lundi 4 février 2013 - par Fergus

1953 versus 2013 : paradoxe des conditions de vie

Printemps 1953.

M. Meynadier, son épouse et ses deux filles - respectivement 12 et 8 ans - habitent dans un immeuble vétuste de trois étages dans le 13e arrondissement de Paris, non loin de la place d’Italie. M. Meynadier ne se plaint pas car cet immeuble est plutôt moins lépreux que ceux du voisinage. La cage d’escalier n’en est pas moins décatie et mal éclairée. Lorsque l’hiver s’est installé, la vétusté des huisseries laisse en outre passer des courants d’air glacés contre lesquels le poêle à charbon Godin peine à lutter.

M. Meynadier s’estime pourtant chanceux car il est locataire d’un trois pièces. Il dispose même, au sous-sol, d’une vaste cave où il peut stocker le charbon et le bois. Presque du luxe, comparé à de nombreux voisins et collègues, même si les deux chambres sont exiguës. Mais au moins ses deux filles ont la leur, de même que son épouse et lui. Petite également, la cuisine est équipée d’une vieille cuisinière Rosières mixte (charbon et bois), d’un garde-manger grillagé, d’un placard et d’une vieille glacière pour conserver l’été les aliments fragiles au contact d’un pain de glace ; dans un angle de la pièce, un évier en grès à bac unique. Attenante à la cuisine, une minuscule buanderie où sont rangés la lessiveuse et le vase de nuit ; ce dernier est toutefois réservé aux urgences et aux périodes de grand froid, priorité étant donnée aux WC collectifs à la turque de mi étage caractérisés par leur forte odeur de Crésyl. Les repas sont pris dans la salle à manger, équipée de meubles achetés en salle des ventes. On y mange en écoutant, sur le poste TSF Grammont, les aventures de La Famille Duraton et celles de Carmen et La Hurlette, les sympathiques héros de Sur le banc.

Le samedi matin est consacré à la grande toilette. On utilise pour cela la lessiveuse remplie d’une eau préalablement chauffée sur la cuisinière ; un paravent permet à chacun de disposer d’un minimum d’intimité. Une fois par mois, le quatuor Meynadier se rend aux bains-douches de la Butte-aux-Cailles, en regrettant de ne pouvoir y aller plus souvent en raison de la forte demande. Le samedi après-midi, la lessiveuse reprend du service pour remplir sa fonction naturelle : nettoyer le linge sale de la famille.

Le lendemain, vient le temps du marché. On s’y rend en famille. Tandis que les adultes font provision de légumes et de fruits tout droit venus des exploitations maraîchères de Seine-et-Oise, les filles s’amusent du numéro des bateleurs : un jour, un montreur d’ours ; un autre jour, un cracheur de feu ou un briseur de chaînes ; une autre fois, un dresseur de singes ou de chiens. Après le déjeuner du dimanche, les Meynadier se promènent. Le plus souvent, ils se rendent au Jardin des Plantes ou au Parc Montsouris, parfois au jardin du Luxembourg lorsqu’un orchestre d’harmonie est annoncé. Une ou deux fois par an, les Meynadier se rendent au bois de Vincennes  ; ils y louent une barque pour faire le tour du lac Daumesnil. Depuis 1951, les Meynadier vont deux ou trois fois par an au cinéma. L’année précédente, ils sont allés voir Manon des sources et Jeux interdits ; tous les quatre avaient les yeux humides en quittant Georges Poujouly et Brigitte Fossey.

De temps à autre, les Meynadier reçoivent. Cela se fait toujours le dimanche midi. Les invités, venus déguster le rôti de porc ou le civet de lapin sont des collègues de M. Meynadier, leur épouse et leurs enfants, de même qu’un cousin célibataire de Mme Meynadier, venu comme elle de sa Bretagne natale. Un passionné de football qui se désole des déboires du Racing Club de Paris et plus encore de la santé éclatante du grand rival : le Stade de Reims, bien placé pour décrocher le titre. Un passionné de vélo également qui, l’année précédente, a réussi à entraîner M. Meynadier au Vel’d’Hiv pour suivre les Six-Jours et assister à la victoire du duo belge Bruneel-Van Steenbergen.

M. Meynadier est coupeur chez un artisan maroquinier de la rue du Temple. Mme Meynadier fait, quant à elle, des ménages dans plusieurs appartements bourgeois du 5e arrondissement. Pour se déplacer, M. Meynadier préfère le métro et ce bon vieux matériel Sprague, en service depuis des décennies. M. Meynadier voyage toujours en 2e classe, dans un wagon vert bouteille, ses moyens ne lui permettant pas d’accéder au wagon rouge de la 1ère classe. Aux rames brinquebalantes et bruyantes du métro, Mme Meynadier préfère le bus, avec une prédilection, durant les beaux jours, pour les Renault TN4 ou TN6 à plateforme où un receveur muni d’un valideur ventral accueille les voyageurs.

Le temps des vacances venu, la famille se rend parfois en Bretagne, afin que les filles puissent voir leurs grands-parents maternels, épiciers dans une petite ville des Côtes-du-Nord, mais leur destination préférée est, en Auvergne, la ferme tenue par les grands-parents paternels et par le frère aîné de M. Meynadier. Faute de voiture, les voyages se font en train. C’est avec un grand plaisir que l’on voit défiler les paysages, les cheveux décoiffés par le vent qui s’engouffre par la fenêtre entr’ouverte. Un plaisir parfois gâché provisoirement lorsqu’une escarbille vient irriter l’œil ou lorsqu’un tunnel rabat la fumée émise par la locomotive à vapeur. Une fois en Auvergne, tout le monde s’entasse dans le vieux Dodge de récupération pour se rendre à la ferme. Là, selon ses moyens, chacun donne un coup de main aux travaux des champs, à la garde des vaches ou à la nourriture des cochons et des volailles. En cette année 1953, M. Meynadier est très excité car ses parents l’ont prévenu qu’ils viennent de remplacer la solide paire de bœufs Aubrac par un tracteur Massey-Harris acheté d’occasion. Vive le progrès ! M. Meynadier se voit déjà conduire la moissonneuse-lieuse au volant du tracteur. Vivement les vacances d’été…

 

Printemps 2013.

M. Perret, son épouse et ses deux fils – respectivement 11 et 9 ans - habitent dans un HLM de Vitry-sur-Seine. M. Perret ne se plaint pas car cet immeuble est plutôt moins souillé par les tags et les graphes que ceux des cités voisines. La cage d’escalier n’en est pas moins peu engageante et l’ascenseur donne des signes de fatigue. Lorsque l’hiver s’est installé, la vétusté des huisseries laisse en outre passer des courants d’air froids contre lesquels les radiateurs peinent à lutter, en dépit des travaux d’étanchéité effectués trois ans plus tôt par l’Office Public de l’Habitat.

M. Perret s’estime pourtant chanceux car il est locataire d’un quatre pièces. Il dispose même, au sous-sol, d’une cave où il peut ranger son petit mobilier usagé et toutes ces choses superflues que l’on accumule « au cas où ». Il dispose également devant l’immeuble d’une place de stationnement réservée où il peut garer sa Logan. Son appartement n’a rien de luxueux : il ressemble à peu de choses près à celui de ses collègues, pour la plupart logés en HLM. Mais au moins chacun de ses deux fils a sa chambre, de même que son épouse et lui. Fonctionnelle, la cuisine est équipée d’une cuisinière à gaz Indesit quatre feux, d’un grand placard, d’un réfrigérateur-congélateur Candy et d’un lave-vaisselle, également de marque Indesit, acheté en solde chez Promo Cash ; dans un angle de la pièce, un évier en inox à double bac est surmonté d’un chauffe-eau ELM-Leblanc. Attenante à la cuisine, une minuscule buanderie sert de séchoir à linge. La salle d’eau est équipée d’une douche. Les WC sont indépendants.

Le samedi est principalement consacré aux courses. Le matin, tandis que les garçons jouent sur leur Wii Nintendo ou envoient des SMS à leurs copains sur leur téléphone portable, M. et Mme Perret se rendent en voiture à l’Hypermarché Carrefour. Environ une fois par mois, ils vont également chez Picard pour renouveler le stock de plats surgelés, et chez Tang pour acheter des produits exotiques. Les Perret ne fréquentent quasiment plus le marché bi hebdomadaire, pas plus que les petits commerçants, le boulanger excepté, ainsi que le bureau de tabac lorsqu’il faut reconduire les grilles de Loto dans l’espoir de décrocher un jour le lot qui changera la vie.

