lundi 1er décembre 2008 - par Eric Donfu

Au revoir Tanguy, bonjour Tarzan ?

Le film « Tanguy » d’Etienne Chatillez, diffusé ce dimanche 30 novembre sur TF1 a marqué son époque, mais ne peux plus témoigner, sept ans après, de la société actuelle. En effet, contrairement aux idées reçues, les enfants partent plus jeunes de la maison qu’il y a quelques années et l’autonomie est devenue la règle. Cependant, la phrase de la mère de Tanguy « « Tu es tellement mignon, si tu veux tu pourras rester à la maison toute ta vie ! » pourrait très bien transformer Tanguy en Tarzan. En effet, bien que quittant le domicile familial bien avant 28 ans, il pourrait y revenir après 35 ans, sous l’effet d’une recohabitation, après un divorce ou un licenciement par exemple. Explications du sociologue Eric Donfu.

Et si le logement familial était la liane à laquelle se raccrocher en cas de pépin dans la vie ? Et si être SDF, aujourd’hui, signifiait surtout être « Sans Domicile Familial » ? Dans l’histoire et dans le monde, le logement a toujours été une affaire de famille. Aujourd’hui, les jeunes ont du mal à se loger, les enfants – surtout les fils – restent plus longtemps à la maison, et les filles y retournent davantage en cas de crise conjugale, et pourtant… Loin de « l’effet Tanguy » ces dernières années confirment l’indépendance croissante des jeunes. En 2007, 16,8 % des jeunes de 25 à 29 ans vivaient chez leurs parents, contre 18,1% en 2003. (Source enquête emploi de l’INSEE du 1er au 4e trimestre 2007). Dans cette même étude, on relève que 64,5% des jeunes de 20 à 29 ans ne vivent plus chez leurs parents, soit 1,6 % de plus en quatre ans. En fait, alors que les difficultés s’accumulent pour les jeunes actifs, au point que 17% sont sous le seuil de pauvreté contre 13% pour l’ensemble de la population (INSEE 2005), l’autonomie est devenue une valeur centrale, même au prix fort. Ainsi, 29% vivent dans des logements trop petits contre 16% pour l’ensemble de la population. (INSEE 2005) Leurs parents ont la même volonté d’autonomie. Le total de ceux qui souhaitent vivre avec leurs enfants chez eux ou dans le même immeuble ne dépassait pas 2,5% en 1992 selon une étude de la CNAVTS (1992)

Moins d’Effet Tanguy, mais plutôt un effet Tarzan, à la suite d’un divorce ou d’un licenciement...

Chômage, précarité, découverts bancaires fréquents, retards de paiements, sur tous les plans, les jeunes cumulent les difficultés, à tout âge et même plus aisés. Mais ils ne renoncent pas à vivre et s’imposent moins de restrictions de consommation importante que leurs parents. Ils sont 26,6% à être en couple non mariés et 11,65% sont mariés. (INSEE 2007) S’il est vrai que les jeunes avec enfants s’en sortent moins bien que les couples sans enfants, ce sont d’abord les enfants seuls qui recohabitent quelques temps chez leurs parents, à la suite d’un divorce ou d’un licenciement. Les études nous démontrent aussi que ce sont d’abord ceux qui sont partis le plus tard du domicile familial, sont issus de familles peu nombreuses et de milieux populaires qui ont recours à ce filet de sécurité familial. Les Français sont de plus en plus propriétaires de leur logement principal, (56 % dont 35% sans emprunt en cours en 2002 contre 53,8 % et 30,3% en 1992). Le logement, affaire de famille, est bien un patrimoine familial mais il reste révélateur des inégalités. En effet, les familles de cadres anticipent de plus en plus l’insertion des jeunes par l’achat d’un logement, alors que les familles défavorisées n’ont que l’assistance ponctuelle pour les aider, le plus souvent en les hébergeant. En fait, la crise rapproche les générations mais accroit les inégalités entre les familles. 

