samedi 24 juillet 2021 - par Eratosthène

Pourquoi la religion catholique est la plus complexe, la plus belle et la plus réconfortante

Par cette mini-comparaison des dogmes de plusieurs religions, l'auteur essaye de montrer la spécificité et la richesse de la religion catholique.

I) L’animisme

 

L’animisme est la religion la plus sommaire, la plus primitive et la plus fruste qui soit. On a autant d’entités que de lieux qui nous entourent. Ces entités ne contrôlent que leur lieu (forêt, fleuve, montagne…) ce qui pose la question de leur toute-puissance. Ces entités, certes, peuvent être favorables, mais uniquement à condition qu’on leur fasse des sacrifices ou des offrandes. Il s’agit plus de péages kilométriques qui laissent passer en levant la barrière quand on leur donne une pièce que de divinités...Les rapports sont donc basés uniquement sur le donnant-donnant.

 

II) Les paganismes grec et romains

 

La vieille religion païenne était un poil plus développé, mais pas tant que cela. Là encore, il y a de multiples divinités, chacune avec ses attributs et ses caractéristiques, à « brosser dans le sens du poil » par des sacrifices. Si, certes, une idée-clé était ajoutée par rapport à l’animisme, à savoir que les dieux avaient créé la nature et l’Homme, en revanche, on restait dans une conception donnant-donnant, sans échange plus poussé entre le dieu, inaccessible, et l’Homme, comme si les dieux avaient créé les Hommes pour qu’ensuite ceux-ci se débrouillassent eux-mêmes, sauf bien sûr le dieu en question (Zeus par exemple) souhaitait forniquer avec une belle femme terrestre. En effet, ces dieux ont l’air de passer le temps à manger, boire et se divertir. Pas très édifiant… Les dieux ne montrent pas l’exemple.

On a néanmoins l’idée de la vie après la mort, une vie de délices si on a fait des bonnes actions, et une vie de malheur si on en a fait de mauvaises. Toutefois, cette vie de délices ne se fait pas avec Dieu, mais par des plaisirs encore très charnels.

 

III) Le judaïsme

 

Le judaïsme, la première religion abrahamique, est une religion bien plus construite et structurée que le paganisme. On a enfin l’idée de l’unicité de Dieu, de sa toute-puissance, de son omniscience, de sa prescience. Le cadre est ainsi posé. L’histoire de l’Ancien Testament est l’histoire d’un peuple choisi, les Hébreux, qui progressent dans leur connaissance de Dieu, qui peu à peu se laisse trouver. Si Dieu a créé les Hommes, comme dans le paganisme, au contraire du paganisme il ne les abandonne pas : il veille sur le peuple choisi, il le protège contre les dangers, et surtout il lui confie la manière de le prier correctement, et plus encore, sa Loi, le Décalogue, au prophète qu’il s’est choisi. Les sacrifices humains, une abomination aux yeux de Dieu, cèdent aux sacrifices d’animaux, étape indispensable avant le passage du sacrifice au second plan : les derniers prophètes insistent sur la nécessité de pratiquer la justice, la miséricorde et le droit, au lieu de pratiquer des sacrifices d’animaux devenus quasiment sans valeur. Dieu ainsi daigne donner sa loi et dicter la conduite qu’il faut adopter, et demande bien plus que quelques sacrifices d’animaux : une vraie conversion du coeur.

On a aussi les débuts, quoique hésitants et timides, sur la question de l’âme et de la résurrection des morts, ces points faisant controverse parmi les Juifs. Mais c’était préfigurer le Paradis catholique, et donc l’idée que ce Dieu, certes inaccessible de par sa grandeur et sa toute-puissance, pouvait se laisser toucher à la fin, post mortem, où les saints pourraient ainsi le contempler pendant l’éternité. Ainsi, la vie après la mort se structurait davantage ; il ne s’agissait plus de plaisir charnel mais de vivre avec Dieu.

On a aussi avec le judaïsme la croyance dans les anges, qui interviennent dans la vie des Hommes et les guide (cf. Tobie, Tobit et Sarah).

