mercredi 16 novembre 2011 - par Julie Dep

Un docu sur l’autisme menacé d’interdiction

Trois lacaniens qui s'étaient prêtés à une séance d'interviews sur l'autisme viennent d'assigner leur auteur, Sophie Robert, en interdiction de diffuser son travail. En cause : le montage, délibérément entrecoupé de témoignages contredisant leur propos, d'où sortirait "ridiculisée" la psychanalyse.

Pour qui l'ignorerait encore, les théories d'un Bettelheim ou d'un Winnicott sur l'origine du syndrome et son traitement occupent encore en France tout l'espace thérapeutique, privant par leur captation des subventions publiques la plupart des autistes de toute autre approche, cependant qu'aux Etats-Unis et dans les pays nordiques des apprentissages adaptés parviennent à les sortir de leur détresse, de leur ghetto, et bien souvent à leur faire accéder à cette quasi-normalité mise en question par les docteurs, parce qu'imposée en dépit de l'éthique.

"Abdiquer l'idée d'une progression"

Le documentaire, qu'on peut encore voir sur le site d'Autistes sans frontières, au moins jusqu'au 29 novembre où pourrait tomber le couperet, ne fait pourtant que montrer le discours entendu et réentendu par tout parent au long de sa démarche, sans nuire à l'image personnelle d'intervenants intelligents et sympathiques, dont le mérite est justement de véhiculer sans caricature un postulat d'ailleurs défendable : la mère "toxique", qui par ses excès fusionnels réduit le rôle du père et, frôlant inconsciemment l'inceste, met à mal le processus de l'Oedipe, ou qui par son obsession de mort crée chez le nouveau-né le "vide relationnel" qui constituera l'essentiel de son handicap.

Cette version de l'enfant auto-'congelé' en réaction à un traitement abusif in ou ex-utero n'a rien en soi d'insensé, et plus d'une mère se reconnaîtra dans le rétroviseur qu'on lui tend. Ne l'infirment pas même les anomalies récemment détectées sur une importante proportion de cerveaux d'autistes, un traumatisme psychique ayant pu les générer comme il arrive qu'une douleur génère un cancer.

 Idéologie contre pragmatisme

Le bât commence à blesser quand se pose, de façon prosaïque, l'utilité d'une psychanalyse pour des gosses amputés de la parole ou du flux verbal, et qu'on trimballe d'institution en cabinet de psychothérapeute, dans l'espoir qu'en émerge une "bulle de savon" évoquée par l'un des intervenants du film. Ces années perdues pour l'apprentissage, parce que l'éthique interdirait qu'on l'inculque, comme disait Maud Mannoni, manu militari, c'est à l'omniprésencee de la psychanalyse qu'il faut les imputer : à ce système qui ne tolère d'autre choix et condamne, faute des outils indispensables au moindre échange, des êtres perfectibles en demande d'affection à une solitude désespérante. Qui n'a pas vu dans un coin de campagne retiré un de ces ghettos de zombies surmédicalisés ne comprendra peut-être pas l'urgence du changement d'une politique dont les seuls bénéficiaires sont jusqu'à présent ceux qui tiennent la place prestigieuse et lucrative, et n'entendent pas la partager.

"Le Mur", l'autisme à l'épreuve de la psychanalyse
 



22 réactions


  • autisme.info31 autisme.info31 16 novembre 2011 15:23

    Vous pouvez voir le doc ici (ET les BONUS !!) : http://www.autistessansfrontieres.com/lemur-site-officiel.php

    Pour aller plus loin, voici une interview de 23 minutes Sophie Robert, la réalisatrice : http://www.dailymotion.com/video/xlbjdc_itw-de-sophie-robert-par-autisme-info31_news#from=embed


    • Julie Dep Julie Dep 16 novembre 2011 19:13

      Mon lien a été désactivé, vous faites bien d’indiquer l’adresse. On peut citer à côté des prestations prétendument ridiculisées la passionnante explication, sur le même site, d’une directrice de l’iNSERM.
      Pardon pour le t tombé du titre. smiley


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 17 novembre 2011 05:29

    "l’urgence du changement d’une politique dont les seuls bénéficiaires sont jusqu’à présent ceux qui tiennent la place prestigieuse et lucrative, et n’entendent pas la partager."

    Très juste. En science comme ailleurs, l’inertie vient d’abord d’une tentative de reproduction des situations de pouvoir !
    Tout ça est abominablement triste.


