Les Hôpitaux de Paris dans l’attente d’une direction
Martin Hirsch devrait être nommé ce mercredi au conseil des ministres à la tête des Hôpitaux de Paris. Cela faisait quelques semaines que l’on sentait du flottement à la direction de cet immense vaisseau amiral qu’est l’assistance publique. Outre les problèmes de financement et de gouvernance, celui-ci se « traine » le problème de l’avenir de l’hôtel Dieu, véritable épine empoisonnée incrustée au cœur de l’APHP
Mireille Faugère, actuelle titulaire du poste savait ses jours comptés depuis quelques semaines. Le gouvernement voulait reprendre la main sur ce poste stratégique et nommer une personnalité de son camp. Ancienne numéro 2 de la SNCF, Mme Faugère a eu quelques difficultés, en 3 ans, à se familiariser avec le monde de la santé et surtout y faire sa place, dans un univers particulièrement encombré d’égos surdimensionnés. Elle n’avait pas su, non plus, nouer des contacts de confiance avec sa ministre de tutelle, Marisol Touraine.
C’est donc à un retour en grâce, à gauche, auquel on va assister avec la nomination de Martin Hirsch, l’enfant prodige. Ancien haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté dans le gouvernement Fillon de mai 2007, figurant parmi les otages de gauche du président Sarkozy, il est sans doute celui qui s’est le mieux sorti de cette épreuve. Certes il a toujours eu la confiance de François Hollande. Les deux hommes se connaissent bien et de longue date, et surtout ils s’apprécient mutuellement.
C’est un homme au parcours exceptionnel qui va donc présider aux destinées de la plus grande institution de santé publique, le signe envoyé par le gouvernement est fort.
Martin Hirsch est issu d’une famille de hauts fonctionnaires, son père était le directeur de l’Ecole nationale des ponts et chaussées et son grand père un ancien commissaire au plan. Ancien élève de l’école normale supérieure, il fait un DEA de neurobiologie, avant d’intégrer l’Ecole nationale d’administration (ENA) en 1988, promotion Jean Monnet. Il intégré naturellement le Conseil d’Etat. Il enseigne à Sciences Po et à l’ENA entre 1990 et 1997.
Il fait ses premiers pas en politique en dirigeant le cabinet de Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat à la Sante en 1997, et comme conseiller de Martine Aubry au ministère de l’Emploi.
Il prendra la présidence de l’Union centrale de Communautés Emmaüs, puis la présidence d’Emmaüs France en 2002.
Il quittera celle-ci pour accepter la proposition de Nicolas Sarkozy d’intégrer le gouvernement de François Fillon en mai 2007. Il y rentre pour agir concrètement et s’attaque à la mise en œuvre d’une promesse du candidat Sarkozy : le Revenu de solidarité active (RSA). Après avoir l’expérimenté dans 14 départements, il concrétisera cette belle idée et la généralisera. En 2009 il prendra la responsabilité du Haut-Commissariat à la Jeunesse. Il quitte le gouvernement Fillon, en mars 2010 pour prendre la direction de l’Agence du service civique. En 2012 il annonce qu’il votera François Hollande.
C’est une tâche difficile qui l’attend, certes le dossier de l’Hôtel Dieu est brûlant à souhait, mais c’est à la plus grande structure hospitalière d’Europe qu’il va de voir s’attaquer : ce lieu d’excellence, reconnu dans le monde entier, connait des problèmes de financement et de gouvernance inextricables, aggravés par le narcissisme exacerbés de ses mandarins. Le gigantisme de la structure ne facilitera pas sa tâche.
Mais Martin Hirsch a toujours été l’homme des défis, et bien le voilà désormais comblé, Il sera particulièrement attendu dans toutes les décisions qu’il va devoir prendre.