mercredi 2 janvier 2019 - par JPCiron

Zoroastre et les Achéménides

Thème Religions.

L'empire Achéménide est immense, et a compté 23 peuples sur son territoire. En ces temps-là, dans cette région du monde, violence et cruauté sont norme royale.

 

Les Achéménides, par contre, innovent grandement en mettant en avant leurs principes moraux. Ceux-ci correspondent à ceux du Zoroastrisme originel. C'est l'objet principal de cet article.

 

Cet article fait suite à plusieurs autres sur Zoroastre : liens en (19)

Idéogramme cunéiforme Achemenide signifiant ''Ahura Mazda'' (Seigneur Sagesse)

( Source : Ager, Simon. "Omniglot - writing systems and languages of the world"- December 2018 – www.omniglot.com )

 

 

INFLUENCE DE ZOROASTRE SUR LES ROIS PERSES ACHÉMÉNIDES

 

L'approche de Nazila KHALKHALI, dans sa thèse Universitaire (Ottawa – Canada) est très synthétique, précise, et permet de replacer l'Empire Achéménide tant dans sa dimension historique que culturelle. En voici deux brefs extraits :

 

«  L‘histoire de l‘Iran couvre des milliers d‘années et remonte aux civilisations antiques du plateau iranien : les Mannéens en Azerbaïdjan (au nord-ouest de l‘Iran, Xe-VIIe siècles av. J-C.), la civilisation de Shahr-i-Sokhte (« Ville brûlée ») dans le Sistan (au sud-est de l‘Iran, datant de l‘âge de bronze) et celle de Jīroft (au sud-ouest de l‘Iran, du IIIe au Ier millénaire av. J.-C.) ainsi que celle du royaume d‘Élam (au sud-ouest, 2500-1600 av. J.-C.), puis l‘empire Achéménide (558-330 av J.-C.), le règne des Parthes (250 av. J.-C.) et enfin la dynastie des Sassanides (226-651) qui sera la dernière grande dynastie perse avant l‘islamisation. Par les bouleversements sociaux, linguistiques et culturels qu‘elle a engendrés, l‘invasion arabe (637-651) a ouvert un nouveau chapitre dans l‘histoire de l‘Iran. » (2)

 

« L‘Empire achéménide était une immense mosaïque de langues et de cultures dont témoignent les inscriptions. Sur les trente-trois monarques de la dynastie, neuf seulement ont laissé des inscriptions : Ariaramnès, Arsamès, Cyrus le Grand, Darius Ier, Xerxès, Artaxerxés Ier, Darius II, Artaxerxés II, Artaxerxés III. Écrites en cunéiforme, les inscriptions sont souvent trilingues : vieux perse, élamite et babylonien. On y trouve aussi l‘araméen qui servait de langue administrative et de correspondance diplomatique. L‘égyptien hiéroglyphique et le grec sont également présents dans certaines inscriptions. À cause de ce mélange de langues, il a fallu plus de deux siècles pour déchiffrer les inscriptions. » (…) «  Le premier sujet est le roi lui-même, créé par le grand dieu Ahuramazdā pour assurer l'ordre du monde. Les inscriptions ont donc essentiellement pour but d‘attester l‘existence du roi. » (…) «  l‘ensemble des inscriptions de Darius Ier (trouvées à Bisotun, Naqsh-e-Rustam et Persépolis) et de Xerxès Ier (à Persépolis), permet de dénombrer un total de 23 peuples sur le territoire de la Perse achéménide »(2)

 

 

VIOLENCE ET CRUAUTÉ COMME NORME ROYALE

 

A la royauté de des temps anciens était associée la cruauté comme ''norme royale'', au nom des dieux Assur ou Marduk, et aussi pour l'image donnée à la postérité. Quelques exemples :

 

Assurnarsirpal II (roi d'Assyrie de -883 à -859) se vantait de ses succès militaires : « J'ai personnellement écorché vif le gouverneur de la cité (…) Je fis passer trois mille personnes au fil de l'épée (…) leurs têtes tranchées furent suspendues aux arbres (...) d'innombrables prisonniers eurent leurs langues arrachées, leurs mains, oreilles et nez coupés, et des milliers d'yeux furent arrachés de leurs orbites. (…). » (1)

