mardi 6 juillet 2010 - par Daniel Arnaud

Baccalaur�at 2010 : et apr�s ?

Alors que les résultats du Baccalauréat tombent, il y a fort à parier que le cru 2010 se rapprochera encore de la fameuse barre des "80 % de réussite". Mais, depuis la publication d’ouvrages critiques sur l’Education Nationale (notamment ceux de Jean-Paul Brighelli), on sait très bien que les chiffres sont quelque peu frelatés, et ne reflètent nullement la réalité du niveau. Pire, ils peinent à voiler une réalité éducative à 40 vitesses, dans laquelle la valeur du diplôme dépend largement de la situation sociale et géographique du candidat. Un tel déterminisme empêche-t-il la révélation du talent lorsqu’il existe, y compris dans un milieu défavorisé ? Sans doute les conditions de l’égalité des chances, qui n’est pas l’égalitarisme, sont-elles loin d’être réunies. La dérive pédagogiste, aboutissant au nivellement par le bas à force de "valorisation" abusive de l’élève, y est pour beaucoup. Toutefois, elle ne saurait être la seule incriminée. Transmettre, qui est la fonction essentielle de l’école, c’est aussi faire passer certaines informations permettant de s’orienter avant et après l’examen. Or, nombre d’individus qui évoluent dans les classes moyennes (y compris des professeurs, justement) ne mesurent pas le fossé qui les sépare à cet égard des classes populaires. Pas seulement en termes de culture, mais également de "codes"...

Par "codes", il faut entendre certaines habitudes, certaines références, certains réflexes qui sont autant de signes de reconnaissance entre membres d’un même groupe : ne pas les posséder trahit en revanche le fait d’arriver quelque part en intrus (en raison de l’origine sociale, par exemple).On parle bien ici de "codes", pas de "savoirs". En d’autres termes, ce dont il est question cette fois, ce n’est pas du fait de posséder le niveau requis pour intégrer telle formation, mais d’autre chose, qui confine à l’arbitraire, et qui peut être un facteur d’exclusion. Je suppose que, lorsqu’on ne l’a pas expérimenté soi-même, on ne mesure pas à quel point ce genre de facteur peut freiner la progression sur un parcours, voire l’empêcher...

On est d’autant plus exigeant avec soi-même quand on sait où on va : c’est-à-dire quand on se représente clairement l’objectif à atteindre, à moyen et à long terme. Le petit garçon qui grandit dans le 8e arrondissement, qui a une soeur à Henri IV et un frère à Polytechnique, optimise ses chances de faire le meilleur parcours, et mettra probablement tout en oeuvre pour y arriver ; alors que le fils d’ouvrier qui évolue dans une ville moyenne de province, qui n’a jamais entendu parler des grandes écoles et ne sait même pas distinguer les filières entre L et S (personne dans son entourage pour l’éclairer), se verra très tôt bloqué sur le chemin de la réussite... En effet, il ne possède pas le "décodeur" ; surtout si ses seuls référents, dans sa famille ou dans son quartier, sont dans la précarité, au chômage... ou vivent de petits trafics...

