vendredi 11 février 2011 - par Montagnais .. FRIDA

Culture Handicap

La loi prévoit une place réservée aux personnes handicapées pour cinquante places de parking.. la loi prévoit de fournir des AVS (Auxiliaires de Vie Scolaire) aux enfants en situation de handicap, de façon à les aider à vivre une scolarité normale en dehors de milieux spécialisés.. La loi prévoit le délit de discrimination dans la fourniture d’un service en raison du handicap du client.. La loi prévoit prévoit des normes de réaménagement, des trottoirs par exemple, fixant la largeur minimum à 1 m 40.. Dans la continuité de la loi du 11 février 2005, la mesure 31 du plan handicap auditif prévoit les dispositions particulières pour faciliter l’accès au permis de conduire, outil d’insertion indispensable des personnes sourdes et malentendantes.. La loi punit toute discrimination contre une population qu’on peut évaluer en France à près de six millions.

La loi prévoit, mais dans les faits ?

N'avez-vous jamais vu un homme (homme plus fréquemment que femme) au volant d'une voiture puissante (puissante plutôt que modeste), se garer sans vergogne (sans vergogne plus fréquemment qu'avec timidité) sur une place réservée parfaitement identifiée au bénéfice unique des personnes handicapées ? Les autorités même s'y aventurent parfois sans complexes, comme le montre notre illustration ? "Photo prise cette semaine au magasin Leclerc à Poitiers" un 17 octobre 2008 (difficile de truquer en la matière..). Pas de macaron, pas de handicap apparent, l'immonde quidam pourrait fort bien envoyer balader - au mieux - celui ou celle qui se mettrait dans l'idée de lui faire remarquer que.. surtout s'il s'agit d'une dame.

Une amie justement, m'a rapporté que très récemment, elle était intervenue dans un cas de figure identique. "je lui dis poliment que ce sont des places réservées et qu'il n'a peut être pas fait attention et là, il s'énnerve, me dit qu'il se gare ou il veut et s'il veut....que je suis une sal.....une pauvre con...qui n'a qu'à se meler de ses affaires. Bref je me rends compte que j'ai à faire à un mec pleins de fric qui se moque de son prochain.. Je rentre donc dans le magasin, demande à pouvoir téléphoner à l'acceuil en expliquant pourquoi. Je téléphone au commissariat et je tombe sur des flics super sympas qui viennent sur place vérifier la véracité de mon histoire....chose faite, le gros co...sort au même moment......pas de carte pas de handicap et il se met à insulter les flics......il s'est fait embarquer, la voiture mise en fourrière." Immanente justice heureusement.
 
Je sens, cher lecteur, monter en vous une juste fureur, un juste courroux. Vous et moi auriez peut-être réglé le problème à coups de boule, assuré, sinon de l'emporter, d'être du juste côté.. Ce qui est également contraire à la loi.

Bien plus fréquemment, n'avez-vous jamais vu ces voitures en rang, serrées parechocs contre parechocs, garées à moitié sur la rue le reste sur le trottoir, ne laissant qu'aux sylphides, aux gamins et aux manequins la possibilités de se mouvoir et de se porter en avant en rasant les murs ? Imaginez la personne trahie par ses jambes, obligée de s'en remettre à quatre roues du genre de celles qui n'équipent pas les 4X4 coqueluches des déficients de reconnaissance de leur semblables ? Ils se peut même que ces voitures dont il est question soient justement des monstres en largeur, équipées de pare-buffles à l'arrière et à l'avant, du type de ceux dont certaines mamans ont besoin pour emmener à l'école les enfants..No pasaran l'homme en chariot ! bloqué at vitam.. Qui s'en souciera ?

Certes, les problèmes sont vastes et complexes. La loi de 2005 tente de combler des retards, d'instaurer plus de justice. Mais la loi ne suit pas toujours, il faudrait d'autres volontés, d'autres priorités, des réaffectations de fonds.. Ainsi, le gouvernement semble impuissant face à l'accroissement du nombre des élèves scolarisés depuis la loi d e2005 : 130 000 élèves en 2003, près de 200 000 en 2011 (sources Education Nationale). Il faudrait qu'à tous les niveaux une politique de prise en compte du handicap soit développée, et appliquée avec volonté et sens de la solidarité, que le monde contemporain saisisse la nécessité du développement d'une réelle "culture du handicap", l'affectation acceptée d'une part plus importante du champ de nos préoccupations quotidiennes à celui qui est en difficulté, le renversement en mode valorisant de l'imaginaire associé au handicap.

Ah ! la culture handicap !

Elle passe d'abord par maints exaspérations : marre de voir de si nombreux inconscients incapables d'entrevoir seulement quels problèmes peuvent se poser à leurs semblables en difficultés, pas méchants, sans mauvaise intention bien souvent, mais garés une roue au caniveau l'autre sur le trottoir. Marre de voir le gros con, méchant lui, se garer ostensiblementsur les places réservées, au mépris de la loi, mais au mépris des gens surtout, des personnes handicapées comme des personnes tout simplement concernées. L'argument des moins cynique est du genre "j'en ai pour dix minutes". Va-t-il le prendre dix minutes le handicap de la personne qu'il a spoliée ? Marre de lire dans les colonnes de la presse "les handicapés" à longueur d'articles, ignorant systématiquement le terme "personne handicapée". Marre de voir ces articles complaisants en appeler à la charité publique et au secours des dames patronnesses comme unique solutions à la problématique.

