Mécréant contre les fétiches : Qui sème le sacré récolte le blasphème
La dimension émancipatrice du blasphème.
Réaction à « Le singe sur la croix et l’archevêque d’Avignon ». F Serra
mais aussi à
Quand le voile ou la kippa affiche « Allah (ou Yahvé) est grand ! » le
mécréant répond « Je pisse sur ton Dieu » (et sur tout les Dieux) "Dieu,
j’ai marché dessus par erreur".
Quand le voile dit « je suis respectable » j’ai écrit jadis "Nous sommes
tous et toutes des putes !" (je suis contre la prostitution et ce n’est
pas d’elles qu’il s’agit en fait)
Siffler le drapeau ou la Marseillaise peut relever du même refus des symboles fétiches plus dominateurs (1) qu’émancipateurs.
* AIMER LES HUMAINS, HAIR CE QUI LES OPPRIME
Voici le commentaire de J Ziegler à propos de la formule de Jean-Paul Sartre. Quand Sartre disait "Pour aimer les hommes, il faut haïr ce qui les opprime", tout est dans ce "ce". La réaction n’est pas dirigé contre un groupe d’hommes ou des individus mais contre les mécanismes de l’oppression.
Hors du strict respect des êtres humains, il a sans doute des valeurs à respecter, mais ce sont d’abord les humains qui doivent être respectés. Placer la dignité humaine en premier est essentiel . Il ne s’agit pas pour autant de valoriser un humanisme béat. L’humanisme véritable est de combat. Car il n’ignore pas que tout humain est pris dans des rapports sociaux de domination (de classe, de genre, de racisation). Cela conduit nécessairement à ne pas tout accepter des pratiques humaines. Mais les modalités de résistances et de changement sont aussi importantes que le but.
Une première distinction essentielle à constamment répéter pour ne pas l’oublier est la critique des actes des humains mais la valorisation de leur dignité humaine radicale . En ce sens on peut parfaitement critiquer la kippa ou le voile et même la religion - par exemple son discours qui survalorise la respectabilité de la musulmane voilée - mais néanmoins respecter les personnes qui portent ces pratiques. Donc ne pas les injurier, les frapper ou même refuser de les saluer. A la loi de déterminer dans quel lieu telle ou telle pratique n’est pas tolérable. Les juristes disent que tout principe à des assouplissements et des exceptions. La tolérance n’est pas unilatéralement demandée par les religions aux laïcs.
* QUID DU CARRE DES QUATRE VALEURS REPUBLICAINES ?
Par ailleurs, les valeurs à respecter sont celles qui accroissent la liberté, l’égalité, l’adelphité et la laïcité et donc la paix des communautés humaines. Mais dès que l’on approfondit l’équilibre à respecter entre ces valeurs républicaines on se trouve face à des conflits théoriques et pratiques dans la vie réelle et donc face à des positions de pouvoir. Il convient alors de procéder à de nouvelles distinctions . Il y a comme première distinction repère celle des conflits entre humains seulement - avec la subdivision des simples conflits de relations humaines et celles des conflits issus des divers rapports sociaux, de classes, de genre, de racisation - et comme seconde distinction celle des conflits entre les humains et tous les dispositifs abstraits qui les surplombent.Cette dernière distinction est essentielle à notre propos.
* LES AUTRES DISPOSITIFS ABSTRAITS QUI SURPLOMBENT LES HUMAINS
Ces dispositifs abstraits très variables peuvent être ambigus, à la fois aliénants et émancipateurs ou à tout le moins protecteurs. * Les religions apportent sans doute des consolations appréciables aux croyants ; elles mettent surtout Dieu au-dessus des hommes nécessairement de moindre dignité. Mais il n’y a pas que la religion à agenouiller les humains. * Les grands dispositifs technico-juridiques qui suivent et contrôlent les procès de travail dans les structures productives participent de la réïfication humaine au travail. A contrario, un code du travail sera perçu comme plutôt protecteur pour les travailleurs salariés même si certains éléments permettent de reproduire l’exploitation de classe et la domination globale. De la même façon, les symboles de la nation tel la Marseillaise, le drapeau (1) peuvent devenir en fonction de certaines circonstances des fétiches à abattre lorsqu’ils ne correspondent plus du tout au contenu révolutionnaire initial. Par contre la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité - le fameux carré républicain - peuvent avoir plus aisément une dimension émancipatrice car leur conjugaison à suivre Ernst Bloch implique une certaine dynamique d’émancipation humaine.
Christian Delarue
1)Siffler la Marseillaise en mémoire du 17 octobre 1961 !
http://lgvsite.canalblog.com/archives/2008/10/19/11009711.html
LES BLASPHEMES DU MECREANT
Blasphème, démocratie et émancipation : un sujet délicat
http://www.europe-solidaire.org/spip.php ?article6596