 

Nabuchodonosor II (roi de Babylonie de -605 à – 562) (le vainqueur de Jérusalem) déclare après l'une de ses victoires : « J'ai ordonné que cent mille yeux fussent déposés devant moi, et que cent mille genoux fussent brisés. De mes propres mains j'ai arraché les yeux du chef ennemi. Des centaines de garçons et de filles furent brûlés vifs. Je détruisis les maisons de telle sorte qu'aucune plainte de vivants ne put encore en sortir.  » (3)

 

Astyage (dernier roi de Médie de vers -585 à – 553) avait fait un rêve étrange. Les mages de sa cour lui prédisent que sa fille donnera naissance à un garçon qui le renversera. Astyage marie donc sa fille à un vassal, le roi Perse achéménide d'Anshan, Cambyse I. Un garçon naît. Le moment venu, il charge Harpage, un noble de confiance, de tuer l'enfant. Au lieu de cela, l'enfant est confié à un berger. Quand la supercherie est découverte, Astyage fit démembrer le fils de Harpage et l'a contraint à le manger en rôti. (4). Note : l'enfant est devenu Cyrus le Grand, roi de vers -559 à - 530

 

( Investiture de Ardashir I (premier Roi Sassanide) par Ahura Mazda (à droite) – Naqsh-e-Rostam – IRAN - Source : Site IRANCULTURA.IT )

(image = https://www.irancultura.it/fr/tourisme/attractions/attractions-shiraz/Naghsh-et-Rostam/)

 

 

L'INSPIRATION ZOROASTRIENNE DES ROIS ACHÉMÉNIDES

 

On a vu qu'à partir de vers -750 (au plus tard), Zoroastre, descendu de la montagne, a commencé à transmettre son message depuis le fin fond de la Bactriane.

Sur une tablette en or trouvée à Hamadan-Ecbatane (Perse occidentale) un des tout premiers Achéménides, le roi Ariaramne (vers -640 à -590), un ancêtre de Cyrus, faisait une déclaration bienveillante et monothéiste : « Ce pays des Perses que je possède, pourvu de beaux chevaux et d'hommes bons, c'est le grand Dieu Ahuramazda qui me l'a donné. Je suis le roi de ce pays.  » (5) Citant la même tablette, l'auteur iranien Ardeshir JEHANIAN met en relief l'évolution des mœurs royales de l'époque, entre les usages généralisés d'alors et ceux innovés par les premiers Achéménides : ici, le roi Ariaramne fait l'éloge de son peuple.

 

La communauté zoroastrienne existait en Iran oriental avant l'avènement des Achéménides, et son expansion ''officielle'' se fera sous leur règne. (6)

 

La religion de Zoroastre, que nous avons vu dans nos précédents articles, correspondait à une révolution théologique et eschatologique. En outre, on sait que Dieu abhorre le mensonge. « L'autorité royale achéménide est imbue de principes moraux très stricts que les rois formulent impérativement. Ne pas mentir, suivre la voie droite, n'exercer la violence ni contre le faible, ni contre le fort » (7). Ce qui correspond au changement radical observé dans les mœurs royales.

 

Zoroastre mettait en avant sa théologie et non sa personne. Il n'est donc pas anormal que les rois achéménides se revendiquent de Ahura Mazda et non de son Prophète. « Si les rois achéménides ne sont pas zoroastriens, il faut reconnaître que la théologie qui se développe à Béhistun et dans toutes les inscriptions des premiers représentants de la dynastie est de même niveau que celle des Gâthâs. » (8)

 

En effet, les inscriptions cunéiformes Achéménides, jusqu'à Darius, Xerxès et Artaxerxès I (roi de -465 à - 424), ne mentionnent aucun autre Dieu que Ahura Mazda. C'est-à-dire une période de royauté Zoroastrienne assez « pure » allant approximativement de vers -750 (descente de la montagne) à -620 (Ariaramne) et à -420 (Artaxerxès I). Soit trois siècles.