Un nouveau poids va peser sur les solidarités familiales

Les nouvelles obligations des demandeurs d’emploi et la transformation du RMI en RSA se conjuguent maintenant avec une augmentation du chômage et même une baisse significative des offres d’intérim. J’ai parlé récemment d’un « impôt sur l’infortune » qui frapperait les populations fragiles. Le durcissement des conditions de crédits pour l’achat d’un logement ne devrait pas aider non plus leurs parents à les aider. Les difficultés à travailler et à se loger des familles monoparentales s’accroissent (1,76 million de familles sont composées d’enfants de moins de 25 ans et d’un parent, INSEE 2005). Elles sont dues aussi à leurs conditions de logement. En effet, seules 28% des mères de famille monoparentales sont propriétaires de leur logement, contre 63% des couples avec enfants. Elles ont des ressources plus faibles et résident le plus souvent en ville, avec des loyers chers. Leurs situations sont très différentes, mais on ne peut pas parler d’un retour chez leurs parents des jeunes isolés, parents ou non. Cependant, si l’Etat venait à rompre le filet social, si le nombre des exclus de l’assurance chômage et des prestations familiales venait à augmenter, alors, oui, nous verrions les solidarités familiales mises à l’épreuve. Car n’oublions pas que, quand les parents ont aussi des revenus modestes, ces difficultés s’accumulent. L’Etat ne peut pas compter sur le privé pour corriger les faiblesses sociales du public. L’un est dépendant de l’autre, et c’est bien l’Etat providence qui a renforcé les solidarités familiales.

Indépendance des jeunes, dépendances des plus âgés

Oui, à part le fils célibataire qui garde la maison familiale rurale, même la vieille fille urbaine préfère être chez elle que chez sa mère. Mais, de fait, il y a des situations qui imposent un « retour au bercail » Dès lors la question du logement principal révèle aussi ces nouvelles solidarités entre les générations, mises en lumière depuis une quinzaine d’années. Mais ce n’est pas si simple. On pourrait aujourd’hui se demander si l’indépendance des jeunes n’est pas à mettre dans la balance avec la dépendance des vieux… 

S’ il est vrai que, souvent, leur logement a été acquis avec l’aide de leurs parents, et que le lien créé avec leurs parents et grands-parents remonte à leur enfance, les cohabitations des générations sont le plus souvent contraintes par les nécessités économiques. Elles sont effectivement mal vécues et sources de conflits entre générations. Il n’est pas rare de les voir déboucher sur le placement en institution de parents ou grands-parents très âgés. Il est donc extrêmement rares que les jeunes couples vivent par exemple avec la grand-mère, sauf s’ils n’ont pas les moyens d’avoir un logement indépendant Et comme l’exprime bien le livre d’Anna Gavalda « Ensemble c’est tout » c’est bien une nouvelle tendresse qui s’exprime en permettant à la grand-mère de retourner vivre chez elle… Car on peut décidément être Jane ou Tarzan à tout âge, et quelle que soit sa place dans l’arbre… généalogique !

Eric Donfu

30 novembre 2008



21 réactions


  • Fergus fergus 1er décembre 2008 10:14

    Il n’empêche qu’il subsiste de nombreux Tanguy. Et cela jusque dans mon propre entourage. J’ai même un neveu dans ce cas en pays bigouden ; il se prénomme... Tanguy ! Véridique.


    • Eric Donfu Eric Donfu 1er décembre 2008 10:17

      Oui, et il y en avait aussi, et plus encore, il y a quarante ans. 
      Votre neuveu a du être en vedette hier soir...
      Merci de votre témoignage.
      ED


  • Antoine Christian LABEL NGONGO Antoine Christian LABEL NGONGO 1er décembre 2008 10:40

    Bonjour, le film Tanguy est toujours d’actualité et il l’est d’autant plus que les difficultés quotidiennes persistent. Vous n’avez qu’à faire un tour dans les services sociaux pour le vérifier. Donc si vous pensez par rapport à une étude faite sur une populatrion donnée qe ce chiffre est en baisse, je reste sceptique. Je le vérifie au quotidien dans mes rapports et mes rencontres hors collectivité et en région IDF que celà va encore durer quelques temps. J’espère que le DALO va permettre aux TANGUY qui travaillent d’avoir des logements facilement (parce qu’il existe des individus qui souhaitent partir et qui n’en n’ont pas l’opportunité).


