dimanche 12 juin 2005 - par Michel Monette

Vaut mieux être riche et en santé

La boutade est de l’humoriste Québécois Yvon Deschamps : « Vaut mieux être riche et en santé que pauvre et malade ». La maladie n’aime pas le développement. Rien à faire. Ou bien on la tolère et on oublie les Objectifs du millénaire pour le développement, ou bien on la chasse sans merci pour pourvoir les atteindre dans les délais fixés.

Le prix à payer, s’inquiéteront les gardiens du trésor nordique ? Demandez à votre banquier de vous changer un dix dollars américains en sous noirs. Donnez-en un pour la santé du monde et gardez les 999 autres pour vous. Cela représente, en proportion de leur PNB annuel, ce que coûterait un effort suffisant des pays riches pour élever à leur niveau la santé du reste du monde.

Un sous sur mille.

Le secret le mieux gardé au monde ? Ce n’est pas de la charité. Un monde moins malade, c’est un monde qui travaille plus, un monde plus prospère, un monde qui achète plus, bref, un formidable marché en attente.

Il y en a eu du chemin depuis la Conférence de Rio qui consacrait, en 1992, le terme développement durable.

À l’époque, les objectifs d’amélioration de la santé dans le monde ne seront pas abordés du point de vue de leurs incidences économiques positives. Mais le lien entre santé et développement durable est établi.

Il faudra attendre 2001 et un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé intitulé « Macroéconomie et santé : Investir dans la santé pour le développement économique », pour voir apparaître une vision des dépenses publiques en santé comme investissement rentable.

Que les populations en manque de santé se consolent. Celle-ci serait désormais considérée comme un levier majeur du développement économique.

Pourquoi ce conditionnel expectatif ? Beaucoup d’eau insalubre risque de couler sous les ponts des pays qui ont le plus cruellement besoin de notre aide, avant que le changement sémantique de la part des pays donateurs ne se traduise dans la réalité.

Pas de développement économique lorsqu’une population n’est pas en santé. C’est l’évidence même. Il est d’ailleurs grand temps que l’on ajuste en ce sens l’aide internationale.

Mais il demeure tout de même quelque chose d’inquiétant dans l’approche de la santé comme d’un investissement : qu’exigera-t-on comme retour sur cet investissement ?




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