 

Les Achéménides, contrairement aux mœurs royales de l'époque, n'imposent pas leur religion aux peuples conquis, ce qui serait d'ailleurs une tâche gigantesque pour un si vaste empire. Ils respectent donc les croyances de leurs peuples. Ce qui les amène à faire des déclarations du type : « Ahuramazda est le Grand Dieu, lui qui est au-dessus de tous les dieux. » Ou encore, lors de son entrée victorieuse à Babylone en -539, Cyrus le Grand déclarait : « (…) Dans le palais des rois, je m'assis sur le trône. Marduk inclina les cœurs des Babyloniens favorablement à mon égard, parce que je le considérais avec respect et amour. (...) » (9)

 

Cependant, les Mages disposent de l'antériorité d'un clergé au tissu bien organisé (et les Mazdéens ne sont pas restés inactifs). Par conséquent, si ''l’Église'' officielle zoroastrienne est bien fixée à Rhaga dès le VI siècle avant J.C., sa doctrine, par contre, s'est surtout répandue, comme on l'a vu, par le canal des mages. D'où d'inévitables ''aménagements'' syncrétiques. C'est ainsi que sous Artaxerxès II (-405 à -359) et Artaxerxès III (-359 à -338) réapparaissent les cultes de Mithra et d'Anahita, ainsi que ceux Mazdéens, qui viennent ''enrichir l'offre'' zoroastrienne... accompagnés de leurs rituels sacrés de sacrifices d'animaux ! C'est aussi pourquoi nombre de Yashts récents sont pudiquement appelés ''mazdéo-zoroastriens'', en ce sens qu'ils se revendiquent de l'enseignement de Zoroastre, alors que leur contenu est à l'opposé : typiquement mazdéen.

 

Clément d'Alexandrie (v. 150 à v. 215) disait que les Perses, comme les philosophes, considèrent le feu et l'eau comme les seules images de Dieu. Et il cite Bérose le Chaldéen (vers l'an 300) qui attestait que c'est bien Artaxerxès II qui, le premier, enseigna aux Perses à adorer des idoles en élevant des statues à l'antique Anahita (mère vierge du Dieu Mithra).

 

Notons que ''syncrétisme'' n'est pas un gros mot : ce phénomène affecte toutes les cultures et religions côtoyant ou rencontrant d'autres cultures/religions qui leur sont contemporaines ou antérieures. Je pense bien sûr au Zoroastrisme, comme on vient de le dire, mais aussi au Judaïsme, au Christianisme, à l'Islam, etc, etc, etc

 

La situation du Zoroastrisme est bien synthétisée par Antoine MEILLET : «  Dans les Gâthâs, on est partout en présence d'une réforme religieuse systématique. Au contraire, la doctrine de l'Avesta plus récent a un caractère syncrétique  ; elle résulte d'un compromis entre entre un zoroastrisme pur et une ancienne religion ritualiste. » (10)

 

«  Quelle chance de s'imposer en religion monolithique pouvait avoir le culte totalement spirituel de Zarathoustra, dans un contexte traditionnel envahi par un rituel sacrificiel et imprégné de piété superstitieuse ?  » remarquait Paul du BREUIL. (1)

 

L’alphabet cunéiforme Achéménide contient 36 caractères phonétiques et 8 idéogrammes

(Source : Ager, Simon. "Omniglot - writing systems and languages of the world"- December 2018 – www.omniglot.com )

 

L’idéogramme le plus élaboré est celui de l’unique Grand Dieu Ahura Mazda

(Source : Ager, Simon. "Omniglot - writing systems and languages of the world"- December 2018 – www.omniglot.com )

 

LES ASPECTS ZOROASTRIENS MARQUANTS, CHEZ LES ACHÉMÉNIDES

 

 

Le MONOTHEISME, la THÉOLOGIE et l'ESCHATOLOGIE de Zoroastre (que nous avons vu dans nos précédents articles, et sur lesquels je ne reviens pas ici) constituaient à l'époque une nouveauté radicale, révolutionnaire. On a vu également que, jusqu'à Artaxerxès I, les inscriptions des Achéménides ne mentionnent aucun autre Dieu qu' Ahura Mazda.

