mardi 9 août 2011 - par Phil AUTEMPS

C’est dans l’intérêt général... 2/5 Les fouilles

Résumé du chapitre précédent : Les travaux de sécurisation sont surtout une réfection complète de la chaussée pour l'adapter au trafic des poids lourds.

Avertissement : Dans ce récit ne seront pas indiqués de noms de lieux ou de personnes. Le but n'est pas d'attaquer des personnes dont le travail et les compétences sont reconnus mais de montrer l'état d'esprit, ou plutôt de matérialisme, auquel nous sommes soumis, pour "notre bien". Le ton parfois pamphlétaire ne vise qu'à exprimer un ressenti. Je souhaite qu'il en soit de même dans les commentaires.

2. Les fouilles

Bien que votre secteur soit bâti de longue date, au moins depuis le Moyen Âge, des fouilles archéologiques seraient inutiles tant votre trottoir a été éventré : élargissement, eau, électricité, téléphone, tout-à-l'égout, gaz, réparations... Les fouilles dont il va être question consistent à retrouver ces réseaux et à en dégager l'accès pour les modifier. Des plans actualisés avec les indications des propriétaires faciliteraient ces travaux.

Cinq jours après l'aménagement permettant d'accéder à votre domicile, elles commencent sur le trottoir avec une pelle de chantier (plus petite que celle-ci, quand même). Avec une mini-pelleteuse, ce serait certainement trop long et trop couteux...

Conseils basés sur l'expérience : 

  • Si votre conduite d'eau a été détériorée, n'ouvrez surtout pas les robinets. Attendez la réparation puis essayez de faire partir la boue, les cailloux, l'eau peu ragoutante, par un robinet extérieur ou sans filtre. Il est recommandé de faire une déclaration à votre assurance (robinets à changer).
  • Regard ou conduite de tout-à-l'égout détérioré : Vous risquez de supporter pendant des semaines des odeurs pestilentielles et de profiter de bactéries émoustillées par la chaleur, à moins que la réparation soit effectuée rapidement, espérons-le pour vous.
  • Câble dénudé (électricité, téléphone) : Vous êtes dans la panade puisqu'ils doivent être remplacés, mais dans quelques semaines.
  • Si vous êtes dans un de ces cas, vous commencerez à éprouver la solitude de celui qui n'est bon qu'à payer et se taire.
  • Envisagez également la possibilité de devoir partir en raison d'une fuite de gaz.

Mais qu'importe puisque le planning est respecté.

Un ouvrier vient vous annoncer qu'il va poser des regards sur votre terrain. Surprise ! Vous découvrez que les réseaux enterrés vont être refaits d'une autre manière. Vous subissez alors un flot d'informations surprenantes. Surtout, si on vous demande un arrangement, dites toujours non. Vous pourrez changer d'avis.

Le résultat de ces fouilles est un cratère qui rétrécit singulièrement le passage... Si vous détériorez votre voiture, vous n'avez plus qu'à en changer, étant donné son ancienneté... Aussi vous ne vous risquerez pas sur une pente en tout-venant à déraper de 20 cm et caresser le mur ou percuter une barrière de protection.

Heureusement, un voisin (veillez à rester en bons termes avec les vôtres) autorise le passage par son terrain. Ce périple permet de cahoter sur des racines, d'emprunter un chemin d'exploitation en espérant ne pas être obligé de faire une longue marche arrière si un engin agricole se présente, pour aboutir sur le lieu où l'entreprise stocke son matériel et ses engins, ce qui peut amener à attendre que les engins soient déplacés.

Et cela reste en l'état (planning oblige). Le maire tente de vous faire patienter en mettant en exergue la meilleure qualité de la route dont les travaux seront "presque" terminés dans un mois. Bien que vous soyez très patient, vous adressez au Conseil général un signalement de vos problèmes. Erreur funeste ! (Voir le prochain chapitre.)

Et les travaux progressent, enfin ils s'approchent de chez vous. Sera-ce la fin de vos malheurs ?

Non, le lendemain, vous êtes informé par un ouvrier qu'en raison de la pose des trottoirs et bordures, il ne sera pas possible de sortir votre véhicule pendant une semaine (en réalité, deux semaines). Ça ne change pas grand-chose mais il y a eu un effort de communication.

Vous ne vous faites pas d'illusion. Dans une randonnée, ceux qui marchent moins vite ne peuvent guère profiter des pauses qui s'achèvent à leur arrivée. Pour les travaux, c'est la même chose, quand la situation retrouve enfin une apparence de normalité, il faut subir la suite des désagréments.

Et les derniers jours, dont encore un week-end, vous découvrez que les bordures de trottoir ont été posées partout, vous interdisant le maigre passage qui subsistait. Vous n'avez plus aucune possibilité de sortir de chez vous... Si ce sont les "désagréments et gênes" qu'a annoncés la mairie, c'est un euphémisme...