Si j’écris "5. exf6 dxc3 6. bx3 xf6", j’emploie un code : intelligible pour les joueurs d’échecs (il sert à retranscrire le déplacement des pièces sur l’échiquier), mais incompréhensible pour le non initié, celui à qui on ne l’a jamais expliqué. Eh bien, écrire "L, S, HEC, X, Essec" relève de la même manière d’un code sans doute évident pour ceux qui connaissent un peu le monde de l’éducation, mais des plus obscurs pour ceux qui en ont toujours été exclus.La fracture sociale, qui se double d’une véritable fracture culturelle, n’est pas seulement affaire de savoirs et de capacités. L’élève auquel on n’a jamais expliqué à quoi correspondaient les différents sigles, sur quelles cases de l’échiquier éducatif les diverses filières débouchaient exactement, pourquoi telle option pouvait se révéler plus avantageuse, etc, se trouve dans la même situation qu’un individu qu’on inviterait à jouer aux échecs sans lui avoir expliqué au préalable les règles du jeu. Il se retrouve perdu, tenu à l’écart du centre de l’échiquier ; et pas forcément parce qu’il n’aurait pas pu devenir un bon joueur, mais parce qu’on n’a pas estimé nécessaire de lui faire partager le code initial. C’est cela, se retrouver outsider, pendant que les insiders, inconsciemment peut-être tant ils y sont habitués, s’échangent les clefs qui ouvrent certaines portes... ou pas. Il ne s’agit pas, évidemment, de dénoncer le fait que des fils des classes moyennes aient pu intégrer les grandes écoles, notamment Polytechnique... mais le fait que, peut-être parce qu’ils n’ont pas bénéficié de certaines informations, des fils des classes populaires qui en auraient eu la capacité aient été écartés de tels parcours. La division entre les initiés et les exclus viendrait alors, tout autant que l’argent, contredire l’élitisme républicain, qui doit se fonder sur le seul mérite...

Identifier un "bon" lycée sur une carte scolaire, se repérer dans le labyrinthe des "options" afin de la contourner (en toute hypocrisie), distinguer les filières : voilà autant de subtilités des plus obscures, et pourtant déterminantes, qui échappent à ceux qui ne sont pas dans le système. D’où un cercle vicieux : ce sont autant d’individus qui, plus tard, ne pourront pas transmettre de tels codes à leurs enfants. Et ces derniers pourront probablement compter sur une certaine suffisance du corps enseignant pour ne pas les leur communiquer : "Les intitulés des filières et ces histoires d’options, inutile de leur expliquer, ils doivent bien savoir ce que c’est...", ou encore "Inutile de leur parler des grandes écoles, de toute façon ce n’est pas pour eux...", etc. Quant aux pseudos "conseillers d’orientations", n’en parlons même pas, s’ils servaient à quelque chose... A cet égard, oui, il y a une capacité de quelques privilégiés d’"investir", un peu comme à la bourse, sur les meilleures valeurs, et d’en récolter au final les bénéfices... Simon Renucci, député de la Corse-du-Sud, a bien relevé le problème dans une question écrite au gouvernement, voilà quelques années :

"La réalité éducative favorise pour l’heure les élèves issus de familles averties, autrement dit celles qui sont capables de s’orienter parmi les différents parcours proposés..."

Certains professeurs entretiennent-ils une telle ségrégation ? Si c’est le cas, alors ils se livrent pour leur part à une sorte de "délit d’initié"... et s’apparentent à... des ennemis de classe. Les rares fils d’ouvriers qui ont pris "l’ascenseur social", pour le dire autrement, n’y sont pas forcément parvenus grâce à l’école... mais malgré elle. Et tout est dans la nuance.

Certes, les professeurs ne font pas partie des plus privilégiés, loin de là (et on peut certainement parler de "déclassement" à leur endroit). Il n’en conservent pas moins, par rapport aux fils d’ouvriers et de précaires, une position sociale dominante. Bien sûr, ils n’ont pas les moyens, comme les très hauts revenus, de dîner régulièrement au Fouquet’s, et vont plus souvent faire leurs courses au supermarché du coin... mais il n’est pas rare que ce soit la mère de l’élève exclu des meilleurs parcours qui tienne la caisse...

