mardi 29 juin 2010 - par VivreDifferent

Consultant : l’intérim sans la prime

Derrière une image d’expertise technique, les sociétés de consultants jouent bien souvent le rôle d’agence d’intérim qui ne dit pas son nom, et leur activité pourrait être qualifiée de délit de marchandage. Evolution sociale, la plupart des grands groupes industriels sont devenus accros de cette nouvelle main d’œuvre, qui répond à ce besoin essentiel de toute entreprise moderne : avoir des salariés à la fois hautement qualifiés et jetables comme un mouchoir en papier.

Les entreprises emploient de plus en plus de consultants pour leurs projets, pour un surcroît d’activité, ou même en temps ordinaire. Le consultant est en vogue, il est plébiscité par les employeurs, du moins ceux qui résistent à la crise. Il faut dire qu’au-delà de ses compétences, son statut est avantageux pour l’entreprise cliente. Contrairement à l’intérim ou au CDD, aucune justification n’est demandée par la loi, la flexibilité est absolue, que ce soit pour les horaires, la durée, le renouvellement, la rupture... En effet, le consultant est géré par un contrat commercial, et non un contrat de travail, ce qui permet de faire à peu près n’importe quoi ! Seul inconvénient, il faut payer la boîte de consultance. Entre le salaire net du consultant et ce qui est facturé au client, j’ai constaté personnellement un rapport de 1 à 5. Mais la flexibilité n’a pas de prix.

Et la vie du consultant, à quoi elle ressemble, elle ? Un incessant voyage, qui peut être enrichissant au niveau professionnel, mais surtout extrêmement exigeant au niveau personnel. Des missions qui peuvent s’étendre sur plusieurs années ou sur … quelques jours, avec une réactivité attendue très forte. Un nouveau projet à l’autre bout de la France, voire à l’étranger, et hop il faut faire ses bagages sur le champ et partir. Enfin, c’est un choix. Vous pouvez aussi démissionner.

Exemple vécu  : nouvelle mission dans une autre région confirmée au consultant le vendredi pour le lundi. Aucun frais de déplacement pris en charge par la boîte (logement chez un proche). Durée initiale de la mission : 1 semaine. Renouvellement d’une semaine de plus, deux fois de suite. Dernier renouvellement de deux jours. Fin de la mission. Mission suivante !

Comme les licenciements sont très faciles dans ces boîtes, le consultant a la pression pour trouver une nouvelle mission avant même d’avoir terminé sa mission en cours. Difficile de décliner un entretien chez un nouveau client, quelles que soient les conditions. Je me souviens avoir fait des journées de plus de 12 h, à travailler le matin chez le client, partir à midi sur des routes enneigées, mal déblayées, faire plus de 150 km de route (j’ai bien cru y passer parfois), à se caler un sandwich en roulant , histoire de tenir quand même la journée, pour passer un entretien chez un futur client, et revenir le soir tard dans la nuit. Ou passer le week-end en déplacement pour passer un entretien en clientèle, sans autre indemnité que le remboursement du billet de train. (Mais c’est toujours mieux qu’un chômeur, vous me direz, lui on lui rembourse rien.)

Et avec tout ça, les centaines d’heures sup bénévoles, la flexibilité absolue sur les horaires et les jours de travail, les menaces des clients quand ils ont peur que le projet ne marche pas (mais je réussis toujours, sinon j’aurais été viré), la solitude de devoir régulièrement refaire sa vie ailleurs, la précarité du logement (de mauvaises surprises parfois, comme la coupure du courant et de l’eau courante au moment d’emménager, ou un appart infesté de parasites), et l’impression justifiée d’être un simple numéro de contrat pour son « manager ». C’est pas pour rien que dans le métier, on parle de « boîte à viande » pour désigner les sociétés de consultants.

Et cela, pour quel salaire ?

Moins de 2000 euros nets par mois. C’est pas si mal, mais pour un ingénieur, c’est pas énorme non plus. Je donne cette valeur, car c’est la valeur moyenne que j’ai pu rencontrer, chez des consultants qui avaient déjà quelques années d’expérience. Certains commencent avec beaucoup moins.