Le dimanche est jour de loisirs. Après s’être usé les yeux sur leurs jeux vidéo, les garçons se rendent au stade ; tous les deux sont licenciés à l’ES Vitry section football, et c’est une excellente chose aux yeux de leurs parents car cela leur évite de traîner dans la cité en compagnie de Kevin et Idriss. De loin en loin, M. Perret et sa femme vont les voir jouer quand les rencontres ont lieu à domicile, particulièrement lorsque la météo est clémente. Le reste du temps, ils profitent de leur liberté pour sortir dans Paris, aller participer à un karaoké à Chinagora, ou se payer une toile aux Trois Robespierre.

De temps à autre, les Perret reçoivent. Cela se fait en général le samedi soir, le dimanche étant consacré aux repas en famille, soit à la maison, soit chez les parents de Mme Perret, à Malakoff. Les invités sont des collègues de M. ou Mme Perret, leur épouse et leurs enfants. On parle beaucoup de politique, en dénonçant les dérives libérales du Parti Socialiste et la tentation Front National manifestée par un nombre croissant de voisins, allergiques à la prolifération des commerces halal et des femmes porteuses de niqab, malgré les lois en vigueur. M. et Mme Perret sont résolument Front de Gauche et croisent les doigts pour que leurs compatriotes sortent enfin de leur léthargie politique. On parle également de football, et notamment du PSG, en condamnant les flots de fric du Qatar, cet état qui soutient sans vergogne les djihadistes du Sahel. Quant au cyclisme, gangréné par le dopage et les magouilles, il est l’objet de critiques virulentes, mais au contraire des Perret, la plupart de leurs amis continuent de regarder le Tour de France à la télévision.

Après avoir connu trois années de chômage et un début de dépression, M. Perret a retrouvé un job : il est électricien chez un artisan d’Ivry depuis deux ans. Mme Perret est hôtesse d’accueil dans une compagnie d’assurances installée à proximité de la Gare de Lyon. Pour se déplacer sans être trop gêné par les embouteillages, M. Perret utilise un scooter Yamaha, acheté d’occasion sur eBay. Mme Perret doit, quant à elle, combiner deux modes de transport pour se rendre à son travail : la ligne C du RER, puis la ligne 14 du métro ; elle possède un passe Navigo. Comparé à de nombreux collègues contraints matin et soir à de longs déplacements domicile-travail, les Perret ont conscience qu’ils sont privilégiés en termes de temps de transport.

Le temps des vacances venu, les Perret se rendent tantôt dans un gîte rural sommaire appartenant à des cousins paysans du Briançonnais, tantôt dans un centre Pierre-et-Vacances de Charente, grâce aux points cumulés par Mme Perret auprès du Comité d’entreprise de son employeur. En général, les garçons bénéficient de surcroît d’un séjour sportif en grande partie pris en charge par la municipalité. Cette année, ce sera un stage multisport. Les garçons sont impatients d’y être car l’école, c’est décidément « trop relou »…

 

Le paradoxe

1953. La famille Meynadier vit dans des conditions spartiates dans un habitat ancien dégradé. Mais c’est le lot commun des familles appartenant aux classes populaires. Certes, quelques immeubles de type HLM ont commencé à émerger ici et là, mais ils sont encore très rares. À toutes fins utiles, les Meynadier ont quand même déposé une demande à la mairie de Paris, mais l’employé ne leur a pas caché qu’il leur faudrait s’armer de beaucoup de patience avant de réaliser leur rêve.

En attendant, les Meynadier gardent un bon moral. Ils savent que, tôt ou tard, ils auront leur logement dans l’un de ces HLM où l’on dit que chaque appartement est équipé d’une baignoire-sabot, d’un WC privé, et même du chauffage central ! Et, qui sait ? peut-être disposeront-ils un jour d’un poste de télévision comme celui de M. Sabatier, le patron du café-charbon qui fait des recettes en or les jours de retransmission des évènements sportifs.

Les Meynadier sont d’autant plus confiants dans l’avenir que les filles sont sérieuses à l’école. Si elles continuent dans cette voie, elles décrocheront leur BEPC, voire leur baccalauréat. Tout leur sera alors possible, y compris entrer dans l’administration. M. et Mme Meynadier se prennent même à rêver de l’École normale d’instituteurs pour l’une des deux filles. Pas de doute pour eux : l’ascenseur social est en marche dans une société en progrès.

2013. La famille Perret vit dans des conditions correctes dans un habitat plutôt bien entretenu pour un quartier populaire de banlieue. Malgré leurs revenus modestes, les Perret disposent, dans leur appartement, d’un mobilier confortable et d’un équipement de bonne qualité tant en matière d’électro-ménager que de loisirs. 

Malgré cela, les Perret ont le moral en berne. Autour d’eux, les conditions de la vie en société se dégradent, à leur grand dam. Et les voitures brûlées au Nouvel an, ou les incidents entre communautés, ne sont évidemment pas de nature à embellir les perspectives d’avenir. Tel un fruit talé sur ce gâteau amer, le chômage ne cesse en outre d’augmenter ; quant aux salaires, ils stagnent quand ils ne baissent pas, du fait des mesures de flexibilité qui tendent à se répandre. Comble d’ironie, les médias ne cessent d’afficher le luxe dans lequel vivent les stars et les héritiers. 

Les Perret sont malgré tout assez confiants pour les études de leurs deux fils. Certes, les garçons affichent un désamour de l’école, mais c’est plus pour faire chorus avec leurs copains qu’en raison d’un véritable rejet. Confiants pour les études, les Perret le sont nettement moins pour la suite. Qu’adviendra-t-il de leurs gamins ? Quel que soit leur diplôme, feront-ils partie de cette génération que l’on dit vouée à un inexorable déclassement social ?

« Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable », écrivait Nicolas Boileau dans L’art poétique. Puisse le contraire se vérifier dans cet avenir auquel seront confrontés nos enfants !

 



214 réactions


  • devphil30 devphil30 4 février 2013 10:17

    Votre article est intéressant 


    A mon sens en 1953 les espoirs et les perspectives d’améliorations étaient présentes en terme de confort et d’évolution des conditions de vie.

    En 2013 , nous sommes dans la situation inverse où nous avons atteint le maximum du confort , nos perspectives sont plus vers une dégradation des conditions de vie liés aux phénomènes humains et environnentaux 

    Philippe 

    • Fergus Fergus 4 février 2013 10:22

      Bonjour, Devphil.

      C’est précisément ce paradoxe que j’ai voulu montrer, non sous la forme d’un austère article sociologique, mais en mettant en scène deux familles appartenant aux classes populaires à 60 ans d’intervalle. En 1953, l’espoir dans l’avenir dominait très largement. En 2013, ce sont les incertitudes, voire l’inquiétude, malgré de formidables avancées en termes de confort domestique.


    • jmdest62 jmdest62 4 février 2013 15:51

      salut Fergus

      "...Le samedi matin est consacré à la grande toilette. On utilise pour cela la lessiveuse remplie d’une eau préalablement chauffée sur la cuisinière ;..."

      j’ai vécu cela à la fin des années 50 (souvenirs ! souvenirs ! ) effectivement , beaucoup se contentaient de l’essentiel et travaillaient à améliorer le confort de leur famille et l’avenir de leurs enfants.
      Vous auriez pu ajouter que Meynadier mettait depuis plusieurs mois de l’argent de côté pour réunir le pécule nécessaire à l’achat d’une télé d’occasion .....à cette époque là , dépenser l’argent que l’on avait pas était impensable ....maintenant avec le petit <bonhomme vert > c’est ce qu’on veut quand on veut !!! et jack-pot tous les jours !

      On est en train de redescendre petit à petit les étages de la <pyramide de Maslow>
      du Besoin d’accomplissement de soi on en est revenu aux Besoins de sécurité pour le plus grand nombre et aux Besoins physiologiques pour de plus en plus de gens.....

      est_ce que l’on arrive à la fin d’un cycle ? j’espère

      cordialement

      @+


    • Fergus Fergus 4 février 2013 17:27

      Bonjour, Jmdest62.

      Les Meynadier que j’ai connus n’en étaient pas encore à économiser pour la télévision. Chez nous, l’« étrange lucarne » n’est entrée qu’aux alentours de 1962. Notre vieil immeuble avait été démoli et nous avions été relogés 4 ans plus tôt dans ce HLM tant convoité. En 1958, il n’y avait qu’une locataire, infirmière à Cochin et veuve, qui possédait un poste dans l’immeuble. Nous nous retrouvions chez elle à 10 ou 12 gamins, entassés sur le parquet devant le poste pour regarder les épisodes de Cochise.

      Vous avez raison , nous redescendons la pyramide de Maslow, et c’est une calamité. C’est pourquoi, comme vous, je croise les doigts pour que nous vivions la fin d’un cycle.


