mercredi 19 décembre 2007 - par Argoul

Classe moyenne (1) : qu’est-ce qu’une classe sociale ?

Le terme « classe » peut désigner :

• une stratification en catégories hiérarchisées de naissance (comme les castes et les ordres) ;
• ou de fait (comme les catégories socioprofessionnelles) ;
• ou être pris pour acteur dans un mouvement historique.

Karl Marx a beaucoup erré dans sa classification, tenant compte du contexte historique et du niveau d’analyse. Mais il voyait dans la lutte entre « exploiteurs et exploités » le moteur de l’Histoire. A partir de cette dichotomie binaire depuis l’origine des sociétés, les classes se forment, selon lui, par coagulation socioprofessionnelle et idéologique. Seul « le prolétariat » aurait une conscience « scientifique » de son rôle dans l’Histoire, comme « dernière » classe avant le nivellement socialiste projeté dans l’avenir.

Sociologiquement, Marx exigeait pour parler de « classe » trois critères :

1. économique, la position dans le système de production ;
2. social, des pratiques de socialisation entre membres d’une même classe ;
3. politique, une lutte pour les intérêts communs - à condition qu’existe la conscience de classe.

Gurvitch ajoute la résistance de la classe à la pénétration par la société globale. Tel est souvent le cas de la petite paysannerie autarcique. Halbwachs ajoute la position sociale de chaque classe dans la mémoire collective, notamment le ressentiment de ’distance sociale’ et la façon de socialiser les individus.fille-bourgeoisie-moyenne.1197925125.jpg

Max Weber, sociologue et économiste allemand, distingue (selon le schéma théorisé plus tard par Dumézil) trois ordres dans une société moderne : le politique, le social et l’économique :

1. le politique détermine l’appartenance à un parti, ce qui peut être relativement indépendant du ;
2. statut social qui détermine le prestige (ex. : la gauche caviar ou l’ouvrier d’extrême droite) ;
3. la classe proprement dite étant de l’ordre de l’économique, déterminant le niveau de vie.

Les styles de vie et la consommation spécifique fondent un ’honneur social’ auquel on ne peut déroger, quel que soit son revenu, sous peine d’être un ’déclassé’ ou un ‘nouveau riche’. L’économique est de situation, le statut de consensus, le politique de choix relatif.

Schumpeter ajoutera des critères objectifs comme le nombre de mariages en son sein, et ajoutera le concept de trajectoire, conduisant aux ’survivances’, les comportements de classe s’expliquant par une situation révolue (par exemple fils de famille d’ouvrier ayant fait des études et porté à « gauche », ou fils de bourgeois ayant raté les siennes et porté à la crispation extrême).



20 réactions


  • ZEN ZEN 19 décembre 2007 12:04

    Article -catalogue, sans analyse

    Louis Chauvel est LE spécialiste de cette notion floue de « classe moyenne » :

    http://louis.chauvel.free.fr/destabilisationdesclassesmoyennes.pdf


    • Francis, agnotologue JL 19 décembre 2007 14:14

      Bonjour ZEN, la possibilité d’être modérateur facilement depuis la réforme provoque sans doute cette profusion d’articles vides : un lobby (?) se serait-il engouffré dans cette brèche ?

      Même Lerma est modérateur smiley


    • Marsupilami Marsupilami 19 décembre 2007 14:25

      @ Zen @ JL

      C’est un article qui ne « classe » pas des briques. A consommer avec modération...


  • philmouss philmouss 19 décembre 2007 14:38

    ça à le mérite de remettre à l’ordre du jour une vision plus conforme que celle que celle de « lutte des places » de Vincent de Gaulejac, parceque globalement la « lutte des places » c’est « la lutte des classes », la classe émergentes étant sans doute celle des exclus du travail « sécurisé » : intérimaires, vacataires, intermittents, travailleurs pauvres... les outsiders, qui payent cher, pour la sécurité des « insiders » qui partent au sport d’hiver. Effectivement, pour ceux là, (les outsiders) la « conscience de classe » est absente, forcément puisqu’il sont dans des zones dites de « transition ». Si il faut une conscience de classe et l’engagement dans une lutte pour ses intérêts pour faire une classe alors les outsiders n’en sont pas une, si il suffit d’un vécu commun alors on peut les considérer comme un groupe social, mais sans identité réelle, sans collectif (ou très peu), sans moyen de se faire entendre. Une « non-place » ne garantie semble-t-il aucune appartenance.


  • Tonio Tonio 19 décembre 2007 14:53

    D’où la sortie de DSK sur la fin de la lutte des classes : il note que ce n’est pas parce qu’on est entrés dans une société radieuse et sans conflit, l’exploitation s’est aggravée. Mais le « proletariat », en tant qu’objet social et politique, n’existe plus.