Avantages supplémentaires ?

  • Prime = 0
  • 13ème mois = que dalle
  • Participation =0 (bien que la société fasse des bénéfices et verse des dividendes importants à ses actionnaires.)
  • Intéressement = 0
  • Pas d’augmentation générale.
  • Augmentations individuelles très faibles, souvent nulles pendant des années, pour des consultants qui donnent pourtant pleine satisfaction dans leur travail.
  • Statut cadre = heures supplémentaires non payées, flexibilité horaire pour le client.

En 2009, une société de consultants jette à la porte (comme plein d’autres) une proportion importante de sa masse salariale à cause de la crise. Aucun licenciement économique, au mépris de la loi. La pratique que j’ai rencontrée : d’abord des pressions pour pousser l’employé à partir de lui-même. Puis, s’il ne veut toujours pas comprendre, lui « proposer » un licenciement pour faute grave (fictive bien sûr), que le salarié contestera, suite à quoi il sera amené à signer un accord, avec son employeur, de renoncement à toute poursuite (concernant son licenciement ou toute conduite de l’entreprise, ce qui lui interdit notamment de témoigner dans un éventuel procès pour licenciement d’un autre employé) ; en l’échange de quoi il aura droit à son indemnité légale (préavis + congés dus). Cette pratique a été réalisée, avec succès, de nombreuses fois dans mon entreprise. (le nombre est impossible à évaluer, les salariés ayant peu de liens entre eux et les syndicats bien sûr n’ont que les témoignages des employés qui ont fait appel à eux, bref pas de comptabilisation possible.) En parallèle, cette société a reçu le soutien de l’Etat pour mettre en chômage technique un bon nombre de ses consultants.

Suite à cela, la société a vu bondir son cours en Bourse, et l’année 2009 a été encore une fois excédentaire.

Les syndicats ? Faibles, impuissants. Ce n’est pas dans la culture des ingénieurs de se syndiquer. Leur formation leur a appris une certaine abnégation, la foi aveugle en l’entreprise et ses dirigeants ; seul le travail docile et acharné paye. (Et puis, quels moyens de pression ? Difficile de demander à un salarié, tout seul de son entreprise sur le site où il travaille, et qui ne même connaît pas ses collègues, de faire grève !)

Ces mêmes sociétés se plaignent dans les journaux de la difficulté à recruter. Ils alimentent la croyance qu’on manque d’ingénieurs en France. En réalité, quand on voit à quoi sont employés bon nombre d’ingénieurs, et ce qu’on accepte comme conditions de travail, on est plutôt en surnombre !

Ces entreprises ont eu une croissance exponentielle ces dernières années, et malgré la crise elles prévoient encore de s’accroître fortement. Elles prétendent faire de la R&D (c’est-à-dire qu’elles vendent des salariés qui vont faire de la R&D chez un client), ce qui leur permet de bénéficier de crédits d’impôt. Il y aurait encore beaucoup à dire, mais je m’arrête là.

La vérité, c’est que ces sociétés sont des parasites sociaux, qu’elles détruisent le droit du travail, atomisent les salariés. Ces sociétés, avec les boîtes d’intérim, sont l’avenir du salariat. Un salariat docile, flexible, corvéable à merci, prêt à être tondu sans broncher.

En ces temps de crise, où beaucoup n’ont pas de boulot, ou encore plus précaires et plus mal payés, mes jérémiades apparaitront peut-être déplacées à beaucoup (et je ne parle même pas des travailleurs chinois !). Si cela ne concernait que moi et ma profession, je fermerais ma gueule. Mais je crois que c’est symptomatique de la crise de l’ensemble du salariat occidental (*). Et comme les journalistes officiels ne parlent jamais des consultants, sauf à relayer la propagande du service de com’ des grosses boîtes du secteur, il fallait bien que je m’essaye à rétablir un peu l’équilibre de la parole.