  • Absurde Absurde 1er décembre 2008 10:58

    Vous avez raison de dire que la RSA va bouleverser la donne, sachant que la véritable nature de cette mesure est de faire sauter les (relatifs) filets de sécurité que sont les minima sociaux au profit de la précarisation du travail... pour autant que le bénéficiaire du RSA entre dans les crtières d’employabilité (formation, qualification, mobilité...), qu’il y ait effectivement du travail, et que celui-ci soit rémunérateur.

    Ce dispositif, dont on ne mesure pas encore aujourd’hui le caractère socialement pernicieux, va creuser l’écart entre jeunes issus de familles structurées et ayant bénéficié d’une formation, et jeunes issus de familles cumulant divers handicaps sociaux (monoparentalité, pauvreté, précarité, mauvaise intégration, logement de mauvaise qualité, faible qualification...). 

    Au niveau des actuels bénéficiaires de minima sociaux promis à la disparition, le RSA sera la cause d’inquantifiables tragédies individuelles. Les commissions d’insertion de type CLIE, émanations des Conseils généraux, ne sont agies que par des intérêts idéologiques d’ordres statistique et chiffré. Un Rmiste qui ne comprend pas quelle démarche il doit entreprendre, ou qui ne reçoit pas telle convocation (du fait de l’imprécision d’une adresse, par exemple), peut se voir purement et simplement sucrer son allocation... et perdre par là même son logement, lorsqu’il en a un. Les méfaits des contôles policiers exercés par les Caisses d’Allocations Familiales, de même, ne sont plus à démontrer. Vie privée de l’allocataire foulée au pied par de véritables mercenaires de la "traque aux fraudeurs", interrogatoires, vérification de relevés de compte parfois sur une antériorité de deux ans, enquêtes de proximité, prestations suspendues du jour au lendemain au moindre doute quant à la bonne foi de l’allocataire... Un déni de citoyenneté qu’on ne s’emploiera jamais assez à dénoncer. 

    Or, sachant que les Caisses d’Allocations Familiales sont l’organisme payeur du RSA, et que les recours auprès des médiateurs de la République et des tribunaux administratifs sont des démarches fort longues et exigeant opiniâtreté et moyens, on ne peut pas dire que la situation des futurs bénéficiaires du RSA sera une sinécure. 

    Certes il y aura moins d’"assistés". Les séides du néolibéralismes en seront ravis. Mais combien de pathologies sociales (désaffiliation, désocialisation, rupture sociale) résulteront de ce désastre ? Et pour quelles conséquences à long terme ? 


  • LE CHAT LE CHAT 1er décembre 2008 11:01

    il y a beaucoup de Tanguy contraints et forcés , le manque de logement bon marché est tellement criant qu’ils n’ont guère le choix ! et ceux qui n’ont pas de possiblité de crêcher chez les parents se retrouvent à la rue , même avec un salaire s’il est trop faible ! les foyers pour jeunes travailleurs sont pleins à craquer , les jeunes n’ont aussi pas en banque 3 mois de loyers à l’avance + caution


    • Plum’ 1er décembre 2008 14:27

      L’état cautionne les banques, pas les appartements, voyons : priorité aux banquiers.


  • armand armand 1er décembre 2008 11:36

    Pourquoi brandir encore et toujours ce miroir aux alouettes qu’est la propriété - et qui conduit des générations ainsi que les jeunes ménages à se saigner aux quatre veines pour, le plus souvent, se retrouver prisonniers d’un crédit bancaire.
    Objectivement l’important ce n’est pas d’être propriétaire (en fait, le plus souvent, locataire de sa banque) mais de se loger. Point barre. Et c’est là qu’un marché immobilier trop cher par rapport aux revenus doit redescendre sur terre.
    Or les deux phénomènes se nourrisent : explosion des prix et des loyers et augmentation du nombre de propriétaires, car ce sont bien souvent des propriétaires ployant sous leurs traites ou tout simplement sensibles à l’air du temps selon lequel toute source de revenus soit exploitée à fond qui exigent des loyers insensés ou (re)vendent trop cher.
    Quand j’étais étudiant, les jeunes trouvaient à louer des chambres de bonne ou des petits appartements à des prix raisonnables. Certes, le confort n’était pas toujours au rendez-vous, mais les formalités étaient nettement moins contraignantes que maintenant. Mais à l’époque, outre les institutionnels, le parc immobilier était encore entre les mains de quelques familles qui géraient bon gré, mal gré, des immeubles dont les loyers obéissaient à une indexation sévère, quand il ne s’agissait pas de ’loyers 48’, et de nombreuses familles, même aisées, étaient traditionnellement locataires du même appartement depuis parfois un siècle.
    Quand on fait de l’immobilier une véritable industrie financière et on propage le slogan ’tous propriétaires’, on fabrique aussi de l’exclusion.