    • Fergus Fergus 4 février 2013 17:29

      @ Jmdest62.

      A l’instant, il me revient en mémoire que la série de Cochise s’appelait « la flèche brisée ».

      Bonne fin d’après-midi.


    • jmdest62 jmdest62 4 février 2013 18:55

      @ fergus

      et « Rintintin »

      @+


    • Fergus Fergus 4 février 2013 19:49

      @ Jmdest62.

      J’avais complètement oublié Rintintin. Merci pour cette madeleine !

      Bonne soirée.


    • La mouche du coche La mouche du coche 4 février 2013 23:00

      @ l’auteur,

      Votre article s’inscrit en majesté dans un cercle très petit d’articles sur Agoravox : ceux qu’on lit jusqu’au bout.

      Franchement, bravo. Il est merveilleux en nous racontant pour une fois réellement quelque chose. smiley


    • Taubrouk 4 février 2013 23:04

      N’est ce pas Flying Zone smiley


    • Fergus Fergus 4 février 2013 23:18

      Merci, la Mouche.

      Votre commentaire me va droit au coeur. Je suis ravi que mon texte puisse trouver des lecteurs intéressés.

      Bonne nuit.


    • davideduardo davideduardo 5 février 2013 00:39

      j ai le meme sentiment en voyant croitre les sudaméricains ou les africains.


      Ils ont l espoir d un futur meilleur qui leur apporte une certaine joie de vivre.
      Nous avons vécu le modele qu ils veulent atteindre, alors que ce modele nous nous en éloignons chaque jour pour aller vers un futur incertain , mais surement moins confortable.



      En résumé, on pourrait dire que nous avons besoin de croitre pour etre heureux ?

      matériellement cela risque d etre difficile.....

    • Asp Explorer Asp Explorer 5 février 2013 08:07

      « Nous avons atteint le maximum de confort »

      ...quand on appartient aux 10% de français gagnant plus de 2200 € par mois...


    • Fergus Fergus 5 février 2013 09:03

      Bonjour, Davideduarto.

      Ce que vous décrivez se vérifie partout hors du monde occidental du Nord. Et si la solution pour l’avenir se trouvait dans une croissance mesurée, alliée à un retour aux fondamentaux des besoins de l’homme, à un rejet de cette écume dispendieuse initiée et encouragée par le marketing consumériste ?


    • Fergus Fergus 5 février 2013 09:10

      Bonjour, Asp Explorer.

      Tout est relatif, et cette notion de confort dépend fortement de la part des revenus affectée au logement. Entre les quartiers centraux des grandes métroples, et a fortiori Paris, d’une part, et les petites villes de province, d’autre part, les conditions de vie diffèrent considérablement. Même avec des revenus modestes, une famille peut vivre dans un relatif confort dans une agglomération de 15 000 habitants alors que, pour assurer l’essentiel, elle devrait rogner sur des postes importants de son budget dans une grande ville.


    • davideduardo davideduardo 5 février 2013 16:53

      asp explorer


      apparemment vous avez un ordinateur, vous avez surement aussi un portable, l eau courante, une television, chaine hifi, frigo, l electricité, des chiottes décentes, le sol et les murs de votre logement sont en dur (non en brique d adobe) et meme peut etre une voiture...

      alors vous voyez , meme en gagnant moins de 2200 euros par mois vous faites plusieurs milliards d envieux.

    • davideduardo davideduardo 5 février 2013 17:00

      revenir aux fondamentaux ?


      j entend bien, mais le probleme c est que la plupart des gens ne veulent pas des fondamentaux, au contraire il veulent toujours plus.
      comment croitre sans toujours plus de confort matériel ?
      Ne plus vouloir de croissance matérielle mais une croissance spirituelle ou intellectuelle

      c est l homme dans son essence qui devrait changer

      vaste projet....

    • davideduardo davideduardo 5 février 2013 17:03

      revenir aux fondamentaux ?


      j entend bien, mais le probleme c est que la plupart des gens ne veulent pas des fondamentaux, au contraire il veulent toujours plus.
      comment croitre sans toujours plus de confort matériel ?
      Ne plus vouloir de croissance matérielle mais une croissance spirituelle ou intellectuelle

      c est l homme dans son essence qui devrait changer

      vaste projet...

    • Fergus Fergus 5 février 2013 19:40

      Bonsoir, Davideduardo.

      Vaste projet, en effet.


    • babelouest babelouest 19 octobre 2020 08:03

      @La mouche du coche allez, je mets à la disposition de tous cette version adaptée à l’écran, d’un livre que j’ai auto-édité.
      Ça vaut ce que ça vaut.... j’ai supprimé le lexique de la fin, trop lourd avec les images.

      https://ti1ca.com/anzh2csg-Tete-ronde-pour-lecture-virtuelle-Tete-ronde-pour-lecture-virtuelle.pdf.html


  • LE CHAT LE CHAT 4 février 2013 10:36

    Salut Fergus ,
    j’ai lu avec plaisir ton article , il est vrai que les années cinquante voyaient les conditions s’améliorer après de longues années de pénurie , alors que celles que l’on vit actuellement les voient plutôt diminuer en raison de la crise et de l’effondrement du pouvoir d’achat ;
    à noter que le montant du loyer ne représentait que 15% des revenus contre 40% actuellement , la spéculation immobilière et le blocage des salaires pendant 3 ans dus au passage aux 35h sont une des raisons du malaise actuel .


    • Fergus Fergus 4 février 2013 10:52

      Salut, Le Chat.

      Au delà des difficultés nées de l’accroisssement du chômage et de la précarisation des emplois, tu as mis le doigt sur le problème majeur de notre époque : le coût de l’immobiler qui a entraîné des hausses sans précédent du montant des loyers, hausse dont les effets sont effectivement aggravés par la contraction des salaires.

      Le dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre traduit cette dégradation. Une situation inacceptable dans la 5e puissance économique mondiale où, malgré les richesses produites, le parc locatif social est dramatiquement insuffisant.

      Bonne journée.


    • escoe 4 février 2013 11:09

      > le blocage des salaires pendant 3 ans dus au passage aux 35h sont une des

      > raisons du malaise actuel .

      Quand le salarié français lit ça il rit pour ne pas avoir à en pleurer. Car la réalité est que les salaires réels sont en baisse depuis 1978.

    • Fergus Fergus 4 février 2013 11:13

      Bonjour, Escoe.

      Votre affirmation est contredite par les études qui mettent en évidence le temps de travail nécessaire pour acquérir des biens d’équipement domestiques ou une voiture.


    • Traroth Traroth 4 février 2013 16:42

      @Fergus : on ne vit pas que de biens d’équipement. D’ailleurs, vous le dites vous-même quand vous parlez de loyer. On pourrait ajouter la nourriture, l’essence, l’électricité, etc.


    • Croa Croa 5 février 2013 20:05

      «  Votre affirmation est contredite par les études qui mettent en évidence le temps de travail nécessaire pour acquérir des biens d’équipement domestiques ou une voiture. »

      C’est oublier que le standard de vie a changé !

      - Cette voiture plus facile à acquérir a créé un nouveau poste budgétaire et il est notable de voir que si la première famille modeste vivait en ville la seconde est en banlieue ! Pareil avec l’électricité qui en 1953 servait seulement ou presque à l’éclairage alors qu’aujourd’hui l’éclairage compte peu dans la consommation d’électricité.
      - à part ça il y a la nourriture qui coûte aussi moins cher sauf si on veut du comme autrefois, auquel cas c’est finalement plus cher que jamais et, en plus, introuvable si on n’habite pas une très grande ville !
      - Et l’exception à tout ça : Le logement ! Autrefois 1/5 du revenu des ménages modestes, maintenant carrément la moitié du revenu de cette catégorie de gens !


    • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 9 mars 2013 06:08

      @ escoefergus. Tout dépend de ce qu’on compare et de ce qui est comparable. depuis 20 ans 10 points de productivité sont passés du salariat au patronat. Warren Buffett n’a-t-il pas exprimé que la lutte des classes existait et que les riches l’avaient gagnée ?
      Quant aux chiffres qui peuvent être triturés dans des sens diamétralement opposés, l’un d’eux précise qu’une voiture basique a vu son prix multiplié par 10,5 entre 1960 et 2010, la baguette de pain 12 fois... sauf qu’une voiture ça ne s’achète pas tous les matins.
      Moyennant quoi, d’après certains, il faut s’en contenter voire se résigner vu que le salaire minimum a été multiplié par 35 entre temps, ce qui ne pourrait que conforter ceux qui pensent que Buffett est un doux rêveur ! 


    • Fergus Fergus 4 février 2013 11:31

      Bonjour ; Lyacon.