 

Toutefois, le judaïsme, même vers la fin, où la colère de Dieu laisse peu à peu apparaître son grand amour ou sa bonté, est insuffisant : Dieu, même s’il veille sur son peuple, reste lointain et inaccessible, se bornant à sélectionner quelques élus privilégiés, les prophètes, pour que ceux-ci transmettent ses messages ; il y a aussi, il est vrai, des hommes également privilégiés, les prêtres, la classe sacerdotale (de sacer  : sacré). Il y a certes la prière, qui est le mode privilégié pour avoir une relation, mais Dieu est néanmoins distant.

 

IV) L’islam

 

L’islam s’est construit sur le fonds judéo-chrétien. Il reconnaît l’existence du Dieu tout-puissant qui a créé les Hommes et veillent sur eux, et qui dicte sa loi. Il peut être prié. Jésus est un très grand prophète. Les musulmans pieux et sages peuvent aller au Paradis à leur mort, mais c’est pour se vautrer dans la débauche. Dieu reste aussi distant qu’il est dans le judaïsme, car Jésus n’est pas Dieu, et Jésus n’a pas été crucifié ; quelqu’un lui a été subsisté. Finalement, l’islam ne fait pas vraiment de progrès de structuration ou d’espoir par rapport au judaïsme, voire constitue une régression sur certains points, comme la vie après la mort.

 

V) Le protestantisme

 

Avec le protestantisme, nous entrons dans le christianisme. Dieu n’est plus inaccessible ; Dieu a envoyé par amour son fils unique, Jésus-Christ, qui a pris chair de la Vierge Marie, s’est fait homme, et a montré son amour pour nous sur la Croix. Nous pouvons prier Dieu, nous pouvons lire les Ecritures à son sujet, nous pouvons méditer ses enseignements venant illustrer les commandements juifs. Dieu envoie son Esprit-Saint dans le monde pour guider les hommes vers la voie du salut. A la mort des hommes, ceux-ci vont soit en enfer, soit dans le Paradis pour vivre avec Dieu, éternellement heureux, soit au purgatoire, pour se purifier : belle espérance ! On sait qu’il n’est pas nécessaire d’être parfait pour vivre avec Dieu éternellement puisque l’on peut bénéficier dans certains cas d’une « seconde chance » par le purgatoire qui nous permet de nous rendre digne de parvenir au Ciel. Regrettons quand même l’idée de prédestination, partagée par certains protestants, où le sort de chaque mortel est fixé à sa naissance, sans espoir de pouvoir inverser la vapeur…

 

VI) L’orthodoxie

 

L’orthodoxie comble les lacunes du protestantisme. En particulier, l’Homme est créé libre et non-prédestiné ; il peut parvenir au Ciel comme à l’enfer selon qu’il accueille ou non la grâce. Dieu a montré son amour non seulement en s’incarnant sur Terre pour donner sa vie pour nous, mais s’est laissé lui-même jusqu’à la fin des temps dans l’hostie, sacrement des sacrements. Par la confession, nous pouvons être purifiés de nos péchés, puisque Jésus pardonne toutes les fautes à condition que celles-ci soient sincèrement regrettées et avouées à un prêtre et que le pécheur ait la ferme résolution de ne pas recommencer. Si, comme dans le protestantisme, nous avons les Ecritures, nous avons en plus les clefs de lecture donnés par les Pères de l’Église, nous ne sommes pas abandonnés à notre libre-arbitre pour les interpréter et les comprendre ; les saints nous donnent des exemples de vie droite, et intercèdent pour nous à tout moment ; nous pouvons aussi les prier (en particulier la Bienheureuse Vierge Marie) pour qu’ils nous appuient et nous aident.

 

VII) Le catholicisme

 

Mais que se passe-t-il si les Pères de l’Église sont en désaccord ? Qui va ultimement trancher ? A quelle autorité supérieure se référer ? Quelle est notre boussole ? Les orthodoxes sont divisés en plusieurs courants et chapelles : entre les orthodoxes dépendant du Patriarcat de Moscou et du Patriarcat de Constantinople, les esprits sont divisés ; en Ukraine, la guerre interrorthodoxe fait rage.

