Certes, notre président, épaulé par son épouse, a récupéré les infirmières et le médecin bulgares. Les Français sont ou vont partir en congés. Mais doivent-ils pour autant faire une confiance aveugle à un président et à un gouvernement qui se sont pour l’instant contentés de paroles et de mesures symboliques ?
Notre président et son épouse ont récupéré les
infirmières et le médecin bulgares détenus par les autorités libyennes
et on doit les en remercier au même titre que Benita Ferrero-Waldner (la commissaire européenne aux Relations extérieures, qui a mené depuis l’origine les négociations avec Muhammad Kadhafi).
Cet "exploit"
ne doit pas pour autant faire oublier les premières mesures ou réformes
qui doivent s’appliquer en France dès la rentrée de septembre.
Certes,
les Français sont ou vont partir en congés, mais doivent-ils pour autant
faire une confiance aveugle à un président (qui, selon les sondages,
est crédité d’environ 67 % de satisfaction) et à un gouvernement qui se sont
pour l’instant contentés de paroles et de mesure symboliques ?
Car
c’est bien à partir de la rentrée que les choses sérieuses vont
commencer. Il est plus que probable qu’un certain nombre de réformes
seront beaucoup moins appréciées des Français que la Fête nationale « new look ».
Premier grand choc à venir : la mise en place des franchises médicales. Bien que Martin HIRSCH soit intervenu pour éviter les solutions les plus extrêmes, on peut néanmoins trouver des pistes dans un courrier du 10 juillet 2007 cosigné par Roselyne BACHELOT, Eric WOERTH et Martin HIRSCH, disponible sur le site du ministère de la Santé, et envoyé aux présidents en charge de l’avenir de l’assurance maladie.
Extraits :
« Parmi
les propositions suggérées, celle du "bouclier sanitaire" consisterait à
instituer un plafond des restes à charge supportés par les assurés sur
la dépense remboursable. En dessous du seuil, les tickets modérateurs
et participations forfaitaires resteraient à la charge de l’assuré [...]
Examiner
le niveau du "bouclier" suivant les hypothèses de copaiement et
l’impact sur l’équilibre des finances de l’assurance maladie ; la marge
d’incertitude devra être précisée [...]
Mesurer
les effets pervers, tel le risque que les assurés puissent retarder ou
anticiper certains traitements suivant qu’ils ont ou non franchi le
seuil du "bouclier" [...]
Définir pour chacun des scénarios, le calendrier de mise en oeuvre de la réforme [...] »
Cette future réforme fait-elle l’unanimité ?
Bien mal relayé par les grands medias, un collectif composé de professionnels de santé et d’usagers a lancé un appel (sous forme d’un site Web) contre le système des franchises. Cet appel a déjà obtenu plus de 52 000 signatures.
Qu’affirment-ils ?
Extraits :
« En
matière d’assurance maladie, l’UMP et Nicolas Sarkozy ont une idée fixe
: l’augmentation des dépenses de santé, ce serait d’abord et avant tout
la faute des patients. Il faudrait donc les "responsabiliser", c’est-à-dire les pénaliser financièrement pour "qu’ils consomment moins",
ou, au minimum, pour que "la Sécu rembourse de moins en moins".
Déremboursements
incohérents, augmentation du ticket modérateur sur des soins
courants, généralisation des dépassements tarifaires pour les médecins
spécialistes, invention du forfait de 1 euro par acte de soins ou de
biologie, du forfait de 18 euros sur les actes supérieurs à 91 euros,
l’actuelle majorité a multiplié les atteintes à la prise en charge
solidaire des soins. Mais si elle a augmenté le reste à la charge des
patients, le déficit de l’assurance maladie n’en a pas été comblé pour
autant [...]
Nous,
professionnels de santé, acteurs du monde associatif ou médico-social,
universitaires, représentants des usagers et/ou usagers du système de
santé dénonçons les RISQUES MAJEURS D’UNE TELLE FRANCHISE [...]
Nous
refusons l’instauration d’une telle FRANCHISE, socialement injuste,
économiquement inefficace et dangereuse pour la santé publique [...] »
S’il est indispensable, selon le gouvernement de « responsabiliser » les usagers, afin de préserver le système, des économies doivent être faites en « s’attachant à la fois à la cohérence avec les principes fondamentaux de la sécurité sociale et aux conditions de faisabilité »,
écrivent les ministres en charge du dossier.
On se demande par contre si les
ministres en charge d’un autre "bouclier", le "bouclier fiscal", ont eu
les mêmes scrupules ?
En l’occurrence, c’est un élu UMP qui explique sa portée : « Selon
le rapporteur du projet de loi, Gilles Carrez (UMP, Val-de-Marne), le
coût annuel du bouclier fiscal serait de 810 millions d’euros ; 234 397
contribuables en bénéficieraient contre 93 000 bénéficiaires
potentiels avec le bouclier à 60 %. Les patrimoines supérieurs à 7,140
millions d’euros, soit 12 784 foyers, se verraient restituer à eux
seuls 583 millions d’euros, soit une moyenne de 45 600 euros par foyer. »
En ce qui concerne le "paquet fiscal" : « Sur
les 11 milliards d’euros que coûterait le "paquet fiscal", la moitié
est consacrée à la défiscalisation et à l’exonération de charges
sociales pour les employeurs et les salariés sur les heures
supplémentaires. Dans son rapport, le député (UMP) Gilles Carrez a
chiffré la mesure à 1,115 milliard d’euros pour 2007 (si elle
s’applique au 1er octobre), 3,765 milliards pour 2008 et 1,1 milliard
pour 2009, soit un total de 5,980 milliards d’euros. » Source : Le Monde.
Travailler plus peut-être mais à condition d’avoir une bonne santé !!!
Probablement
inquiet de la réaction des Français, Eric WOERTH envisage d’apurer la
dette de l’État vis-à-vis de la Sécurité sociale :
« Je
m’y suis engagé, car cette dette est source de conflits et
d’incompréhensions entre l’État et la sphère sociale. Je dois aussi
veiller à ce que la Sécurité sociale n’ait pas de problème de
trésorerie et puisse tenir avec le plafond d’emprunt que lui a voté le
Parlement.
Pour régler ce problème, l’État transférera à l’Acoss
avant octobre 5,1 milliards d’euros, provenant des recettes déjà
enregistrées de privatisation, soit l’équivalent de sa dette au régime
général au 31 décembre 2006. » Source : Le Monde.
Peu
convaincu par les arguments des ministres, le collectif Appel contre la
franchise prépare « une initiative à Paris le 29 septembre pouvant
prendre la forme de débats à laquelle il invite la CGT ».
Les
franchises médicales, une des mesures les plus impopulaires du
programme de Nicolas Sarkozy, devraient être mises en place dans le
cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2008, présenté en septembre. Source : Le Nouvel Observateur.
Quelque chose me dit que les vrais débuts du quinquennat se situent à partir de cette date. Pas vous ?
Sources
Le blog de Christian Lehmann
Appel contre la franchise
Nouvel Obs
Le Monde
Ministère de la santé
Union Syndicale de la psychiatrie
Le Sénat
Crédit image et copyright
Cabu/le Canard Enchaîné