lundi 25 septembre 2006 - par citoyen

Les maires des petites villes s’inquiètent pour leur hôpital

 Une journée de formation sur les schémas régionaux d’organisation sanitaire (Cf. « Petits hôpitaux : les maires se mobilisent »), organisée le 12 septembre par l’Association des petites villes de France (APVF), a été l’occasion pour certains maires de souligner leur volonté de collaborer avec d’autres établissements de soins plutôt que de partir dans un bras de fer avec les administrations. Sans nier qu’il puisse exister un certain nombre de problèmes dans leurs hôpitaux, les élus dénoncent cependant la politique des ARH, qui entretient selon eux la pénurie de personnels dans leurs établissements, et s’inquiétent des conséquences sur l’aménagement du territoire, une dimension bien souvent ignorée.

A l’heure des discussions sur les SROS de troisième génération, le rapport de Guy Vallancien, remis en avril dernier au gouvernement, a fait l’effet d’une petite bombe chez les élus des petites villes de France. Ce rapport pointe notamment l’existence de 133 petits hôpitaux publics effectuant moins de 2000 actes de chirurgie par an. (cf. carte-doc. pdf) Il recommande de fermer les petits blocs opératoires, pour des questions de sécurité, tout en encourageant la conversion des petits hôpitaux vers d’autres services de proximité.

Les maires expriment bien souvent leurs inquiétudes face aux conséquences de ces politiques de santé publiques. Ainsi Pierre Vaurs, maire de Noyon dans l’Oise qui, comme une douzaine d’autres maires, participait à la journée organisée par l’APVF indiquait : "Avec ces nouvelles dispositions, l’hôpital va perdre son bloc opératoire puisque nous sommes à 500 actes. Pour nous, cela signifie que notre établissement est appelé à disparaître". Soucieux de préserver l’hôpital et son bloc opératoire, Pierre Vaurs a choisi de se rapprocher de la grande ville la plus proche, Compiègne, afin de proposer à l’ARH une collaboration entre son hôpital de proximité et celui de Compiègne.

De son côté, Robert André, délégué général de l’association, pousse "les élus à rechercher des complémentarités pour sauver leurs services. Pour l’APVF, il existe des solutions autres que la désertification organisée que ne saurait compenser la création de lits de suite ou de services pour personnes âgées". Plus que de partir en croisade contre la fermeture de certains services, l’association représentant les maires des petites villes recommande à ses adhérents de négocier avec leur ARH. Pour le délégué général, Robert André : "Le rapport Vallancien a mis en lumière les menaces de fermeture qui pèsent sur les petits services de chirurgie. Mais c’est en fait l’ensemble des hôpitaux de petites villes qui craignent pour le maintien de leur activité avec la nouvelle tarification à l’activité, laquelle entraîne bien souvent une nette diminution des budgets de ces petits hôpitaux". Même les hôpitaux qui se sont déjà convertis vers les soins de suite et de réadaptation s’inquiètent de leur pérennité.

Déjà au moment de la sortie du rapport Vallancien, Martin Malvy, président de l’APVF, indiquait : "Nous devons exiger l’étude au cas par cas et la prise en compte de la notion d’aménagement du territoire et celle du service public."

En pleine crise du secteur privé, cette rencontre organisée par l’APVF montre, s’il en était besoin, que la question de l’organisation de la prise en charge de la santé dépasse, ou devrait dépasser, les clivages traditionnels notamment public/privé ou droite/gauche et justifiant la nécessité d’un vrai débat public en la matière !



8 réactions


  • gem (---.---.117.250) 25 septembre 2006 15:06

    Je ne comprend pas très bien : en somme, vous nous dites que les maires se préoccupent plus des emplois et de l’aménagement de leur commune que de la santé de leurs concitoyens ? C’est pas un scoop ...

    Et puis franchement, le « débat public » comme panacée des problèmes politiques... La parlote, c’est sympa, mais ce sont les actes qui comptent. D’autant que les maires n’ont aucune compétence en terme d’offre et aucune légitimité par rapport à la population, très spécifique, des demandeurs de soins.


    • citoyen citoyen 25 septembre 2006 21:12

      Cher Gem

      Vous n’ignorez pas ce que représente la charge d’être maire, et surtout maire d’une petite ville dont l’activité économique, dont le dynamisme dépend de la distribution des revenus sur le territoire de la commune. C’est pourquoi, effectivement, un maire en peut se désintéresser du devenir d’une structure qui compte bien souvent parmi les employeurs les plus importants. De ce point de vue, la place de l’hôpital est d’importance comme lorsqu’une entreprise (exemple : Moulinex, etc ...) ferme ses portes. Là où le maire ne peut se désintéresser encore moins peut-être que dans le cas d’une entreprise, c’est que l’hôpital c’est un service public avant tout, où l’on peut venir se faire soigner 24h/24 quand il est doté d’un service d’accueil urgence. Cette dimension est très structurante pour l’aménagement du territoire.