Le Capitalisme a gagné. Nous avons perdu. A moins d’un changement radical de direction, nous nous enfonçons vers une ère bien sombre. Mais aucun politicien ne semble prendre la mesure des choses. Prenez un Besancenot, supposé radical. Il propose quoi ? Interdire les licenciements. Mais c’est de la connerie, ça ! Ca sert à rien de bloquer le système, il faut le changer !! Trouver une stratégie pour que chaque salarié, chaque homme et femme de ce pays, de cette Terre, puisse gagner en liberté, gagner sa vie sans se plier aux chantages des rentiers, et puisse enfin lancer de grands « FUCK » aux nantis qui veulent tout posséder en exploitant le travail des autres ! Pourquoi ne parle-t-on jamais de liberté dans les médias, autrement que par des expressions telles que « restriction des libertés » ? Pourquoi la liberté n’est-elle jamais au programme des politiques ? Pourquoi tous ces cons votent pour que nous travaillions plus pour que les nantis gagnent plus ?

SUR LES MURS DE MA PRISON

LIBERTE J’ECRIS TON NOM

Allez, je vais me coucher pour être en forme au boulot demain. Performance !!!

Bon courage à tous.

 

(*) j’ai failli parler d’une traversée du désert, mais le jeu de mot était vraiment trop mauvais.



29 réactions


  • Jude 29 juin 2010 10:48

    Bonjour

    Si ce n’est pas indiscret, pour quelle boite travaillez vous (petite ou grande entreprise, nb de consultants,...) et dans quel coin de France est elle basée ?


    • titi titi 29 juin 2010 13:42

      Et surtout.. combien êtes vous facturé par jour ( hors frais) et combien de jours par an...


    • Jude 29 juin 2010 14:12

      Pour le nombre de jour facturés, je pense que l’auteur est sur une base de 219 jours travaillés.

      Quant à sa facturation, d’après ce qu’il nous a dit (2000€ net et un rapport de 1/5 Facturation / salaire), il doit être facturé dans les 500 euros la journée soit soit dans les alentours de 110 000 annuels


    • VivreDifferent VivreDifferent 29 juin 2010 19:43

      Bonjour,

      Je ne répondrai malheureusement pas à votre question. Donner le nom de mon employeur dans cet article, ou des indices permettant de l’identifier, constituerait aux yeux de la loi une attitude déloyale, et cela me vaudrait immédiatement un licenciement pour faute grave, voire peut-être même des dédommagements à payer. Ce genre de société est très susceptible quand on touche à sa réputation, et vous pensez bien que l’anonymat du net n’est qu’illusoire face à des poursuites judiciaires.
      A ce propos, voici une affaire récente, de 2 employés discutant sur Facebook de leur employeur, et qui ont été mis à la porte sur dénonciation d’un tiers : eh oui, discuter sur Facebook entre amis, ce n’est pas tout à fait du domaine du privé et n’est donc a priori pas protégé par la loi. (L’affaire semble encore en délibération aux prud’hommes, mais c’est mal parti pour les salariés selon moi). Vous comprendrez que je sois un peu frileux...

      D’une manière générale (car j’ai rencontré pas mal de consultants d’autres boîtes aussi), il me semble que plus un groupe (ou l’agence/filiale d’un groupe) est grand(e), plus vous êtes un numéro, dans les petites structures les rapports humains sont plus forts (ce qui est bien ou non, à vous de voir). Les petites sociétés se font absorber par les grandes aussi ; on sait qui nous embauche, on ne sait pas forcément qui sera notre employeur l’année suivante.

      Quand à l’emplacement géographique, il n’a guère d’importance pour moi, vu que la mobilité est de règle. Certains peuvent réussir à ne pas déménager pendant des années tout en changeant de missions, si le contexte est favorable (certains secteurs, certains métiers, certaines années). Mais les promesses là-dessus ne valent rien, si vous refusez la mobilité ils vous virent. Beaucoup de boîtes font cette promesse pour attirer des consultants chez eux, mais j’ai pu constater que ce ne sont que de belles paroles qui s’envolent bien vite face à la réalité du marché. Même s’ils marquaient sur un contrat de travail une clause de non mobilité, ça ne les empêcherait pas de vous virer de toute façon, sous un prétexte quelconque (et les indemnités dans ce genre de boîte, je ne suis pas sûr qu’ils connaissent).

