vendredi 25 avril 2014 - par Robert GIL

Alors, on fait quoi ?

Dans la mise en œuvre de sa stratégie, la grande bourgeoisie française ne cesse d’aller plus loin dans tous les domaines du recul social. Si elle procède à des adaptations qui tiennent compte de l’évolution de la crise, ses objectifs demeurent fondamentalement les mêmes. Une seule chose progresse, la recherche effrénée des profits. Et de quelle façon ! Mais c’est bien le but recherché.

Ceci est parfaitement mis en lumière par les différents magazines économiques qui accumulent les superlatifs : « explosion des profits », « fantastiques profits », « véritable feu d’artifice », « année de tous les profits ». Pendant ce temps, les travailleurs et l’ensemble des salariés subissent de plein fouet les conséquences des choix imposés par le grand capital et les gouvernements successifs. Pour les salariés, pour la masse des gens, c’est l’austérité atteignant pour certains l’intolérable.

Oui c’est bien l’austérité et le déclin, contreparties des choix opérés en faveur du profit et des facilités accordées au capital. Oui, il en résulte tout un ensemble d’agressions sociales, on nous oppose les uns aux autres pour la plus grande tranquillité de nos exploiteurs. Les politiques menées le sont contre l’emploi, contre le pouvoir d’achat, elles sont le fruit du recul social. Durant ces années, cette politique a été menée sous des habillages successifs : assainissement, modernisation, puis, adaptation aux contraintes extérieures.

Aujourd’hui, c’est au nom de l’Europe que patronat et gouvernement la poursuivent. Mais cette fois il ne s’agit plus seulement d’un prétexte. C’est un objectif concret, qui se met en place, et interfère de plus en plus sur la réalité économique et sociale de notre pays. Comment dissocier par exemple au niveau de la fiscalité ce qui se fait contre les petits gens et les salariés de ce qui est fait pour le bénéfice du capital français ? Qu’en est-il de l’ « harmonisation fiscale » projetée au niveau européen ? Au profit de qui se fera-t-elle ?

Il est étonnant de constater que les mêmes balivernes sur « le coût du travail cher » et « le coût des services publics » véhiculées par les médias et reprises par les organisations patronales continuent à avoir de l’audience parmi la population. Les citoyens de ce pays ne se rendent-ils pas compte que ce discours est construit contre eux, qu’il sert à les culpabiliser afin de leur faire accepter de nouvelles régressions sociales ? Les salariés de ce pays veulent-ils réellement travailler plus pour gagner moins et dire adieu à toute protection sociale ? Sont-ils prêt à faire des sacrifices afin de remplir un peu plus les caisses du patronat, et à ne rien laisser à leurs enfants, contrairement à nos anciens qui se sont battus pour nous ?

En diminuant l’impôt des plus riches, en majorant la contribution des couples salariés, en assujettissant à l’impôt les Français les plus pauvres qui en étaient exonérés, c’est bien aux exigences de la grande bourgeoisie française que répondent celles de la construction européenne avec la complicité de notre personnel politique. Des services publics détournés de leur vocation naturelle qui est d’être au service des gens et de leurs besoins, démantelés, reconvertis en fonction des intérêts du grand capital. Les statuts annihilés, l’emploi public décimé. La recherche réduite à la portion congrue, asservie à la rentabilité financière, à la recherche du profit. La culture bradée, la création soumise à la concurrence sauvage des sous-produits américains, par des mesures comme celle qui fait disparaître les quotas de 60 % d’œuvres européennes sur les télévisions des pays d’Europe.

C’est donc bien en se servant du prétexte de l’Europe que le grand capital et les gouvernements successifs mettent en place aujourd’hui une véritable agression généralisée contre les classes populaires. L’Europe qu’ils veulent en vérité, c’est une Europe faite sur mesure pour favoriser la valse des OPA, des licenciements et des délocalisations. Dans cette Europe du fric, des entreprises, des villes, des régions, peut-être des pays seront sacrifiés. Mais au-delà des contradictions, des rivalités, des affrontements entre capitalistes, dans cette jungle où régnera la loi du plus fort, le gibier ce sera avant tout les salariés.

Au nom de la dette, impératifs économiques et compétitivité sont autant de prétextes pour de bons apôtres qui ne pensent qu’à liquider au nom de l’Europe des conquêtes sociales qu’ils n’ont jamais digérées. Il s’agit bel et bien d’éliminer tout ce qui peut entraver la course à des profits toujours plus grands, dont les capitalistes ne sont jamais rassasiés. Malgré les dizaines de milliards de cadeaux de toutes sortes, P.Gattaz, le Président du Medef demande maintenant 100 milliards supplémentaires. Ils n’en auront jamais assez, il est temps de réagir, il est temps de dire stop ! Se battre ou mourir ne seront bientôt que les seules alternatives !