      Merci pour ces souvenirs. J’ai moi aussi mangé du foie, mais également de la cervelle, lorsque j’étais gamin. Quant à la soupe, elle faisait quasiment partie dun quotidien, et pas seulement en hiver.

      Pour ce qui est des tickets de rationnement, sauf erreur de ma part, ils ont disparu en 1952.


    • jmdest62 jmdest62 4 février 2013 15:56

      salut lyacon

      « ...le dimanche du poulet.. » 
      c’est vrai ! je me rappelle , le dimanche on se payait un repas de « Bourge » et on se régalait

      @+


    • Croa Croa 5 février 2013 20:13

      C’était peut-être vrai en Alsace et nous te croyons.

      Toutefois dans les petites villes et village du Sud-Ouest c’était exactement le contraire  !

      Les enfants jouaient dans la rue, parfois sur la route (il y avait beaucoup moins de voitures qu’aujourd’hui) jusqu’à tard le soir en été. Impensable aujourd’hui !


  • COVADONGA722 COVADONGA722 4 février 2013 11:07

    yep Fergus désolant pas vrai d’etre de la premiere génération à savoir que la vie le monde et la société sera plus dure à nos enfants qu’elle ne fut pour nous .Nos parent savaient que le monde s’ameliorait nous savont que les temps sombres arrivent !!!!
    yep , de nos défaites .....
    Asinus : ne varietur


    • Fergus Fergus 4 février 2013 11:35

      Salut, Asinus.

      Eh oui, ce constat désole nombre des gens de notre génération. Naguère, il appartenait aux jeunes d’aider les personnes âgées à s’en sortir. Désormais c’est le contraire, et cette réalité a quelque chose de choquant.

      Gardons quand même espoir pour les jeunes. En une ou deux décennies, les choses peuvent évoluer très vite...

      Bonne journée.


    • il y a quand meme une grosse différence entre 1953 et 2013 : la pyramide des ages. 


      Elle explique le poids des prélévements sociaux et donc du chomage (les charges sociales rendent le travail peu qualifié non rentable).

    • Traroth Traroth 4 février 2013 16:56

      @Eleusis Bastiat : ce que vous dites concernant la pyramide des âges est vrai uniquement si on rapporte les les prestations sociales au nombre d’actifs qui cotisent. Mais si on les rapporte au PIB, on ne peut s’empêcher de remarquer que la plus grosse part du fric disparait sans jamais avoir été soumis aux dites cotisations.


    • Croa Croa 5 février 2013 20:21

      Eulesis se trompe complètement : Autrefois le prix était le prix et il n’y avait pas de mise en concurrences comme aujourd’hui. L’économie était locale et il y avait beaucoup d’artisans.

      Le problème c’est le libéralisme, pas les cotisations sociales !


    • Fergus Fergus 5 février 2013 23:13

      Bonsoir, Croa.

      D’accord avec vous sur ce point.


  • gaijin gaijin 4 février 2013 11:52

    ouais z’ y va c’est de la science friction ton histoire ........
    déjà c’est l’histoire d’un mec il retrouve du boulot après trois ans de chômage et une dépression
    t’y crois toi ?
    le keum il est bourré de cacheton y risque pas de retrouve du boulot l’autre .....
    et pi une famille ou y a pas eut de divorce et ou ils sont les deux a bosser t’a trop regardé la p’tite maison dans la prairie ......faut arrêter quoi
    oh m’sieur ingals c’est 1983 ton histoire pas 2013 ........
    et puis « M. Perret ne se plaint pas...... »
    scuse moi ça se passe même pas en france ton truc .......


    • Fergus Fergus 4 février 2013 12:01

      Bonjour, Gaijin.

      La famille Perret est un exemple parmi d’autres. Libre à vous de penser qu’elle n’est pas représentative car c’est forcément vrai pour certains lecteurs si ça ne l’est pas pour d’autres. Il se trouve pourtant que je connais des gens qui vivent à Vitry, avec deux salaires modestes, dans des conditions très proches de celles-ci. De même que j’ai fréquenté, il n’y a pas si longtemps, d’autres banlieusards du sud et de l’est parisien. Cela ne relève par conséquent pas du fantasme. 


    • gaijin gaijin 4 février 2013 12:39

      bonjour
      oui bien sur qu’elle existe ! la question étant de savoir a quel point elle est représentative
      j’en connais de toutes sortes des perret mais des comme ça j’en vois de moins en moins .......
      dans la vie de mr perret l’essence a encore augmenté, ainsi que le gaz,pour l’ électricité il est prévenu c’est minimun 3% par ans sur dix ans, il est en train de comprendre que pour lui la retraite s’il y en a une ce sera a plus de 70 ans .......
      tous les jours en ouvrant la télé il apprend une nouvelle tuile et quand il rentre chez lui ( puisqu’il paraît que retrouver du boulot c’est possible et qu’après trois ans de chômage et de dépression sa femme l’a pas largué ) il croise les jeuns de sa cité en survet de marque ......
      alors ben oui il se se dit que la suite ça ne s’annonce pas bien
      mais c’est pas un paradoxe
      il est lucide smiley


    • Fergus Fergus 4 février 2013 13:18

      @ Gaijin.

      Je viens de répondre à votre remarque un peu plus bas, à la suite d’un commentaire que vous avez ajouté sous celui d’Alinea.

      Grosso modo, j’y explique que je n’ai pas cherché à montrer la famille représentative de la banlieue en 2013, mais une famille comparable, en termes de sociologie et de composition, à celle de 1953. Mon but étant de montrer la vision paradoxale de la société à 60 ans d’écart.

      Bonne journée. 


    • Traroth Traroth 4 février 2013 16:59

      @Fergus : vous reconnaissez donc qu’il y a un biais assez trompeur dans votre article. Parce que si la « famille 2013 » n’est pas forcément représentative d’une majorité des Français, celle de 1953 l’est tout à fait, je pense. Vous comparez donc deux choses qui ne sont pas forcément comparables...


    • Fergus Fergus 4 février 2013 17:50

      @ Traroth.

      Vu sous cet angle, il y a « un biais », en effet. Mais mettre en scène deux familles semblables aux deux périodes concernées est une approche différente, certes, mais qui m’a paru pertinente pour mettre en évidence le paradoxe.

      Cela dit, établir un parallèle entre la famille type de 1953 et celle d’aujourd’hui en milieux populaires serait un exercice très intéressant. Sans doute existe-t-il des études sociologiques pour l’illustrer. 


  • ecolittoral ecolittoral 4 février 2013 12:02

    Fergus doit être mon sosie.

    Saint Denis et le bus à plate forme. Montparnasse-saint Brieuc pour les vacances à la ferme en locomotive à vapeur. Les abattoirs de la Villette et le métro vert et rouge...en bois.
    LA télévision, LE lave linge, L’automobile, mais toujours le seau à charbon, 
     Le cheval Garçon qui part à l’abattoir et LE tracteur Renault qui arrive.

    Paradoxe ? Non, fin des illusions. Nous avons vécu une histoire en courbe.
    Cette augmentation de tout, ne pouvait pas durer et nous vivons la fin...aujourd’hui.

    Avant, on achète au marché du coin la bouffe qui est (encore) naturelle.(les grandes surfaces n’existent pas encore)
    Aujourd’hui on essaie de manger suffisamment et, si possible non toxique...pardon « bio ».
    C’est le terme à la mode.

    Avant on économise pour acheter la voiture. Aujourd’hui on vend sa voiture pour manger.
    Avant on part en vacances. Aujourd’hui on en a de moins en moins les moyens.
    Avant, sans instruction, il faut 2 à 3 jours maximum pour CHOISIR un travail.
    Aujourd’hui 1, 2, 3 ans pour un CDD...à mi temps. Et on prend ce qu’on trouve.
    Avant, les « politiques » se tiennent à carreau et font leur travail.
    Aujourd’hui, ils dorment(toutes tendances confondues) et ne sont plus décideurs.

    Nous avons vécu une histoire en courbe je le répète !
    Les fermetures de PSA, Michelin et leurs cohortes de sous traitants signent la fin de l’auto(!) mobile. Gandrange et autres pour alimenter quelles industries ?
    Le cheval avec ses deux hectares de « carburant » redevient économique...pardon « bio et écolo ».
    Le marché du coin...parcequ’on a plus de voiture.
    Demain, avec les « biocarburants » on paiera la baguette de pain 2 euros.

    1953 - 2013 Un début et une fin. Une lente ascension pour une chute d’actualité.
    Ailleurs ? En Chine. Une fulgurante ascension pour une chute aussi d’actualité.

    Ah ! Les vieux ! Toujours en retard sur leur(s) temps !