 

La MORALE ZOROASTRIENNE est explicitée à de nombreuses reprises par la royauté, et elle est aussi mise en oeuvre  : « Le grand Dieu est Ahuramazdâ qui a créé le ciel là-haut, qui a créé les eaux, qui a créé l'homme, qui a créé le bonheur pour l'homme, qui a fait Darius roi, qui dit (…) le mal je le convertis en bien (…) les contrées qui entre elles se tuaient, par la grâce d'Ahuramazdâ, entre elles ne se tuent plus (…) afin que le puissant ne frappe et ne dépouille le pauvre. » Proclamation de Darius sur son tombeau à Naqsh-i-Roustam – (11)

 

L'ALPHABET ACHÉMÉNIDE est intéressant. Il est constitué de trente-six caractères phonétiques et de huit idéogrammes couvrant chacun un concept important tel que ''pays'', ''roi'', etc. L'idéogramme le plus complexe est celui de l'unique Grand Dieu Ahura Mazda. (2)

 

LE CALENDRIER ZOROASTRIEN (bien identifié en Cappadoce)

Al-Biruni (972 – 1048) érudit & mathématicien ouzbèke rapporte que les iraniens disposaient d'un calendrier zoroastrien (de 12 mois de 30 jours + un mois tous les 6 ans) longtemps avant la dynastie des Achéménides. Par sa victoire à Sardes en -547, Cyrus le Grand prend possession de la Lydie et des régions environnantes, dont la Cappadoce.

Les noms des mois et des jours du Calendrier de Cappadoce avaient clairement une origine Avestique. Dans les régions qui n'ont jamais été sous domination Assyrienne ou Babylonienne (Chorasmie, Sogdiane, Bactriane, Arménie, Cappadoce), le Calendrier Perse Zoroastrien, déjà en usage, a continué à être utilisé concomitamment avec le calendrier babylonien qui était le calendrier officiel des satrapies Achédémides. (12)

Le passage à un calendrier de 365 jours (le mois ajouté tous les 6 ans étant transformé en l'ajout de 5 jours ''gâthiques'' chaque année) est intervenu aux alentours de l'an 500 avant J.C.  : -490 pour Josef MARKWART ; -441 pour Hassan TAGHIZADEH ; - 505 pour W. WEST ; - 503 pour Willy HARTNER ; -490/-480 pour DUCHESNE-GUILLEMIN (13) (17)

 

 

LA BIENVEILLANCE est une des caractéristiques de Ahura Mazda. Elle imprégne le Zoroastrisme. Elle apporte un changement radical par rapport aux mœurs royales de l'époque. Ainsi, après avoir été vaincu, le peuple conquis fait partie du peuple du roi Achéménide, qui devient son protecteur.

 

A l'époque, la Loi était indissociable de la Religion. Les Perses Achéménides incitaient les peuples soumis à rassembler leurs traditions et leurs règles sociales dans un seul Livre, qui devenait alors la source du Droit dans la ''province'' correspondante de l'empire Perse. Cette pratique permet l'auto-régulation de chaque peuple, dans les limites de la Loi du ''Roi des rois''. Un pouvoir décentralisé « avec garde-fou  » en quelque sorte.