YAN HAMAR

http://2ccr.unblog.fr/2014/03/25/recul-social-ou-en-sommes-nous/

 



24 réactions


  • jaja jaja 25 avril 2014 18:59

    Alors on fait Quoi ? On travaille à construire une vraie gauche exigeant la socialisation des moyens de production et d’échange... (Y compris des terres agricoles trustées par les grands capitalistes fermiers)...

    On partage le temps de travail et les richesses de manière égale entre toutes et tous !


    • asterix asterix 26 avril 2014 09:32

      Et tu crois vraiment que le paresseux, le profiteur, va subitement se sentir pousser des ailes pour devenir un bon travailleur modèle ? Modèle et obéissant, surtout obéissant.
      Et que les nouveaux chefs ne vont pas se conduire de la même manière que leurs prédécesseurs ?
      Et que le petit malin ne trouvera pas le moyen de se sentir encore plus réac’ révolutionnaire que les autres ?
      Et que les militaires ne vont pas profiter de l’aubaine ?
      Trop angélique - ou démoniaque - ton programme. Irréaliste...
      A moins qu’il ne devienne dictatorial.
      La dictature du prolétariat, celle des chefs du prolétariat.
      Il n’y a pas de socialisme possible sans adhésion de tout un peuple.
      Autant dire jamais !
      Monolythisme quand tu nous tiens...
      Donne-moi un seul exemple où ta société idéale ( idéale à ta sauce ) a réussi.
      Oui, rien qu’un seul.


  • Garance 25 avril 2014 19:27

    Tout à fait Jaja :

    Le Kolkhose y a que ça de vrai

    Encore que le Kibboutz c’est pas mal non plus

    C’est comme tu veux tu choises


    • jaja jaja 25 avril 2014 19:38

      Je parle de socialisation et non de simple nationalisation ceci dans le but de marquer une nette différence avec le kolkhose dans la mesure où les socialisations doivent être une appropriation collective de l’outil de production par les travailleurs eux-mêmes et non pas être dirigées par des Nomenklaturas toutes aussi exploiteuses que nos anciens maîtres renversés....

      Le Kibboutz n’est qu’un instrument de colonisation et n’a rien à voir avec l’appropriation collective des moyens de production...


  • foufouille foufouille 25 avril 2014 20:52

    « Se battre ou mourir ne seront bientôt que les seules alternatives ! »

    tu as des armes ? c’est pas bien, si tu es de gauche
    seul les « fachos » en ont


    • jaja jaja 25 avril 2014 21:02

      Bof les seuls à s’en être servis contre le Capital c’est l’extrême gauche... Je vais pas te faire un dessin....


    • foufouille foufouille 26 avril 2014 08:28

      de vraies armes. et pas juste des bombes


    • asterix asterix 26 avril 2014 09:17

      D’accord avec Jaja ...à la seule différence près que l’extrême-gauche une fois arrivée au pouvoir ne s’est jamais attaquée aux représentants du grand capital, mais a toujours fait valoir son ire envers les patrons de petites entreprises, les seuls vrais créateirs d’emploi et les flics d’ancien régime qu’ils remplacent immédiatement par les leurs. Généralement, voyez Cuba, il pend ou fusille après procès expéditif, mais laisse partir les surpuissants recommencer sous d’autres cieux ...tout en s’accaparant au nom de la société mais en fait pour eux leur fortune. Sans compter que la bonne moitié des « révolutionnaires » ne sont que des opportunistes qui voient dans le grand nettoyage un moyen d’ascension sociale qui fait vite d’eux la nouvelle aristocratie de ceux qui, pas plus que leurs prédécesseurs, ne s’occupent du bien commun, les nouveaux oligarques dit-on !
      Et l’Histoire, hélas, me donne raison...
      Le pouvoir au bout du fusil ...à condition que ce soit moi du bon côté de la gâchette.


    • jaja jaja 26 avril 2014 10:58

      Là vous parlez des pays « du socialisme réel » et des Nomenklaturas les dirigeant... et dont les régimes politiques ne sont que des capitalismes d’État. Propriété « collective » mais fictive des moyens de production et répartition des fruits du travail selon sa classe sociale. Rien de changé pour les prolos ! Les Révolutions à venir balaieront tout ça...


  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 25 avril 2014 22:27

    « Se battre ou mourir ne seront bientôt que les seules alternatives ! »

    Se battre contre qui ?
    Son voisin ?
    Les immigrés ?
    Les vieux ?
    Les plus faibles que soi ?

    « La grande bourgeoisie française ».
    C’est hyper flou.
    Vous avez des noms, des adresses ? Une liste ?