Soyons honnêtes : s’il faut saluer les "profs-résistants" qui, depuis des années, dénoncent une école à la dérive, beaucoup d’autres, en réalité, ont relayé avec complaisance les consignes les plus imbéciles pour "valoriser" l’élève "au centre du système"... Depuis 30 ans, ce sont bien eux les complices actifs du trucage des chiffres des examens, qui conduit en réalité à la dévalorisation du Baccalauréat : le jour des corrections, en effet, ce n’est pas l’inspecteur qui surnote, mais bien le correcteur devant sa copie. Et "obéir aux ordres", à cet égard, ne justifie nullement la perpétuation d’une mascarade privant le grand public d’informations fiables sur la réalité du niveau. Si les professeurs avaient vraiment voulu lutter contre la faillite du système, ils auraient très bien pu refuser d’appliquer des barèmes juste destinés à soigner les statistiques. Ca s’appelle "désobéir", tout simplement, pour ne pas céder à un Munich pédagogique. Comme l’écrit La Boétie dans son Traité de la servitude volontaire, le tyran tient son pouvoir du consentement du tyrannisé... et les recteurs et les inspecteurs successifs ont bien tenu le leur du consentement des enseignants eux-mêmes...

Si on filait la métaphore du monde de la finance, on pourrait dire que les "80% de réussite" représentent une sorte de "société-écran" servant à dissimuler les "malversations" (c’est-à-dire toutes les dérives, y compris en termes d’incidents violents, qui minent l’Education Nationale). Aussi le linguiste Alain Bentolila écrit-il avec justesse :

"[...] On trafiqua progressivement les examens [...] Et bien sûr, année après année, on diminua les exigences du bac pour en arriver aujourd’hui à cette parodie d’examen auxquels seuls les candidats semblent encore croire : ils déchanteront vite en s’apercevant du peu d’impact que ce diplôme a sur leur destin social." (Le Figaro du 1er juillet 2010)

Les collaborateurs de cet artifice, eux, peuvent en revanche conseiller leurs enfants (en allant jusqu’à les mettre dans le privé pendant qu’ils manifestent avec le SNES, quelquefois) à partir d’un réel échange d’informations professionnelles. Le François Bégaudeau d’Entre les murs est en quelque sorte emblématique. Voilà un fils de classe moyenne qui en possède les codes, et qui sait en jouer pour se bâtir un réseau parisien et "faire carrière" (oui, il y a quelque chose d’assez "entrée dans le monde au XIXe siècle", là-dedans). Il publie, crée une revue, récolte une palme d’or (!)... tout en cautionnant les thèses d’un Philippe Meirieu et la baisse du niveau. A ses élèves, il lance d’ailleurs "peu importe de savoir que Vienne est en Autriche" (réplique représentative de son refus d’instruire). C’est le démagogue par excellence. Et justement, cela signifie qu’il juge inutile de communiquer à une partie de la population (la plus modeste) certains savoirs et certaines informations. Il est en revanche heureux de les posséder pour son propre compte et de pouvoir les mobiliser. Comble du cynisme chez cet initié : il fait la montée des marches à Cannes avec ses élèves... en sachant pertinemment que ces derniers ne possèderont jamais les codes dont il se sert lui-même. Crime parfait, il parvient surtout à quitter son collège et à ne plus se retrouver devant ses "apprenants", après avoir passé son temps à les flatter... Il tire bien profit d’informations privilégiées qu’il se garde bien de transmettre à des individus étrangers à son milieu.

Alors oui, par définition, c’est là le "délit d’initié" auquel se livrent... de faux maîtres pour de vrais esclaves.

Daniel Arnaud

Auteur de Dernières nouvelles du front, choses vues dans un système éducatif à la dérive, Paris, L’Harmattan, 2008.

Retrouvez cet article dans sa version originale sur http://generation69.blogs.nouvelobs.com/

14 r�actions

pallas 6 juillet 2010 11:14

Apres le Bac,

Et bien, devenir sans emplois, �tre SDF est une profession qui attire la jeunesse, sa n’est pas chose facile.

Une profession qui cartonne, rester dehors toute la journ�e faisant une d�marche commerciale pour obtenir 10 ou 20 centimes d’euro.

Certains lyriques font de la musique, r�clamant aussi quelques centimes d’euros.

La profession de SDF a une branche philosophique, de grands orateurs dans le m�tro, racontant leurs vies.