    • Absurde Absurde 1er décembre 2008 11:45

      Très vrai, votre commentaire. On a fait de la propriété foncière une fin en soi, et je me demande si ce n’est pas tout ce qui nous reste d’utopie. Proprio sinon rien... 


    • Lucie Vivien 1er décembre 2008 16:31

      Quand on est un jeune couple ou même un peu moins jeune, être propriétaire ou locataire, ce n’est pas forcément très important mais regardez les personnes âgées dans la misère : elles se plaignent toutes de leur loyer alors que les retraités qui ont acheté leur logement quand ils étaient jeunes ont fini de rembourser leur emprunt quand vient la retraite. Cela fait une différence énorme.


    • Absurde Absurde 1er décembre 2008 16:53

      Les retraités dont vous parlez ont acheté leur logement à une époque où la pierre était abordable et les emplois stables. Encore ne s’agit-il pas de tous les retraités. Ceux qui n’avaient que leur salaire d’ouvriers, d’employés étaient bien forcés d’être locataires et le sont restés. Pour ceux qui ont hérité, c’était évidemment plus facile. 

      Aujourd’hui, il y a d’une part cette pression sociale qui veut nous pousser à devenir propriétaires au prix de la corde au cou, et d’autre part une spéculation éhontée qui rend l’accès au logement d’autant plus difficile que les emplois sont précarisés et mal payés. A moins de se replier sur des régions disons humainement plus accueillantes qui ne sont pas forcément des bassins d’emplois, mais où on peut trouver à se loger à moindre coût. Et c’est là le paradoxe : ou il y a du travail, il y a de la demande, pas assez d’offre et les prix montent. Comme les prix montent, les gens partent ailleurs et les patrons n’arrivent plus à pourvoir leurs postes vacants. 

      Exemple une clinique de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, dont le directeur lui-même prospectait par téléphone, à travers toute la France, les éventuels candidats à des postes para-médicaux, faute d’en trouver sur place où la moindre studette se loue 400 €... tandis qu’à cent vingt kilomètres plus au nord, vous pouvez louer un T3 tout confort contre cette somme. 

      Une saine politique de plafonnement des loyers locatifs selon l’emplacement et la surface corrigée suffirait à régler le problème du logement dans ce pays, plus vite et plus efficacement en tout cas que de sempiternelles déclarations de principe autour du manque de logements sociaux. Les logements existent, ils sont seulement trop chers. Il y a des abus qui devraient être pénalisés, et qui le sont de toute façon par les situation de conflits (impayés...) qu’ils génèrent... 


    • Atlantis Atlantis 8 décembre 2008 01:05

      Oui et non.
      Etre propriétaire d’un appartement est une hérésie au regard de ce qui nous vient sur la tronche.
      Etre propriétaire d’un terrain (avec la maison dessus) suffisant pour cultiver est bel et bien une solution individuelle à la tourmente à venir.
      Ce que ne comprennent pas les paysans d’ailleurs : la vraie richesse reste possession de la terre fertile. C’est une richesse car elle ne s’obtient qu’avec de la sueur, du savoir et du temps.


  • Fergus fergus 1er décembre 2008 13:06

    D’accord avec Armand pour dire que la propriété pour tous nest pas forcément un objectif pertinent ; mieux vaudrait développer le parc des logements sociaux à des prix raisonnables. Bref il faudrait faire le contraire de ce prône Sarkozy en faisant miroiter sa "France de propriétaires". Un mirage auquel ce tartuffe ne contribue d’ailleurs pas.