    • Fergus Fergus 4 février 2013 12:48

      Bonjour, Ecolittoral.

      Merci pour ces réflexions.

      Le fait est que la contrepartie des progrès techniques qui ont permis aux familles d’acquérir du confort domestique se trouve dans la dégradation des conditions d’accès à l’emploi.

      Tôt ou tard, la Chine connaîtra les mêmes effets. Et il se pourrait bien que cela permette à la vieille Europe de redresser la tête. Mais on en est encore bien loin...


  • alinea Alinea 4 février 2013 12:18

    Vous avez un tempérament plein de tempérance, si je puis me permettre ce pléonasme ; tout est en nuances ; gaijin a l’air de regretter que vous n’ayez pas forcé le trait ! Aucune nostalgie non plus, vous gardez la distance ; c’est à la fois très juste mais un peu superficiel à mon goût. Quant à la forme, j’aime beaucoup !


    • gaijin gaijin 4 février 2013 12:46

      alinéa
      non ( même si moi par contre je me suis laché ....)
      c’est juste que je trouve que son mr perret il ne colle pas avec mon réel et ce que j’observe autour de moi (alors que je ne suis pas cantonné a un milieu social mais que je navigue entre plusieurs .......)


    • Fergus Fergus 4 février 2013 12:53

      Bonjour, Alinea.

      Merci pour votre commentaire. Un peu « superficiel », écrivez-vous. Sans doute, mais comment ne pas l’être en optant pour cette forme et en limitant la taille du texte ? Mon objectif n’était d’ailleurs pas de me livrer à une analyse sociologique, mais, au travers de ces deux exemples, d’amener chacun à une réflexion personnelle, le cas échéant illustrée par des constats vécus.


    • Fergus Fergus 4 février 2013 12:59

      @ Gaijin.

      Je ne mets pas en doute le fait que ma famille Perret ne correspond pas à votre vécu.

      Cela dit, je n’ai pas voulu mettre en scène la famille type de l’habitat social de banlieue, mais mettre en lumière la manière dont vivent et ont vécu deux familles de même CSP et de même composition à 60 ans d’écart, afin de faire ressortir le paradoxe que j’ai énoncé en titre.

      Bonne journée.


  • julius 1ER 4 février 2013 12:24

    excellent article au demeurant assez drôle, mais quelle magnifique parallèle, par contre je n’ai pas pût déterminer s’il s’agissait de personnages fictifs, cependant il est très intéressant de faire ce genre de comparaison même si comparaison n’est pas raison !!!

    les gens de l’immédiat après-guerre vivaient dans un habitat dégradé du fait que le moyens financiers étaient consacrés à la reconstruction de l’appareil industriel tandis qu’aujourdhui les gens vivent dans un habitat dégradé du fait que pour la plupart, ils se foutent complètement de l’’entretien de la partie collective , il m’est arrivé de vivre dans des bâtiments qui n’étaient construits que depuis quelques années, mais qui avaient l’air d’être sortis d’une période intense de bombardements !!!!!!!!!!!!!!!!c’est malheureusement une triste vérité, lorsque le gens ne sont pas intéressés à la propriété des lieux , l’habitat se dégrade très vite............ 

    • Fergus Fergus 4 février 2013 13:11

      Bonjour, Julius

      Assurément, il s’agit de personnages fictifs. La famille de 2013 (et ses conditions de vie) n’en est pas moins inspirée de personnes de ma connaissance. Quant à la famille de 1953, elle est fortement inspirée de ce que j’ai vécu dans mon enfance : des conditions effectivement spartiates qui n’empêchaient pas les enfants de s’amuser aux aventures de Bibi Fricotin ou des Pieds Nickelés.

      Pour ce qui est des dégradations de l’habitat récent, il faut reconnaître qu’il existe de grandes disparités. Contrairement à ce que croient trop souvent les gens qui ne connaissent pas les banlieues, toutes les cités, tous les ensembles immobiliers sociaux, ne sont pas à mettre dans le même sac, et c’est heureux. Mais je reconnais bien volontiers qu’il y a d’énormes problèmes dans certaines communes, à l’image de Sevran où je me suis rendu à plusieurs reprises.


  • L'enfoiré L’enfoiré 4 février 2013 13:38

    Excellent, Fergus.

    Parler d’un temps que les moins de vingt ans (ici, presque 60) ne peuvent pas connaître.
    Cela m’a fait passer à Philippe Bouvard qui était hier à Vivement dimanche prochain.
    Tellement de choses étaient différentes.
     smiley

  • Excellent article qui remet bien les choses en perspective. 


    • Fergus Fergus 4 février 2013 13:48

      Merci, Eleusis.

      Je pense qu’il est toujours utile (voire nécessaire) de savoir d’où l’on vient et quel chemin a été parcouru.

      Bonne journée.


  • autre aspect interessant : en 2013, on achète une Logan fabriquée en Roumanie plutot qu’une Clio assemblée à Flins. 

    Cet achat (globalisé) n’est pas cohérent avec le fait de demander plus de protection sociale (nationale). 


  • alinea Alinea 4 février 2013 14:03

    Permettez-moi, Fergus, de faire un petit encart : ce sont vos dates qui m’ont sauté aux yeux et je voudrais vous faire lire un extrait de l’article d’Alexis Tsipras dans le Monde Diplomatique de ce mois-ci ; vous verrez, qu’au fond, nous ne sommes pas si éloignés de votre sujet :

    « Février 1953. La République fédérale d’Allemagne croule sous les dettes et menace d’entraîner l’ensemble des pays européens dans la tourmente. Préoccupés par leur propre salut, ses créanciers- dont la Grèce- prennent acte d’un phénomène qui n’ a surpris que les libéraux : la politique de la « dévaluation interne », c’est-à-dire la réduction des salaires, n’assure pas le remboursement des sommes dues, au contraire.

    Réunis à Londres au cours d’un sommet exceptionnel, vingt et un pays décident de réévaluer leurs exigences à l’aune des capacités réelles de leur partenaire à faire face à ses obligations. Ils amputent de 60% la dette nominale cumulée de la R F A et lui accorde un moratoire de cinq ans ainsi qu’un délai de trente ans pour rembourser. Ils instaurent également une « clause de développement » autorisant le pays à ne pas consacrer au service de la dette plus d’un vingtième de ses revenus d’exportation. L’ Europe vient de prendre le contre-pied du traité de Versailles ( 1919), jetant les fondations du développement de l’Allemagne de l’ouest après guerre.

    .. Voici donc ce que nous demandons pour la Grèce 

    • une réduction significative de la valeur nominative de sa dette accumulée

    • un moratoire sur le service de la dette afin que les sommes conservées soient affectées au redressement de l’économie

    • l’instauration d’une «  clause de développement » afin que le remboursement de la dette ne tue pas dans l’oeuf le redressement économique

    • la recapitalisation des banques, sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette du pays.

    ... »


    • alberto alberto 4 février 2013 14:24

      Oui Alinea,

      D’autant que l’Allemagne n’a jamais payé à la Grèce les montants dus au titre des dommages de guerre qui avaient , par ailleurs, été très minimisés sous pression des américains...

      Ce qui n’a pas dissuadé Merckel de refuser d’annuler les ventes de sous-marins à la Grèce et autres contrats autant ruineux qu’inutiles en la circonstance !

      Qui parle de vautours ?


    • Fergus Fergus 4 février 2013 15:48

      @ Alinea.

      Merci de rappeler cet épisode - ô combien éclairant ! - sur ce qu’il convient de faire pour réduire la dette qui étrangle une nation et son peuple. Le problème est que l’Allemagne de Merkel a la mémoire courte. « Avait » devrais-je dire car il semble que la Chancellière et ses compatriotes soient en train de comprendre qu’ils font fausse route en adoptant une position idéologique dure totalement contreproductive et... dangereuse pour eux. La solution, pour la Grèce, mais sans doute aussi pour l’Espagne et le Portugal, passera par les mesures que vous évoquez. Sans elles, l’Allemagne coulera elle aussi. Après les autres nations, mais pour toucher les mêmes abîmes économiques.

      Bonne journée.


    • jef88 jef88 4 février 2013 18:07

      @linea
      et l’allemagne de l’est ? elle a payé combien ?


  • foufouille foufouille 4 février 2013 14:10

    pour le boulot, sauf piston, ca parait peut reel

    pareil pour le lave vaisselle et les repas entre amis qui sont plutot rare (hors travail au noir)


    • Fergus Fergus 4 février 2013 15:58

      Bonjour, Foufouille.