C'est ce que proclamait Cyrus le Grand, lors de son entrée à Babylone en -539 : «  Je ne permis aucune violence sur le peuple de la ville et du pays (...) j'ai ordonné que tous puissent honorer leurs dieux (…). J'ai restauré tous les dieux à leur place (…). J'ai accordé à tout le peuple paix et bonheur. »

 

Par ailleurs, le texte du Cylindre de Cyrus confirme « la volonté de Cyrus de ramener les divinités dans leurs anciens lieux de culte, et les populations dans les demeures d'où elles avaient été déportées  ». (9)

Après la conquête de Babylone, le Roi des Perses Cyrus II le Grand libéra (entre autres) les Juifs. Sur le fameux ''Cylindre de Cyrus'', il fit inscrire : « Je n'ai autorisé personne à malmener le peuple et détruire la ville. J'ai ordonné que toute maison reste indemne, que les biens de personne ne soient pillés. J'ai ordonné que quiconque reste libre dans l'adoration de ses dieux. J'ai ordonné que chacun soit libre dans sa pensée, son lieu de résidence, sa religion et ses déplacements, que personne ne doit persécuter autrui  »

 

L'inscription de Darius, sur le devant de la tombe de Naqsh-e-Rustam, à côté le l'illustration des peuples conquis, explicite aussi l'importance primordiale de la Loi du Roi dans tout l'empire  : «  Je suis Darius, le grand roi, le roi des rois, le roi des peuples de toutes origines, le roi sur cette terre grande au loin (…) j‘ai régné sur eux ; ils m‘apportaient un tribut, ce qui leur était dit de ma part, ils le faisaient, et ma Loi le maintenait (…)  » (9) Si nécessaire, la Loi du roi prend explicitement le dessus sur le culte. Ce fut le cas par exemple pour l'interdiction par Xerxès du culte des ''daêvas'' (esprits ténébreux à connotation guerrière) qui font pourtant normalement partie des entités objet de culte par les Mages. (14)

 

Plusieurs exils forcés ont fait suite à la prise de la Samarie par Sargon II (vers – 722) (vers la Mésopotamie et la Médie), puis du fait des déportations des élites de Juda par Nabuchodonosor (en -597, en -587, puis encore en -581) (vers la Babylonie). A l'époque, il n'y avait pas de ''Livre'' qui fasse foi pour les Israélites, tant en termes de théologie que de lois formalisées qui en découlent. Dans la Province Babylonienne de Yehud (absorbée par l'Empire Achéménide dans Eber-Nari), chaque ville suivait ses propres coutumes et croyances. Ce qui n'est guère souhaitable, ni pour la gestion unifiée des territoires de la Province, ni pour le pouvoir central Perse.

 

Aussi, le pouvoir Perse Achéménide finit par décider de prendre les choses en mains et d'identifier deux de ses fonctionnaires de confiance israélites, et il leur confia  : à Néhémie le poste de satrape du Grand Roi Perse (avec mission de reconstruction du Temple de Jérusalem, financé par le Roi Perse), et à Esdras la mission de compilation des récits et des règles israélites en un Livre (qui deviendra la Loi de cette province Perse), puis, en cohérence, de mettre en place des juges et des magistrats. S'adressant directement à Esdras, le roi Artaxerxès I ordonne  : « Celui qui n'accomplira pas strictement la loi de ton Dieu et la loi du Roi, que la sentence lui soit appliquée : soit la mort, soit le bannissement, soit une amende, soit la prison. » (15)

 

Le pouvoir Achéménide est certes bienveillant, mais aussi pragmatique. Car c'est bien l'Achéménide qui envoya en mission en ex-Yehud Néhémie et Esdras, mais aussi le gouverneur Zorobabel et le grand prêtre Josué, lequel devait faire appliquer la Loi dont les différents éléments auront été rassemblés par Esdras dans un seul ''Livre'' !

 

 

UN ROI ZOROASTRIEN QUE CHACUN S'APPROPRIE

 

Les fidèles du Dieu babylonien Marduk revendiquaient le mérite de leur dieu pour avoir dirigé le Grand Roi Achéménide (qui venait de soumettre la Babylonie) : « Marduk a visité la totalité du pays et a vu celui qu'il cherchait pour être un roi juste, un roi d'après son propre cœur, qu'il guiderait par la main. Il a prononcé son nom : Cyrus d'Anchan, et il a désigné son nom pour la royauté sur tout. » (18)

 