    « Le grand capital ».
    C’est hyper vague.
    Vous avez des noms, des adresses ? Une liste ?

    C’est comme « la crise », mouarf ! Elle a bon dos, la « crise ». Super alibi, la « crise ».

    Vous réclamez du pouvoir d’achat mais vous êtes contre l’ « Europe du fric », quelle incohérence flagrante.

    Vous êtes comme tous ceux qui crachent contre les « riches » (sic) (mais qui sont incapables de citer un nom de « riche » d’ailleurs), mais qui ne disent rien contre le loto (voire l’encensent) ; finalement votre seul but dans la vie c’est l’argent, comme la plupart des français hypocrites, vous dénoncez les profits des autres (sans pouvoir d’ailleurs donner de chiffres), mais secrètement, vous ne rêvez que de vous les approprier.
    Totalement transparent.

    Le système entier est désormais corrompu, pourri, gangrené, irrécupérable ; aucune évolution concrète et salutaire ne pourra se faire sans une remise à niveau TOTALEMENT RADICALE.

    Allez, je vous donne la première étape :
    a) piratage du Trésor Public puis révélation publique des déclarations de revenus, avec nom et adresse, de tous les contribuables français, ainsi que de leur avis d’imposition. Ca permettrait d’y voir plus clair, non ? Mais je parie que vous seriez contre, bien sûr, comme la plupart des Français...

    Allez, demain, journée rouge au niveau des transports en Ile-de-France, et orange au niveau national, c’est la crise, hein ? Ah, non, les vacances de printemps...

    Quel immense foutage de gueule, tout ça...


    • mmbbb 26 avril 2014 09:51

      « piratage du Trésor Public puis révélation publique » Vous etes en retard d’une guerre Ceux qui ont du fric ont des conseilles d’ailleurs je vous cite un riche Pinault LVMH, sont capables de monter des montages financiers et de cacher des avoirs sous des cieux plus clement que la France Mais je ne crache pas contre les riches et je joue au jeux de hasard puique l’argent permet ce luxe : disposer de son temps et ne pas subir un voisinage au travail et familial qui vous pompent votre energie dans de basses querelles Je vous rejoins un peu sur votre propos etant issu d’une famille pauvre, ceux ci n’ont pas toutes les vertus Ils peuvent avoir des comportement tout aussi execrables qu’un bon bourgeois mais lutte des classes obliges le pauvre par nature est vertueux 


  • prolog 26 avril 2014 10:25

    Salut l’auteur,
    bon constat, rien à dire.
    On fait quoi ? pour moi, on continue à « réfléchir » pour cerner le problème car tant qu’on se pose cette question, c’est qu’on n’a pas en tête tous les tenants et aboutissants.
    Et on réfléchit de manière personnelle, pas pour les autres.

    Les riches se gavent parce que je joue à leur jeu truqué (la course à l’argent et au pouvoir). D’un autre côté, j’aimerais bien une solution qui me permette de gagner...
    Qu’implique ce jeu ? Est-ce vraiment possible de gagner sans qu’il y ait de perdant ? Ai-je vraiment envie de jouer ou est-ce juste une habitude ?

    Les réponses sont dans les questions mais il ne faut pas y répondre avec le cerveau qui est capable de dire un truc et d’en faire une autre. Les infos, une fois claires, fourniront une réponse dont on ne pourra pas s’éloigner :).
    A plus


  • zygzornifle zygzornifle 26 avril 2014 14:04

    On fait quoi ? On déterre les pavés de Mai 68 et on leur rentre dans le lard il n’y a que ça autrement on est fichu ......


    • Marc Chinal Marc Chinal 26 avril 2014 17:58

      Refusez d’utiliser de la monnaie, et leur pouvoir s’écroule.
      Pensez-y au lieu de vous enfermer dans la violence qui ne réussit qu’aux puissants.


    • Marc Chinal Marc Chinal 26 avril 2014 23:42

      Vivre en ville n’a aucun avenir. Mais les décisions pour les campagnes se font bien souvent en ville. Qu’est-ce que vous conseillez ?


    • Marc Chinal Marc Chinal 28 avril 2014 12:21

      Je vis sur les deux terrains. Mais ça aussi, ça doit vous dépasser...


  • straine straine 26 avril 2014 17:29

    La dernière grande taille date de 1789 c’est dire l’urgence de la situation  !

    Pourquoi tailler ?

    Les vignes non taillées deviennent des lianes, formant des buissons ou rampant sur le sol en l’absence de tout support naturel mais, dès que leurs vrilles arrivent à s’accrocher à des arbres, des piquets ou des murs, elles vont s’élever en hauteur pour gagner les sommets et étendre, si possible, leurs rameaux et leurs feuilles au soleil pour capter un maximum d’énergie. Les raisins peuvent être nombreux, généralement de petite taille, acides et d’une année à l’autre on enregistre des variations importantes de la production.