      Il n’y a pas de norme pour trouver du boulot. Ici, un type méritant et bosseur va galérer des années pour trouver. Là, un chômeur récent va retrouver très vite un job sur un coup de chance, parce qu’il s’est trouvé au bon endroit au bon moment. Cela dit, le fait est que dans la conjoncture actuelle, mieux vaut connaître, par l’intermédiaire d’ami ou d’un parent, un patron ou un responsable de RH.

      Pour ce qui est du lave-vaisselle, tu peux en trouver en excellent état à moins de 100 euros chez Promo Cash.

      Enfin, pour les repas entre potes, cela dépend des tempéraments. Sur ce plan-là, c’est comme pour la religion, il y a les pratiquants et les autres. Et les pratiquants savent, s’ils connaissent des difficultés économiques, se contenter d’une pastachoute un peu maigre, arrosée d’un verre de rosé à 3,50 euros la bouteile.


  • foufouille foufouille 4 février 2013 14:16

    pareil pour la logan trop recente
    plutot une vielle voiture de 15 a 20a achetee d’occase


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:06

      @ Foufouille.

      Tu oublies que ma famille Perret n’est pas en réelle difficulté économique avec ses deux salaires et un loyer de HLM. Elle peut donc s’offrir une Logan à crédit, ce qui n’a rien d’un achat somptueux, même si nombre de nos compatriotes confrontés à la précarité n’ont pas les moyens de cet achat. Un sujet auquel je sais que tu es sensible, et je te comprends.

      Comme je l’ai indiqué à Gaijin, j’ai aligné la famille Perret de 2013 sur la famille Meynadier de 1953.

      Bonne fin d’après-midi.


    • foufouille foufouille 4 février 2013 16:26

      meme avec deux salaires, le risque me semble important
      surtout que pour un credit voiture, je pense pas qu’il y ait une assurance en cas de chomage (surtout avec le delai de carence)
      sans compter l’entretien plus cher


    • Croa Croa 5 février 2013 22:22

      Ta famille Perret est inconséquente et ce sont des pigeons qui se font rouler par la publicité ! Le crédit est une drogue qui laisse toujours des traces et on vit bien mieux sans ça et tant qu’il y aura des cons (relativisons : certains ont les moyens de l’être) pour ne plus vouloir de ce qui commence à passer de mode mais fonctionne pourtant bien, la chance du modeste c’est bien le marché de l’occasion ! smiley

      (Foufouille a raison.)


    • Fergus Fergus 5 février 2013 23:18

      @ Croa.

      De nos jours, il y a crédit et crédit. Ma dernière voiture, une modeste 206, je l’ai achetée neuve à crédit alors que je disposais de la somme nécessaire pour l’acheter comptant. Mais avec un crédit, la remise du garage était plus importante, et le coût global moins élevé. Comprenne qui pourra !

      Bonne nuit.


  • lemouton lemouton 4 février 2013 14:16

    Trés beau boulot Fergus.. smiley

    je viens d’y consacrer que 2 à 3min de lecture, because pressé par le temps..
    Mais vais y revenir bien plus longuement.

    Trés beau boulot..


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:08

      Bonjour, Lemouton.

      Merci pour ce commentaire. Nous aurons donc l’occasion d’en reparler.


  • alberto alberto 4 février 2013 14:45

    Salut Fergus,

    Ce que tu as omis de préciser, c’est que M. Meynadier, avant d’être coupeur de cuir cher un maroquinier de la rue du Temple, avait été magasinier dans une quincaillerie de la rue Legendre. Mais son patron était tellement casse-pieds, qu’un jour, n’y tenant plus il l’avait envoyé paître en lui collant sa démission : c’est ainsi que quelques jours plus tard il s’était retrouvé rue du Temple...D’ailleurs, il ne s’interdit pas, si le salaire de son nouvel emploi ne lui convient pas, de lorgner les petites annonces...

    Tandis que le pauvre M. Perret, lui, bien que pas très croyant, n’omet pas, au moins une fois par semaine , avant de rentrer chez lui, de déposer un cierge à l’église Saint Germain toute proche, afin que les Saints dans Leur grande clémence permettent que la boutique d’électricité où il travaille ne mette pas un vilain jour la clef sous la porte, comme tant d’autres !

    Autre temps, autres mœurs ?

    Bien à toi.


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:19

      Salut, Alberto.

      Je constate que tu connais très bien la biographie de MM. Meynadier et Perret.

      Non seulement le patron de Meynadier était unn casse-pieds, mais notre homme voulait faire du’une pierre deux coups : quitter le quartier (pourtant pittoresque) des Batignolles pour le Marais, et se rapprocher de chez lui.

      Quant à Perret, le fait est qu’il craint que la petite boîte de son patron ne mette la clé sous la porte, et cela d’autant plus que les Asiatiques gagnent du terrain dans le secteur et font appel à des compatriotes pour tous les boulots artisanaux.

      Bref, les temps sont durs.

      Bonne journée.


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:35

      Bonjour, Joyeusetés.

      Merci à vous pour ce commentaire. Un grand merci également pour ce très émouvant lien, en rapport avec les conditions de vie de la famille Meynadier. J’y ai retrouvé des scènes de mon enfance sur lesquelles je reviendrai sans doute un jour (la batteuse et les vendanges).

      A toutes fins utiles, je me permets de mettre en lien deux de mes précédents articles :  Je me souviens, ou la première expérience cinématographique d’un gamin de 10 ans à Paris, et 1965 : un dimanche au village, ou les rituels d’un village d’Auvergne.


  • La râleuse La râleuse 4 février 2013 15:26

    Bonjour Fergus,

    Quel magnifique article vous nous livrez là.
    Vous y dites TOUT et les commentaires que je lis disent le RESTE smiley
    Comment pourrais-je ajouter quoique ce soit qui soit original smiley  ?

    Je vais donc me contenter de partager sur ma page Facebook et envoyer le lien à quelques amis (un peu mammouths, qui refusent de s’inscrire sur ce qu’ils considèrent sitaragots / sitagogos) qui seront, tout comme moi, enchantés de vous lire.

    Cordialement,


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:48

      Un grand merci à vous, La Râleuse.

      En réalité, tout est loin d’être dit. Dans un lien que je viens de mettre en réponse à un commentaire de Joyeuseté, j’avais déjà décrit ce Paris des années 50, en faisant référence aux terrains vagues de la capitale et à un mystérieux atelier d’artiste.

      Merci pour ces liens sur Facebook. Puisse ce texte aider quelques lecteurs à se remémorer leur vie d’autrefois, à une époque où l’on supportait stoïquement les conditions les plus rudes : impossible par exemple de chauffer les logements durant les hivers 1954 et surtout 1956, année où la Seine, gelée en profondeur, s’était donné des airs de Moskova. Jamais à Paris le quartier de la Glacière (13e arrondissement), avec ses pavés recouverts de plusieurs centimètres de glace, n’avait si bien porté son nom !

      Bonne journée.


    • foufouille foufouille 4 février 2013 17:54

      en 85, j’ai connu -33
      le glacon dans le verre le matin


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 4 février 2013 18:08

      Si ton dentier trempait dedans, au moins tu as du avoir l’haleine fraiche ....


    • foufouille foufouille 4 février 2013 18:29

      j’imagines que un dentier aurait eu des problemes
      c’est pas fait pour se retrouver dans un bloc de glace


    • jmdest62 jmdest62 4 février 2013 19:28

      du sot @ la râleuse

      « ....Quel magnifique article vous nous livrez là.... »

      et notre ami Fergus apporte une réponse détaillée à tous (prsque) les commentaires , il ne se contente pas comme d’autre de réponse laconiques et de reformulation.....il échange sincèrement quoi !  smiley

      @ +


  • Yvance77 4 février 2013 15:44

    Super billet, Avox n’a pas à rougir de proposer de tels écrits. Chapeau bas Fregus !


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:49

      Bonjour, Yvance.

      AgoraVox, peut-être pas, mais en l’occurrence, c’est moi que vous allez faire rougir. Un grand merci à vous.


  • Francis, agnotologue JL 4 février 2013 15:49

    Bonjour à tous,

    j’ai lu sans déplaisir cet article très politiquement correct.

    Je ne crois pas que madame Meynadier faisait des ménages. Mais peut-être à Paris, oui. Pas en province. A l’époque, un salaire d’ouvrier faisait vivre la famille, et on avait sa fierté.

    Et je ne crois pas non plus que la famille Perret vote Front de gauche. Ou alors je n’ai pas compris l’article.


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:54

      Bonjour, JL.

      A toutes fins utiles, je vous informe que ma propre belle-mère était, à cette époque, femme de ménage chez des particuliers (médecins, dentistes, architectes). Elle n’était pas la seule.

      Je ne comprends sur quoi vous basez cette affirmation selon laquelle les Perret ne pourraient pas voter Front de Gauche. Merci de m’éclairer.