      Mon avis, c’est que quand on travaille comme consultant, il ne faut strictement rien attendre de son employeur, engagement écrit ou non, à part le salaire convenu, ou plutôt marqué sur le contrat de travail.


    • VivreDifferent VivreDifferent 29 juin 2010 21:47

      Pour titi,

      le calcul de Jude est juste, à part que pour le nombre de jours c’est incertain (je n’ai pas une mission d’un an, la durée va dépendre des prolongations possibles, et ça va dépendre aussi des congés que je prends ou pas, forcément), mais ça ne change pas l’ordre de grandeur. Je ne sais pas trop pourquoi le nombre de jours vous semble important à préciser ?


    • Jude 2 juillet 2010 11:21

      Bonjour Vivre Différent,

      Loin de moi l’idée de connaitre le nom de votre employeur, cela est bien trop risqué de nos jours d’emettre la moindre critique dans un milieu professionnel...

      Je voulais juste savoir s’il s’agissait d’un cabinet de consulting de 20 personnes, 50, 200 ou 2000, afin d’estimer les couts de structure quant à votre rapport de 1/5. Selon ma propre estimation, il s’agirait plutot d’un gros cabinet (>500 consultants)


  • Polemikvictor Polemikvictor 29 juin 2010 11:26

    C’est exact que ces boites abusent notament des ingenieurs débutant en leur proposant des missions qui seront prestigieuses sur leur CV le jour ou un employeur parlera CDI....
    Si cela peu vous consoler à l’autre bout de la carriere l’executive interim ( ou management de transistion) est plutot une fin de carriere sympatique, le tout est d’arriver jusque a la avec des réferences de qualié.


  • Sasori92 29 juin 2010 11:39

    Merci pour cet article, je ne savais pas tout cela. Les seuls consultants que j’ai eu l’occasion de rencontrer bossaient en banque d’affaires et leurs salaires étaient au contraire extrêmement élevés, donc pour moi le statut de consultant était plutôt enviable a priori. Ces personnes pouvaient se permettre de se faire de grands et beaux voyages très souvent.


    • VivreDifferent VivreDifferent 29 juin 2010 20:05

      Le métier de consultant est très varié, bien sûr il y a aussi de belles situations et de gros salaires. C’est l’image que beaucoup de gens ont, je crois, notamment les employés d’entreprises où j’ai travaillé, pour différentes raisons :

      •  la facturation du consultant est élevé, et paraît démesurée comparée à un salaire net (mais cette comparaison n’a aucun sens, bien sûr !)
      • les consultants qui apparaissent dans les médias sont généralement des séniors et experts de haut niveau, dans des domaines très bien payés
      • le métier de consultant s’est fortement développé ces dernières années, et a été fortement tiré vers le bas à mon avis (salaires et conditions de travail, mais aussi compétences et expertise)

      J’ai aussi rencontré des collègues qui avaient entendu parler de consultant en réorganisation d’entreprise (des gens employés pour préparer un plan social, en gros), et qui pensaient que j’étais là pour les espionner et rapporter la qualité de leur travail à leur chef !

      Bref, je pense que les gens sont nombreux à avoir une vision du métier de consultant assez éloignée de la réalité. C’est entre autres ce qui m’a donné envie d’écrire cet article.


  • pingveno 29 juin 2010 11:49

    Pour moi les responsables ne sont pas les SSII elles-mêmes, mais leurs clients qui préfèrent payer la SSII pour garder le même consultant pendant 20 ans plutôt que d’embaucher ce même consultant à salaire identique ce qui coûterait deux fois moins cher (exemple vécu)
    Sans compter que les grands comptes ne veulent travailler qu’avec des grosses sociétés ce qui pousse les SSII à répondre en consortium, avant de sous-traiter à des SSII plus petites et moins chères (ou en Inde) et c’est là qu’on commence à rogner sur les conditions des salariés.
    Quant à la syndicalisation, le problème est plutôt le mode d’action. On sent bien qu’une grève chez le sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant n’a aucune chance d’aboutir mais les syndicats ne connaissent généralement rien d’autre.