SDF un m�tier qui attire la jeunesse, les Bacheliers sont attir� par cette noble profession.

Ceux qui ont fait des �tudes d’arts, de Design, sont particuli�rement attacher � bosser dans des petites librairies, qui de mieu pour conseiller un client sur la couverture d’un magasine ?.

Les plus performant de la jeunesse, qui ont fait des �tudes de Commerce, ont la chance de pouvoir sur le terrain de montrer tout leurs savoirs faire, Caissier(e) � Carrefour, ou � des postes dans les Mac Donalds, vendant des hamburgers.

La Jeunesse en France n’est assur�ment pas abandonn�e, elle est aim�, choyer.

La France transmet de tendre valeurs a ces jeunes qui ne sont pas abandonn�es.

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mac 6 juillet 2010 11:47

Le syst�me semble parfois prendre l’eau de tous les c�t�s.

Malgr� les profs r�sistants, beaucoup d’autres enseignants semblent faire preuve d’une grande r�signation.

Je plains certains professeurs de lettres oblig�s de lire de fa�on d�taill�e des copies de brevet qui sont parfois incompr�hensibles m�me en ne tenant compte que de la phon�tique.

Lorsque j’ai fait part de mon �tonnement de voir pr�senter le petit chaperon rouge ou barbe Bleue au Bac de fran�ais, certains m’ont r�pondu que cela ne les choquait pas et que ces textes pouvaient �tre interpr�t�s au seconde degr�.

Le probl�me c’est que si interpr�tation il y a, les candidats se contentent g�n�ralement de r�p�ter celle de leur professeur.

Il me semble, tout de m�me qu’il y a 20 ou 30 ans il e�t �t� assez risible de voir pr�senter les contes de Perrault au Bac de fran�ais.

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Pie 3,14 6 juillet 2010 16:09

Vous faites un contresens � propos des 80%.

L’objectif �nonc� il y a une vingtaine d’ann�es �tait d’amener 80% d’une classe d’�ge au niveau bac.
Il n’est pas atteint puisque seulement environ 65% des classes d’�ge y parviennent. Pire, le chiffre stagne depuis 10 ans.
Quant au pourcentage de r�ussite, il est un peu sup�rieur � 80% ce qui est la moindre des choses compte tenu de l’�cr�mage des �l�ves faibles en aval.
Contrairement aux id�es re�ues, le syst�me fran�ais est tr�s s�lectif, tr�s anxiog�ne et ne laisse pas beaucoup de chances � ceux qui ratent une marche.

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mac 6 juillet 2010 17:22

@ Pie 3,14

Non, rien ne prouve que le syst�me fran�ais soit tr�s s�lectif. On peut plut�t le consid�rer comme une n�buleuse avec quelques fili�res s�lectives g�n�ralement occup�es par les classes les plus favoris�es et un tas de fili�res post-bac qui sont de v�ritables voies de garage. De ce point de vue l�, le syst�me ne laisse pas beaucoup de chances � ceux qui ratent la marche et surtout leur lieu de naissance.
En tout cas, on ne peut pas dire que le niveau des bacheliers augmente. Il fut un temps o� avoir son bac signifiait avoir un minimum de culture et un niveau de langage �volu�, on voit bien qu’aujourd’hui qu’il n’en est rien.

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srobyl 6 juillet 2010 17:43

un mot, un seul me vient � l’esprit : BRAVO !!! Et merci Dniel Arnaud pour cet article qui d�nonce l’une des tares de notre syst�me �ducatif, verrouill�, et qui ne permet pas l’« initiation » aux codes que vous �voquez pour les jeunes issus des classes d�favoris�es. Des clubs, des clans, des cercles ...cercles vicieux, de sinon de l’�chec scolaire, au moins du blocage � certains niveaux, faute de cl�s ad�quates ;
Que dire par exemple de l’« �galit� » des chances entre les candidats aux concours issus de Normale Sup et ceux qui viennent des facs de provinces ? Les premiers ont de super profs, dont certains d’ailleurs pondent les sujets...Comment n’auraient-ils pas « orient� » leur programme en fonction de leurs choix personnels ?