  • EgaliTED EgaliTED 17 novembre 2011 08:44

    « Cette version de l’enfant auto-’congelé’ en réaction à un traitement abusif in ou ex-utero n’a rien en soi d’insensé, et plus d’une mère se reconnaîtra dans le rétroviseur qu’on lui tend. Ne l’infirment pas même les anomalies récemment détectées sur une importante proportion de cerveaux d’autistes, un traumatisme psychique ayant pu les générer comme il arrive qu’une douleur génère un cancer. »

    Nous nous permettons de rappeler que des études épidémiologiques réalisées depuis 20 ans sur les familles d’autistes ont permis de démontrer que les parents des autistes n’étaient pas plus pathogènes que les autres. Leo Kanner lui-meme l’a d’ailleurs dit lors d’un discours resté célèbre face à une assemblée de familles : « Parents, je vous absous ! » La Haute Autorité de Santé le rappelle dans son Etat des Connaissances sur l’Autisme publié en 2010 :
    http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_935617/autisme-et-autres-troubles-envahissants-du-developpement

    « Les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas un facteur de risque dans la survenue des TED. La théorie selon laquelle un dysfonctionnement relationnel entre la mère et l’enfant serait la cause du TED de l’enfant est erronée »

    Il serait bon que ces psychiatres et psychologues, astreints par la loi comme par leur propre code de déontologie à se tenir au fait des avancées scientifiques et médicales de leur domaine, prennent acte de ce simple fait.

    Les parents « pathogènes » ou « toxiques », cela fait sans nul doute des enfants malheureux et perturbés, mais en aucun cas des enfants autistes.


    • Julie Dep Julie Dep 17 novembre 2011 17:43

      L’expérience de Louis II de Bavière sur les nouveau-nés dont n’ont survécu que ceux qui avaient eu en plus ds soins indispensables leur content d’empathie, ajoutée aux nombreux témoignages de mères, laisse quand même planer le doute. Du moins dans certains cas.

      Mais peu importe, puisque ce débat est stérile et que seul un apprentissage adapté est susceptible de tirer plus ou moins d’affaire.


    •  N AVEZ VOUS PAS REMARQUé QUE NOTRE EMPEREUR RAPETISSE ET QU IL TEND DE PLUS LE BRAS (comme adolf )

       BIENTOT AVEC LA SECU PRIVEE DES BANKSTERS NOUS AURONS DROIT A 2 JOURS DE MALADIE PAR AN......NON PAYES QUAND GUILLAUME SARKOZY DU MEDEF ET DE MEDERIC MALAKOFF ASSOCIé A LA CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS....A LA CAISSE NATIONALE DE PREVOYANCE ET tenez vous bien...A LA CNRACL DE BORDEAUX ..CAISSE DES....ELUS ................... auront runé la sécu avec leurs arrierés de paiement des charges patronales...ils nous vendront tres cher une secu ppivée...puis une retaite a 80 ans et une dépendance a partir de 100 ans..

      VOS LUNETTES DEVRONT COMME VOS PLOMBAGES DE DENTS ETRE A VIE
      LA CHINE ET LA RUSSIE et l 4AFRIQUE SORTENT DU MOYEN AGE....NOUS AVEC NOTRE EMPEREUR DE POCHE... EN FRANCE ON Y ENTRE...


    • Francis, agnotologue JL1 18 novembre 2011 18:38

      Tousensemble,

      vous n’avez pas l’air d’être un mauvais bougre.

      Pourquoi écrivez vous en majuscules ? Un problème d’oreille ? De vue ?

      Ne vous inquiétez pas pour la Sécu : elle survivra ! Car comment feraient les labos pharmaceutiques pour se faire payer les vaccins H1N1 et autres qu’elle entend bien fourguer aux pauvres ? Le Téléthon n’y suffira pas !


    • EgaliTED EgaliTED 19 novembre 2011 15:16

      Bien sur, il y a des cas extremes. On cite aussi régulièrement le cas de cette mère juive qui a tenté de protéger son enfant des rafles nazis en ne lui parlant pas et en faisant tout pour éviter qu’il fasse le moindre bruit.


      Mais en-dehors de ces cas extrêmes, si vous avez encore un « doute », il vous suffit de vous référer aux études scientifiques récentes ménées par exemple par Eric Fombonne en 1996, donc sur des familles contemporaines, dans des conditions « normales », pas de guerre ou d’expérience particulière de souverains mégalomanes. Ces études épidémiologiques démontrent clairement qu’il n’y a pas plus (ni moins) d’enfants autistes chez les familles maltraitantes, dépressives ou chez les enfants carencés affectivement, que chez les autres (familles « normales », « stables », ou ce que vous voudrez).

      Partant de là, continuer à prétendre contre vents et marées que l’autisme serait imputable à un milieu familial pathogène est non seulement scientifiquement erroné, mais aussi et surtout contre-productif pour l’aide à apporter à l’enfant puisque cela mène à le soustraire abusivement à un milieu familial qui reste pourtant son meilleur repère, source de stabilité, et garantie de progrès.