    • finael finael 29 juin 2010 13:37

      Je vois que certains ont reconnu les agissements des SSII, ces vautours.

      Pour ceux que cela intéresse, ou concerne, allez donc faire un tour sur le site du MUNCI !


    • titi titi 29 juin 2010 13:40

      Sauf que ce n’est pas qu’un problème de cout.

      Outre l’aspect flexibilité, il y a aussi l’aspecte « sécurité » : aucun risque qu’une personne ne se rende indispensable car seule à maitriser tel ou tel système stratégique pour l’entreprise. Du coup tout le monde devient remplacable.


  • dawei dawei 29 juin 2010 11:59

    egalement Ingenieur R&D consultant, je confirme. Je tenais a rajouter un détail qui explique aussi pas mal de chose : pour le client, les depenses liées aux consultants sont des depenses de FOURNITURE !! C’est à dire que ce dans le meme budget que celui qui sert pour le papier, les crayons... Cela permet aux managers de montrer des courbes de performances terribles car les « fournitures » ne comptent pas dans les effectifs !! Donc forcement, les clients paraissent productifs !!
    Je peux temoigner aussi par mes collegues d’une technique de boucher pour licencier :
    envoyer un sudiste établi par exemple a sophia antipolis, à l’extreme opposé, la ou il n’y a pas le soleil qu’il a toujours connu, et ou il fait assez froid : le bretagne ! (perso j’adorre la bretagne mais je ne suis pas sudiste !), forcement, la gars finit par refuser -> et hop , la feuille de licenciement etait deja prete ; a se demander si ces societes bretonnes existent vraiment !!


  • dawei dawei 29 juin 2010 12:01

    A oui, et la retraite à 62 ans en SSI !!!!
    On est deja bon a la casse à 35 ans car trop cher, trop sedentaire et pas assez maleable !!


  • Numero 19 Numero 19 29 juin 2010 13:12

    Prestas vendus cher, CV truqués (2h de « formation » sur une appli et hop, t’es expert sur ton CV), carottage en règle pour les débutants, salaires proposés miteux, augmentations inexistantes, RTT imposés pour éviter l’intercontrat...

    Témoignages croustillants : http://www.paroledepresta.com/

    C’est le jeu. Quand on est débutant on se brade pour grapiller son expérience et ses références, sans se rendre compte que le bradage qui semblait temporaire devient aux yeux du client la norme. Et on espère toujours des jours meilleurs.


    • titi titi 29 juin 2010 13:37

      Sauf que des informaticiens, plus personne ne veut en embaucher...

      donc rêvez pas si c’est pas la presta c’est le chomdu.




    • dawei dawei 29 juin 2010 15:03

      Ce qui est marrant, c’est par exemple quand une SSII veut te debaucher en te demander de negocier la preavit avec ta boite pour finalement te proposer un salaire plus bas, à l’issu d’un retour positif du client En gros devant le client je dois dire que j’ai 4 ans d’experience, et lors de la « negociation » unilaterale, je n’ai que 2 ans d’experience !!
      Pour résumer, ce qu’il voulait : que je démissionne sans preavis pour accepter une mission de 3 mois avec un plus faible salaire, (donc un risque de se retrouver au chomage apres la mission la periode d’essai n’etant pas terminée... et sans droit puisqu’il y eu une demission auparavent) et environ de 100 km quotidien de plus !!!

      Les mecs ne doutent de rien !!
      Ces bouchers misent sur notre sentiment de desespoir !!!
      Mais heureusement que je n’en suis pas la, et Dieu sait que c’est jouissif d’envoyer bouler ces rapaces !!! Car heureusement jamais rien ne nous oblige d’accepter l’inaccepatable !!


    • VivreDifferent VivreDifferent 29 juin 2010 20:23

      Excellent, ce site ! C’est vrai que l’univers du consultant, même s’il n’est pas toujours drôle, est parfois tordant de rire (avec un peu de recul quand même), merci !