Dans son second livre, le prophète Isaïe voit en Cyrus « le bien-aimé de Yahvé » et il poursuit : « Ainsi parle Yahvé à son Oint, à Cyrus, qu'il a pris par la main droite pour abattre devant lui les nations. » (Is.45.1)

 

 

 

ZOROASTRE ET ALEXANDRE LE GRAND

 

Paul du BREUIL note qu' «  Alexandre le Grand aurait aimé sortir divinisé de ses conquêtes. Ce qui fit dire à l'Athénien Lycurge ''Etrange divinité ! Il faudrait se purifier au sortir de son temple !''  »

 

En tout cas, en -330, Alexandre mit un terme brutal au règne de Darius III et à celui des Achéménides. A l'époque, le syncrétisme des Mages et du mazdéisme avaient déjà commencé à infiltrer le zoroastrisme originel. Cependant, les modalités qui accompagnèrent la conquête ''barbare'' d'Alexandre ne lui laissait aucune chance de se relever.

 

Voici ce qu'en disait Arta VIRAF (théologien zoroastrien de l'époque Sassanide = second quart du 1er millénaire après J.C.) : « (…) autrefois, le saint Zoroastre répandit dans le monde la Loi qu'il avait reçue d'Ormazd. Pendant trois cent ans, la Loi resta pure, et les hommes gardèrent la Foi. Puis le maudit Ahriman, le damné, pour faire perdre aux hommes la Foi et le respect de la Loi, poussa ce maudit Alexandre, le Grec, à venir au pays d'Iran, y apporter l'oppression, la guerre et les ravages. Il vint et mit à mort les gouverneurs des provinces d'Iran. Il pilla et ruina la Porte des Rois, la capitale. Mais le méchant Ahriman suscita le malfaisant Alexandre, et brûla les Livres de la Loi. Il fit périr les sages, les hommes de loi et les savants du pays d'Iran. Il sema la haine et la discorde parmi les grands, jusqu'à ce que lui-même, brisé, se précipitât en enfer. Quand les hommes du pays d'Iran n'eurent plus ni roi, ni gouverneur de provinces, ni chefs, ni hommes versés dans la Loi, les troubles et les distensions les divisèrent, et ils perdirent la Foi. » (16)

 

 

LE SYMBOLE DU ZOROASTRISME

 

Après la conquête de la Babylonie par Cyrus, le culte mazdéen s'y installa en force via les Mages. Le syncrétisme opportuniste des Mage opéra rapidement : les Mages de Chaldée identifièrent Ahura Mazda avec Baal, l'archaïque divinité babylonienne. La représentation symbolique de l'esprit tutélaire d'une personne (genre d'ange gardien zoroastrien) s'est aussi retrouvée gravée dans l'archéologie (rocher de Béhistun et nécropole de Naqsh-Rustam), sous la forme d'un prêtre de Marduk (barbu et vêtu selon les canons mèdes) qui sort à mi-corps d'un disque solaire ailé d'inspiration égyptienne.

Ce symbole très peu zoroastrien est resté celui du zoroastrisme qui est une religion dématérialisée, abstraite, philosophique.

 

 

JPCiron

 

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..... (1) - Cité dans Zarathoustra et la transfiguration du monde - Paul du BREUIL – 1978

 

..... (2) - Les inscriptions de la Perse Achéménide et leurs traductions – Thèse Univ. Ottawa, Canada – Nazila KHALKHALI – 2011

 

..... (3) - The religion of the Achaemenians - Ardeshir JEHANIAN – Bombay 1971

 

..... (4) - Hérodote – Histoire – Livre I Clio 107 à 130).

 

..... (5) - L'Espace Vital – Jean-François GRAVIER – 1984

 

..... (6) - Die Religionen des alten Iran - Henrik NYBERG – 1938

 

..... (7) - Établissement de l'Empire Achéménide – Emile/Ezra BENVENISTE – Cité par Paul du BREUIL

 

..... (8) - Les Dieux des indo-européens – Georges DUMÉZIL – 1952

 

..... (9) - inscriptions cunéiformes traduites par Pierre LECOQ - Les Inscriptions de la Perse achéménide ; traduit du vieux perse, de l’élamite, du babylonien et de l’araméen – 1997

 

..... (10) - Conférences sur les Gâthâs de l'Avesta – Antoine MEILLET – 1925

 

..... (11) - Rapporté par Émile/Ezra BENVENISTE et Roman GHIRSHMAN.