Depuis un mois déjà, vous espérez ne pas avoir besoin d'un dépannage, d'une urgence médicale, de l'intervention de secours contre l'incendie, vous avez reporté des travaux dans votre maison, et vous ne commandez pas de colis par pitié pour la factrice... Même l'entreprise qui gère les réseaux a dû faire passer ses engins par le terrain du voisin qui a ainsi subi des dégradations.

Vous n'avez aucun a-priori (ni a-posteriori) envers les entreprises ni envers quiconque, vous devinez que les impératifs budgétaires priment maintenant sur votre liberté mais vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que d'autres auraient engagé maintes procédures et adressé moultes suppliques...

Troisième chapitre : Les réclamations (12/08/11)



10 réactions


  • Marco07 9 août 2011 15:01

    Je compatis.


    • Phil AUTEMPS 9 août 2011 16:08

      Merci...
      Cette description du contexte est assez ennuyeuse mais nécessaire pour la suite.
      Ce type de problème a certainement été vécu par d’autres « gens de tous les jours » qui hésitent à s’exprimer sur la toile ou en ont été découragés.


  • Laratapinhata 9 août 2011 20:28

    C’est ça l’efficacité du service public....

    Que ces fouilles soient adjugées à une boîte privée , avec un contrat, des délais à respecter et chaque citoyen aura un recours possible. Et des dédommagements pour nuisance prolongée.


  • Laratapinhata 9 août 2011 20:30

    PS : L’intérêt général ne signifie pas dispense d’indemnisation, en cas de privation du droit de jouissance de son bien...de dérangement, quoi...


    • Nanard39 Nanard39 10 août 2011 08:37

      Que nenni ! il s’agit de chercheurs archéologues fonctionnaires, habilités à faire des milliers de m3 de terrassements au scalel, au pinceau et au seau .... entre des cordons de quadrillage ..... ; quand on les voit arriver .... personne ne sait le temps que cela va durer .... eux non plus ! .... ; ils cherchent et ne savent pas ce qu’ils vont trouver (comme beaucoup de chercheurs ....) ; le temps est un sujet qui les dépasse ! .... puisqu’ils travaillent dans l’antiquité ! ....


  • chapoutier 9 août 2011 22:21

    je me permet de réagir, car fort étonné de lire vos mésaventures, en effet, mon métier consiste à superviser pour le compte de l’état, ce genre de travaux !
    qui est le maître d’ouvrage, mairie ou conseil général ?
    qui est le maître d’œuvre, DDE ou bureau privé ?
    tout ce que vous décrivez est du domaine de l’inacceptable !
    Ils ont obligation de remettre les choses en état, avez vous des photos avant travaux ?
    ils vous doivent l’accès pendant les travaux !
    en ce qui concerne l’impératif budgétaire c’est vous qui payez les travaux (tva impots)
    he oui, des fois il faut saisir le tribunal administratif pour faire respecter vos droits.


    • Laratapinhata 9 août 2011 22:47

      Le tribunal administratif ? Alors là c’est l’argument rédhibitoire par excellence... et oui, y a délai de prescription de deux mois après les faits incriminés et faut se dépêcher.... Il ne faut pas obligatoirement un avocat ? Et puis la justice administrative prend son temps... des années, d’après mon expérience...
      Faut pas charrier... l’Etat avec ce fonctionnement , cette justice sur mesure, est à peu près sûr de ne jamais être inquiété... Voilà une des mesures de réforme à prendre en urgence : la justice ordinaire pour régler les litiges du citoyen et de l’Etat...

      .... bon , moi je n’aurais ni votre patience , ni votre passivité.


    • Nanard39 Nanard39 10 août 2011 08:47

      Je m’excuse de réagir à votre réaction ! .... mais vous n’avez certainement pas du avoir affaire souvent à ces personnes .... toutes puissantes ! .... face à eux vous n’avez qu’un droit : wait and see ! .... quand aux conseils, assistants maitres d’ouvrage, ex-DDE (dix doigts engourdis) et autres parasites des marchés publics actuels, on ne peut que constater l’incompétence d’un certain nombre d’entre eux et la méconnaissance évidente des règles de construction et du code des marchés publics .... ; tiens ! une piste d’économie .... (ils perçoivent en honoraires plus pour regarder (chose qu’ils ne sont parfois même pas capable de faire) que de faire les études ....


    • chapoutier 10 août 2011 10:51

      ne vous excusez pas, j’ai souvent à faire à eux.... puisque je suis DDE, et c’est justement mon métier.


  • Phil AUTEMPS 10 août 2011 07:48

    Je pense que cette situation que j’espère exceptionnelle par sa durée ne l’est pas par ses caractéristiques dont vous découvrirez d’autres aspects dans les troisième et cinquième chapitres.


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