    A cet égard, la mesure sur le remboursement des intérêts d’emprunt, comprise dans la loi Tepa, ne bénéficie, en masse financière, que de manière très marginale aux primo-accédants alors qu’elle profite à plein aux classes aisées déjà propriétaires et qui souhaitent s’agrandir ou déménager vers des quartiers plus huppés. La bonne mesure eut consisté à tripler le montant de ce remboursement, à la prolonger dans la durée, et à n’en faire profiter QUE les primo-accédants. Mais curieusement Sarkozy n’a jamais voulu entendre le premier mot de ce type de requête, preuve, s’il en fallait une, que c’est bel et bien les catégories aisées qui devaient tirer le plus grand profit de cette disposition.


    • Absurde Absurde 1er décembre 2008 17:48

      C’est un faux problème, les logements sociaux. D’abord ils ne sont pas si sociaux qu’on le croit, dans la mesure où ils appartiennent de plus en plus à des groupes privés et non plus à des offices HLM relevant du public. Les loyers sont calqués sur les prix du marché et viennent s’y ajouter d’importants appels de charges que tous les locataires ne sont pas en mesure d’honorer... ce qui fait qu’il arrive un moment où ceux qui peuvent payer le font pour ceux qui ne le peuvent pas. Ensuite, il y a logement social et logement social. Dans les grandes villes, vous avez les programmes récents, ou mieux placés, que l’on réserve à certains dossiers bénéficiant, disons, d’un appui... qui ne sera pas nécessairement celui d’une assistante sociale... alors que les logements plus vétustes, moins bien situés qui se libèrent, échoient au tout-venant. On reste dans la logique du ghetto de pauvres. Et lorsque les élus d’une commune un peu cotée se félicitent publiquement des coquets logements sociaux qu’ils inaugurent dans leur joli écrin de verdure, vous pouvez être sûrs que leurs futurs locataires seront de paisibles retraités et des familles bien sous tous rapports susceptible d’apporter de la valeur ajoutée à la commune... en terme de taxe d’habitation et de progéniture bien peignée qui permettra de conserver des classes ouvertes. Ceux qui ont le plus besoin de logements sociaux, et donc d’insertion, sont ceux à qui on refilera l’infâme galetas au quarante-douzième étage de la tour ouest de la cité pourrie où personne ne veut plus habiter... et où au final ils se retrouveront isolés. 

      Perso je suis contre les ghettos de pauvres, et je l’ai dit plus haut, pour le plafonnement des loyers des logements existants. Pourquoi ? Parce que l’exemple je l’ai tous les jours sous les yeux. J’habite un quartier de Digne-les-Bains, dans le 04, que l’on pourrait qualifier de cosmopolite, où logements HLM de qualité implantés en pleine ville jouxtent d’anciennes bâtisses où les loyers sont restés abordables, parmi des immeubles dits de rapport abritant des familles de la classe moyenne. Ici tout se passe bien, turcs, maghrebins, africains et européens de l’ouest, jeunes et vieux, juifs, musulmans, orthodoxes, chrétiens et athées cohabitent en excellents termes, non pas parce qu’il y a une volonté politique de brassage social mais parce que cette petite ville a toujours fonctionné de la sorte.

      Le ghetto de pauvres c’est celui qu’on voit de loin, que l’on désigne et que l’on s’arrange pour éviter quand on n’habite pas à côté. Le ghetto de pauvres a sa réputation et se nourrit d’extrêmes. Il s’y passe forcément des choses négatives liées intimement à la pauvreté et à la frustration de celles et ceux qu’on y a entassés. Le brassage n’empêche certes pas le communautarisme, mais il autorise la cohabitation et l’échange entre communautés. Ce n’est pas en perpétuant cette satanée sélection par le fric telle qu’elle est en vigueur dans le secteur du logement qu’on facilitera la vie entre les gens. L’immobilier est un secteur qu’il est temps d’assainir, de nettoyer de ses profiteurs et de ses spéculateurs pour le bien de tous. 


  • maxim maxim 1er décembre 2008 13:54

    pire ,j’ai une belle soeur de 58 ans ,qui continue de vivre chez ma belle mère de 86 ans !

    c’est pathétique !

    au fait ,quand c’est une fille comment on dit ? une Tanguye ,une Tanguyette ,une Sansue ?