      Les théories dont on a démontré la fausseté par des méthodes et études scientifiquement rigoureuses ne devraient plus avoir droit de cité, et il est dommage que votre article par ailleurs intéressant reste sur cet aspect crucial, particulièrement ambigu.

    • de vue...et d oreilles invalide a 86% GRACE AU MEDIATOR....

      JE VAIS ESSAYER DE melanger...en relisant les petites lettres ...je ne vois pas mes fautes...de

       frappes trop....nombreuses a votre service merci

      TOUSENSEMBLE


    • @JL1

      cela fait 2 fois que je me trompe n 5 minutes priseS pour vous répondre...de plus la mémoire et l’équilibre foutent le camp...avec mes neuronEs

      JE CROIS QU ILS ONT MIS MA REPONSE PLUS BAS...JE CROIS SANS EN ETRE SUR...


  • Krokodilo Krokodilo 17 novembre 2011 09:36

    Bonjour, ces entretiens vus grâce aux articles d’Egalited sur Agora vox m’ont intéressé sur le plan professionnel (généraliste).Les USA ne sont pas toujours un modèle à suivre (l’incroyable nombre d’enfants sous Ritaline, par exemple) mais ces témoignages étaient assez sidérants.
    Votre phrase "et bien souvent à leur faire accéder à cette quasi-normalité mise en question par les docteurs, parce qu’imposée en dépit de l’éthique." est peut-être trop optimiste quant aux résultats.


    • Julie Dep Julie Dep 17 novembre 2011 17:47

      J’ai pour ma part eu l’occasion de revoir à l’adolescence deux gamins partis avec le même pronostic. Celui qui a pu bénéficier des méthodes cognitives était parfaitement autonome, et verbal. Pas l’autre.


  • Spip Spip 17 novembre 2011 11:37

    A une certaine époque, Bettelheim, Winnicot et d’autres ont tenté de faire avec ce qu’ils avaient, c.a.d. essentiellement l’observation clinique. La connaissance de l’encéphale, par exemple, était embryonnaire (elle reste très partielle) A partir de là, ils ont cherché à s’appuyer sur un corpus théorique et ont fait avec ce qui prévalait, Freud. L’évaluation scientifique n’était pas à l’ordre du jour, tant par manque de moyens techniques que par la démarche freudienne elle-même.

    Depuis, du temps a passé.

    Dans ce qui arrive maintenant, je vois apparaître en toile de fond, deux constantes dont le mélange est toujours redoutable. Je veux parler des notions de pouvoir et de croyance.

    Que des professionnels se crispent sur leurs positions et les avantages qui en découlent, on voit ça tous les jours et pas seulement chez les psy.

    Que d’autres continuent à tracer obstinément le même sillon, drapés dans leur foi en ce qu’ils font, en ignorant tout ce qui pourrait venir infirmer leur pratique, et là on est dans la croyance.

    Quand ces deux postures s’additionnent, ça donne un blindage catastrophique. Plus rien ne rentre et surtout pas la démarche scientifique.

    Comme l’a dit Krokodilo, les US ne sont pas une référence à suivre les yeux fermés (l’utilisation massive de la Ritaline est ahurissante). Doit-on pour autant disqualifier toute théorie et pratique qui viendrait de ce pays, sans même l’évaluer ?

    Des gens qui fonctionnent comme ça, il y en a plein dans l’actualité de la crise, en ce moment : on les appelle les économistes orthodoxes (le mot est parlant...). Ils vous décrivent très bien l’épidémie en action, donnent des recettes qui ne marchent pas (sauf à faire claquer le malade) et s’obstinent à ne pas voir que leur thérapeutique aggrave la maladie.

    Même devant l’évidence, tous ces gens ne peuvent pas renier leur foi, ce serait l’écroulement de leur monde !


  • jef88 jef88 17 novembre 2011 12:54

    La doxa médicale !!!!
    C’est un frein magnifique au progrès ......
    Le « consensus » en est une illustration : ne surtout pas sortir des rails des mandarins...


  • Tristan Valmour 17 novembre 2011 13:32

    La psychanalyse bien menée a son utilité, mais pas plus que de parler de ses problèmes à une oreille amicale qui ne jugera pas, ou à exprimer ses angoisses et ses malheurs sous diverses formes expressives (peinture, sculpture, etc.), bien que la pratique d’un sport et d’une manière l’action demeurent les solutions privilégiées.

    En ce qui concerne l’autisme, la psychanalyse n’est absolument pas une solution, et il faut lui préférer les thérapies issues de l’école de Palo Alto, encore que parmi les praticiens il y ait à boire et à manger. Dommage que l’argent et le corporatisme viennent toujours tout gâcher.