       


    • Francis, agnotologue JL 4 février 2013 19:20

      Fergus,

      deux points :

      Les Perret : si j’ai bien compris, ils sont représentatifs des classes moyennes inférieures. Les plus nombreux donc. Où étaient-ils lors des dernières présidentielles. Derrière le FDG ? Non ! JLM n’a fait que 10% .

      En 1953, les mères de familles n’avaient pas les machines que nous connaissons aujourd’hui. Des chercheurs ont chiffré à 7 le nombre d’esclaves qu’elles remplacent. Autant dire qu’une mère de famille qui n’était pas spécialement un bourreau de travail avait largement de quoi faire à la maison.


    • Fergus Fergus 4 février 2013 20:06

      @ JL.

      Deux choses :

      1) Je vous informe que Vitry a une tradition communiste ancienne et solidement ancrée. Au 1er tour de la présidentielle, Mélenchon y a réalisé près de 21 %, soit à peu près deux fois mieux que la moyenne nationale. Le vote des Perret n’a par conséquent rien d’une surprise.

      2) Vous avez raison : entre la cuisine, le ménage et les lessives, les mères de famille n’avaient pas beaucoup de temps à consacrer à un travail extérieur lorsqu’elles avaient des enfants en bas âge (d’autant plus qu’il n’y avait évidemment pas de couches jetables à l’époque). Mais il arrivait que ces femmes travaillent à temps partiel lorsque ces enfants avaient un peu grandi. Cela a été le cas de ma mère, de quelques voisines et, comme je l’ai écrit dans un autre commentaire, de ma belle-mère qui allait faire des ménages dans les quartiers bourgeois.


    • Croa Croa 5 février 2013 22:49

      Oui, tout à fait surtout dans les petites villes, jusqu’aux années 60 la plupart des dames étaient femmes au foyer. Cela ne veut pas dire que nos mères ne foutaient rien, au contraire car il y avait plus à faire à la maison à cette époque :
      - Il fallait cuisiner car les pizzas et autres trucs surgelés étaient totalement absents de l’univers de l’époque. Comme il n’y avait pas de frigo les courses c’était tous les jours !
      - Il fallait aller au lavoir un fois par semaine (quoique aux années 50 c’était déjà un truc de vieilles bien que les lessiveuses ne soient pas tellement mieux.)
      - Les femmes étaient aussi couturières car les vêtements coûtaient chers et on ne jetait pas un pantalon pour quelques boutons perdus : On réparait !  


    • Fergus Fergus 5 février 2013 23:21

      @ Croa.

      On reprisait les chaussettes et on ravaudait les vêtements.


    • babelouest babelouest 19 octobre 2020 19:25

      @Fergus un peu plus haut, j’ai mis le lien vers ma vie d’enfant, si cela intéresse quelqu’un (le livre existe au format papier, à la demande). C’est l’époque où, dans mon village, le seul téléphone (avec opératrice) était « à la poste ».


  • Martha 4 février 2013 15:49

    Bel article, travail bien documenté, riche d’images savoureuses. Le choix cette photo, devenue rigolote, d’un autobus à plateforme, est excellent. Tout un univers qui à inspiré poètes et chanteurs de cette époque.
     Pourriez-vous faire une troisième fiction-réalité : 2023, dix ans après la loi Taubira ?*

    * une fiction de plus, mais à l’évidence on y va à grands pas....


    • Fergus Fergus 4 février 2013 16:59

      Bonjour, Martha.

      Merci pour ce commentaire.

      Un 3e volet, dix ans après la Loi Taubira, pourquoi pas ? Ce pourrait être un exercice intéressant.

       


    • Oursquipense Oursquipense 4 février 2013 17:00

      Pour l’amusement. Mes respects à l’auteur de cet article que j’ai bien apprécié.

      Printemps 2023.

       

      M. Casper - Gentilfantôme, son époux, ses deux filles issues d’un premier mariage, son beau-fils et ses trumeaux (ce sont des jumeaux mais ils sont trois !) obtenus grâce à un don d’ovocyte fécondés par sa semence ainsi que celle de son époux (comme c’est possible depuis 2019) - habitent dans un appartement de 5m2 en triplex à la Défense. M. Casper-Gentilfantôme ne se plaint pas car depuis que le gouvernement Hollande de la seconde présidence Sarkozy à multiplier la taxe d’habitation par 58 plus l’appartement est petit mieux ça vaut. Du coup la famille dort dans la cage d’escalier, comme tout le mode le fait maintenant. Lorsque l’hiver arrive il faut avoir un pyjama duveteux ou se coucher tous dans le même duvet pour avoir chaud.

       

      M. Casper-Gentilfantôme s’estime pourtant chanceux car il est locataire d’un trois pièces. Il dispose même, au sous-sol, d’une cave qui ne s’ouvre pas car on a perdu la carte magnétique qui en permettait l’ouverture. Pour manger il suffit d’appeler sur son portable une des milliers d’adresse qui proposent de la nourriture à pas cher. Chacun du reste commande ce qu’il veut puis regarde ce qu’il veut sur son portable à hologrammes. On ne parle pas dans la famille Casper-Gentilfantôme mais on s’envoie des mails pleins de lols très souvent. Enfin entre les parents et les enfants, car aucun membre de la fratrie ne regardant les autres comme membre légitime de la famille il n’existe plus aucune communication d’aucune sorte entre les plus jeunes, du moins le croient-ils.   

       

      Le samedi matin est consacré à la gestion des comptes internet divers et variés (comme tous les autres matins et tous les autres après-midi, du reste). C’est à cet occasion que la seconde fille de M. Casper-Gentilfantôme a branché, sur un site de rencontres multiples réservé aux adolescents, l’un des trumeaux, sans qu’aucun des deux ne s’en soient encore rendu compte. Virtuellement ce couple de tourtereaux semble devoir filer le parfait amour, bien qu’ils ne soient pas du même sexe, ce qui est devenu totalement démodé. Une fois par mois, l’octuor Casper-Gentilfantôme se rend à la bourse aux familles, histoire de voir s’il n’y a pas possibilité d’échanger un des membres de leur famille contre un élément un peu plus intéressant à tout point de vue (espérance salariale, beauté et même, soyons fou, procréation naturelle). Mais, en raison de la forte demande, la famille n’a pu procéder à aucun échange, aucun de ses membres n’étant pour l’instant assez coté.

       

      Le dimanche est le jour « sans famille ». Chaque membre cède à ses passions, en tout égoïsme et revient alors rassasié, prêt à se replonger dans le giron familial si douillet de ses années 20. Quel bonheur de pouvoir faire ce que l’on veut. Toutes les œuvres écrites et enregistrées sont disponibles gratuitement mais, depuis qu’il est possible de changer l’intrigue des romans et les acteurs dans les films plus personne ne lit ou ne voit la même chose. Donc personne n’en parle. Chaque sensation est unique et personnelle. Pourquoi et comment en discuter avec un tiers ?

       

      De temps à autre, les Casper-Gentilfantôme reçoivent. Les invités sont souvent des ex, voir des ex d’ex, venus prendre l’apéritif. C’est désuet de recevoir plus de 30 minutes désormais.

      M. Casper-Gentilfantôme est parieur professionnel sur le net, son meilleur coup est d’avoir parié sur la victoire du vieux Richard Gasquet à Roland-Garros 2021. Du 250 contre 1 avec comme apothéose une victoire sur Rogel Fédéral (le fils adoptif de Roger Federer et Rafaël Nadal, mariés depuis 2017). Pour se déplacer, M. Casper-Gentilfantôme prend le tram. Depuis que les voitures sont interdites en ville sous peine de mort, il n’y a pas le choix de toute manière.

       

      Le temps des vacances venu, la famille se disperse un peu partout dans le monde en fonction des soldes des voyagistes. Grâce au portable M. Casper-Gentilfantôme sait où se trouve tout son monde en temps réel et il peut leur envoyer des mails plein de lols (et parfois il obtient une réponse). En cette année 2023, M. Casper-Gentilfantôme est très inquiet car les 6 cracks boursiers de janvier ont bien entamé son portefeuille d’action. De plus il traverse une période de poisse : même le XV de France a réussi à perdre son match du tournoi des 7 nations et demi contre l’Italie. L’avenir de sa progéniture il n’y pense pas, cela lui crée trop d’inquiétude. Vivre au jour le jour est sa devise.


    • jef88 jef88 4 février 2013 18:12

      génial !
      maintenant vite 2063 !!!


    • Fergus Fergus 4 février 2013 19:18

      Bonsoir, Oursquipense.

      Excellent ! Je me suis beaucoup amusé en lisant certains passages, entre autres celui qui concerne Roger Federal.

