vendredi 28 octobre 2011 - par Arnaud Caucol

La taxation des sodas est-elle une bonne idée pour le praticien en nutrition ?

La récente annonce par le gouvernement de la mise en place d’une taxe sur les sodas pour lutter contre l’obésité pose questions au nutritionniste praticien. La première que se pose le médecin, au service de patients luttant contre leur surpoids, est celle de l’efficacité de cette taxe.

On doit ici distinguer deux cas : les personnes chez lesquelles il n’y a pas de surpoids et celles chez qui un surpoids, voire une obésité, sont déjà en place. Commençons, si l’on peut dire, par le plus simple c'est-à-dire les personnes en surpoids.

Ma pratique, et la plupart des études disponibles, montrent que les personnes en surpoids boivent très peu ou pas de boissons sucrées, tout simplement parce que, dans leur démarche de contrôle des apports de calories, il y a bien longtemps qu’elles sont passées aux boissons lights contenant des édulcorants. Ces boissons leur procurent le même plaisir sans apport de calories ce qui est loin d’être inutile.

Prescrire un régime hypocalorique est aisé, mais obtenir d’un patient le maintien de ce régime sur la durée est mission impossible, si on ne laisse pas de place pour d’indispensables moment de plaisir. La taxation des sodas n’aura donc pas d’impact sur le comportement des personnes en surpoids.

Reste donc la question de la prévention de la prise de poids par l’ensemble de la population. A priori la taxation aurait pour effet d’augmenter le prix d’une canette de soda de 1 centimes d’euros, sur un prix de vente de l’ordre de 50 centimes. Nul besoin d’être un éminent économiste pour comprendre qu’un si faible écart de prix ne changera pas les comportements alimentaires, à l’extrême on peut penser qu’elle dirigera les plus modestes vers des marques premier prix plutôt que des grandes marques.

Reste la question du message et du symbole de la taxation, le fait de désigner les boissons sucrées comme cause de l’obésité a-t-il un effet éducatif ?

Probablement non, pour deux raisons très simples : la première est que nul n’ignore que ces boissons contiennent du sucre et que, comme pour la plupart des aliments, une consommation excessive peut conduire à une prise de poids. La seconde est que laisser penser qu’un seul aliment est à l’origine de la progression de l’obésité, va à l’encontre de l’éducation à l’équilibre alimentaire, qui a pour vocation d’aider à construire un régime équilibré et non de stigmatiser des aliments.

Cet exemple illustre le fait que la politique fiscale n’est probablement pas le meilleur outil éducatif en matière de nutrition, et que le politique, comme le médecin, ont tout intérêt à séparer ces deux sujets.



7 réactions


  • Strawman Strawman 28 octobre 2011 08:49

    « il y a bien longtemps qu’elles sont passées aux boissons lights contenant des édulcorants. Ces boissons leur procurent le même plaisir sans apport de calories ce qui est loin d’être inutile. »

    Il me semble avoir lu que bien que les boissons light n’apportent pas de calories, le cerveau les interprète comme des sources de vrai sucre et augmente en conséquence le taux d’insuline, ce qui favorise le stockage des graisses. Me serais-je trompé ?


  • Krokodilo Krokodilo 28 octobre 2011 12:10

    Et les enfants ? Ne vaut-il pas mieux leur conseiller de l’eau, ou réserver les sodas pour les occasions comme les anniversaires si vraiment ils y tiennent ?
    Par ailleurs, l’usage veut maintenant qu’on joigne à son article une déclaration de conflit d’intérêt, ou d’absence de tels liens.


  • Spip Spip 28 octobre 2011 13:47

    Cette taxation aurait eu une utilité si son montant avait été intégralement reversé
    à des campagnes d’éducation nutritionnelle.

    Or, dans ce temps de crise, il ne s’agit que de remplir les caisses vides de l’Etat. Le reste n’est que littérature...


    • Michel DROUET Michel DROUET 28 octobre 2011 16:21

      Oui Spip

      Rien à voir avec la santé. Cette taxe est uniquement là pour faire rentrer de l’argent et le redistribuer aux catégories sociales qui « votent bien ».

      C’est ainsi que 250 Millions d’euros provenant de cette taxe vont servir à diminuer les charges salariales des employés agricoles.

      Pareil pour l’augmentation des taxes sur les cigarettes : une partie servira à alimenter le fonds de restructuration des buralistes.

      Et pendant ce temps là le déficit poursuit son petit bonhomme de chemin et nous ne sommes pas prêts de voir la dette diminuer.


  • spartacus spartacus 28 octobre 2011 21:14
    Les hauts fonctionnaires taxophiles ont déclaré la guerre à la nation. 
    Seuls résistent pour l’instant les tribus corporatisophiles.

    Taxe soda victoire des taxophiles
    Taxe Mickey parc d’attraction, victoire des corporatisophiles.
    Taxe sur les mutuelles, victoire des taxophiles. défaite des mutualisé qui souhaitent simplement se protéger des nons-remboursements de la sécu....



    • Micromégas 28 octobre 2011 22:04

      Il serait surtout temps de faire passer quelques messages pédagogiques entre deux pages de publicité pour remettre les idées en place :
      ce n’est pas le sucre qui est mauvais pour la santé (du sucre, il y en a dans les fruits et personne ne dit que ce n’est pas bon), c’est le sucre raffiné qui est néfaste, le saccharose, et non le fructose. Il faut consommer du sucre blond ou roux (mais attention au sucre raffiné coloré déguisé en sucre roux) et aussi des farines complètes et non raffinées.


  • vinvin 8 novembre 2011 00:48

    M’ en fout, je ne bois que de la bière, du « pinard » et du 51, alors !......






    VINVIN.

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