 

..... (12) - Calendars in Antiquity – Sacha STERN – Oxford Univ. 2012

 

..... (13) - Encyclopedia Iranica – Columbia Univ. - New York

 

..... (14) - Inscriptions de Persépolis – Marijan MOLÉ

 

..... (15) - Bible Esdras 7, 25 et 26

 

..... (16) - Arta VIRAF - Traduction de M-A BARTHÉLÉMY – 1887 – Cité par Paul du BREUIL

 

..... (17) - Un nouveau regard sur le calendrier iranien – M Heydari – Malayeri / Observatoire Paris – 2006

 

..... (18) - L'Iran des Origines à l'Islam – Roman GHIRSHMAN – 1951 p. 114

 

..... (19) -

Zoroastre : Son Pays et sa vie :

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-son-pays-et-sa-vie-210393

 

Zoroastre : Sa révolution Théologique  :

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-sa-revolution-210455

 

Zoroastre : son Crédo et son Eschatologie (de la Genèse au Royaume de Dieu)

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-son-credo-et-son-210639

 

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Symbole actuel du Zoroastrisme - Ce symbole très peu zoroastrien est resté celui du zoroastrisme qui est une religion dématérialisée, abstraite, philosophique.



17 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 2 janvier 2019 09:36

    Je suis toujours avec passion les articles de votre Site. Même si je n’adhère pas à votre vision d’un Dieu monothéiste qui n’aurait pas intégré les divinités paiennes comme le fit THOT Hermes le Trismegiste. Zoro« astre » (superbe série dans les chromos liebig) était associé à l’astrologie et Denderah. https://danielmeurois.com/wp/sur-les-traces-ignorees-de-jesus-en-egypte/


    • JPCiron JPCiron 2 janvier 2019 14:03

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Bonjour,

      Je pense au contraire qu’il n’est guère de « dit » monothéisme qui ne transporte dans sa « besace théologique » des éléments de polythéismes ou de monothéismes antérieurs. Soit par fusion de plusieurs dieux ou déesses. Ou bien par acquisition de certaines caractéristiques de l’une ou l’autre divinité antérieure. Ou bien par intégration adoption de mythes fondateurs de ces Cultures antérieures.

      Si on retirait leur « besace » à certains, leur laissant le seul bénéfice de leur apport effectif, ils se retrouveraient bien nus. En tout cas, c’était l’opinion de Claude Lévi-Strauss.

      Ce qui n’enlève rien à leur intérêt, à leur importance, et à leur utilité. Ceci dans la mesure où ces « monothéismes » maintiennent hors d’état de nuire leurs « ramures » intégristes. Ramures qui parfois semblent être les plus actives/présentes. Notez que j’emploie ici des pluriels.

      J’ai remarqué, voici déjà quelque temps, votre intérêt pour Thot Hermès le Trigemìste. C’est un sujet que j’ai sur ma longue liste de choses à approfondir.

      Quand je pense être assez ignorant sur un sujet, j’évite si possible d’intervenir.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 3 janvier 2019 11:13