      Le pire est sans doute que ce texte ne restera peut être pas totalement une fiction. A suivre...

      Un grand merci pour ce 3e volet.


    • Fergus Fergus 4 février 2013 20:07

      Bonsoir, Jef88.

      Pour 2063, je crains le pire !


    • bakerstreet bakerstreet 5 février 2013 00:50

      Bravo, fergus autant qu’à Oursequipense qui n’hiberne pas l’hiver.

      Tachons de comparer les conditions de vie des ours, disons blanc, en 1953, et en 2013

      En 53, la famille Oursequipense vit dans une partie du Groenland indemne.
      Des Vikings ont bien tenté de vivre presque un siècle à ce niveau du cercle polaire, mais c’était très longtemps. On trouve tout de même des cartes postales d’Erik Le rouge au café du pôle, mais c’est juste pour la légende, le fun, et se rappeler de la tête de ces quidams, à la tête de leur drakkar congelé, qu’on à transformé en tête de gondole au supermarché.

      Qui serait assez con pour venir se les geler, depuis que la température a encore baissé.
      La famille Oursequipense voit l’avenir de façon très optimiste.
       Il y a bien quelques eskimos qu’on croise, sur le chemin de la banquise, mais ces hommes qu’ils prennent plutot pour la même famille que la leur, chassent le phoque. Un bon moyen de se faire des devises : Les ours apprennent à marcher à ces petits homme encapuchonnés sur la glace : Là où un ours passe, même s’il fait sa demi tonne, il faut regarder où il met les pattes ; car avec vos 60 kilos vous passeriez facilement au travers.
      Le rythme de vie est cool : On mange du poisson à foison, et l’hiver, on dort le nez dans le cul de l’autre, meilleur façon de garder la chaleur, de faire de bons rêves, et d’être heureux ensemble.

      Début 2013 : C’est la cata.
      Le grand père se souvient bien de l’époque heureuse, mais ne radote t’il pas un peu.
      Depuis que la température a monté, tout va de mal en pis.
       Et si ce n’était que ça. C’est inouie, mais les inuits ont maintenant renoncé à leurs igloos. Ils ne vont plus à l’épicerie du coin remplir leur saut de poisson en creusant un trou dans la glace. Ils ne savent même plus que les ours blancs sont sacrés !
      Depuis qu’ils ont acheté des chemises à carreaux, ils se déplacent en scooter, boivent comme des trous de la vodka. Ils semblent avoir oublié tout leur passé d’indien des neiges, et se prennent pour des trappeurs canadiens. Le dimanche, ils tirent avec leur fusil sur la famille Ours, qui s’approche peut être un peu trop des poubelles, pour manger les restes.

      Bientôt on fera passer une autoroute dans le détroit de Behring !
      On promet des stages de réinsertion.
      Des boulots de garde côte, ou d’animateurs pour les ours blancs qui resteront au pays sans faire de vague.
      Peut-être que les chinois ou les russes ne seront pas si méchant que ça, et leur donneront quelques boites de sardines, s’ils donnent la patte gentiment, s’ils acceptent de se faire photographier avec eux, en tenant pourquoi pas une bouteille de whisky !

      La famille ours qui pense pense à mettre maintenant les bouts.
      Mais pour où ?

      Qui peut croire qu’il y a un avenir ici !
      Qui peut accepter de vivre ainsi
      Le discours des technocrates qui ressemble à celui des bulldozers !
      Qui peut accepter de vendre sa peau à un vendeur de tapis pour nourrir ses enfants !
      Il faudrait fuir, avant que tout soi fondu, ou se barrer sur un iceberg !

      Passer en Angleterre avec les Afghans, en payant un passeur ?
      Mais qui voudra d’un ours à Soho ou à Whitechapel, pour faire la vaisselle.

      J’ai beau essayé d’en rire, c’est une histoire à pleurer
      Toutes ces peaux d’ours qu’on a déjà tué !
      Le monde se rétrécit à toute allure comme une peau de chagrin
      Ours brun, ours blanc, de quelle couleur seront nous ?


    • Fergus Fergus 5 février 2013 09:37

      Bonjour, Bakerstreet.

      Superbe texte que cette fable qui n’en est pas une car elle reflète la réalité écologique. Je vous engage vivement à le reprendre, en le développant, sous la forme d’un article.

      Le fait est que le Groenland revient à son état antérieur de pays vert, comme son nom l’indique. Mais les changements climatiques sont tellement importants que l’on va aller bien au delà de ce qu’ont connu les conquérants danois. Quant aux ours blancs survivants, ils vont bientôt ne plus avoir comme ressource qu’être des curiosités dans les zoos. Un peu comme les Inuits, réduits pour faire vivre leur culture, à des attractions pour touristes, à l’image des Indiens d’Amérique.

      Reconnaissons toutefois qu’il y a des avantages au changement climatiques, comme par exemple l’ouverture de la route maritime à travers l’Arctique. Quant aux équilibres des biotopes, ils prendront une forme différente comme cela a toujours été le cas.

      Mais qu’adviendra-t-il de tous les ports et de tous les territoires, souvent très denses en population, qui seront touchés par la montée des eaux ? Là se trouve sans doute l’une des questions les plus épineuses.


    • Oursquipense Oursquipense 5 février 2013 13:37

      Merci Fergus pour ton approbation (et peut-être plus tard pour ton adoubement) et bravo à bakerstreet avec un jet à la fois poétique et prenant.

      Et toujours pour l’amusement :

      Printemps 2063

      Chose XR7824 (depuis 2035 il est interdit de différencier les sexes, ceci est vu comme une insulte à la personne. De même conserver un nom de famille alors que l’on est forcément unique serait reconnaître que vos ascendants auraient pu avoir la moindre influence sur vous ou que vous même en tant que géniteur pourrait en avoir sur votre progéniture. Un code alphanumérique tiré aléatoirement est bien suffisant) vit avec ses épouses et époux et une partie de leur descendance commune, au demeurant impossible à identifier précisément tellement il devient impossible de savoir qui est le géniteur de l’autre depuis la loi Jordy de 2045 qui interdit d’associer un enfant à ses parents biologique pour des raisons d’égalité. Donc Chose XR7824 vit quelque part mais la simple mention d’une adresse étant devenu depuis des années un élément considéré comme discriminatoire, nous ne savons pas ou Chose vit.

      Chose XR7824 communique avec les membres de sa famille par le biais de la puce que chacun porte obligatoirement depuis une dizaine d’années. C’est très pratique cette puce : on sait qui est où, ce qu’il pense, s’il ment ou pas lorsqu’il parle, combien de chiracs il a sur son compte (les chiracs sont devenus la monnaie officielle du monde entier) et surtout sa position sociale dans l’organigramme universel qui détaille la position des 25 milliards d’humains. Chose XR7824 figure dans les dernières branches de l’organigramme et cela pourrait entraîner son arrêt définitif par le gouvernement mondial des Gentils Gouverneurs.

      Ce serait pourtant dommage de ne plus pouvoir profiter de tous les bénéfices de la société de l’époque. En premier lieu plus personne ne travaille, les robots ont pris le relais depuis longtemps et produisent en silence tout ce qu’il y a à produire. De plus cela fait trois décennies que la drogue nommée « Absolutis » permet à chacun de vivre sans se nourrir ni boire (ce qui évite au passage les pénibles actions que représentaient la défécation et l’exécrétion d’urine), sans jamais être malade tout en ne vieillissant presque pas.
      Mais bon, il faut bien éliminer quelques « choses » de temps en temps, d’autant que la conquête spatiale s’est avéré être un énorme fiasco. Non seulement aucune planète n’a été découverte mais en plus les quelques extra-terrestres que l’on a pu contacter et comprendre ont obstinément refusé de faire le moindre geste vis à vis de la Terre. En fait leur message a été clair : « Ecoutez, ça fait des centaines d’années que la majorité d’entre vous ne croient pas à nous, pourquoi croirions-nous à vous un seul instant ? ».

      Bref, le nombre de places sur Terre est limitée et comme il devient rare qu’une personne meurt de sa belle mort, il faut bien trouver un moyen d’éliminer parfois quelque chose et l’organigramme universel est le meilleur moyen pour ça.

      Chose XR7824 et sa famille (dont on précise à nouveau qu’il connait assez mal les contours) ne sont cependant pas inquiets. « Absolutis » , en plus de conférer une longévité impressionnante, empêche de ressentir la moindre émotion que ce soit. Par conséquent si on n’aime pas, si on n’apprécie personne en particulier, on a aussi l’énorme avantage de n’avoir jamais peur et de ne soucier de rien. Les Gentils Gouverneurs sont là pour ça.


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