    Aujourd’hui, on pense de plus en plus que l’autisme est du à un désordre des fonctions exécutives (dysfonctionnement du lobe frontal) doublé d’une absence totale ou partielle de voix interne (qui se manifeste notamment par la subvocalisation). Dans un numéro du Journal of Autism and Developmental Disorders paru en 2007 ou 2008 – je ne m’en souviens plus exactement -, Steele et al. ont confirmé des recherches précédentes en précisant un déficit visuospatial de la mémoire de travail, ce qui est une constante, y compris chez les Asperger. En revanche, plusieurs études montrent l’absence de déficience du module verbal de la mémoire de travail, comme le rapportent Williams et al. toujours dans le même journal (2005 ou 2006 je crois).

    Alors je ne vois pas en quoi les pratiques psychanalytiques pourraient pallier des désordres qui proviendraient d’un dysfonctionnement du lobe frontal (et plus précisément préfrontal) et m’interroge sur l’autorisation accordée par le gouvernement aux psychanalystes pour traiter de tels cas. Mais bon, les journaux sont pleins d’horoscopes.

    Mémoire à long terme = stock pseudo-permanent des connaissances, compétences, et scènes. Mémoire de travail = processus cognitif de stockage à court terme de l’information/connaissance et de son traitement (à distinguer de la mémoire à court terme qui stocke seulement l’info).


    • Freegerman 17 novembre 2011 14:06

      La politique de la France aujourd’hui est une politique d’EUGENISTE , je l’ai verifier et j’ai des preuves .
      Le but asséner l’opposant et le conduire au tribunal , méthode qui ne devrait pas exister en démocratie mais qui existe dans la nouvelle démocratie sécuritaire , vous me faite rigoler avec vos mots que personne ne comprend ...et surtout le pouvoir illimité des médecins et autre chouchous au service des politiciens..


  • Freegerman 17 novembre 2011 13:45

    Gare à ce qui me traiterons d’autiste ou je ne sais quoi ....par des moyens d’intimidations ils atterriront là ou ils doivent atterrir...je vous laisse deviner Mme..y à des moyens très net pour ça.

    L’article est signé JULIE DEP et il me vise indirectement , je n’ai pas peur de vous ni de vos accointances.


  • Freegerman 17 novembre 2011 13:57

    Les bobos de la télé et autres n’ont d’autre choix que de faire des manipulations et des provocations subtiles quand ils ou elles se sentent viser ...arriver au tribunal ils ou elles nieront les faits...substantiel et très fin quand il s’agit de discréditer quelqu’un ,rappelons quand même que le discrédit existe dans notre justice .

    Qu’est que je pense de l’article , qu’il a été mis en ligne pour que je m’attarde dessus en but de mon intimidation et c’est une perte de temps...


  • Freegerman 17 novembre 2011 14:19

    Sucer les handicapés et autres infirmes quel qu’ils soient , ce que fait le gouvernement ne veut pas forcement dire que ce gouvernement respectent les handicapés , au contraire en leur donnant des moyens supplémentaires avec une mauvaise idéologie il renforce l’eugénisme , c’est à dire la mise à l’écart de certain individus devenu génant....


  • NOS ELUS ..ministres...deputes...senateurs CG ET MAIRES sont tous autistes...quand ils le veulent bien...

    sauf en fin de mois pout toucher indemnites et deplacements


  • abibonrichard abibonrichard 26 novembre 2011 19:26

    On a rarement vu plus de mauvaise foi chez une journaliste. Même lorsque les analystes interviewés se débrouillent pas mal, elle s’arrange pour reprendre leurs propos de manière caricaturale. On se croirait dans un documentaire soviétique des années cinquante destiné à montrer l’horreur du capitalisme. Je ne sais si c’est ainsi que l’union sauve l’éthique.

    Le film démarre sur l’affirmation : « l’autisme est un trouble neurologique sur le sillon temporal supérieur, repéré en 2002 et reconnu par la communauté internationale, ce que refusent les psychanalystes ». Ah bon ? À l’époque où je m’occupais d’autisme, on claironnait sur tous les tons que c’était un trouble génétique, sur un gène précis parfaitement repéré et reconnu par la communauté internationale. Ah ! Les repères de la communauté internationale ont changé ? Ce n’est plus génétique c’est organique maintenant  ? Ah, d’accord … il se trouve qu’à l’époque j’avais largement étudié ces publications « prouvant » l’origine génétique de l’autisme et j’avais été sidéré du peu de sérieux des études menées. Une vraie catastrophe sur le plan scientifique, sans aucune réflexion épistémologique (un peu de recul sur les concepts qu’on emploie) une méthodologie à la masse, mais sous prétexte que c’étaient des hommes en blouse blanche qui maniaient chiffres et éprouvettes, ça avait tout le décorum pour passer pour scientifique.