C'est pour contribuer à l'installation et au développement de cette culture que nombre d'associations tentent de réagir. Citons l'AMI à titre d'exemple, active sur toute la France, Association de Défense des Malades et Invalides, héritière, entre autre, de la FNLA, Fédération Nationale de Lutte Antituberculeuse dont les engagements dans les luttes sociales ont permis d'augmenter et de préserver les pensions et allocations, de préserver et d'améliorer la Sécurité Sociale, de faire passer et d'appliquer des lois comme celle de 1957 sur le reclassement.. 
Il faut certes continuer à lutter, pour des ressources décentes (avec une AAH égale à 100 % du SMIC net soit 1100 euros), une véritable compensation des surcoûts dûs au handicap, un statut pour les travailleurs handicapés en établissement (ESAT). Lutter aussi contre les maltraitances encore non totalement éradiquées dans de trop nombreux établissements pour personnes handicapées ou âgées.

Mais au delà de la lutte pour faire appliquer la loi, il faut s'atteler à changer des mentalités, des images, des perceptions. l'AMI a développé un ambitieux programme au service de la cause de la culture handicap, au titre duquel deux initiatives sont particulièrement intéressante à retenir :

Forte de son vaste patrimoine immatériel de textes et de photos remontant jusqu'aux années 1930, inédite, émouvante et exclusive collection, l'organisation tente de donner naissance à la réalisation d'un film, l'édition d eplusieurs ouvrages, la réalisation d'un site Internet qui non seulement permettrait de présenter au public ce fond documentaire inédit, mais aussi d'être un portail du handicap, moins orienté "droit' (qui existe déjà) que culture, éthique, esthétique.. Ainsi, la rubrique "Ils parlent de leur différence" permettra de lire des textes des adhérents, mais aussi de Beethoven, de Nelson, de talleyrand, de Diogène..

La deuxième grande initiative à retenir est : « Le Printemps du Handicap – 2012 ». Citons l'AMI : "L’évènement s’annonce comme un ensemble de manifestations programmées sur une semaine, dans trois départements pour commencer. Il permettra d’illustrer toutes les possibilités de « vivre et travailler parmi tous », de se rencontrer, de vivre de bons moments. 
L’AMI invite tous les volontaires sans aucune distinction, à proposer et à réaliser leur organisation ponctuelle. Toutes les initiatives seront considérées avec attention, encouragées, éventuellement aidées : randonnées, animations Joélette, conférences, projections cinéma, expositions d’œuvres, Handicap-cafés, slam-parties, forums sur le réseau, concerts.. L’imagination de chacun surpassera ce que nous évoquons aujourd’hui. 
L’AMI assurera la communication la plus large qui soit. Copiez, diffuser, parlez-en, suggérez.. Revivre fera le point tous les mois. Un site Internet sera en ligne très prochainement, qui ouvrira la voie."

 



15 réactions


  • jpm jpm 11 février 2011 12:53

    Article intéressant qui met en bien avant les problèmes quotidiens des handicapés, oups pardon, des personnes handicapées (le politiquement correct est passée par là), mais parfois un peu trop caricatural, voire agressif. C´est dommage, car cela ne sert pas forcement la cause du mieux vivre ensemble, valides et invalides smiley


    • Montagnais .. FRIDA Montagnais 11 février 2011 13:13

      Mea culpa assez sincère.. mais j’ai du mal a quitter mon style un tantinet inflamatory.


    • Emmanuel Aguéra LeManu 11 février 2011 13:54

      Ben quoi ? Un bagnole de flic sur une place handicapés, c’est pas normal ? Halte à la discrimination Handicapés physiques / handicapés mentaux ! Que fait la police ?


    • jpm jpm 11 février 2011 14:04

      A vrai dire j´ai toujours un peu du mal avec les propos communautaires... les personnes handicapées contre les valides, les conducteurs de 4x4 contre les poussettes, les rouges contres les verts... je pense qu´on peut très bien être handicapé et mal se garer. Il ne faut jamais oublier que les gros c... sont des mal-comprenants et à ce titre des personnes handicapées comme les autres smiley Donc tout le monde devrait essayer de vivre en bonne harmonie ce qui n´empêche pas bien sur de rappeler à l´ordre les malotrus smiley.

       


  • Cocasse cocasse 11 février 2011 13:30

    Il faudrait enfin accorder aux femmes au volant le statut d’handicapé !
    (juste le temps où elles sont au volant, s’entend)

     smiley smiley smiley


    • jpm jpm 11 février 2011 13:48

      A ce propos il est intéressant de noter qu´en Allemagne il existe des places réservés aux femmes. Personnellement je trouve cela plutôt discriminant vis à vis de la gente féminine et pas forcement flatteur car cela rappelle les fameuses places bleues... mais ce point de vue ne semble pas partagé par mes amies germaines smiley


    • Emmanuel Aguéra LeManu 11 février 2011 13:49

      désopilant 


    • ecophonie ecophonie 11 février 2011 14:14

      Mais lol !!!!