 

Les catholiques, eux, font partie d’une Eglise, unique, créée par Dieu sur Pierre. Cette Eglise est le corps mystique du Christ. Elle est une, les portes de la mort ne prévaudront pas contre elle, et le Pape, vicaire du Christ et successeur de Pierre, est à sa tête. En cas de doute, si les Ecritures et la Tradition (les Pères de l’Église et les saints) ne permettent pas de trancher, on s’en réfère au Siège apostolique, saint non pas parce qu’occupé par une personne sainte, mais saint car entité voulue par Dieu de toute éternité et créée par lui, création accompagnée de sa promesse.

 

Et nous avons donc fait le tour. La religion catholique est la plus structurée, la plus pleine d’espoir, car c’est la seule qui proclame que :

-Il existe un Dieu unique de toute éternité, omnipotent et omniscient

-Un Dieu qui est en trois personnes

-Un Dieu qui veille sur les Hommes qu’il a créés, corps et âme, cette dernière étant éternelle

-Des anges créés pour veiller sur les Hommes

-Un peuple spécialement choisi, les Hébreux

-Des Hébreux qui ont été libérés de l’Egypte et envoyé sur une terre donnée par Dieu

-Dieu communiquant par l’intermédiaire de ses prophètes

-Une loi qui leur a été confiée

-Le Fils unique de Dieu qui a daigné prendre chair d’une créature humaine mortelle, certes la plus parfaite, mais une créature quand même, s’abaissant ainsi infiniment, et se mettant fils d’un charpentier

-Jésus qui a donné tout son enseignement, guéri les malades, pardonné aux pécheurs, annoncé le Royaume de Dieu, exhorté à la conversion

-Jésus qui a donné son Corps et son Sang, jusqu’à la fin des temps, en instaurant pour cela les classes des évêques et des prêtres, qui pourront répéter ses paroles et consacrer, ainsi que donner les autres sacrements, ranimant la grâce parmi ses fidèles et purifiant leur âme

-Jésus qui nous a donné des modèles à prier et à imiter, avec au premier rang sa Très Sainte Mère

-Jésus qui a créé son Eglise, qui restera jusqu’à la fin des temps, une, sainte, catholique et apostolique, quelles que soient les insuffisances, faiblesses, dépravations, abominations de ses membres

-Jésus qui a instauré un chef de l’Église, le Pape, qui, concentrant la plénitude du pouvoir, a le pouvoir de trancher tout litige, et donner l’interprétation à suivre

-Jésus qui veut notre bonheur et a créé le Paradis pour que nous puissions vivre en sa présence jusqu’à la fin des temps, y compris tous ceux qui l’outragent et le persécutent en persécutant le pauvre et le malheureux

(Franchement, si le catholicisme était une invention complète, l’inventeur serait le meilleur romancier de tous les temps, parce que pour inventer cela, chapeau ! Et, pour accepter de se faire martyriser si on savait que c’était complètement faux, encore plus chapeau…).

 

En fait, l’histoire du catholicisme, c’est l’histoire d’échecs. Une succession d’échecs, de trahison, reniement, assassinat. Et par-dessus tous ces échecs, on voit la bonté et la miséricorde de Dieu, qui ne se lasse pas, pardonne, refait confiance. Jusqu’à quand ?

 

Pensez donc !

Dieu créée d’abord une armée céleste ; le plus beau, le chef de son armée, Lucifer, se révolte contre lui, et ne pense qu’à lui nuire et à lui désobéir. Trahison du premier ange

Dieu crée ensuite les premiers Hommes, Adam et Eve : ils s’empressent de lui désobéir dès qu’il a le dos tourné, en mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, alors que c’était la seule règle à suivre. Une seule règle à suivre, une seule, et elle n’est pas suivie. Trahison des premiers Hommes.

Dieu ne se lasse pas, et créé d’autres Hommes. Quand Dieu fait intervenir le Déluge à cause de la malice et la perversité des Hommes, Dieu prend soin d’épargner la race humaine ; non au sens où aucun humain ne meurt (ils meurent quasiment tous), mais au sens où Dieu décide de laisser quelques humains sur terre (Noé et sa famille).

Dieu prend soin de son peuple et le libère de l’Egypte ; il ne l’anéantit pas quand ceux-ci le tentent, le provoquent, gémissent en disant qu’ils veulent retourner en Egypte, créent un veau d’or pour l’adorer, se rebellent contre Moïse. Trahison du premier peuple. Dieu punit un peu, et pardonne.