      Je suis hélas bien d’accord sur votre vision des choses.


  • Kalki Kalki 29 juin 2010 13:42

    Les moutons trouvent leur conditions inhumaines, la fautes a qui ? ne passez pas trop rapidement pour ne pas reproduire le schéma.

    VOus voulez changer le système ?

    Mais visez d’abord l’autonomie , la production pour vos besoin primaires.

    Ensuite Changez d’économie, participez a une autre économie, produisez vous meme : échangez.

    L’avenir peut être sombre, mais si vous agissez bien maintenant, cela ne sera pas une question de problème économique ...


    • dawei dawei 29 juin 2010 14:52

      en phase avec toi.
      A vrai dire , mon projet, c’est de continuer a faire le tapin en SSI encore un an ou deux jusqu’a pouvoir acheter un terrain cache ou je construrait ma barraque avec des materiaux pas chers, fiables et ecolos, et faire pousser un bon potager et un bon verger !!
      Mais je commence a avoir un peu mal au cul, je ne sais pas si je tiendrais encore deux ans smiley
      Par contre , je tiens a ne pas faire d’emprunt, car je ne veux plus donner un rond aux banques !! C’est bien pour ça qu’il faut un apport ... et faire le tapin ! Ensuite -> autarcie, troc , artisanat en tout genre...


    • pingveno 29 juin 2010 16:48

      Et tu proposes quoi à part changer de métier ?
      Développer pour soi ? Déjà fait, ça occupe mais ça ne paie pas.
      Développer des produits ? A moins d’avoir une idée géniale à la google, au bon moment, toutes les idées sont déjà prises par une seule entreprise et dans la « concurrence libre et non faussée » chacun choisit librement le leader du marché même s’il est dix fois plus cher que le concurrent.
      Reste la solution de faire du libre, mais comme le montre l’exemple de MySQL, ça revient à faire 80% de services (vente du support) et un chouia de produit.
      L’avenir n’est pas sombre il est noir : sombre, le présent l’est déjà.


    • VivreDifferent VivreDifferent 29 juin 2010 21:29

      J’ai envie de partager avec vous mes réflexions sur le sujet du changement du système :
      L’idée d’autonomie, de créer un autre système parallèle est intéressante.
      Mais je pense que c’est trop restrictif si on veut voir le monde réellement changer (ce qui n’est pas forcément le but, on peut simplement vouloir changer sa vie à soi et c’est tout). Il s’est formé déjà beaucoup de communautés dans l’Histoire qui ont visé cette autonomie, parfois avec un certain succès. Mais la dynamique créée, même quand il y a une volonté d’universalisme, est trop faible pour se propager et faire évoluer le monde.
      Changer son mode de vie, changer son imaginaire, échanger avec les autres, tout cela aide à préparer des lendemains sinon chantants, du moins pas trop douloureux. Mais je crois qu’il faut aussi agir de manière plus collective, et tenter de modifier le système existant lui-même. Ne rien attendre du système, mais tout faire pour qu’il change, en quelque sorte. Car le système est en soi bâti pour donner un avantage concurrentiel, réel ou supposé, à ceux qui en font partie. C’est une force d’inertie qui s’oppose à tout autre système. Le problème de sortir du système, c’est aussi qu’on risque de perdre beaucoup de moyens d’action sur lui. Même si rester à l’intérieur contribue à le renforcer et rend plus difficile la prise de recul.

      Mais j’avoue que ma réponse n’est pas forcément dictée par une démarche purement rationnelle. Ce que je sais, c’est que j’ai une méfiance quasi instinctive envers toute action radicale. Même si le monde dont je rêve est radicalement différent du monde actuel, je crois que l’évolution ne se fait jamais qu’à petits pas. L’important pour moi est de se fixer les bons objectifs, seraient-ils à 1000 ans ou plus encore. Fixer un objectif lointain permet d’établir des bases solides, et de se concentrer sur ce qui est important plutôt que ce qui est urgent mais finalement peu important au regard d’un temps long. Naturellement, cela demande de trouver sa satisfaction personnelle dans la poursuite d’un objectif extérieur à soi-même. Il faut avoir la philosophie qui va avec. Je trouve personnellement ce détachement de soi (tout relatif) avantageux, car il rend plus libre face aux passions, aux angoisses. (Je m’arrête là car je suis en train de dériver fortement du sujet et je pourrais continuer loin comme ça, ce qui n’a pas forcément d’intérêt...)