    A partir de là, on nous dit que l’idéologie est du côté de la psychanalyse…

    Un autre exemple de manipulation : le commentaire dit « …et curieusement les psychanalystes font appel à la biologie » : suit l’interview de deux psychanalystes qui tiennent des propos assez censés, sans la moindre référence à la biologie. Seul le troisième, curieusement en effet, cite la biologie. Un seul sur trois, et avec ça, on fait une généralité.

    Autre manipulation : on présente Aldo Naouri comme psychanalyste, ce qu’il n’est pas, et d’ailleurs, il a protesté avec vigueur à ce propos. On nous présente un rapport de « psychothérapeute » sur l’enfant servant de support à la démonstration ; c’est vrai que c’est délirant, non seulement dans les propos, mais aussi dans le fait de s’adresser ainsi aux parents d’un enfant, quel qu’il soit. Mais on se garde bien de nous dire que la psychanalyse, ce n’est pas la psychothérapie. D’ailleurs l’amalgame avec la psychiatrie française se déroule tout au long du film.

    Autres manipulations encore, faisant usage de la ponctuation, comme Lacan de la scansion de séance, (ce qui fonctionnait déjà sur la séquence des références à la biologie : on reste sur la dernière impression qui colore l’ensemble a posteriori) : on en reste sur un sourire particulièrement forcé d’une psychanalyste interrogée, lui donnant un air carnassier assez désobligeant. Et puis, lors de la question : et les résultats ? Les interrogés font silence, baissent la tête, et on en reste là-dessus ; que c’est démonstratif !

    Bon là, faut dire, nos collègues psychanalystes, j’ai pas trouvés qu’ils étaient super pédagogues ou alors, on a vraiment forcé le trait dans la manipulation. Moi, j’aurais dit sans hésité : j’ai fait marcher à 9 ans une petite fille qui n’avait jamais marché, j’ai fait parler à 10 ans un garçon qui n’avait jamais parlé ; j’ai guéri la constipation phénoménale d’un adulte de trente ans enfermé depuis sa naissance à l’hôpital, et ça a déclenché ses premières paroles. Etc. On est à la télé hein, faut quand même en tenir compte. Ensuite, j’aurais peut-être apporté quelques nuances quant à l’idée de guérison en psychanalyse.

    Et puis par exemple cette psychanalyste qui trouve inquiétant quand l’enfant mais la main dans la gueule du crocodile en peluche, c’est elle qui m’inquiète, en effet, car tout le ferait ça, bien entendu ! il y a bien d’autres déclaration de ces psychanalystes sur lesquelles il y aurait beaucoup à redire, mais bon, là n’est pas le propos ;

    La journaliste dit, en gros : la psychanalyse : résultats nuls. Pourtant il existe des méthodes, Pecs, Teach, ABA, qui donnent des résultats formidables. Et elle inscrit son discours dans celui d’une saine protestation contre un obscurantisme uniquement français tandis que le reste du monde serait illuminé par ces méthodes.

    C’est bien une question de discours. Et d’ailleurs pas besoin d’aller dans le reste du monde pour constater l’erreur et la mauvaise foi d’un tel propos. Il suffit de regarder ce film lui-même. En contre exemple du discours «  délirant » des psychanalystes, on nous présente une famille bien normale, bien tranquille dont les deux garçons sont dits « autistes ». Eh bien déjà, c’est pitié de voir celui des deux qui parle débiter ce qu’on lui a appris : « je suis un autiste à 80%, j’ai aussi des troubles du comportement… ». Pur radotage du DSM. Mais pour ce qui est d’écouter ce qu’il aurait d’autre à dire, nous avons un exemple un peu plus loin dans le film. Quand il est en promenade entre ses parents, il dit quelque chose qu’on n’entend pas bien, mais auquel personne ne prête la moindre attention. Les parents parlent pour lui. Par contre, il a de très bonnes notes à l’école, on nous montre le carnet de correspondance. Tout ça montre que ce qui est intéressant chez un enfant, ce n’est pas ce qu’il peut dire spontanément, mais le fait qu’il récite bien ses leçons, y compris sur ce qu’on lui apprit qu’il était sensé être lui-même.

    Au fait, si c’était un trouble organique du cerveau, comme affirmé au début du film, comment a-ton pu guérir un trouble organique avec des cartes à images  ??? En six mois ?

    Alors oui, il avait à la base les symptômes de ce qu’on reconnait habituellement pour autisme : mutisme et balancements. J’ai connus des foules d’enfants présentant ce genre de symptômes et certains s’en tirer très bien, d’autres non. C’est ce qui m’a fait quitter complètement la notion de diagnostic. Mutisme et balancements, ça ne veut strictement rien dire quant à une soi-disant structure, fut-elle psychotique, comme se plaisent à le souligner les collègues.