Dieu envoie des prophètes, mais comme le dit Jésus, ils renvoient l’un, battent l’autre, tuent le troisième. Dieu ne se lasse pas. Même après la chute de Jérusalem et la déportation des Hébreux à Babylone, Dieu fait revenir les Juifs sur leur terre.

Jésus vient, Dieu en personne. Il appelle ses Apôtres et nomme Pierre le chef de son Eglise. Il donne son Corps et son Sang. Pierre s’endort le Jeudi saint, et le trahit le matin du Vendredi saint. Trahison et reniement du premier Pape. Les autorités juives de l’époque s’arrangent pour le tuer, déicide prévu de toute éternité et conforme au plan de Dieu ! Par cet assassinat, Dieu donne sa vie pour ses assassins, et les sauve en leur ouvrant la porte du Ciel.

Les catholiques ont-ils fait mieux que les Juifs ? Bien pire ! Dieu ne se lasse pas. Malgré les papes indignes ou hérétiques, les communions sacrilèges, les sacrements reçus avec indifférence, les prêtres dévoyés, les catholiques tièdes, Dieu ne se lasse pas, temporise, patiente, pardonne, préférant contempler ses rares âmes chéries. Pour 10 justes, Dieu n’aurait pas détruit la ville de Sodome : « Pour dix, je ne détruirai pas » (Gn 18,32). At-ton nos 10 justes dans nos villes ?



307 réactions


    • Jean Keim Jean Keim 26 juillet 2021 19:23

      @Réflexions du Miroir

      << Pourquoi l’athéisme est la philosophie la moins complexe, la moins obligeante et la plus réconfortante ? >>

      Il est tout cela sûrement pour l’athée, comme la moniale ou le moine trouve son équilibre dans sa communauté, néanmoins si la religion s’exprime par une croyance, l’athéisme est également une croyance, celle de la non existence d’un dieu, chaque tenant croit que sa position est supérieure à toute autre, il existe une troisième voie qui consister à reconnaître que nous ne savons pas.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 juillet 2021 17:18

    Tiens, je viens de parler de Jules Vernes. Décès de Henry VERNES. 


  • karim 27 juillet 2021 09:05

    La religion catholique proclame :

    Un peuple spécialement choisi, les Hébreux

    -Des Hébreux qui ont été libérés de l’Egypte et envoyé sur une terre donnée par Dieu

    Ce sont la les idées défendues par les sionistes qui occupent la Palestine.


    • Decouz 27 juillet 2021 09:29

      @karim
      non tu confonds le catholicisme avec le sionisme, le Patriarcat chrétien de Jérusalem par exemple défend tous les Palestiniens, quelle que soit leur religion et s’oppose aux décisions discriminatoires, les Chrétiens d’ailleurs subissent aussi des atteintes à leur patrimoine..
      Le sionisme est un mouvement né vers le 19ème siècle, prôné par des Juifs mais aussi par des Chrétiens fondamentalistes, de tendance protestante.
      Mais ces derniers sont sionistes parce que dans leur vision, ça accélère le processus menant à la fin des temps, à ce moment selon eux les Juifs se convertiront au christianisme.
      Le christianisme a repris l’idée d’un Israël, mais d’un Israël spirituel, non lié à un peuple particulier, ni à un pays, puisque c’est Rome qui est devenu la capitale (ou Moscou pour les Orthodoxes) et il a aboli les dispositions légales de la Torah (pas les premiers chrétiens de Jérusalem, mais par la suite, avec l’influence de St Paul et la conversion de non-juifs ).


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 27 juillet 2021 18:29

    C’est parce que vous êtes un ignorant que vous faites un faux classement ...


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 4 septembre 2021 18:49

    La suite de la réfutation du caractère “réconfortant” de l’actuelle religion catholique est dans les commentaires suivant cet autre article d’Ératosthène publié un mois plus tard sur Agoravox :

    Quelques réflexions sur les religions et la laïcité 

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/quelques-reflexions-sur-les-235385

    Je réaffirme que la religion chrétienne (incluant évidemment sa composante catholique) peut et doit devenir ou redevenir la religion la plus belle et la plus réconfortante en cessant de transmettre aux futurs chrétiens la croyance en la prétendue “bonne violence” prétendument “commandée par Dieu” aux juifs de l’Ancien Testament.


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