dimanche 18 novembre 2012 - par Grégoire Sedlak

Le changement culturel de Sanofi s’offre un doux parfum de Big Mac

Après l'alliance avec Coca-Cola, Sanofi n'en finit plus de "s'américaniser". Chris Viehbacher, le directeur général de Sanofi nous avait promis un changement culturel. Il ne nous a pas déçu !

Reuters titre non sans un clin d'oeil caustique "La culture Sanofi génétiquement modifiée par Genzyme". L'arrivée du "germano-canadien" Chris Viebacher à la tête de Sanofi a effectivement radicalement changé l'esprit de l'entreprise française.

Et pour cause ! Sanofi nomme à compter du 3 décembre 2012, le Dr Gary J. Nabel, ancien patron de la division "vaccins" du NIH aux Etats-Unis au poste de Senior Vice-Président, Chief Scientific Officer et Adjoint au Président Monde de la R&D. Le Dr Nabel sera rattaché au Dr Elias Zerhouni, ex-directeur du NIH américain et nommé fin 2010 "Président Monde de la R&D", et intégrera la Global Leadership Team du Groupe. Il sera basé aux Etats-Unis, à Cambridge, dans le Massachusetts.

Le Dr Gary J. Nabel, virologue, succède à Paul Chew - encore un américain - qui lui-même prit la place le 1° octobre 2012 du français Jean-Pierre Lehner comme "Chief Medical Officer", du fait de son départ à la retraite. Le Dr Nabel a notamment travaillé aux Etats-Unis sur les stratégies vaccinales contre le VIH et d'autres maladies infectieuses.

En clair, un français de plus à quitter la Direction Générale de Sanofi qui se voit remplacé par un américain. Sans douter des qualités du Dr Nabel, il est légitime de s'interroger s'il n'existait pas d'autres experts français pour prendre cette partie de la Direction de la R&D de ce groupe français ? Ne peut-on pas voir dans cette nouvelle nomination une avancée de plus vers la délocalisation du siège de Sanofi vers les Etats-Unis ?

La France est LE pays du vaccin et Sanofi est le leader mondial des vaccins avec sa filiale Sanofi Pasteur MSD co-détenue avec le laboratoire Merck & Co.

Avec l'institut Pasteur, la France a toujours eu un rôle clé dans l'histoire des vaccins. Au fil des années, il a été à l'origine de découvertes révolutionnaires qui ont permis à la médecine de contrôler des maladies virulentes, telles que la diphtérie, le tétanos, la tuberculose, la poliomyélite, la grippe, la fièvre jaune, la peste épidémique, et le SIDA. Depuis 1908, huit scientifiques de l’Institut ont été récompensés par un prix Nobel de médecine ou de physiologie. Or, la production et la vente de tests de diagnostic développés dans les laboratoires de l’Institut sont sous la responsabilité de Sanofi Diagnostics Pasteur.
L'institut Pasteur a vu "naître" les plus grands experts mondiaux dans ses domaines de prédilection : Alphonse Laveran qui a reçu le prix Nobel pour ses recherches sur la malaria, Ilya Ilitch Metchnikov puis plus tard Jules Bordet qui ont reçu le prix Nobel, pour leurs contributions à la compréhension du fonctionnement du système immunitaire, Charles Nicolle qui a reçu le prix Nobel pour avoir résolu le mystère de la transmission du typhus, Pierre Lépine qui a développé un des premiers vaccins antipoliomyélitiques, Daniel Bovet qui a reçu le prix Nobel pour ses découvertes sur les antihistaminiques et les curarisants de synthèse, André Lwoff, François Jacob et Jacques Monod qui ont reçu le prix Nobel pour leurs découvertes sur la régulation génétique de la synthèse des enzymes et des virus, jusqu'à Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi qui ont reçu en 2008 le prix Nobel de médecine pour avoir découvert le virus du sida.

Que penser lorsque d'un côté Chris Viehbacher assure que le groupe veut "renforcer sa position à Lyon" et déclare : "nous allons (y) construire un nouveau bâtiment pour les sièges" de Sanofi Pasteur (vaccins) et Merial (médecine vétérinaire) ainsi qu'un "centre mondial d'excellence sur les maladies infectieuses" tout en délocalisant toute la tête de sa R&D aux Etats-Unis et en "réorganisant dans la recherche et la production de vaccins en France" ?

Le patron de Sanofi avance progressivement ses pions pour américaniser les instance de direction d'un groupe pharmaceutique qui n'a plus de français que ses statuts juridiques et ses chercheurs en colère. Avec les 900 suppressions de postes annoncées en France en R&D, et le sort incertain des centres de Toulouse et Montpellier, Sanofi quitte de plus en plus le pays de Pasteur pour celui de Ronald McDonald sous l'oeil passif et complaisant du ministre du redressement productif Arnaud Montebourg.

Rappelons les prises de position risquées du gouvernement français en 2004 au moment même où Novartis lorgnait sur Aventis. Libération écrivait le 17 mars 2004 :

Quatre jours après que le groupe de Bâle, Novartis, a officialisé son intérêt pour se porter au secours du franco-allemand Aventis sur lequel Sanofi-Synthélabo a lancé une OPA, Jean-Pierre Raffarin a clairement indiqué son opposition à l'intervention de ce « chevalier blanc ». Hier, à l'issue d'une réunion à Paris, il a affirmé que le gouvernement « sera particulièrement vigilant pour que ces mouvements ne portent pas atteinte à l'intérêt national » et rappelé que la « construction d'un grand groupe pharmaceutique européen (...) marqué par les relations franco-allemandes est stratégique pour la France ».(...)

