jeudi 24 mars 2011 - par Alain Astouric

Ces façons de manager grandes pourvoyeuses de stress

Déjà en novembre 2009 le rapport intitulé, La santé mentale, l’affaire de tous, remis à la secrétaire d’État chargée de la prospective prônait une organisation du travail plus respectueuse du bien-être des salariés. Après avoir souligné plusieurs paradoxes du système actuel, cette même étude se donnait alors comme objectif de réhumaniser le monde du travail.

Quelques mois plus tard, c’est sous le titre, Etre heureux au travail, que la-Croix.com nous disait d’entrée de jeu : Malgré l’augmentation du stress, une majorité de salariés se déclarent satisfaits de leur vie professionnelle. Puis l’article, au demeurant fort bien documenté, en venait à préciser : Les sociétés les mieux notées […] sont toutes des entreprises où l’on se soucie des salariés. Celles pour lesquelles le bien-être et la santé des collaborateurs sont essentiels.

Franchement nous nous en doutions un peu, il était temps qu’un journal l’écrive.

Plus récemment encore, publicsenat.fr proposait plusieurs améliorations en matière d’organisation et de fonctionnement au travail : […] mieux former les cadres dirigeants à la gestion d’équipes […] des cours de management pour les écoles d’ingénieurs [et] afin que les managers se préoccupent réellement du bien-être des salariés, faire en sorte qu’une part de leur rémunération variable dépende d’indicateurs sociaux et de santé au travail.

Or, s’il est exact que des façons de faire comme, la mutation organisationnelle permanente, la religion de la mobilité, la réingénierie, le travail en mode projet, l’empowerment, l’individualisation des résultats, la rémunération variable individuelle peuvent offrir certaines opportunités de responsabilisation des salariés et de mise en place d’organisations moins hiérarchiques, ces techniques de management sont surtout de grandes pourvoyeuses de stress qui font peser de graves risques sur la santé mentale des travailleurs.

Dans ces conditions la question devient simple : Jusqu’à quand va-t-on laisser ces techniques managériales, prétendument innovantes et souples mais en réalité ultralibérales et dures, ravager le monde du travail ?

Alain Astouric

Source http://astouric.icioula.org



10 réactions


  • docdory docdory 24 mars 2011 10:43

    @ Alain 02

    Entièrement d’accord avec vous. En tant que généraliste, je peux affirmer qu’au moins la moitié des dépressions et des arrêts de travail sont dues au harcèlement ou à la pression psychologique indigne dont sont victimes de nombreux salariés.
    Certains salariés ne peuvent pas reprendre leur travail sauf à devenir fous ou à se suicider, mais ils ne peuvent pas non plus démissionner sinon ils se retrouvent à la rue....
    Certaines professions sont très exposées : les personnes qui sont dans le télémarketing ( vous savez, celles qui vous dérangent au téléphone en plein repas du soir pour vous proposez de changer de fournisseur d’électricité ) et celles qui sont dans les service après vente téléphoniques de fournisseurs d’accès internet ou de téléphonie mobile.
    D’après ce que j’ai pu constater, il est impossible de faire ce genre de métier plus d’un an sans y perdre la santé mentale pendant plusieurs années ensuite.
    Un autre fait générateur de troubles mentaux et de perte d’estime de soi, ce sont les commerciaux payés à la performance, qui se retrouvent à fourguer à des clients, dont ce n’est absolument pas l’intérêt, des produits bancaires très risqués ou des contrats téléphoniques exorbitants que des petits retraités ou des salariés mal payés ne peuvent ensuite pas payer.
    Ils se rendent bien compte de l’immoralité de ce qui leur est demandé par leur employeur, mais si ils ne le font pas , ils se font engueuler, n’ont pas de promotion, ou bien restent à un salaire très bas.
    Ils ont le choix entre se dévaloriser moralement ou se dévaloriser financièrement.
    Là encore, ils y perdent souvent la santé mentale ...