    • Login Login 30 juin 2010 09:20

       @Vivredifferent

       Comme les grandes entreprises pratiquent de plus en plus le jeu consistant à transformer la relation salariée en relation commerciale pour réduire leur force propre à ce qu’elle juge essentiel, il est clair qu’un beau matin, se posera la question de savoir qui saura encore faire le travail parmi les salariés de ces entreprises ! Dans le schéma de ces entreprises on sort d’une économie basé sur le travail. Les SSII qui auraient pu être parmi ces sociétés fédératrices mais elles font partie de ces grandes sociétés...

      C’est une conception technocratique ! La réalité est faite par les hommes. Les seniors quittent l"entreprise, les jeunes n’y adhérent plus et ce qui y sont y survivent plus ou moins bien... Tout cette logique tient sur le principe historique de rémunération de la force de travail. c’est à mon sens, le maillon faible de cette édifice. La connaissance devient un capital et bien sur les entreprises cherchent à verrouiller sa valorisation par tous les moyens... et surtout pas à mettre en place les moyens de ne pas le rémunérer comme l’est un capital dans le système économique. 

      Si les grandes entreprises ne se préoccupent de notre futur, il est clair qu’un jour prochain
      les choses se feront sans elles.... pour l’instant, c’est sans une partie de nous ... si
      nous pouvons organiser nos connaissances grâce à des structures qui ne seraient pas sous le contrôle de grandes entreprises. Mesurer sur ce point, le danger d’un google...
       Voila pour les constatations.

      Je crois comme vous qu’on ne peut sortir d’un système, que l’idée d’un système parallèle est une illusion puisqu’une des fonctions du système est de s’assurer que l’on ne peut en
      sortir... la seule solution viable consiste à bâtir un modèle plus compétitif basé sur un système excluant structurellement la formation de grandes structures d’entreprises...
      Quand on y regarde bien... le système fait qu’en réaction de très nombreux acteurs ont et
       sont en train de créer les constituants d’un tel système... et nous sommes des centaines de milliers si ce n’est des millions à partager votre attente...
       
       
       
       
       

       
       

    • dawei dawei 30 juin 2010 15:05

      @ vivredifferent , je suis daccord que c’est pas forcemenent mieux de se couper du systeme, et ce n’est d’ailleur pas de se couper du syteme qu’il s’agit. Il s’agit d’experimenter autre chose qui marche , disons des micros sytemes pour prouver au syteme dominant qu’autre chose peut marcher et qu’il peut etre bon pour tout le monde de s’y interesser, afin qu’a terme cela devienne le nouveau systeme. Meme si ca ne reste qu’un syteme constitué de microsytemes parfois conflictuels (comme l’etait la gaule !) peut importe, toute initiative pour un monde meilleur respectant la dignité humaine et la Nature est bonne a prendre . Cela a aussi pour but de rester accrocher à l’idee que rien ne nous oblige a accepter l’inacceptable jusqu’ au suicide personnel et societal.


  • CHK 30 juin 2010 09:30

    A lire de toute urgence cet article qui va exactement dans le même sans... avec d’autres arguments imparables :

    http://munci.org/Interim-des-cadres-VS-Prestation-de-services-portage-salarial-HALTE-LA-un-recadrage-s-impose

    Intro :
    Selon l’étude récente « Les cadres et l’intérim : trajectoires et perspectives » réalisée par les instituts BVA et Geste en partenariat avec l’APEC pour le compte du Prisme (fédération patronale des sociétés d’intérim) et de l’Observatoire du Travail Temporaire, le nombre de cadres intérimaires a triplé au cours des dix dernières années.
    Sans surprise (…), nous apprenons que « les segments de marché les plus importants et en plus fort développement correspondent aux métiers de l’IT et de l’ingénierie, avec des clients répartis pour moitié entre les outsourcers (SSII, conseils en ingénierie) et les clients finaux »…
    Intérim, CDI… prestation de service, portage salarial, il est GRAND TEMPS de REMETTRE les PENDULES A L’HEURE !