    Pour résumer, on peut dire que l’absence de taille hivernale entraîne l’impossibilité de produire un raisin et donc à plus forte raison, un vin de qualité.

    L’importance de la taille n’avait pas échappé aux anciens puisque Columelle, célèbre agronome latin du 1er siècle écrivait :

    « En quelques temps que le vigneron taille, il a trois choses principales à observer :

    la première : c’est le fruit de l’année

    la seconde : c’est le bois de l’année suivante

    la troisième : c’est la durée de la vigne

    La négligence de l’un de ces points peut porter un grave préjudice au propriétaire »



  • Marc Chinal Marc Chinal 26 avril 2014 17:45

    Tous ces idiots qui continuent de jouer les « rebelles » tout en continuant à soutenir un système monétaire quel qu’il soit... C’est fascinant.
    .
    Vous n’avez donc pas compris les résultats des élections ?
    95 % des citoyens ne veulent plus de vos fausses solutions.
    (10 % de votes avec 50% d’abstention)


    • prolog 26 avril 2014 18:14

      C’est vrai qu’une partie de l’emprise actuelle des riches s’effondre si on lâche la monnaie.
      Mais la monnaie est un symptôme, si on soigne le symptôme la maladie reste. On est dirigé par la peur, l’égo, c’est pareil.
      Et une fois que le phénomène est compris en profondeur (on ne peut pas parler de peur sans parler de recherche du plaisir), il s’arrête et la monnaie peut redevenir l’outil qu’elle a été au départ (si ca a existé un jour :) ).


    • Marc Chinal Marc Chinal 26 avril 2014 23:45

      Mais la monnaie n’a JAMAIS été un outil de partage. C’est un outil pour exacerber les peurs et les ego. La monnaie est un système qui pousse à la rareté et non à l’abondance (ce qui est trop répandu ne vaut rien), or vous avez peur de quoi ? De manquer. Et les ego sont starifiés à cause de quoi ? Du fric.
      La monnaie n’est pas un symptôme, c’est l’outil qui nous mène dans le mur.


    • prolog 27 avril 2014 09:34

      D’accord avec vous sur l’utilisation actuelle de la monnaie. Et possible que ca n’ait jamais été un outil de partage.
      En revanche, on n’a pas peur DE quelque chose, c’est juste ce que notre façon de penser actuelle a créée.
      Pour moi, on a peur. tout court.
      On a peur parce qu’on imagine des futurs et qu’on vit dedans tout le temps. Impossible d’imaginer des futurs agréables (recherche du plaisir) sans imaginer que ca va rater (peur).
      Le problème est dans nos habitudes de pensée...heureusement pour tout le monde car le souci est individuel, malheureusement pour tout le monde car on est habitué à rejeter la faute sur les autres.
      Il suffit de regarder, ce mécanisme opère pour la monnaie comme pour tout ce qu’on fait. Ce mode de pensée transforme tout en compétition dégueu, comme le boulot, le couple, les relations avec les gens, l’argent...


    • Marc Chinal Marc Chinal 27 avril 2014 16:41

      <<<ce mécanisme opère pour la monnaie comme pour tout ce qu’on fait. Ce mode de pensée transforme tout en compétition dégueu, comme le boulot, le couple, les relations avec les gens, l’argent...<<<
      .
      Je comprends votre analyse (du moins je crois comprendre), mais j’attire votre attention sur le fait que, comme chaque outil, un outil n’est pas neutre.
      .
      Comme pour un marteau qui est fait pour clouer, oui, vous pouvez aussi vous en servir pour assommer quelqu’un. Mais un marteau ne « roulera jamais » comme il faut.
      .
      Pour la monnaie, c’est la même chose. Elle permet le troc, une certaine forme de communication, mais elle pousse surtout à rendre envieux, à détruire l’environnement, à générer du chômage, etc.
      Non ?


    • prolog 28 avril 2014 10:06

      Toujours l’oeuf ou la poule mais c’est une bonne remarque. Le besoin de quantifier et coter ce qui nous appartient est équivalent à être envieux et à vouloir arnaquer son voisin. Je l’avais pas vu comme ca.
      Ne serait-ce que parce que je me disais que, pour faciliter les échanges c’était un bon outil. Alors que c’est un outil qui fige les échanges donc même pas sur que ca les facilite.
      Merci de la réflexion (c’est suffisamment rare ici ;) ) et à la prochaine


    • Marc Chinal Marc Chinal 28 avril 2014 12:23

      La poule ou l’oeuf... Oui, éternel questionnement. Mais mettez des humains dans un environnement de dingues, ils deviendront dingues.
      Au plaisir...


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