    • Lucie Vivien 1er décembre 2008 16:33

      Je ne vois pas en quoi c’est pathétique si elles s’entendent bien !! ce qui est pathétique, ce sont les personnes seules et vieillissantes.


  • Lucie Vivien 1er décembre 2008 17:29

    Je crois qu’il faut se garder de porter des jugements trop généraux concernant ce problème, toujours d’actualité, je le constate aussi, des jeunes qui ne sont pas pressés de quitter le toit familial.

    Certains jeunes célibataires ou couples ont besoin très vite d’indépendance, cela dépend de leur histoire, de leur tempérament, et d’autres ne ressentent pas ce besoin. Les deux attitudes sont aussi respectables l’une que l’autre. On prône trop l’individualisme aujourd’hui et on fait trop de l’isolement des couples la règle mais d’autres modes de vie sont possibles. Le film pose, de façon plus large, le problème de la cohabitation des générations (avec la grand-mère et avec la fin aussi.)

    La vie dans une famille élargie a ses avantages matériels (au niveau des enfants qui ont toujours quelqu’un pour s’occuper d’eux même si leur mère travaille, au niveau du logement) et psychologiques (moins d’isolement dans une société où beaucoup se plaignent justement de ce mal). Ce n’est donc pas un modèle dont il faut forcément se moquer.

    Je trouve d’ailleurs que le cinéaste donne raison à Tanguy à la fin du film : Tanguy est heureux de vivre et d’avoir trouvé une famille élargie avec laquelle vivre : femme, parents et autres... et j’ai bien peur qu’un jour sa mère ne regrette qu’il soit parti si loin et soit ennuyée de ne pas voir ses petit-enfants sans devoir prendre un avion !


  • sofsky 1er décembre 2008 18:12

    Bonjour !

    Je crois que la grande différence entre un Tanguy et la plupart de 20-30 ans encore chez leur parents aujourd’hui, réside dans le fait que Tanguy reste chez ses parents qui eux souhaitent le voir partir. Il y reste car il y es bien !

    Les jeunes aujourd’hui qui restent chez leurs parents les font (pour la plus grande partie d’entre eux) car obligés ! Ils n’ont pas les moyens de partir et leurs parents n’ont pas les moyens de les aider à partir...

    Quoiqu’il en soit, j’adore ce film ! c’est à mon sens plus une piste de réflexion sur l’intégrité des rapports familiaux (obligations ou non, il y a à mon sens des limites à ne pas dépasser en famille...) que sur les jeunes encore chez leurs parents...


  • c.d.g. 1er décembre 2008 19:42

    La plupart des jeunes partent de chez leur parents car ils ont trouve un travail loin. De la meme facon, plus de travail, on reduit les depenses et on rentre chez papa /maman

    Sinon je rejoins les commentaires sur la stupidite de pousser les gens a devenir proprietaires et devoir s endetter sur 30 ans !! En cas de chomage/divorce/mutation le logement achete a credit devient un boulet
    De plus, l origine de la crise actuelle est liee a cette idee que tout le monde pouvait (devait) etre proprietaire. Du coup on a prete a n importe qui en se disant que puisque les prix montaient, le risque etait nul (en cas de non paiement des traites on revend pour plus que ce qu on a prete)
    Resultat, une economie boursouflee par l endettement et la creation de valeur fictive (il faudra m expliquer pourquoi une maison doit voir sa valeur augmenter dans le temps et pas une voiture par ex ) et l investissemnt dans le non productif (eh oui l argent englouti dans le logement ne sera pas depense/investi dans la recherche, l industrie, l education)

    l important serait d avoir des logements (loyer) a des prix abordables et en abondance. Mais c est vrai que ca necessiterai un complet changement de perspective




  • Marc Bruxman 1er décembre 2008 20:01

    Pourquoi brandir encore et toujours ce miroir aux alouettes qu’est la propriété - et qui conduit des générations ainsi que les jeunes ménages à se saigner aux quatre veines pour, le plus souvent, se retrouver prisonniers d’un crédit bancaire.
    Objectivement l’important ce n’est pas d’être propriétaire (en fait, le plus souvent, locataire de sa banque) mais de se loger. Point barre. Et c’est là qu’un marché immobilier trop cher par rapport aux revenus doit redescendre sur terre.