      Maintenant, vos propos n’engagent que vous, et si j’ai bien compris vous me faites dire que ces aspects qui sont non négligeables sont plus importants que la question différente de la qualité de la prise en charge sanitaire de leurs concitoyens. Dans le discours des maires, au contraire, chacun y va de sa défense des moyens de l’hôpital pour garantir cette qualité. Là où çà pêche, c’est que mis bout à bout toutes ces attentes ne sont pas franchement finançables d’autant que dans l’autre sens (évolution des techniques, des normes, ...) le coût de la qualité augmente. Et on retombe sur la question de fond : comment structurer un réseau sanitaire de qualité sans forcément conduire à la fermeture pure et simple d’établissements dont le rôle est certes sanitaire mais dont la prégnance sur un bassin d’emploi dépasse cette seule dimension. D’où l’idée de travailler à des solutions de reconversion, de complémentarité, etc... objet de cette conférence pour inciter les maires de ces petites communes à aller au « charbon » en négociant plutôt qu’en recherchant la confrontation qui peut conduire à une fermeture faute d’alternative. Je pense que c’était le message que l’APVF voulait faire passer.

      Votre question est donc pertinente, même si je ne partage pas votre analyse cynique smiley


    • Prêtresse Prêtresse 4 novembre 2006 20:28

      « charbon »

      — -


  • Angus (---.---.131.193) 25 septembre 2006 15:14

    C’est un vrai problème qui n’est pas récent et qui s’amplifie avec la généralisation de la demande de rentabilité des établissements de soins, ce qui ne signifie pas toujours recherche de performance.

    Ce qui est malheureux, c’est que face à ce problème, on va sacrifier une grande partie du tissu de proximité, en ne laissant sur le terrain que les services de pompiers.

    Cela n’a à la rigueur de sens que si on généralise le transport par hélicoptère des blessés ou des malades depuis les zones sanitairement désertes vers les super hopitaux des grandes villes.

    Il me semble que des petites structures peuvent être efficaces (et donc rentables au titre du service public) sans pour autant être multicompétente. Elles peuvent être un relai fort utile pour de nombreux cas simples, et passer la main vers une structure plus lourde dès que le problème la dépasse.

    Pour cela, il faut que les chirurgiens et médecins de campagne exercent leur métier avec conscience et modestie. Cela implique également qu’il en reste quelques uns ...

    Votre article cite l’hopital de Noyon qui est effectivement un exemple parfait de cette problèmatique. Et pour les avoir vu oeuvrer il y a une trentaine d’années, c’est exactement comme cela qu’ils fonctionnaient déjà pour les urgences : sur des urgences lourdes, ils demandaient le transfert sur Amiens vers le CHR, pour le reste, ils arrivaient à se débrouiller. A côté de cela, faute de maisons de retraite médicalisées, l’hopital était presque entièrement converti en hospice pour personnes agées.

    Que dire par ailleurs des zones montagneuses ? La concentration des hopitaux devra être compensée par des moyens de transports annulant l’effet d’éloignement, sinon, les campagnes ne vont pas se désertifier seulement par le classique exode rural ...


  • (---.---.138.26) 25 septembre 2006 21:41

    Au delà des querelles d’experts et de pbs de rationalisation bien réels de l’argent public, se trame derrière cette opération le transfert d’un marché solvable géré par l’Etat vers la sphère privée.

    En effet que se passera-t-il après la disparition des hopitaux publics dans les villes moyennes de 10000 à 40000 habitants ? La création de cliniques privées, car il est clair que personne ne voudra pour une appendice ou une jambe cassée aller à l’hopital de la grande ville voisine.

    Donc loin de participer à l’amélioration du service public ce transfert profitera au secteur privé. Les économies réalisées par la suppression des frais de fonctionnement de ces petits hopitaux publics feront le chiffre d’affaires (pour l’essentiel payé par la SS) des nouvelles cliniques.

    Ainsi progressivement se developpera un milieu hospitalier privé financé par l’Etat.


  • (---.---.135.212) 6 octobre 2006 18:45

    D’autant plus, qu’il a là une injustice.

    Les citoyens des petites villes payent leurs impôts comme ceux des grandes. Pourquoi n’auraient-ils pas en retour les mêmes conditions d’accès aux services hospitaliers ?


  • willy Wonka (---.---.155.19) 3 novembre 2006 20:46

    De beaux exemples de fusion d’hôpitaux avec création d’un plateau technique enviable : voilà ce que l’on a pu construire entre la Flèche et Sablé.


  • Gilles BERTIN Gilles BERTIN 13 janvier 2007 18:55

    C’est trop tard, il fallait s’en préoccuper il y a 10 ans, Aujourd’hui vu la pénurie de médecins, les carottes sont cuites.( Le NUMÉRUS CLAUSUS sévit depuis 40 ans. C’est de la responsabilité exclusive des médecins, qui ont voulu protéger leur fond de commerce et des gouvernements qui ne voulaient pas voir exploser la facture)

    Et les futur médecins vont vont être très sollicités, ils ne choisirons pas une petite ville de province pour exercer.

    Les hôpitaux des petites villes vont devenir des maison de retraites.A+


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