    • dawei dawei 30 juin 2010 10:38

      je ne savait pas, donc le pire est encore possible et se normalise : l’interim !!

      Je pense qu’ils scient la branche surlaquelle ils sont assis car :
      - quel interet pour un ingenieur de signer chez une agence d’interim si il sait qu’il ne perçoit plus un copec à la fin du contrat .
      - quel interet pour l’ingenieur de se creuver à finir en temps et en heure avec une prestation parfaite ... si il sait qu’il est à la rue à la fin du contrat.
      - à la fin du contrat, on ne te met pas sur des projets bidons comme en intercontrat, donc tu as tout le temps pour te retrouver un contrat tout seul.
      - donc autant faire du free lance !! plutot que de laisser le job de recherche de contrat à des ignorants gloutons qui nous prennent pour des « produits », quit a se retrouver precaire en fin de contrat !! au moins, l’argent va la ou il doit aller : dans la poche de celui qui a fait le job !! (à part peut etre les quelques euros d’impots qui se retrouvent dans les poches de sarko , tapie et autres escrocs )
      ->conclusion systeme non perene pour le client, pour l’employé et donc pour l’agence d’interim , à part peut etre pour les debutants qui doivent bien se faire un CV et manger, et qui risquent encore d’être les dindons de cette peinible farce !


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 30 juin 2010 10:27

    Vous avez l’air de découvrir ça d’un air horrifié, mais ça fait des années que ça marche comme ça ! Les grands cabinets de consulting sont tenus par des gens de plus en plus vieux et qui se gavent de plus en plus sur des équipes de consultant « terrain » (c’est-à-dire qui vont au charbon, eux) de plus en plus jeunes et de moins en moins payés. C’est la logique du système, ça a commencé dans les années 80.

    Je travaille actuellement pour un Ministère qui a fait appel au niveau national à un « grand » cabinet (inconnu pour moi, mais bon) en RH. La solution préconisée a été de former tous les intervenants par l’équipe de « spécialistes ». La formation que j’ai eue a été assurée par une gamine de 27 ans, qui nous a expliqué son CV (histoire de se crédibiliser, vu l’auditoire) et les pièges des entretiens d’échanges de pratique. Elle avait du culot et elle bossait bien, mais visiblement, elle n’avait eu à gérer une telle situation - celle qu’alle nous expliquait.

    Autre anecdote : j’ai un copain spécialiste des bilans de compétence. Après six mois dans un cabinet « spécialisé » en RH (et de bons résultats), son patron lui dit (c’est moi qui souligne)  : ah la ce qui serait commode, c’est que tu démissionnes, ça coûte moins cher, que tu te mettes auto-entrepreneur, et que je te prenne à la prestation : c’est plus juste et ça me coûte moins cher.

    Et enfin, un exemple de Grand Consultant, issu des Plus Grands Cabinets, dont Arthur Andersen, qui a changé de nom après le scandale Enron : Eric Woerth. Hein, c’est la classe !


  • Jean-Michel Margelin 28 juillet 2010 11:42

    Votre tribune est éloquente ! Merci de ce témoignage qui, je l’espère, incitera davantage de jeunes recrues à ouvrir les yeux sur ces pratiques peu louables... Cordialement

    JMM

  • Le_Ploc Le_Ploc 25 octobre 2010 23:04

    C’est presque rassurant de constater la même chose partout. Nous nous sentons alors moins seuls.
    Nous avons pris l’option de rire des SSII et cabinets de conseil au travers du PLOC, le Petit Lexique Officieux du Consultant (http://ploooooc.wordpress.com/).


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