      e @JPCiron
      Bonjour et merci pour votre réponse. Une invitation à un article sur le dieu Guérisseur : C« H »iron. Pour Hermès, il faut lire Festugière. J’ai passé mon enfance à côte de l’église Saint Hermès à Renaix. La plus importante. La deuxième est dans les haut de liège et la troisième : en Normandie. Mon roman tourne autour de Mélusine (MAYA, MAïa-mère et femme d’HERMES, aussi Perséphone). Ma démarche est trop longue a expliquer ici. C’est découvertes, je les ai faites depuis le décès de personne de ma famille et l’ouverture des caisse. Je comprends mieux maintenant pourquoi j’ai fait mon mémoire sur le dyslexie. THOT était le Dieux du verbe. Née sur la frontière flamande et wallonne, je voulais démontrer qu’il était désastreux pour les enfants de les plonger dès leur plus tendre enfance dans la mixité (obligatoire en Belgique). Cela m’a valu les « foudres » de pédagogues. Mais j’ai tenu bon. Ma mère me parlait en français. Mais quand elle devait dire certaines « choses » à mon père que je ne pouvait « entendre » en bas âge, elle parlait le flamand. En plus Renaix (actuellement Ronse...presque Ronce) est né le premier véritable pédagogue avant Freinet : Decroly. Voilà pour aujourd’hui. Passez les fautes, je suis belge et n’ai pu parfaire mon français. Mais actuellement je me tourne vers l’araméen. 


  • JPCiron JPCiron 2 janvier 2019 12:21

    Merci pour l’ajustement effectué. Il y a effectivement des aspects que je dois mieux prendre en compte.


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 2 janvier 2019 15:45

    @Bonjour l’auteur

    Avez-vous trouvé le recueil écrit par Jean Varenne,

    dont je vous ai parlé ?


    « Idéogramme cunéiforme Achemenide signifiant ’’Ahura Mazda’’ (Seigneur Sagesse)  »

    Comment les Perses prononcent  ’’Ahura Mazda’’  ?


  • Jonas 3 janvier 2019 10:11

    Article très instructif

    Le cylindre de Cyrus peut-être vu au Britsh Muséum. Il a été traduit en plusieurs langues par l’ONU en 1971.C’est dit-on la première charte des droits de homme : tolérance religieuse, abolition de l’esclavage et liberté de choix

    La Bible dont les auteurs ne sont ni des historiens ni des intellectuels , mais de simples hommes, raconte comment Cyrus autorise les Juifs exilés à Babylonne de rentrer à Jérusalem , en donnant l’ordre de reconstruire le Temple détruit , lors de la prise de la ville par Nubuchodonosor. ( Voir Isaïe 45.1-3)

    Pour bien appréhender le présent , il faut connaître les événements et les histoires du passé. 


    • JPCiron JPCiron 4 janvier 2019 08:14

      @Jonas

      Pour les droits de l’homme, la justice, l’équité, le libre arbitre et la vie éternelle, l’Egypte antique les pratiquaient bien avant L’époque de Cyrus.

      Pour ce qui est du Pentateuque, c’est bien une décision politique de la Royauté Perse qui a mis en œuvre sa compilation, en écartant tour texte qui soit contraire à à Loi du Roi.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 3 janvier 2019 19:21

    Concernant Ahura Mazda, il était connu ou associé à EL NATH, étoile brillante bleu-vert (table d’émeraude d’Hermès Trismégiste) et se trouvait dans la constallation du taureau (le corne dont l’extrémité donne le coup « fatal ». Symbolisant l’action violante pour créer un nouvel ordre mondial. Pour le phénicien EL NATH (Ahura Mazda, venaient des phéniciens. Plus sauveur que tueur. Associé à Jason appelé aussi le tueur de Taureaux. Les grecs voyaient en Jason, le héros qui héros qui devait dompter le héros cosmique.


    • JPCiron JPCiron 4 janvier 2019 08:25

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Beaucoup de gens se réclamaient de Zoroastre. Les Grecs ne l’ont connu que par par les Mages qui eux-mêmes ne l’ont connu que par ouï-dire. Les Mages étaient polythéistes et leurs spécialités étaient l’astrologie et la divination. Toutes choses étrangères au Zoroastre originel.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 janvier 2019 10:58

    Sans Philon d’Alexandrie, THOTH et Pythagore, Zoroastre devait être bien ennuyeux,...https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1945_num_1_1_2734


    • JPCiron JPCiron 4 janvier 2019 15:08

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Il est vrai que Zoroastre, pris tout seul, c’est sérieux.
      Mais l’hermétisme n’est vraiment pas sa tasse de thé.

      Tous les goûts sont dans la nature, disait un moine ...
       smiley


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