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Marc Bruxman 6 juillet 2010 19:39
La destruction du niveau de l’�ducation est un drame :
- On allonge la dur�e des �tudes et donc le co�t � la fois pour la soci�t� et pour les familles. Pour info, Le budget 2010 du minist�re de l’�ducation nationale est de 60,8 milliards d’euros. Ce qui donne une information sur le co�t de ce syst�me. Si cet allongement de la dur�e des �tudes profitait � l’�l�ve et � la soci�t�, personne n’y trouverait rien � redire. Or, le niveau est en baisse. Ce qui veut dire que l’on paie plus cher, pour moins biens.
- Comment expliquer � un �tudiant qui a fait Bac + 3 qu’il va finir aux caisses du supermarch� ou � faire le m�nage ? Une �limination du syst�me au niveau du BEPC des �l�ments non adapt�s diminue les co�ts et �vite les aigreurs.
Pour ce qui est de l’�galit� du syst�me, difficile de la r�tablir tant il est vrai que la r�ussite d�pend autant des qualit�s personnelles que du bon choix d’orientation. Mais une premi�re chose � faire serait de ne plus cr�er de « diplomes pour faire plaisir ». Je re�ois pleins de CV de certains BTS bidons (ne me faites pas dire ce que je ne veux pas dire, il existe de tr�s bon BTS, mais il existe aussi certains qui forment des gens inemployables), voir de Masters bidons. On a pris deux ans de la vie de ces �l�ves, ils ont cout�s � la soci�t�, et ils vont se retrouver inemployable. Mieux vaut qu’ils arr�tent les �tudes plutot que de se retrouver la dedans.
Enfin, il est urgent de remettre les Sciences au coeur du syst�me, m�me si cela choquera certains. Qu’il s’agisse de l’ing�nierie ou de la technique ou l’int�r�t des sciences est �vident ou de gestion, de finance, de comptabilit�, les outils math�matiques employ�s sont de plus en plus pouss�s. Il est criminel de ne plus offrir aux �l�ves la possibilit� de maitrisers ces outils avant le bac.

Le niveau d’un bachelier en trigonom�trie s’est effondr�, cela g�ne l’apprentissage de nombreuses sciences, et de la technologie (�lectronique, m�canique, traitement du signal). Pourquoi a t’on accept� de transiger la dessus ? Mais sans aller aussi loin pourquoi donne t’on le brevet � des gens qui n’ont pas compris la r�gle de trois et la proportionalit� ? Ne faut il pas associer des fondamentaux � un dipl�me et refuser de le donner si ils ne sont pas atteints ?

Le bac se veut un examun de culture g�n�rale. Doit on donner cet examun � un �l�ve qui n’a aucune id�e m�me sommaire du fonctionnement des technologie qui l’entourre ? Car si en 1900 on pouvait surement faire avec quelques connaissances de base, aujourd’hui tous les m�tiers sont technicis�s. Le producteur de spectacle moderne utilisera des installations vid�o, des lumi�res parfois complexes, des techniques de rigging (accrochage) �volu�es.

Aux USA, les industriels commencent � se plaindre du manque de formation des �l�ves. Sans un niveau de Maths minimum de seconde (acquis pas donn� dans une pochette surprise), impossible de travailler dans la plupart des jobs industriels restant. La plupart des chomeurs ne passent pas le test donn� � l’embauche.

Il est criminel de ne pas donner aux �l�ves la formation � laquelle ils ont droit et de maintenir ceux ci � la garderie pour leur donner un diplome qui fait plaisir.
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- LE CHAT 6 juillet 2010 23:19
  
  oui , on manque de techniciens en France !
  mon fils vient d’avoir le bac sti electrotechnique avec mention , �a va lui ouvrir de nombreuses portes pour l’avenir , je ne me fais pas de soucis pour lui !
  
  mais pour certaines fili�res , les d�bouch�s sont inexistants , et l’�ducation nationale est fautive de proposer des voies de garages !
  