    Sur la classe moyenne, ben par définition elle n’est pas définie. On peut juger, soit qu’elle représente le fonctionnement normal de la société, et alors elle englobe tout le monde sauf les très riches et les très pauvres, soit (option lutte des classes) qu’elle est placée dans le rapport de production entre le prolétariat et les capitalistes, et qu’elle est destinée à se ranger dans l’un des deux camps par aggrégation progressive.


    • Proudhon Proudhon 19 décembre 2007 20:34

      DSK, il est socialiste comme moi je suis de droite.

      Une véritable ordure qui traîne depuis quelques temps ses guêtres du côté de Bildeberg, c’est tout dire de la misère pathétique du personnage. Mnef oblige.

      Le prolétariat n’est pas mort (plus de 5 millions), il vous nourrit de sa souffrance quotidienne. Priez crapules de castes, pour qu’il soit encore patient quelques temps avant sa colère ultime.

      Il y aura du sang sur les murs !


  • Argoul Argoul 19 décembre 2007 15:04

    Je supppose que ceux qui se sont rués sur leurs claviers dans la fièvre de « commenter » tout et n’importe quoi du moment que « ça » commente, ont noté qu’il y avait un (1) dans le titre...

    Cela veut dire que l’article complet est trop long pour passer en une fois. Il y en aura 3.

    Je suppose (ce n’est pas moi qui ai « proposé », il a été « repris », je ne sais pas si les commentateurs effrénés voient vraiment la nuance) que les deux autres vont être publiés aussi. En tout cas, ils se trouvent sur le blog « fugues & fougue ». http://argoul.blog.lemonde.fr La classe moyenne y est - bien évidemment puisque c’est dans le titre - abordée.


  • maxim maxim 19 décembre 2007 16:52

    à partir de quel niveau de revenu annuel est on classe moyenne de nos jours ????

    et puis moyen ,c’est aussi assimilé à mediocre dans certaines notations ,exemple : élève moyen ...travail moyen....c’est moyen .....

    il y a intermédiaire également ,mais l’intermède ,l’interlude,c’est ce qu’on passe à l’entracte ,que personne n’écoute ,qui emmerde tout le monde ....

    c’est pas facile d’être classe moyenne maintenant ....et j’en suis !!!!!


  • maxim maxim 19 décembre 2007 17:40

    bonsoir Léon ,j’ai parcouru ce lien ,5 mois dèjà de passés ,des perdus en route également ,Npm volatilisé ,et des posts du capitaine ( émouvant..)

    il s’en est passé des choses depuis !!!!


    • maxim maxim 19 décembre 2007 17:54

      bonsoir Snoopy ...

      c’était le fameux seuil de la richesse d’après Hollande ( ah ah ah !!!!) en région Parisienne,c’est tout juste suffisant pour vivre 4000€ ,faut pas faire de folies !!!


  • Tonio Tonio 19 décembre 2007 18:16

    ah oui, merci Leon, très bon article.


  • moebius 19 décembre 2007 22:08

    ...donc pas de conscience de classe pas de classes sociales...


  • vinvin 25 janvier 2008 02:30

    Bonjour.

     

    QU’ EST-CE QU’ UNE CLASSE SOCIALE ?

    Et bien c’ est simple !

    dans certains pays Indou, ainsi que certains pays comme le Pakistan, par exemple, on n’ emploi pas le mot "CLASSE" mais le mot "CASTE".

    Ses deux mots tout en étant diferents veulent dire exactement la meme chose !

    Selons le pays et les cultures, on peut employer certaines expressions diférentes, qui veulent dire les memes choses.

    ( Les indiens d’ Amérique, au lieu de dire DIEU, disaient LE GRAND MANITOU) !

    Ben c’ est pareil avec les mots CLASSE et CASTE..........

     

    Bien cordialement.

     

    VINVIN.

     

     

     


    • Argoul Argoul 25 janvier 2008 04:35

      Rien à voir : une caste se reproduit génétiquement et est cantonnée par tabou dans l’isolement (on ne se marie pas entre caste, on ne se fréquente pas).

      Une classe est un groupement d’intérêts communs. On peut changer de classe : monter de la moyenne dans la supérieure si on fait les bonnes études ou si on crée une entreprise ou un commerce qui marche. On peut aussi en descendre : un fils de PDG ou d’énarque peut se retrouver en psycho ou aux Beaux-Arts et ramer en intermitence pour 1200 euros brut par mois.

      Mais être né dans une classe n’empêche pas de se marier dans un autre ou de réussir socialement. Dans une caste - si. Sauf si l’Etat force la fin de la discrimination par des lois d’action affirmative : c’est le cas en Inde où le Président de la république est de basse caste. Mais en aucun cas les mariages ne sont constatés...

      C’est toute la différence : en caste, il faut être né - en classe, il faut réussir...


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