    Il s’en est sorti celui-là, soi-disant grâce à la méthode Pecs. Puisqu’il ne parle pas, on va le faire communiquer avec des images. Eh bien pourquoi pas  ! On emploie d’ailleurs cette méthode avec tous les enfants, soit avec des jeux d’images (mes petits enfants en ont) soit en leur montrant du doigt l’objet et en l’accompagnant de la vocalisation du mot correspondant. Mon hypothèse, c’est que lorsqu’on a proposé cette méthode à la mère, ça a réveillé son intérêt pour son enfant et elle s’est occupée de lui avec ça ; bon ce n’est qu’une hypothèse, je ne connais pas le cas.

    Seulement voilà, si c’était si simple, pourquoi ça n’a pas marché sur l’autre fils de la famille qui, à pas loin de 20 ans, ne parle pas, ne communique en rien et est encore incontinent ? On nous explique que la psychiatre qu’il a vu a refusé l’emploi des méthodes si fructueuses, qui ont marché avec l’autre. Encore un coup des psychanalystes (ici nommés psychiatres). Pourtant elles sont simplistes ces méthodes, elles peuvent être appliquées par les parents. D’accord il est l’ainé, et ça se passait avant la rencontre du cadet avec la méthode Pecs. On peut dire que la mère a pu bénéficier de cette expérience antérieure pour ne pas louper le cadet. Mais lorsqu’elle a su pour le cadet, pourquoi ne pas appliquer la méthode à l’ainé ? Ce serait trop tard ? Ou tout simplement, comme pour la psychanalyse, parfois ça ne marche pas. Parfois rien ne marche.

    Mais parfois ça marche et parfois à un âge avancé. J’ai obtenu des résultats non négligeables (dont la constipation phénoménale dont j’ai parlé) avec des gens que j’ai rencontrés à 9 ans, dix ans, trente ans ! Oh, pas des guérisons complètes, comme le petit miraculé de la méthode Pecs qui, à mon sens, n’est tout simplement qu’un enfant comme les autres. Avec quelques problèmes d’identité, puisqu’on lui a fourgué une identité d’emprunt (je suis autiste etc.) et qu’on n’a pas trop l’air de s’intéresser à ses dires.

    Encore un mot sur l’absence de pédagogie de nos collègues. Par exemple, lorsqu’il est question de l’inceste maternel, la journaliste demande : « mais d’où vous vient cette conviction ? » la psychanalyste répond : « mais… des écrits psychanalytiques ! ». Ah bon. Ça c’est un argumentaire religieux : tout est dans le Livre ! Moi ma conviction, elle vient de mon analyse perso et de ma pratique et je peux la montrer : j’ai pondu deux ouvrages sur la question et encore, pas très bons. Ça date d’il y a dix ans et je devrais reprendre ça aujourd’hui, mais je m’intéresse à d’autres choses.

    A propos de cet inceste… évidemment pour les gens, c’est le diable. L’inceste, ils ne connaissent pas, c’est chez les autres. On ne peut pas leur dire comme ça, brutalement : l’inceste, c’est la structure, il y a des désirs incestueux chez toutes les mères. C’est insupportable. Freud avait bien raison de dire qu’on ne peut pas apporter une telle interprétation à un sujet en analyse, pas avant qu’il ne soit sur le point de le découvrir lui-même, le mieux étant qu’il le découvre lui-même. Nous ne sommes pas dans le cadre d’une cure ? C’est vrai. Justement, c’est pire. La journaliste a alors beau jeu de caricaturer en parlant de « l’ogre maternel », ce qu’aucun des interrogés n’a dit.

    Ok, il m’est arrivé d’en laisser passer autant. Mais d’une manière générale, si je parle d’inceste, j’essaie de me cantonner à celui dans lequel je suis pris. Comme ça au moins, je n’incrimine personne d’autre. Ça laisse la possibilité de s’y reconnaitre ou pas, chacun à son rythme. Après, bien sûr, on peut lire des livres.


  • abibonrichard abibonrichard 27 novembre 2011 17:50

    je constate que mon post du 26 novembre est vide, alors je rétière...

    On a rarement vu plus de mauvaise foi chez une journaliste. Même lorsque les analystes interviewés se débrouillent pas mal, elle s’arrange pour reprendre leurs propos de manière caricaturale. On se croirait dans un documentaire soviétique des années cinquante destiné à montrer l’horreur du capitalisme. Je ne sais si c’est ainsi que l’union sauve l’éthique.