  • Gabriel Gabriel 11 février 2011 14:39

    il y en a plein de ses handicapés sociaux, très souvent en 4 x 4 d’ailleurs, se garant comme des merdes parce qu’ils sont seuls au monde et qu’a leurs yeux vous n’existez pas ! En ville, on en voit tous les jours... Mais bon, c’est le côté du chacun pour soi qui se démocratise grâce aux valeurs prônées chaque jour par nos dirigeants et les média du style TF1. 


    • foufouille foufouille 11 février 2011 17:39

      on espere que ca t’arrivera
      comme ca tu verras comme c’est facile de sortir de la voiture
      voire impossible en fauteuil sur une place normale


  • jymb 11 février 2011 20:28

    Désolé de remettre les pendules à l’heure, mais pour le sationnement, le problème de base est la raréfaction voulue et calculée des places, visant à créer une juteuse pénurie La création de places réservée serait parfaitement inutile si la situation était autre. Il y a quelques personnes stupides, c’est vrai, et surtout beaucoup d’autres qui à bout de nerfs, ou fatigués, âgés, sans être handicapés au sens légal du terme craquent et se posent là où ils peuvent en désepoir de cause et n’en sont pas fiers pour autant.


  • karpediem karpediem 11 février 2011 21:26

    A l’auteur et à JPM de 12h53 ;
    ce micro-débat sur les « handicapés » ou les « personnes handicapées » voire les « personnes en situation de handicap » me pèse un peu. 

    Je me souviens qu’en super C.A. idéolo-stratégique, il fut quasiment le premier point traité par l’Association des Paralysés de France lors de l’arrivée de sa présidente Marie-Sophie Desaulle. 

    Pourquoi protester ou revendiquer sur ce point de sémantique ? Ne dit-on pas « les boulangers » , « les maçons » , « les médecins » , « les policiers » , « les enseignants » , « les architectes » , « les conducteurs » , « les passagers » , « les étrangers » , « les anglais » , « les prisonniers » , « les truands » , « les exclus » , « les plus riches » etc etc etc ... elles et eux aussi sont d’abord des personnes !!!
    Voilà qui permet de présenter autrui en une linguistique assimilée de tous.

    Du reste, rien qu’à creuser leur propre acronyme, que l’APF ou l’AMI battent donc leurs propres coulpes ! Et balaient devant leurs portes ... ((

    Lorsqu’une des revendications fondamentales de ces associations de personnes et de familles liés au handicap se trouve être précisément la non-discrimination, l’indifférence, la normalité et la banalisation citoyenne des choix de mode de vie, alors ces mêmes associations devraient moins se raidir sur les terminologies qui les concernent.


  • Annie 11 février 2011 22:39

    Le problème avec les handicapés est que ceux qui peuvent s’exprimer le font souvent au nom de ceux qui en raison de leur handicap ne peuvent pas le faire. Ces derniers ne réclament pas des places de parking, parce qu’ils ne peuvent pas conduire, ou encore le respect, bien qu’ils apprécieraient. Ils demanderaient s’ils pouvaient le faire, que les soins et particulièrement les soins de comfort (plaques de gélatines, pour ceux qui ne peuvent pas déglutire), ou les couches (pour ceux qui sont incontinents) soient remboursés. Autant je sympathise avec le problème des places de parking, autant le handicap recouvre des degrés différents d’incapacité qui fait que les plus handicapés sont les moins à même de défendre leurs propres intérêts.


    • ami.handicap ami.handicap 7 novembre 2011 18:40

      Merci de ne surtout pas confondre les associations de défense des personnes handicapées (l’A.M.i n’a rien à voir avec l’APF et autres associations gestionnaires) qui ont laissé ces personnes en difficulté, en s’agenouillant depuis des décennies devant les pouvoirs publics et le gouvernement. Si l’intitulé de l’A.M.i a oublié « personnes » cela date de 1964 où nos anciens avaient bien d’autres préoccupations. Jetez un oeil sur notre site : https://sites.google.com/a/ami-hand...

      Vous comprendrez pourquoi nous continuons à nous battre avec peu de moyens, il est vrai
      Bien AMicalement,
      Le président de l’A.M.i, René MAGNY

  • ami.handicap ami.handicap 7 novembre 2011 18:39

    Merci de ne surtout pas confondre les associations de défense des personnes handicapées (l’A.M.i n’a rien à voir avec l’APF et autres associations gestionnaires) qui ont laissé ces personnes en difficulté, en s’agenouillant depuis des décennies devant les pouvoirs publics et le gouvernement. Si l’intitulé de l’A.M.i a oublié « personnes » cela date de 1964 où nos anciens avaient bien d’autres préoccupations. Jetez un oeil sur notre site : https://sites.google.com/a/ami-handicap.org/untc-ami/

    Vous comprendrez pourquoi nous continuons à nous battre avec peu de moyens, il est vrai
    Bien AMicalement,

Réagir