  • Robert GIL ROBERT GIL 24 mars 2011 11:10

    Le harcèlement est devenu une méthode de management, isoler les individus, supprimer leurs repères, enlever leurs habitudes pour pouvoir ensuite les re-formater. Les entreprises sont de plus en plus des zones de non droit...lire :

    http://2ccr.unblog.fr/2010/11/01/la-violence-du-harcelement/


  • Kalki Kalki 24 mars 2011 15:07

    Aujourd’hui on a le droit et le devoir dans le neolibéralism de tuer les gens ; et en tout impunité

    les faire suer a en crever
    ce n’est pas ca qui créer de l’innovation, ou de la valeur ajouté et de la croissance

    mais on s’en fout

    du moment qu’on peut se sentir petit maitre avec ses nègres


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 24 mars 2011 15:20

    Bonjour,

    sorti de ma scolarité sans aucun diplôme ni métier, je n’ai vécu que de petits boulots et tourné les talons à la première humiliation, c’est à dire souvent avant la fin de la semaine, c’est partout comme ça, « je suis là depuis plus longtemps que toi, tu es le petit dernier, c’est toi qui va prendre pour les autres la tension accumulée depuis des jours !  »

    le rôle du manager est de harceler tous ses sujets pour évaluer la résistance de leurs épaules, et les plus résistants se vidangent sur leurs inférieurs...et vu que l’éducation nationale a pour mission de forger des soumis obéissants, je vous laisse imaginer comment finissent les meilleurs éléments.

    Quant aux gouvernants, voir le sujet de Cabanel hier : http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/quel-manque-de-classe-91109#forum2861447


  • Frédéric BOYER Frédéric BOYER 25 mars 2011 08:39

    Bonjour,

    Je me demande comment fonctionne le système de vote Agoravox.

    8 h 30 : 10 votes, 90 % de oui, ce qui implique 9 votes oui, 1 vote non.

    8 h 30, je vote oui.

    8h 31 : 11 votes, 90 % de oui.

    Curieux, non ?


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 25 mars 2011 09:02

    C ’ est pas dur cher ami . 


    Non pas arriver sur le marché du travail avec des diplômes à la con ne 
    servant qu’ à faire de l’ abattage dans des boîtes à escroc , il serait adéquat 
     d’ apprendre un métier , un vrai et ensuite se mettre à son compte et non au 
    compte des requins de l’ argent .

  • Ecométa Ecométa 25 mars 2011 09:17

    Ce sont des valeurs hautement humaines qui devraient présider le monde de l’entreprises et non des valeurs bassement humaines !

    Manager, comme gouverner d’ailleurs, ne devrait pas consister à diviser mais à rassembler en fonction d’un but fédérateur pour toute l’entreprise ; en l’occurrence pour satisfaire les besoins en tout genre de l’entreprise, mais également, et au-delà, afin de satisfaire cet « ensemble sociétale » duquel l’entreprise tire sa raison première d’exister comme sa pérennité, et non en fonction d’une doctrine, quelle qu’elle soit, construite sur des principes essentiellement utilitaristes quand il devraient être avant tout finalistes : sociétalement finalistes !

    Nous sommes passés de la « sociologie d’entreprise », pour laquelle tout était écrit, avec des théories managériales basées sur l’ « Humain », à des théories exclusivement « techniques » dites « modernes » et qui font de l’humain une simple machine, une chose manipulable à souhait par des manipulateurs !  Nous sommes passés d’un management humain à la réification de l’être humain qui devient une chose manipulable comme n’importe qu’elle chose mécanique.

    A proprement parler, il ne s’agit pas de théorie de management, elles ne sont d’ailleurs écrites nulle-part, car elles sont seulement transmises oralement ; il s’agit simplement de « technique commando » basé sur des mises en situation permettant un véritable lavage de cerveau : on-t-a demandé de réfléchir ? Non ! Alors tu fais ce qu’on-t-a demandé de faire et fin de la discussion !


  • gaijin gaijin 25 mars 2011 09:33

    "Jusqu’à quand va-t-on laisser ces techniques managériales, prétendument innovantes et souples mais en réalité ultralibérales et dures, ravager le monde du travail ?"
    jusqu’à ce qu’on comprenne que ce n’est pas efficace en terme de rentabilité. Parce que il ne faut pas se leurrer les seules préoccupations qui occupent les managers sont financières ils ont le même soucis de l’individu que le requin a le soucis des petits poissons.
    Le problème c’est que bien qu’il y ait un frémissement d’évolution actuellement en réalité notre système de formation a un tropisme a perpétuer les erreurs. il faudra plus d’une génération pour évacuer les imbécilités issue des années 80


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