    Le film démarre sur l’affirmation : « l’autisme est un trouble neurologique sur le sillon temporal supérieur, repéré en 2002 et reconnu par la communauté internationale, ce que refusent les psychanalystes ». Ah bon ? À l’époque où je m’occupais d’autisme, on claironnait sur tous les tons que c’était un trouble génétique, sur un gène précis parfaitement repéré et reconnu par la communauté internationale. Ah ! Les repères de la communauté internationale ont changé ? Ce n’est plus génétique c’est organique maintenant  ? Ah, d’accord … il se trouve qu’à l’époque j’avais largement étudié ces publications « prouvant » l’origine génétique de l’autisme et j’avais été sidéré du peu de sérieux des études menées. Une vraie catastrophe sur le plan scientifique, sans aucune réflexion épistémologique (un peu de recul sur les concepts qu’on emploie) une méthodologie à la masse, mais sous prétexte que c’étaient des hommes en blouse blanche qui maniaient chiffres et éprouvettes, ça avait tout le décorum pour passer pour scientifique.

    A partir de là, on nous dit que l’idéologie est du côté de la psychanalyse…

    Un autre exemple de manipulation : le commentaire dit « …et curieusement les psychanalystes font appel à la biologie » : suit l’interview de deux psychanalystes qui tiennent des propos assez censés, sans la moindre référence à la biologie. Seul le troisième, curieusement en effet, cite la biologie. Un seul sur trois, et avec ça, on fait une généralité.

    Autre manipulation : on présente Aldo Naouri comme psychanalyste, ce qu’il n’est pas, et d’ailleurs, il a protesté avec vigueur à ce propos. On nous présente un rapport de « psychothérapeute » sur l’enfant servant de support à la démonstration ; c’est vrai que c’est délirant, non seulement dans les propos, mais aussi dans le fait de s’adresser ainsi aux parents d’un enfant, quel qu’il soit. Mais on se garde bien de nous dire que la psychanalyse, ce n’est pas la psychothérapie. D’ailleurs l’amalgame avec la psychiatrie française se déroule tout au long du film.

    Autres manipulations encore, faisant usage de la ponctuation, comme Lacan de la scansion de séance, (ce qui fonctionnait déjà sur la séquence des références à la biologie : on reste sur la dernière impression qui colore l’ensemble a posteriori) : on en reste sur un sourire particulièrement forcé d’une psychanalyste interrogée, lui donnant un air carnassier assez désobligeant. Et puis, lors de la question : et les résultats ? Les interrogés font silence, baissent la tête, et on en reste là-dessus ; que c’est démonstratif !

    Bon là, faut dire, nos collègues psychanalystes, j’ai pas trouvés qu’ils étaient super pédagogues ou alors, on a vraiment forcé le trait dans la manipulation. Moi, j’aurais dit sans hésité : j’ai fait marcher à 9 ans une petite fille qui n’avait jamais marché, j’ai fait parler à 10 ans un garçon qui n’avait jamais parlé ; j’ai guéri la constipation phénoménale d’un adulte de trente ans enfermé depuis sa naissance à l’hôpital, et ça a déclenché ses premières paroles. Etc. On est à la télé hein, faut quand même en tenir compte. Ensuite, j’aurais peut-être apporté quelques nuances quant à l’idée de guérison en psychanalyse.

    Et puis par exemple cette psychanalyste qui trouve inquiétant quand l’enfant mais la main dans la gueule du crocodile en peluche, c’est elle qui m’inquiète, en effet, car tout le ferait ça, bien entendu ! il y a bien d’autres déclaration de ces psychanalystes sur lesquelles il y aurait beaucoup à redire, mais bon, là n’est pas le propos ;

    La journaliste dit, en gros : la psychanalyse : résultats nuls. Pourtant il existe des méthodes, Pecs, Teach, ABA, qui donnent des résultats formidables. Et elle inscrit son discours dans celui d’une saine protestation contre un obscurantisme uniquement français tandis que le reste du monde serait illuminé par ces méthodes.

    C’est bien une question de discours. Et d’ailleurs pas besoin d’aller dans le reste du monde pour constater l’erreur et la mauvaise foi d’un tel propos. Il suffit de regarder ce film lui-même. En contre exemple du discours «  délirant » des psychanalystes, on nous présente une famille bien normale, bien tranquille dont les deux garçons sont dits « autistes ». Eh bien déjà, c’est pitié de voir celui des deux qui parle débiter ce qu’on lui a appris : « je suis un autiste à 80%, j’ai aussi des troubles du comportement… ». Pur radotage du DSM. Mais pour ce qui est d’écouter ce qu’il aurait d’autre à dire, nous avons un exemple un peu plus loin dans le film. Quand il est en promenade entre ses parents, il dit quelque chose qu’on n’entend pas bien, mais auquel personne ne prête la moindre attention. Les parents parlent pour lui. Par contre, il a de très bonnes notes à l’école, on nous montre le carnet de correspondance. Tout ça montre que ce qui est intéressant chez un enfant, ce n’est pas ce qu’il peut dire spontanément, mais le fait qu’il récite bien ses leçons, y compris sur ce qu’on lui apprit qu’il était sensé être lui-même.