    Et pourtant, je peux vous garantir un truc ! Si vous payez 700 € de loyer (exemple fréquent en région parisienne pour un petit appartement de 30m2), vous foutez 700 € par les fenêtres tous les mois. 

    Si vous vous endettez pour 105 000 € vous rembourserez environ 700 € tous les mois aussi. Vous perdrez quelques mètres carrès au passage (ou un cadre de vie un peu moins beau) mais : 

    • Rien que la première année (la moins favorable dans le cas d’un crédit amorti) vous rembourserez 2400 € que vous n’auriez pas pu économiser sinon. 
    • Le salaire et le niveau de vie augmente avec l’age. Et si vous avez l’impression de vous saigner à 25 ans, vous aurez l’impression de rembourser facilement à 30. Entre temps, vous foutez l’appartement en gérance mettez un locataire dedans. Il paiera typiquement 600 € de loyer, vous n’aurez plus que 100 à mettre pour payer votre crédit. Et vous recommencez avec un truc plus grand pour être à l’aise avec votre nouvelle famille. 
    Au bout de 25 ans, dans un cas vous êtes toujours locataire, dans l’autre cas vous êtes propriétaire d’un appartement et quasi proprio du second. Votre patrimoine s’éléve à plus de 100 000 € sans compter l’inflation. Vous faites maintenant partie des "riches" et disposez d’une sécurité du logement. Alors que d’autres sont toujours locataires. 

    Le calcul est donc assez clair.

    Et si vous craignez la crise immobilliére sachez que :
    • Pas vendu == Pas perdu. 
    • Vous pouvez toujours foutre un locataire chez vous plutot que vendre en attendant que les prix remontent. (Ce qui est dans votre intérêt). 
    • Avec la réduction d’impot Sarko, vous avez 5000 € d’offert en crédit d’impot. Ce qui sur une petite surface vous fait une belle réduction. 
    • Le plus chiant au final, cela reste les frais de notaire (saloperie) pardons les impots (le gros est reversé à l’état) !


    • Lucie Vivien 1er décembre 2008 21:18

      En tout cas, on n’est plus vraiment dans le sujet qui était pourtant intéressant et méritait d’être un peu plus développé.
      Il paraît que les femmes ne sont pas très représentées sur agora vox (et je le constate d’ailleurs) , ceci explique peut-être cela... Qaund on a des grands enfants à s’occuper à la maison, on n’a pas trop le temps d’en parler sur agoravox ! (Moi, j’en ai 3 qui sont absents pendant la semaine !)


    • c.d.g. 3 décembre 2008 23:03

      qu est ce que vous avez a l achat pour 100 000 € a paris comme dans votre exemple ?

      rien !!!
      Il en faut donc au moins le double donc double de remboursement.

      Donc en etant locataire, vous avez donc tous les mois 700 € que vous pouvez placer. Donc je suis sur qu au bout de 20 ans de votre credit vous etes gagnant, par rapport a la personne qui a achete au plus haut et qui n a que la valeur de son clapier (puisqu avec peu d argent elle a du se contenter des biens les plus pourri et donc ceux qui ont perdu le plus)

      autre avantages de ne pas acheter

      - ne pas mettre tous les oeux dans le meme panier. vous c est 100 % immobilier (et en plus dans la meme region. Paris restera attarctif dans 20 ans mais la personnes qui a investi dans l immobilier a roubaix doit mainetnant s en mordre les doigts. Comment prevoir que le textile va couler dans 20 ans ?). Moi je peux investir dans differents secteurs et meme a l etranger. Si la france coule mais la chine monte, c est bon pour moi, pas pour vous

      - taxe fonciere, ravalement de facades et autres charges de coproprietes, c est qui paye ???

      - meme si vous louez, votre appartement va bien rester vide entre 2 locataires. Et en plus il va falloir de temps en temps investir pour le mettre au gout du jour (genre papier peint jauni ou cuisine equipee a installer). Surtout si vous voulez louer au prix fort !


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