« Les vaccins (...) peuvent être très importants dans notre lutte contre le terrorisme en général et notre lutte contre le bioterrorisme en particulier », a-t-il déclaré, manifestant son hostilité au passage des vaccins d'Aventis sous pavillon suisse.


Il n'aura pas fallu une OPA hostile d'un concurrent pour que la France perde son pôle vaccins mais simplement une réorganisation opérée par un directeur général étranger peu soucieux des intérêts de la France.

Au fait ! Il est passé où Montebourg ?



9 réactions


  • La mouche du coche La mouche du coche 18 novembre 2012 12:33

    Article très clair smiley


    • IL FAUT VOTER UNE LOI SUR LE LOBBYSME................ DES servier...sanofi...big pharma

      QUI FONT LES LOIS....LES DEPUTES ET SENATEURS LOBBYISTES... non ,, ??

      vous croyez qu’ils vont se tirer dans le pied....

      et ce n’est pas un patron étranger qui va se priver d’une telle facon de S ENRICHIR


  • ggo56 18 novembre 2012 14:21

    Sanofiente !!!


    • Romain Desbois 18 novembre 2012 14:27

      Bien bravo

      j’en avais d’autres mais mon préféré est celui que vous m’avez inspiré :

      Monsieur et madame Sdepute ont une fille ......

      ... Sanofi

      Spéciale dédicace smiley


    • BOBW BOBW 19 novembre 2012 09:31

      Sanofi « une belle jambe » ou« un emplâtre sur une jambe de bois » !


  • bo bo 18 novembre 2012 17:27

    Excellent article.... quel gachis !!!!!!!!!!!!!....au nom du FRIC IMPERIALISTE et de l’incompétence récurrente de nos ELUS


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 18 novembre 2012 21:44

    début de citation
    En clair, un français de plus à quitter la Direction Générale de Sanofi qui se voit remplacé par un américain. Sans douter des qualités du Dr Nabel, il est légitime de s’interroger s’il n’existait pas d’autres experts français pour prendre cette partie de la Direction de la R&D de ce groupe français ? Ne peut-on pas voir dans cette nouvelle nomination une avancée de plus vers la délocalisation du siège de Sanofi vers les Etats-Unis ?
    fin de citation

    Cela me rappel fortement l’affaire Gemplus !
    GEMPLUS une société Française, fleuron de la technologie de la sécurité des cartes à puces (par exemples les cartes bancaires) est passé sous contrôle américaine via l’intervention des agents de la CIA .... Affaire Gemplus

    Actuellement l’Europe imposé l’austérité pour casser les salaires, le services publics, pour détruire les acquis sociaux.

    La phase actuelle des relations entre l’Union européenne et les États-Unis est spécifique. Elle consiste dans l’abandon de la souveraineté intérieure des pays membres de l’Europe des 27. Grâce à une hégémonie du droit des États-Unis sur le sol européen, l’exécutif US exerce un pouvoir direct sur les populations européennes. A travers de nombreux accords, cette souveraineté est légitimée par les institutions de l’Union.

    L’instauration d’une souveraineté interne de l’exécutif états-unien sur les pays de l’ancien continent conduit à la formation d’une nouvelle forme d’État, à la mise en place d’une structure impériale sous direction américaine. Il s’agit d’une forme d’organisation stable qui diffère fortement de la situation antérieure. Dans le cas où les États-Unis disposaient de la seule souveraineté extérieure des pays européens, un retour en arrière partiel ou plus profond restait possible sans une révolution sociale, tel que l’atteste le retrait de la France, effectué par Charles De Gaule, du commandement de l’OTAN. Une telle tentative d’indépendance d’un pouvoir constitué européen ne serait plus envisageable, si les États-Unis exercent un contrôle direct sur les populations de l’ancien continent.

    Un grand marché transatlantique à l’horizon 2015

    Une résolution du Parlement européen de mai 2008 opère une légitimation du projet de création d’un grand marché transatlantique pour 2015 [1]. Elle prévoit l’élimination des barrières au commerce, d’ordre douanière, technique ou réglementaire, ainsi que la libéralisation des marchés publics, de la propriété intellectuelle et des investissements. L’accord prévoit une harmonisation progressive des réglementations et surtout la reconnaissance mutuelle des règles en vigueur des deux côtés de l’Atlantique. Dans les faits, c’est le droit états-unien qui s’appliquera.

    Source et suite ...

    Comme je l’ai récemment évoque L’Europe est entrent de devenir le 52 état de États Unis !!!

    Il y à urgence de quitter cette Europe de Maastricht qui est au service des États Unis !


    • 1871-paris 1871-paris 19 novembre 2012 09:41

      serions nous la nouvelle colonie des usa qu’ ils exploiterent afin de soutenir leur economie du credit ?


  • Eurasie 25 novembre 2012 09:11

    Une province gallo-américaine ...
     
    Avec la complicité des traites de la Caste.
     
    La France doit ressembler aux USA (métissage forcé), ce qui réduit sa résistance à son rachat.
     
    L’effort de 3 génération donné à des financiers de Wall Street.
     
    Et les chercheurs à Bengalore, Inde ... moins chers
     
    De Gaulle n’aurait jamais permis ce « cherry picking », considérant que le dollar était de la fausse monnaie
     
    « Pour les Chinois, l’important est d’acquérir des technologies clés, principalement dans l’industrie et les services. Les Chinois s’assurent que la technologie acquise peut être transférée en Chine ou que l’acquisition permet d’accéder à de nouveaux marchés. »

    Thierry Charpentier, China Business Group chez PwC, commente le boom des soldes.

    http://www.challenges.fr/economie/20121119.CHA3238/les-investisseurs-chinois-profitent-de-la-crise-pour-investir-dans-des-societes-europeennes-endettees.html

     

     


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