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- Marc Bruxman 7 juillet 2010 19:03
  
  Effectivement je me souviens qu’il y avait un centre qui formait de bons CAP de tourneurs / fraiseurs dans ma ville. Officiellement ceux qui y allaient �taient « des nuls » (verbatim de certains cr�tins de profs dans le texte). Officieusement, z�ro chomage, embauche avant l’obtention du dipl�me (privil�ge r�serv� aux ing�nieurs de certaines sp�cialit�s), bref la f�te. Et pour ce qui est du salaire si on prend en compte qu’ils commen�aient � travailler tr�s jeunes, ils n’�taient pas si d�geulasse que cela. M�me meilleurs que ce qu’auront beaucoup de diplom�s universitaires plus tard.
  
  Cessons de m�priser les m�tiers techniques et manuels. Et donnons une culture g�n�rale scientitique et technique aux autres. Le chomage baissera de lui m�me !
  
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Mordax 6 juillet 2010 23:26

Absolument d’accord sur un grand nombre de points, le plus important �tant celui de la tricherie sur les notes pour faire �cran de fum�e et obtenir la paix scolaire. En mentant aux �l�ves, �videmment.
Les premiers � entrer dans cette mascarade sont les chefs d’�tablissement, qui rehaussent artificiellement les notes. Ils sont suivis par les « commissions d’harmonisation », qui d�cident que sur telle zone, tel jury, tel �tablissement, il faut remonter tant de notes pour entrer dans la moyenne. Quelques professeurs marchent dans le coup pour ne plus subir la pression : �tre le seul � avoir des moyennes basses, �a fait mouton noir, il faut se justifier, notamment en 3�me o� le brevet se « joue » (quel grand mot ! ) sur contr�le continu. Et les chefs d’�tablissments rendent des comptes pour leur carri�re « au m�rite ».

Coupables aussi les parents, pr�ts parfois � n�gocier un demi point (comme leurs rejetons) plut�t que de les mettre au boulot, mais les premiers � se plaindre parfois qu’il y a trop de travail, trop de lectures.
Coupables aussi les « projets », la dispersion perp�tuelle, au lieu d’�tre en classe, les uns transmettant, les autres apprenant. Mais un projet permet de faire de la com’ dans la revue de l’�tablissement, et aupr�s du rectorat. Evidemment, les �tablissementss traditionnellement renomm�s n’ont d’autre projet que le programme, encore le programme, toujoiurs le programme, pendant que les autres font mumuse � faire de la photo, du cirque ou des ateliers hip -hop

R�sultat : � parchemin th�oriquement �gal , les �l�ves n’ont pas le m�me niveau. Les meilleurs bacheliers ont de la marge devant eux , les autres ont un titre qu’ils n’auraient jamais eu , n’ayant pas pass� le cap de la 3�me, ne serait-ce que 15 ans plus t�t.
Un peu comme une course o� l’on qualifie tous ceux qui courent le 100 m�tres en 30 seconde. Tout le monde est qualifi�, les uns poussivement, et c’est leur terminus, les autres sont pr�s pur la finale o� il faudra faire 10 secondes.
C’est �galement l� que jouent les codes, car certains se seront habitu�s � cette id�e et n’auront pas vu une finalit� dans le bac, se seront m�nag� de la marge, auront pris toutes les options possibles, et auront �t� inform� sur leur devenir apr�s le bac. L� pr�cis�ment o� commence le jeu de quilles...

