26

    le négationnisme n’est pas une opinion, c’est un délit

    http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2862


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 4 août 2009 08:57

    à Christian Delarue (xxx.xxx.xxx.154) 3 août 12:24

    Bjr JPL,

    CONTRE LA REFONDATION NEOSOLIDARISTE DU CAPITALISME PRODUCTIVISTE

    Un lien vers une série de textes critiques
    CD

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article781

    =======================================================================

    NON ! ! ! MERCI ! ! !


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