    Au fait, si c’était un trouble organique du cerveau, comme affirmé au début du film, comment a-ton pu guérir un trouble organique avec des cartes à images  ??? En six mois ?

    Alors oui, il avait à la base les symptômes de ce qu’on reconnait habituellement pour autisme : mutisme et balancements. J’ai connus des foules d’enfants présentant ce genre de symptômes et certains s’en tirer très bien, d’autres non. C’est ce qui m’a fait quitter complètement la notion de diagnostic. Mutisme et balancements, ça ne veut strictement rien dire quant à une soi-disant structure, fut-elle psychotique, comme se plaisent à le souligner les collègues.

    Il s’en est sorti celui-là, soi-disant grâce à la méthode Pecs. Puisqu’il ne parle pas, on va le faire communiquer avec des images. Eh bien pourquoi pas  ! On emploie d’ailleurs cette méthode avec tous les enfants, soit avec des jeux d’images (mes petits enfants en ont) soit en leur montrant du doigt l’objet et en l’accompagnant de la vocalisation du mot correspondant. Mon hypothèse, c’est que lorsqu’on a proposé cette méthode à la mère, ça a réveillé son intérêt pour son enfant et elle s’est occupée de lui avec ça ; bon ce n’est qu’une hypothèse, je ne connais pas le cas.

    Seulement voilà, si c’était si simple, pourquoi ça n’a pas marché sur l’autre fils de la famille qui, à pas loin de 20 ans, ne parle pas, ne communique en rien et est encore incontinent ? On nous explique que la psychiatre qu’il a vu a refusé l’emploi des méthodes si fructueuses, qui ont marché avec l’autre. Encore un coup des psychanalystes (ici nommés psychiatres). Pourtant elles sont simplistes ces méthodes, elles peuvent être appliquées par les parents. D’accord il est l’ainé, et ça se passait avant la rencontre du cadet avec la méthode Pecs. On peut dire que la mère a pu bénéficier de cette expérience antérieure pour ne pas louper le cadet. Mais lorsqu’elle a su pour le cadet, pourquoi ne pas appliquer la méthode à l’ainé ? Ce serait trop tard ? Ou tout simplement, comme pour la psychanalyse, parfois ça ne marche pas. Parfois rien ne marche.

    Mais parfois ça marche et parfois à un âge avancé. J’ai obtenu des résultats non négligeables (dont la constipation phénoménale dont j’ai parlé) avec des gens que j’ai rencontrés à 9 ans, dix ans, trente ans ! Oh, pas des guérisons complètes, comme le petit miraculé de la méthode Pecs qui, à mon sens, n’est tout simplement qu’un enfant comme les autres. Avec quelques problèmes d’identité, puisqu’on lui a fourgué une identité d’emprunt (je suis autiste etc.) et qu’on n’a pas trop l’air de s’intéresser à ses dires.

    Encore un mot sur l’absence de pédagogie de nos collègues. Par exemple, lorsqu’il est question de l’inceste maternel, la journaliste demande : « mais d’où vous vient cette conviction ? » la psychanalyste répond : « mais… des écrits psychanalytiques ! ». Ah bon. Ça c’est un argumentaire religieux : tout est dans le Livre ! Moi ma conviction, elle vient de mon analyse perso et de ma pratique et je peux la montrer : j’ai pondu deux ouvrages sur la question et encore, pas très bons. Ça date d’il y a dix ans et je devrais reprendre ça aujourd’hui, mais je m’intéresse à d’autres choses.

    A propos de cet inceste… évidemment pour les gens, c’est le diable. L’inceste, ils ne connaissent pas, c’est chez les autres. On ne peut pas leur dire comme ça, brutalement : l’inceste, c’est la structure, il y a des désirs incestueux chez toutes les mères. C’est insupportable. Freud avait bien raison de dire qu’on ne peut pas apporter une telle interprétation à un sujet en analyse, pas avant qu’il ne soit sur le point de le découvrir lui-même, le mieux étant qu’il le découvre lui-même. Nous ne sommes pas dans le cadre d’une cure ? C’est vrai. Justement, c’est pire. La journaliste a alors beau jeu de caricaturer en parlant de « l’ogre maternel », ce qu’aucun des interrogés n’a dit.

    Ok, il m’est arrivé d’en laisser passer autant. Mais d’une manière générale, si je parle d’inceste, j’essaie de me cantonner à celui dans lequel je suis pris. Comme ça au moins, je n’incrimine personne d’autre. Ça laisse la possibilité de s’y reconnaitre ou pas, chacun à son rythme. Après, bien sûr, on peut lire des livres.

     

     

     


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