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Erwan 7 juillet 2010 12:39

En tout cas mon bac je l’ai pas vol�, 14 ans d’�tudes du primaire � la terminale, �tre en classe 8 h00 par jour entour� de camarades pas toujours int�ressants (pour rester poli), les cours de r�cr�ation glaciales l’hiver, les critiques de certains profs pas toujours justifi�es, les devoirs saqu�s (royalement 11 en fran�ais une fois alors que je m’�tais inspir� d’un corrig�).
Il est de bon ton de dire « le bac c’est rien » en r�p�tant ce qui se dit comme des perroquets, ce qui a le don de m’exasp�rer, certains disent �a alors qu’ils ne l’ont m�me pas. C’est rien quand on l’a au rabais apr�s avoir rien fichu. Pas quand on on a travaill� tous les soirs jusqu’� 11h voir bien plus apr�s s’�tre lev� � 6h45 et qu’on a une mention. C’est rien les int�grales les suites num�riques les vecteurs dans l’espace, la physique-chimie de tr�s haut niveau, le niveau baisse moi je trouve qu’il monte plut�t pour certains bac �litistes, 40 vitesses oui c’est sur. C’est insultant pour ce travail scolaire de dire que c’est rien. Quel encouragement pour les coll�giens ou lyc�ens qui entendent ce discours ! C’est quand m�me la base des �tudes sup�rieures. Si c’est rien pourquoi on le passe ?
C’est pas parce qu’on le « donne » a tout le monde que c’est rien.
Je crois qu’on confond le fait que maintenant c’est insuffisant pour avoir un emploi dans une soci�t� toujours plus exigeante et concurrentielle avec le niveau du dipl�me. Alors qu’autrefois m�me sans le bac on pouvait entrer dans une entreprise, gravir les �chelons finir directeur et l� on ne disait pas c’est rien. La v�rit� c’est qu’on en demande toujours plus pour parvenir au m�me niveau de revenu et on voudrait nous faire croire le contraire.
Vous reprenez les th�ories de Bourdieu sur les codes sociaux, th�ories int�ressantes mais limit�es, qui ne tiennent pas compte de l’inn� et de l’acquis.
On est dans une soci�t� du paraitre et du fric obs�d�e par les grandes �coles, les cadres de grandes entreprise, ce qui s’inscrit dans une sorte de m�galomanie m�diatique moderne dans laquelle il faut �tre star de t�l� r�alit� ou dipl�m� d’une grande �cole, cadre � 25 ans, milliardaire fondateur d’une entreprise internet � 30. On peut aussi r�ussir plus modestement � la fac et devenir m�decin ou comptable, ce qui est d�j� le haut de la soci�t�, non tout le monde n’a pas les capacit�s de faire polytechnique ou d’autres grandes �coles m�me si ce serait peut �tre souhaitable, "le chemin de la r�ussite" quel d�lire !. Polytechnique sinon rien.

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- Sinbuck 7 juillet 2010 18:36
  
  C’est bien Erwan tu as une bonne d�fense...
  
  On sent que tu as fait des efforts pour y arriver... au bac.
  
  Il y a les �l�ves volontaires et d’autres qui ne font pratiquement rien, le nivellement par le bas impos� par les hautes sph�res de l’�ducation nationale est n�anmoins une catastrophe.
  
  Je trouve, en effet, que les �l�ves connaissent »plus de chose" mon="mon" mais="mais" cette="cette" connaissance="connaissance" est="est" anarchique="anarchique" orientation="orientation" pour="pour" par="par" -="-" but="but" les="les" en="en" tous="tous" genres="genres" dichotomie="dichotomie" passe="passe" point="point" de="de" vue="vue" et="et" surtout="surtout" dessein="dessein" vers="vers" le="le" capitaliste="capitaliste" occidental="occidental" la="la">
  
  Dans le syst�me, plus tard, tu trouveras d’autres argumentations pour essayer de jalonner l’�tat des lieux de notre soci�t�.
  
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Sinbuck 7 juillet 2010 18:40

En effet Marc, tu as raison... l’efficience scolaire n’est plus suffisante. Et pour cause !

C’est vrai qu’il manque un lien fort avec le milieu professionnel et ses activit�s. Mais le probl�me va au del� d’une simple adaptation technique des programmes � l’air du temps contemporain.

C’est vrai �galement que la r�gle de trois, en math, est un probl�me, certains �l�ves de terminale S (je suis prof de physique) ne savent pas forcement appliquer cette r�gle �l�mentaire ni m�me trouver l’�quation d’une droite en comprenant que le coefficient directeur est un rapport de proportionnalit�.

Mordax, je r�it�re : belle photographie...

Et oui, c’est ainsi ! Et pourquoi cela ?

Parce que certains intellectuels sur-aliment�s par la pens�e positiviste, des universitaires en sciences humaines et n’ayant jamais eu d’�l�ves en classe de lyc�e devant les yeux, pensent que la transmission du savoir d�pend des « techniques codifi�es et assimil�es » par un mental non corr�l�s avec la « vrai vie ».

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- Marc Bruxman 7 juillet 2010 19:14
  
  « C’est vrai qu’il manque un lien fort avec le milieu professionnel et ses activit�s. Mais le probl�me va au del� d’une simple adaptation technique des programmes � l’air du temps contemporain. »
  
  Le pire c’est que souvent les �l�ves aiment bien. J’ai souvenir d’avoir fait quelques initiations � la programmation � des plus jeunes volontaires et ils �taient clairement int�ress�s de voir comment les choses marchent. Peut �tre faudrait il d’ailleurs proposer � des pr�-retrait�s du priv� volontaires de venir donner quelques cours.
  
  « C’est vrai �galement que la r�gle de trois, en math, est un probl�me, certains �l�ves de terminale S (je suis prof de physique) ne savent pas forcement appliquer cette r�gle �l�mentaire ni m�me trouver l’�quation d’une droite en comprenant que le coefficient directeur est un rapport de proportionnalit�. »
  
  Et le pire est qu’on va leur donner le bac. Ils ne sont pas compl�tement d�biles je pense et beaucoup feront les efforts n�c�ssaires si ils savaient que ne pas savoir cela �tait �liminatoire.
  
  Et puis puisque vous �tes prof de Sciences je rajouterai qu’on ne fait plus assez de d�monstrations. Je me souviens avoir recherch� des ann�es plus tard pourqoui j’appliquais b�tement DELTA = b2-4ac et la suite lorsque je voulais trouver les racines d’un polynome du second d�gr�. J’ai appliqu� des ann�es cette formule sans savoir pourquoi. Je me suis pos� la question un jour en pr�pa ;) La d�monstration �tait je pense � la port�e de l’�l�ve que j’�tais en premi�re. Mais on ne me l’a pas donn�.
  
  De m�me en Physique, je me souviens avoir eu un choc en arrivant dans le sup�rieur et en d�couvrant une nouvelle mati�re qui s’appelle aussi « Physique » mais qui ne ressemblait pas du tout � ce que j’avais fait avant. Et je crois que si l’on nous y avait pr�par� cela aurait non seulement facilit� le boulot pour plus tard mais �vit� bien de mauvaises orientations.
  
  « Mordax, je r�it�re : belle photographie... »
  
  Un b�mol pour Mordax, la p�dagogie par projets ca m’a beaucoup appris un �cole d’ing�nieur. Et je pense que ca aurait pu me servir plus t�t. Mais c’�tait des projets en rapport avec le programme et avec des exigences p�dagogiques fortes (note, ...).
  
  Parce que certains intellectuels sur-aliment�s par la pens�e positiviste, des universitaires en sciences humaines et n’ayant jamais eu d’�l�ves en classe de lyc�e devant les yeux, pensent que la transmission du savoir d�pend des « techniques codifi�es et assimil�es » par un mental non corr�l�s avec la « vrai vie ».
  
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Nico 11 juillet 2010 12:47

Article claivoyant.

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Baccalaur�at 2010 : et apr�s ?

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